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Full text of "Olivier de Serres, seigneur du Pradel, sa vie et ses travaux"

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Olivier de Serres, seigneur 
du Pradel, sa vie et ses travaux 

Henry Vaschalde 



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OLIVIER DE SERRES 

SEIGNEUR DU PRADEL 



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L'auteur et les éditeurs di'ciarent réserver leurs dn)iUi de traduction el de 
reproduction a l'étranger. 

Ce volume a été déposé au ministère de l'intérieur (section de la librairie) en 
novembre 1886. 



OUVRAGES DU MÊME AUTEUR 



Vals autrefois, ia-8». Largcnlièrc, 1866. 

Les MiKES d'argent de Labgektière, inS^. 
Privas, 1868. 

SiuPLES Questio.^s d'histoire ardéchoise, 
în-8». Privai, 1870. 

Les Dallo?(s, depuii leur ioveiition jusqu'au 
dernier siège de Paris, in-8®.Aubenas,1872. 

Vals au seizième siècle. — Vau au dix- 
reuvibme siècle, ia-8*. Aubeaas, 1873. 
(Nouvelle cdition illustrée et augmeulée 
d'une Noiice sur rétablissement ihermal.) 

Recherches sur les ancien>e8 Soubtès et 
Corporations de la France iiiniDio.NAL", 
in-8». Paris, 1873. 

Clotilde de Surville et ses poésies (docu- 
menu îuëdits), in-8«. Paris, 1873. 

Mes Notes sur le Vivarais (documents iné- 
dits), io-8P. Privas, 1873. 

Les Mercuriales du Vivarms, depuis le sei- 
sième siècle (documents inédits), in-8<*. 
Privas, 1874. 

Vals. — Son origine, ses progrès, son 
avemr; lu à la Sorbonnc au Congrès des 
Sociétés savantes, en 1873, in-8^ Aubc- 
nas, 1874. 

Recherches sur les Pierres utstèrieuses 
DU Vivarais et du Daupuinè, in-8^ Paris, 
1874 (avec figures). Cet ouvrage a valu â 
son auteur les éloges et remercîments de 
l'Académie des Inscriptions et Belles- 
Lettres. 

Dictons et Sorriqubts populaires du Viva- 
rais, in-8o. Marseille, 1874. 

Curiosités de l'histoire du Vivarais (docu- 
ments inédits). Aubenas, 1875. 

Nos PÈRES. — Proverbes et Maximes po- 
pulaires du ViVARAH, in-8». Privas, 1875. 



Les Poésies de F. Valeton, poëtc inconnu 
du dix-scptiènie siècle (documenis inédits), 
in- 8». Privas, 1875. 

Anthologie patoisb du Vivarais (documents 
inédits), in-8o. Montpellier, 1875. 

Un mot SUR l'industrie des soies dans l*Ar- 
DÈCHE (documents inédits), in-8*. Privas, 
1876. 

Croyances et Supers iitions populaires du 
Vivarais, in-S». Montpellier, 1876. 

Bibliographie SunviLLiE>NE , in-8^ Paris, 
1876. 

Histoire des Poètes du Vivarais (docu- 
ments inédits), in-8^ Paris, 1877. 

Établissement de l'imprimerie dans le Vi- 
VA1AIS, in-8® (illustré de marques typo- 
graphiques). Vienne, 1877. 

Une I2«scription en langue d'Oc du quin- 
zième SIÈCLE, à Largentière, in-8®. Mont- 
pellier, 1877. 

Tombeau du maréchal d*Ornano, à Aubeuas 
(documents inédits), in-8<^. Vienne, 1877. 

Les Privilèges d* Aubenas, découverts et 
publiés pour la première fois par II. V., 
in-12. Montpellier, 1877. 

llÈGis Brbysse (/e berger du Bea^e), sculpteur 
ardéchois, in-8^ Vienne, 1878. 

Le VivAiAis A LA représentation nationale 
(depuis le treirième siècle jusqu'à nos 
jours), in-8'». Paris, 1880 

Proverbes et Maximes populairfs du midi 
DE LA France. în-8». Paris, 1882. 

De Launay, comte d'Antraigues , écrivain 
politique, sa vie el ses œuvres, io-8». Pri- 
vaSf 1882 (couronné par la Société d'A- 
griculture, Sciences, Lettres et Arts de 
l'Ardèche). 



PA'-.lS. TYPOGRAPHIP. E. PLON, NOURRIT ET ci*,RUE GAIIANCIÈRB, K. 



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OLIVIER DE SERRES 

D*après on dessin de Manrice Vaschaldi. 



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OLIVIER DE SERRES 



SEIGNEUR DU PRADEL 



SA VIE ET SES TRAVAUX 



DOCUMENTS INKDITS 



ILLUSTRE DE PORTRAITS, GRAVURES ET FAC-SIMILE 



HENRY VASCHALDE 

OFFIClRn DE L*JNSTRUCT10N PUBLIQUE 
MEMBRE DE PLr SIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES 




PARIS 

LIBRAIRIK PLON 

E, PLON, NOURRIT et C', IMPRIMEURS-ÉDITEURS 

RUE GiRAHCIÈnE, 10 

1886 

Toits droits réservés 



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A Monsieur 

Louis PASTEUR 

Membre de t Académie française et de t Académie des sciences, 
Grand-croix de la Légion et honneur. 

Monsieur , 

r hommage de la FIE D'OLIVIER DE SERRES à votre 
illustre personne nest pas seulement un devoir de justice, 
mais un acte de reconnaissance envers le régénérateur de la 
sériciculture, cette belle industrie que le grand agronome 
avait propagée et vulgarisée, au prix de quarante années 
d'expériences. 

On ne peut prononcer le nom d'Olivier de Serres sans 
éveiller le souvenir des immenses services que vos savants 
travaux ont rendus à l'agriculture. 

A l'occasion du centenaire d'Olivier, célébré en mai 1882, 
à Aubenas, vous êtes venu honorer la mémoire du patriarche 
de l'agriculture française. Ce jour^là, deux dates et deux 
noms ont été inscrits en lettres d'or sur les tablettes de la 
ville d* Aubenas : 

1582 1882 

Olivier de Serres. Louis Pasteur. 



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En acceptant la dédicace de ce modeste livre que je lui ai 
consacré, vous rendrez un nouvel hommage à la mémoire du 
plus grand agronome que la France ait produit. 

Veuillez agréer. Monsieur, le sincère témoignage dadmi^ 
ration et de profond respect 

De votre très-humble serviteur, 

HENRY VASCHALDE. 

Vals'leS'BaînSy 20 mars 1886. 



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AVANT-PROPOS 



Depuis près d*uQ siècle, il a été publié un (;rand nombre 
de brochures et de notices sur Olivier de Serres^ mais, faute 
de documents sur Texistence de ce {][rand ag^ronome, on peut 
dire que tous ces travaux ne sont que des ébauches superfi- 
cielles, inexactes et tout à fait insuffisantes. C'est tellement 
vrai, qu'il n'est pas un écrivain qui n'ait commis des erreurs à 
son sujet. 

I/abbé de l'Écluse, rédacteur des Mémoires de Sully y en 
1745, transforme Olivier en un manufacturier provençal, 
nommé Serran^ qui entreprit, dit-il, de faire des étoffes do 
Técorce la plus fine des mûriers '. 

Prosper Hérissant, auteur de la Bibliothèque physique de 
la France (1771, in-8"), avait désigné OUvier de Serres comme 
médecin et confondait son fameux Théâtre d'Jyriculture 
avec les compilations de Charles Estiennc et de Jean Lié- 
bault. Il l'appelle tantôt Desernes^ tantôt Deserres. 

Sauvages donne à Olivier le nom de : Serrés*, 

Beguillet, celui de : sire de Pradines, et dit qu'il dédia son 



» Tome II, ÎD-V, p. 473. 

^ CaUilogae des auteurs ijui ont écrit sur Ici vers à soie et sur les mâriers, p. 3. 

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2 AVANT-PROPOS. 

ouvrage au Roi en 1G06'. Cette erreur a été reproduite par 
l'abbé Bonnaterre. Or, la première édition du Théâtre est de 
M. D. C. 

Dans les Jugements sur la noblesse de Languedoc^ publiés 
par le marquis d'Aubais et Ménard*, Olivier est donné 
comme père de Jean, historiographe de France, alors qu'il 
était sou frère aîné. 

Dorthès, dans son Eloge historique d'Olivier, pense que 
rhistoriogî-aphe Jean de Serres était Yaîné du seigneur du 
Pradel. 

Plusieurs biographes, entre autres la Boissière, ont écrit 
qu'Olivier était fils de Jean de Serres, tandis que son père 
s'appelait Jacques. Cette erreur en a fait commettre bien 
d'autres. Les frères Haag et M. C. Dubois ont mis sur le 
compte du père d'Olivier, qui ne fut jamais pasteur, des faits 
arrivés au fils, l'historiographe. 

M. A. de Gallier a écrit que « Jean de Serres, premier du 
nom (le père d'Olivier), élait pasteur aux environs de Genève, 
à Jussy * n . 

RL Léon Védel dit aussi que « le père d'Olivier était pas- 
teur protestant à Genève ^ « . 

Le pseudonyme Reisnes* prétend que le domaine du 
IVadel fut apporté en dot, à Olivier de Serres, par sa femme, 
Marguerite d'Arcons, en 1559, alors que depuis le commen- 

' Encyclopédie^ in folio^ Suppt.y t. i, au mot Agriculture. 
^Tomell, in-V>, p. 473. 

^Jcan de Serres, historîograpbe de France sous Henri iV, Lyon, 1S73, p. 6. 
* Olivier de Serres et le Pradel, Lar(;entière, 1882, p. 30. 
• * Olivier de Serres, sa tie et ses écrits, Privas, 1858. 



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AVANT-PROPOS. 3 

cernent du seizième siècle, il appartenait à la famille des 
de Serres. 

M. Poncer ' confond d'Arcons avec à' Harcourt; notre 
grand agronome avec un antre Olivier des Serres^ de la 
branche B ; et rhistoriojjraplie avec Jean des Serres^ notaire 
et greffier des États du Vivarais. 

Malgré tout ce qui a été publié sur le « père de Tagricul- 
ture française » , on peut dire que ce génie agricole n'avait 
pas encore sa biographie. 

Nous avons cru faire une œuvre utile pour la mémoire 
d'Ohvier de Serres et pour l'histoire du Vivarais, en essayant 
de combler une lacune regrettable. 

liCS documents sur la vie intime du grand homme ne sont 
pas nombreux; ceux qui existent au Pradel, et que M. L. de 
Walré a mis à notre disposition avec une obligeance dont 
nous avons été profondément touché, ont été vus et par- 
courus par plusieurs écrivains; mais aucun de ces chercheurs 
ne les a compulsés comme nous l'avons fait nous-méme. 
Aussi avons-nous découvert, dans ces documents, des détails 
historiques de la plus haute importance, absolument ignorés; 
ce qui nous a permis de rectifier bien des erreurs. 

Notre livre est illustré de deux portraits d'OHvier de Serres, 
dont un, le portrait original peint par son fils, et reproduit en 
fac-similé; des armoiries de la famille des Serres; d'une 
réduction du beau frontispice de la première édition du 
Théâtre d'agriculture; d'une vue du Pradel j à' nw fac-similé 



' Mémoires historiques sur Annonay el le Vivarais^ Aiinonay, 1872, ti II. 

1. 



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4 AVANT-PROPOS. 

du testament oloyraphe du grand homme et d'une phototypie 
de sa statue, à Villeneuve-de-Berg. 

Nous indiquons avec soin les ouvrages d'Olivier de Serres 
et toutes les éditions du Théâtre. Nous décrivons ensuite tous 
ses portraits et les estampes représentant des particularités 
de sa vie; ses bustes et statues, et toutes les médailles frap- 
pées à son effigie. 

Nous terminons, enfin, par les Pièces justificatives^ au 
nombre desquelles sont le Livre de raison d'Olivier; son con- 
trat de mariage; l'inventaire des vases et ornements sacrés 
confiés à sa garde, en 1562; son testament olographe; les 
Mémoires de son fils Daniel; une lettre de son frère Jean, une 
déclaration (admirable document) de son fils Gédéôn, etc. 

Malgré tous nos soins et notre 2èle, nous savons par avance 
que notre œuvre est fort imparfaite. Nous sollicitons l'indul- 
gence de tous les admirateurs du célèbre agronome. Nous 
leur rappellerons que, seul, réduit à nos propres forces, à 
côté d'un labeur quotidien important, et après bien des 
recherches, nous avons entrepris et terminé ce travail. 

Nous adressons ici l'expression de notre reconnaissance à 
M. L. de Watré, pour la gracieuse hospitalité qu'il nous a 
offerte au Pradel; et nous prions M. Massip, le sympathique 
archiviste de l'Ardèche, et M. Lascombe, conservateur de la 
Bibliothèque de la ville du Puy, qui ont bien voulu nous aider 
dans nos recherches, de recevoir aussi nos vifs remercîments. 



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DE SERRES 



SEIGNEURS DU PRADEL 




Armes : d'argent au chevron d'azur, charge de trois étoiles 
d*or, accompagné de trois trèfles de sinople. 
Couronne de marquis. 
Supports : Deux aigles. 
Devise : Cuncta in icmporc '. 



CHx\PITRE PREMIER 

Quelques biographes ont prétendu que la famille trOIivier 
de Serres était originaire de Valence, en Espagne; d'autres 

* Les armoiries que nous donnons ici sont celles que tous les généalogistes 
ont publiées sur la famille de Serres, et qui figurent h In salle des Croisades, ù 



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G OLIVIER DE SERRES. 

ont écrit que la Tour de Serres^ près Orange, avait été le ber- 
ceau de cette ancienne famille. Les nombreux documents 
que nous avons compulsés ne laissent pour nous aucun doute 
sur la fausseté de ces assertions. La famille des Serres est ori- 
ginaire du Vivarais, et nous voyons au quatorzième siècle les 
ascendants d'Olivier, notre agronome, établis à Villeneuvc- 
de-Berg. 

Le 2 août 1348, Pierre des Serres fit son testament en 
faveur de son frère, Martin des Serres, qu'il institua son 
béritier universel. Dans ce testament, reçu par M* Pierre 
Desjardins, notaire royal à Villeneuve-de-Berg, figurent 
Jean des Serres et Pierre des Serres, ce dernier comme 
témoin'. 

Voici la généalogie de l'illustre agronome, que nous avons 
dressée d'après un précieux document écrit tout entier de la 
main de Daniel, son fils aîné. C'est un cabier de 12 pages, 
avec cette mention, en tête de la première : « Les XXI in- 
strumens cy dessoubs procbaînement mentionnez sont les plus 
vieux titres que j'ai treuvé dans le cabinet de mon Père à 
Villen-de-berc, le XXV may 1606. » 

Le 28 janvier 1411, mariage de Guillaume Grosson de 
Valvinière, notaire à Villeneuve-de-Berg, avec (>atherine de 
Saint-Dominique, veuve de Béranger Cayrot, aussi notaire. 

Versailles; mais ce ne sont pas celles d^Olivier, que nous donnons plus loin. 

Quant à la devise, elle vane selon les auteurs : d*Auriac et Acquier donnent, 
pour la famille de Serres : Sordida quœque fugil» 

L. DK La Roque : Cuncta in tempore, qui est d'Olivier de Serres, et Etiam veni, 
domine Jesu, qui est de Jean de Serres. 

Nous donnons la devise d'Olivier, qui se trouve sur le fronlispice de la quinzième 
édition du Théâtre d^ agriculture, 

* Parchemin. Archives du PradvL 



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OLIVIER DE SERRES. 7 

De ce mariage naquit : 

Philippe Grossoa, qui épousa Marguerite Cayrot, « fille 
pupille et impubère des dits Béranger Cayrot et Catherine de 
Saint-Dominique. » 

De ce mariage naquit : 

Jeanne Grosson, qui épousa en premières noces Gabriel 
Poignet, et en secondes, Bonnaud. 

De ce dernier mariage naquit : 

Guillemette Bonnaud, qui épousa : 

I" Jacques DES Serres, dont elle eut : 

Mathieu; 

Bertrand, tige de la branche B, de Jeariy greffier des États 
du Vivarais *. 



I Branche B. Bertrand des Serres, qui « tenoit et postédoit au mandement de 
VilIenetiFve de berc et lieux circonvoisins plusieurs biens de bonne et (i;rande c*ti» 
mation » , laissa, en mourant, cinq enfanfs : Olivier, qui épousa Marie Cornette, 
Marie, Jean, Jacques cl Antoine. 

Par acte du 28 mars 1546, Olivier de Serres, se « remémorant les agréables ser- 
vices ù luy faictz par M** Jean de Serres, notaire, son frère et de jour en jour luy 
faict spéré qu*il luy fera h Taducnir, causant ausiy l'amour fraternelle qu*il a en 
luy, pour CCS causes et aultres le mouvant » lui donna une terre située à Villeneuve- 
de-Berc, appelée la Vignasse. 

Jean des Serres était en effet notaire à Villeneuve-de-Berg et se maria avec la 
fille de Jean Broé, de Tournon, greffier des États particuliers du Vivarais. Lui> 
même remplit plus tard ces fonctions. Il assista comme témoin au mariage d'Olivier 
de Serres, son cousin. 

A l'assemblée des États du Vivarais, tenus à la Voulte, en 1573, Jean des Serres, 
greffier, présenta une pétition. 

En 1572, le capitaine Baron, chef des réformés, ayant repris Vil!encuve-de- 
Berg, dont s'était emparé par ruse le sieur de Lngières, gouverneur du Vivarais, 
tira de fortes rançons des habitants. 

En cette circonj*tance, Jean des Serres, greffier des États du Vivarais, courut d^ 
grands dangers. Les troupes s'introduisirent dans sa maison, où étaient renfermés 
les différents titres et papiers du pays. Quatre soldats le saisirent au collet, lui pré- 
sentant, les uns le pistolet à l'estomac, les autres leurs dagues ou épées à la gorge 
pour le forcer, sous peine de la vie, h leur livrer tout l'argent qu'il possédait; il 
leur compta environ 500 livres, a condition qu'ils ne prendraient pas les papiers. Ils 



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8 OLIVIER DE SERRES. 

Jacques ; 

Antoine, qui suit; 

Louise. 

IL — Antoine DES Serres , épousa Jeanne Brun et fit son 
testament le 5 février 1542. De ce mariage naquit : 

lU. — Jacques des Serres, qui épousa Louise de Leyris, 
le 1" juin 1532, et fit son testament le 10 juin 1546 '. 

De ce mariage naquirent cinq enfants : 

Olivier, l'agronome, qui suit ; 

Jean, historiographe de France, tige d'une branche C *; 



le maintiorent prisonnier pendant plusieurs jours, pendant que des massacres se 
couiinettaient dans la ville. Les soldats, non contents de la somme livrée, lui 
demandaient, les uns trois écus^ les autres 25 livres, en le menaçant de la mort : 
l'un d*eux entra armé d'un coutelas et lui présenta un papier sur lequel il était 
cotisé ù 300 écus, le sommant de lui remettre incontinent cette somme. Jean de 
Serres supplia le capitaine Co(y de lui donner quelque délai pour se procurer la 
sommi*; on lui donna deux jours et demi, pendant lesquels il fut {jardé «^ vue. Enfin 
s*étant procuré les 300 écus, d*un marchand de Montélimart, il compta cette somme 
au capitaine Baron, qui donna l'ordre de le laisser en paix, après que ses soldats 
eurent I)u tout son vin. Par ces motifs Jean des Serres supplia les États du Vivaraift 
de lui faire rembourser le montant de sa rançon. (Poïicer, Mémoires historiques 
sur le Vivaraisy t. Il, p. 162.) 

• Archives du Pradel. 

2 Branche C. Jean de Serres, le chef de cette branche, naquit vers 1540 à Ville- 
neuve-de-Berg, fit ses études classiques à Lausanne, suivit un cours de théologie a 
Genève et fut élu, en juin 1566, « pédagogue des enfants en Thospital » de cette 
ville, place modeste, qu'il échangea, au mois de juillet, contre celle de Jussy, quand 
le ministre de cette église de campagne, Jean Pinault, passa à la ville. (Revue 
historique. Jean de Serres, par Ch. Dardirr.) Jean de Serres se maria, le 25 avril 
1569, avec Margueriie Godary, qui lui apporta en dot « la somme de quinze ceniz 
cscutz en deniers faysaot la somme de troys mille sept ccntz cinf|uante livres 
toumoys, et en meubles cent escutz ». La mère devait garder Targent en payant 
Tintôrêt jusqu';\ ce que l'époux eût de quoi représenter et garantir la dot. La somme 
de trois mille francs était due à celui-ci « par son frère l'héritier » Olivier do 
Serres. (Hevue historique. Jean de Serres, par Ch. Dahdirr.) 

De ce mariage naquirent neuf enfants : 

1» Marie, épousa Louis Giraud, de Loriol, dont e'Ic eut deux fils, Jean et 
Annibal. 

^ Suzanne, épousa Salomon du Faure. 



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OLIVIEK DE SERRES. 9 

Raymond, écuyer, sieur de Loriol, qui eut un fils Jean; 

Claude, I 

\ morts jeunes. 
Dauphine, \ 

IV. — Olivier des Serres, seigneur du Pradel, épousa, le 
11 juin 1559, Marguerite (C Arçons \ dont il eut sept enfants : 

Daniel, qui suit : 

Gédéon, avocat au conseil privé du Roi, épousa, le 11 avril 
1604, Abigaïl Baudoin, dont il eut Gédéon, David et Marie. 
Il mourut a Paris en septembre 1612. Son fils David mourut 
prisonnier d'État, au cliàteau de Guise. 

Pierre, docteur en droit, puis soldat en Piémont, en 1617. 

Jacques, qui était en 1617 au service du Roi de Piémont, 
épousa TiOuise Lafraysse. 

Bonne, épousa, le 25 février 1604, Daniel Sabaiier, cla- 
vaire du Roi, à Villeneuve-de-Berg, dont elle eut fsabeau, qui 
épousa Jean de Justet, seigneur de Sardiges, de Vais. 

3° Jeanne, épousa Salomon de Méi-ez. 

k-* Bonne, épousa Claude de Cliou, de Lorîol. 

5® Isabeau, épousa Jacques Pissis, notaire et procureur en la sénéchaussée de Cre:»!. 

6^ Catherine, sans alliance. 

7<* Gabrielle, épousa Jean Cucbet, docteur en théologie à Chiteaudouble. 

8'> Jean^ né en 1589. 

9* Théodore, né en 1594, mort à Nimcs, le 3 janvier 1610. 

Jean de Séries obtint, le 30 novembre 1596, le titre d'historiographe de France, 
pour lequel il touchait cent livres par mois. Il mourut à Orange, le 19 mai 1598, 
et sa femme le même jour, quelques heures après son mari. 

Les de Serres, qui descendent tous de Jean, sont représentés aujouril*hui par 
M. le marquis de Serres, qui habite le château de Beauvoir, près Capendu (Aude), 
et son frère M. le comte Olivier de Serres, qui a sa résidence à Montpellier. 

Les descendants d'Olivier de Serres signaient tous : du Pradel, 

1 Jacques d* Arçons, beau-père d'Olivier, avait épousé en premières noces « damoi- 
selle Claude Labalme» , dont il eut un fils, Jacques, et en secondes noces, « damoi- 
srlle Pierre de Maron » , dont il eut : Gabriel, François, docteur en droit, Bonne, 
épouse de Blisson, docteur en droit, et Marguerite, épouse d'Olivier de Serres. 
Jacques d'Arcons fit son testament le 2S mars 1567, et sa seconde femme, en 
février 1592. (Archives du Pradel,) 



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10 OLIVIER DE SERBES. 

Ysabeau, épousa, le 5 février 1610, Avias Fentrier^ bour- 
(][eois de Montélimar ^ 

Marie, épousa, le 30 octobre 1612, fsaac Ferret, procureur 
au parlement de Castres. 

V. — Daniel des Serres du Pradel, sieur de Ley ris, docteur 
en droit*, juge en la ville et viguerie de Villeneuve-de-Berg, 
en 1611, épousa, le 3 mai 1594, Anne de Frise de Mond- 
visant ^, dont il eut : 

Florimond, mort jeune ; 
Franc (ou François) qui suit; 
Constans (ou Constantin). 

VI. — Fraisçois des Serres du Pradel épousa, le 5 dé- 
cembre 1624, Louise d'Arlempde de Mirabel, dont il eut : 

Constantin, qui suit : 
Marie. 

VII. — Constantin des Serres épousa, le 12 novembre 

I Isabcaa des Serres niouriit saos enfants. Par son testament, du 12 octobre 1623, 
elle institue pour son héritier Daniel, son frère aine. Elle donne à sa sœur, Bonne, 
femme de Sabatier, clavaire du Roi, à Villeneuve-de-Rerg, « 300 livres et ses ardcs 
et effects, entre autres ung collier gainy d*agraffes d*or et une bague d*or où e^t 
encbassé un gros rubis » . (Archives du Pradel.) 

^ Diplôme (parchemin) délivré par TUniversité de Valence, le 13 novembre 1589. 
(Archives du Pradel.) 

3 Par son testament, en date du 30 juin 1615, Anne de Fiîse « donne à Catherine 
Coste, sa chambrière, pour le service qu'elle lui a rendu, tant comme nourisse de 
feu nob. Florimond du Pradel, son fils bien ayme, que autrement ; luy a donné et 
légué sa vie, nourriture et antrelenement sa vie durant dans la maison de son h«^ri- 
lier » . (Archives du Pradel.) 

A propos de Daniel de Serres, nous avons vu, aux Archires du Pradel, u-i 
curieux document : c'est une quittance du 5 août 1580, par laquelle « M* GuiU 
« laume Galois, concierge aux prisons de l'archevesché de Lion, confesse avoir receu 
« de honneste Daniel de Serres la somme de quarante huit sous d'or. Et ce 
« pour despense faicte par led. de Serres esditcs prisons durant quatre moys. » 

Nous n'avons pu découvrir à quelle occasion Daniel de Serres fut condamné à 
la prison. En 1586, il avait a peine vingt-(inq ans. N'aurait-il pas eu quelque duel? 



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OLIVIER DE SERRES. 11 

1G62, Fraoçoise de Rocliemore (VAigremont^ dont il eut : 

Marie, morte jeune; 

François ; 

César ; 

Philippe-François. 

Stipulés dans le testament de leur père, en date du 18 jan- 
vier 1672'. Ils moururent tous les trois, car Constantin des 
Serres, par son codicille du 9 août 1694, institue^ pour son 
héritier universel, noble François Rostaing d'Arlempde de 
Mirabely son parent maternel, qui suit : 

Par le même codicille, Constantin des Serres donne 
« 4000 livres à Damoiselle Jeanne d'Arlempde de Mirabel; 
2000 livres à Damoiselle Anne d'Arlempde de Mirabel, et 
1000 livres à Damoiselle Marguerite Justet, fille du seigneur 
de Sardiges » . 

Avec Constantin des Serres, décédé le 12 août 1694, finit 
la descendance d'Olivier de Serres, son arrière-grand-père. 

Le 22 septembre 1682, les commissaires députés par le 
Roi « pour la connaissance du fait de ses domaines en Lan- 
guedoc »» signifièrent à Constantin des Serres, seigneur du 
Pradel, uu jugement par lequel, faute par lui d'avoir remis 
son aveu et dénombrement, la terre et seigneurie du Pradel 

I Pai Iti même testament, Constantin de Serres donne à Jacques^ son fils naturel, 
300 livres, payables loritqu*il se mariera ou lorsqu'il lèvera boutique de son métier 
de cardeur. (Archives du Pradel.) 

Voici ce que nous avons trouvé, aux Archives de VArdèche, sur ce Jacques, 
enfant naturel : 

« 16 mai 1701. — Donation faite par Jacques Desserres du Pradel fils à feu 
noble Constantin, seigneur du Pradel, soldat aux Invalide?, compagnie Dasaur de 
Châteaufort, à demoiselle Marie Desserres du Pradel, de la somme de 300 livres 
du léguât à lui fait par demoiselle Louise d*Arlendes, mère de ladite Marie Desserres.» 



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12 OLIVIER DE SERRES. 

seraient réunies au domaine du Roi, à moins qu*il ne fournit 
une déclaration » qu'ils sont mouvans d'un autre seigneur » . 
Constantin déclara qu'il tenait et possédait sa maison et 
domaine noble du Pradel « soubs foy et hommage de Messire 
Joan-Baptiste de Flotte des Astnrds de Laudun, conseigneur 
de Mirabel. Comme aussy la justice, haute moyenne et basse, 
mère, mixte, împère, civille et criminelle dans toute l'estandue 
de son domaine noble et rural dudit Pradel, soubs foy et 
hommage dud. seigneur baron de la Roche ou du seigneur 
cvesque de Viviers, de qui toute la seigneurie de Mirabel rel- 
lève en arriére-fief ' . » 

En 1694, le domaine du Pradel passa dans les mains de 
François-Rostaing d'Arlempde de Mirabel, dont nous allons 
donner la descendance^ jusques à M. Léonce de Watré, pro- 
priétaire actuel du vieux manoir d'Olivier de Serres. 

VIII. — François-Rostaing d'Arlempde de Mirabel épousa, 
le 29 juin 1698, Jeanne de Garnier, fille de feu Pierre de 
Gamier et demoiselle Marie de Barrés, de Privas. 

De ce mariage naquirent : 

Louis-Jacques, curé de Mercuer; 

Antoine d'Arlempde, chevalier de Mirabel, qui suit ; 

Jacques, sieur du Pradel ; 

François, si: ur de Vendrias; 

Alexandre, sieur de Senouilhet; 

Paul-Rostaing, sieur de Seveyras, prêtre ; 

Jean-Baptiste- Alexandre, sieur de Monlheillet, prêtre; 

» Archives du Pradel, 



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OLIVIER DE SERRES. 13 

Antoine-Xavier; 
Anne; 
Thérèse ; 
Anne (seconde). 

IX. — Antoine d'Arlëmpde, marquis de Mirabel ', épousa, 
le 31 octobre 1734, Marie-Benolte de Maillet^ dont il eut : 

Antoine*Régis-Augustin, qui suit. 

Marianne-Suzanne-Benoite , épousa Pierre-Henry-Marie 
Mésange de Saint-André, capitaine au régiment de Barrois, 
qui suit. 

X. — Antoine-Régis-Augusiin d'Arlempde, comte de 
Mirabel, épousa, le 18 février 1751, Antoinette- Yphigénie 
de Geys de Montgaillard, dont il eut ; 

Marie-Pauline, qui suit : 

XI. — Marie-Pauline d'Arlempoe de Mirabel, épousa, le 
4 mars 1786, Jean-Joseph-Étienne, marquis de Surville, 
fusillé au Puy, le 19 octobre 1798. 

De ce mariage naquit une fille, qui mourut le 20 sep- 
tembre 1791. 

XII. — Pierre-Henry-Marie Mésange de Saint-André, 
épousa, le 29 octobre 1766, Marianne-Suzanne-Benoite 
d' Arlempde de Mirabel, dont il eut : 

Casimir Mésange de Saint-André, général de division; 
Régis de Saint-André ; 

Marianne-Cbristinc de Saint-André, qui épousa Auguste- 
Henry de IFairé, qui suit : 

1 La terre de Mirabel fut érigée en marquisat, en 1745. 



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14 OLIVIER DE SERBES. 

XI [I. — Auguste-Henry tle Watré épousa Clémentioe 
de Saint- A.ndéol, dont il eut : 

Léonce de fVairé, marié, en 1869, avec mademoiselle Zoé 
Malmazet de Saint-Andéol; 

Marie de Watré, mariée, en 1867, avec M. Emile Millet. 
Ce deraier est mort en 1884 



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CHAPITRE II 



LA SEIGNEURIE DU PRADEI 



Le voyageur qui parcourt la ligne de Nîmes à fiyoQ tra- 
verso, entre Villeneuve-de-Berg et Saint-Jean-le-Centeuier, 
une plaine qui s'étend des collines de Villeneuve aux basaltes 
du Coiron. Au milieu de cette plaine, est un magnifique bois 
de chênes séculaires, que le chemin de fer ébrèche à son 
extrémité méridionale, et tout au fond de ce bois, une con- 
struction aux murs d*un blanc éclatant arrête le regard. 

C'est le Pradel! 

C'est là que vécut et mourut le père de l'Agriculture 
française ! 

Le Pradel, placé à la bifurcation des deux voies romaines 
de Nimes et de Gergovie, tirait son nom, Pralellum, de la 
fertilité de ses champs. Pratum, pratel, pradel, lieu de 
prairies. 

Depuis des siècles, la charrue met au jour des pans de 
murs , des pavés , des tuiles et des pierres rougies par 
le feu^ des mosaïques^ des médailles répandues sur une sur- 
face de plus d'un kiIomèti*e; tout indique un village gallo-» 
romain important détruit par le feu* 



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16 OLIVIER DE SERRES. 

Plusieurs biographes, entre autres Beisnes, ont prétendu 
que Marguerite d* Arçons, en se mariant avec Olivier, en 1559, 
« lui avait apporté en dot un pauvre domaine appelé le 
Pradel, situé entre Villeneuve-de-Berg et Mirabel ' » . C'est 
une erreur : Olivier possédait le Pradel bien avant son 
mariage. 

Nous avons sous les yeux une quittance délivrée « à Olivier 
a des Serres, escuyer, s^ du Pradel, habitant de Villen-de-Berc 
u en Viueres, Fan mil cinq cens cînquante-huict et le qua- 
M torziesme jour de décembre, par Ânthoiue de Suruille, 
« escuyer, conseilher de Gras en Viueres, de un escu dor sol 
« pour entier payement des lods à luy deubs pour lacquion 
M d'un deues acquis par feu Jacques des Serres, père dud. 
« s' du Pradel * » 

Le 5 août 1545, par-devant M* Juvenot, notaire, Jacques 
des Serres, père d'Olivier, rendit hommage pour sa terre du 
Pradel à noble Christophe des Astards, baron de la Boche *. 

Les seigneurs de Mirabel avaient la juridiction du Pradel; 
il est probable que ce domaine, qui est situé sur la commune 
de Mirabel, appartenait autrefois à ses seigneurs. Nous 
n'avons pu découvrir l'époque où il passa dans la famille des 
de Serres. 

Le 15 mars 157J, par-devant M" Tailhand, notaire à Vil- 
leneuve, noble François de Laudun, écuyer, seigneur de 
Mirabel, et sa mère, Jaumettcs de Graves, échangèrent, 
avec Olivier de Serres, la juridiction du Pradel contre a cinq 

« Olivier de Serres^ Privas, 1858, p. 8. 
* Archives du Pradel. 



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OLIVIER DE SERRES. 17 

sestiers bled froment » de rente annuelle foncière et perpé- 
tuelle que ledit de Serres avait coutume de prendre et lever sur 
certains habitants de Saint-Jean-Ie-Centenier, ses empby- 
téotes. (Voir n*" 5, Pièces justificatives.) 

Eu 1668, Constantin de Serres fit aveu et dénombrement de 
u sa maison et domaine du Pradel, confrontant d'une part, 
« du levant et en partie de bize, le mandement de Villeneuve- 
o de-berc, la rivière de Claduègne * entre deux. Et de toutes 
u les autres parts le mandement de Mirabel. Ladite maison 
« d'habitation et le domaine composé de terres laboratives, 
« prés, bois, devois, pasturages, moulin, jardin et autres pro- 
« priétés, soubs foy et hommage de messire Jean-Baptiste de 
« Flotte des Astards de Laudun, conseigneur de Mirabel. » 






S'il faut en croire les auteurs du temps, le Pradel était un 
séjour déUcieux; ses fontaines étaient aussi pures que celles 
de Fontainebleau, et l'eau habilement distribuée dans tout le 
domaine, formant ici des cascades, là de vastes et belles 
pièces d'eau. Des vergers plantés en quinconces, des vignes 
bien alignées, des jardins fertiles, des viviers, des prairies 
fraîches et ombragées font comparer le Pradel, par le poète 



> ■ CInJes ignis n, ravages du feu. Elle prend sa source au cratère du « Cliaud- 
Coulant M, mouille, quand elle a de Tenu, les balmes deMontbrul, — mont brûlant, 
tous noms de saison, comme on voit. Elle cbarrie, dit-on, des paillettes d*or. Le 
Coiron a une étymologie semblable. Son nom dérive d*un mot patois — ou celtique, 
• couoïié », cuire; « couïron », le cuisant; d*ou Coiron. (Léon Vbdel, Olivier de 
Serres et le Pradel, in-8», i882.) 

Nous laissons à leur auteur la responsabilité de ces étymologies. 

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i8 OLIVIEU DE SËHllES. 

François de Chalendar, lieutenant yénéral de la sénéchaussée 
du Bas-Vivarais, en 1599, aux vallées de Tempe et aux 
champs de Tivoli. 

C'est au miheu de toutes ces beautés du Pradel, que le 
grand agronome avait certainement créées lui-même, qu'il 
composa son immortel Théâtre d* Agriculture, Il nous semble 
le voir se reposer, à l'ombre du saule qui ombrageait la fon- 
taine que Ton voit encore dans le creux d'une prairie. « Quel 
" plaisir, nous dit-il, est-ce de contempler les belles et claires 
u eaux coulantes ; à Tentour de vostre maison, semblans 
« vous tenir compagnie, qui rejaillissent en haut par un mil- 
M lion d'inventions, qui parlent, qui chantent en musique, 
« qui contre-font le chant des oy seaux, Tescoupeterie des 
i« arquebusades, le son d'artillerie, comme de tels miracles 
« se voyent en plusieurs lieux mesme à Tivoli, à Pratoli et 
- autres de Tltalie, et très-naïvement à Sainct-Germain en 
« Laïc, où le Roy a de nouveau fait construire telles et autres 
« magnificences admirées de tous ceux qui les contemplent! » 

Deux vers latins d'un poète contemporain, gravés sur la 
porte d'une chambre, attestaient les beautés du domaine du 
Pradel : 

RuSy Jomus, unda flueus, viridaria vinea, sylva^ 
PradeUi dominum pascua, rwajuvant. 

Vignes, foréU, champs et pâturages, 
Ferme, château, jardins^ eau limpide 
Délectent le seigneur du Pradel. 

Tel était le Pradel, au moment où les troupes du duc de 
Montmorency s'en emparèrent, lors de la prise de Villeneuve- 



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OLIVIER DE SEKHES. 19 

tIc-Berg, le 5 mars 1621, deux ans après la mort d'Olivier. 

Le 7 janvier 1623, Daniel de Serres, fils d'Olivier, fut remis 
en possession de sa maison du Pradel, par de Chabrcilles 
et fiacroix, commissaires exécuteurs de Téditdepaix, et huit 
jours après, suivant l'injonction des mêmes commissaires, il 
fit abattre les nouvelles fortifications de cette maison, qu'il 
trouva M desbiffée et fort ruinée par le dedans, scavoir les 
« planchers du corps de logis bas presque tous ruinez, comme 
u aussy les couvertz grand' faissez etgastez. Item — le beau 
« lauemain de la saleté (petite salle) que mon père auoit faict 
« tailler en belle pierre blanche, cruellement brisé et ruiné. 
« Plusieurs portes perdues et celles qui y sont toutes sans scr- 
« rures et peu auec des barres ' . » 

Au mois de mai 1628, le château du Pradel fut encore 
assiégé par les troupes du duc de Ventadour et, cette fois, 
rasé entièrement. Voici comment cet événement est raconte 
dans les Commentaires du soldat du f^ivarais : 

« Après le passage de M. de Rohan, M. de Ventadour 
demeura à Villeneuve, et M. le marquis d'Anuonay, son frère, 
auprès de lui, qui lui proposa le bien que la prise du château 
appoiterait, à cause des courses que cette garnison faisait, 
étant à un quart de lieue de Villeneuve, l'entre deux d'icelle 
à Mirabel, où le siear de Mirabel faisait toutes ses parties 
pour courir sur le grand chemin du commerce, et incommo- 
dait les habitants de Villeneuve, qui ne pouvaient cultiver 
leurs terres sans se mettre au hasard de se perdre. La réso- 



' Mémoires manuscrits de Daniel de Serres. (Archives du Pradel.) 

2. 



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20 OLIVIER DE SERRES. 

lutioQ (le Tassiéger en fut donc prise, et deux pièces de 
canon, qui étaient au Bourg-Saint-Andéol, amenées pour ce 
dessein, que ceux de Mirabel crurent être pour eux, ce qui 
les fît travailler à se fortifier, et ne songèrent pas au Pradel, 
qui se trouva investi un matin lorsqu'on y pensait le moins. 
Le sieur du Pradel y était dedans avec une trentaine de sol- 
dats, lesquels firent très-bonne contenance, et tuèrent ou 
blessèrent aux approches quinze ou vingt hommes 

« Cette maison était au milieu d'une plaine, fortifiée de hautes 
murailles hors d'échelles, de bonnes guérites, une parfaite- 
ment boone porte, et tout autour un bon fossé rempli d'eau; 
les assiégeans étaient seulement les régimens d'Annonay, de 
Montréal et de Lestrange, avec cent chevaux et les gardes 
dudit seigneur. Le sieur de Marsilhac, qui avait la charge 
du canon, emporta en deux jours les guérites et toutes les 
défenses, ce qui donna les moyens à MM. d*Annonay et de 
Montréal de faire approcher leurs régimens aux mantelets, 
du côté où le fossé n'était pas creusé et où il n'y avait point 
d'eau; de sorte qu'étant à la sape, ils furent contraints do 
se rendre, la vie sauve, et le quatrième jour de leur siège, le 
château fut, dans aussi peu de temps que cela, entière- 
ment démoli jusques aux fondemens, et ses arbres et vergers 
coupés avec moins de peine et de labeur que ïauteur du 
Théâtre d agriculture^ qui en était seigneur, n'en avait mis 
pour les élever*. »> 

« Le dimenche VII may 1628, dit Daniel de Serres, le 

» Page 212. 



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OLIVIER DE SERRES. ti 

« Pradel rendu à Mons' de Vantadour par composition vie et 
« bague saunes, après auoir s. 68 c. d. c. (souffert 68 coups 
M de canon) tout pillé et rasé, mon fils aîné y commandoit, 
« ayant esté inuesti le vendredi précédent, Myrabel, le vil- 
u lage prins par force, le cbasteau par composition vie sauue, 
« armes et bngages. Aprez la baterie de trois jours par quatre 
« canons. Monseigneur de Montmorency comandoit en per- 
« sonne à Tarmée; lad. redition le XV juin aud. an 1628, le 
« village ayant esté prins le jour auparaduant. 

« Le mesme jour, je me retirai en cbemise à la Baume, 
M ayant esté mis dans ce piteux estât à la porte dud. Myrabel, 
u dans les bastions dud. Cbasteau par les gens du Itoy et de 
" Mons' de Peraut qui y estoit en quartier. 

« Led. seign' de la Baume et de Rochevivc m'y receut fort 
« humainement et m'y a entretenu avec mon petit Con- 
« stnntin, sa nourrice et une cbambrière jusques au 30 dud. 
tt juin, que, par la permission de M. de Montréal, je me suis 
u retiré à Villeneufue, en la maison de M. Veyrenc, atendant 
« d'aler demeurer en la mienne occupée par locataires. 

« Ma maison du Pradel ayant este rasée par ordre de 
« Mons' de Vantadour qui m'auoit assigé avec quatre mille 
« hommes, battu de deux canons, ayant souffert soixante 
« volées, estant par composition moy et Sarrasin de La Gorce 
« mon enseigne et Jacques Perrotin mon sergent, Fespée au 
u costé et vingt de mes compagnons sans armes, n'ayant 
« perdu qu'un soldat. 

ic Mouyennant l'ayde de Dieu, lequel je prie m'estre favo- 



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2« OLIVIER DE SERRES. 

« rable, je commence à faire rebastir ma maison sur le peu 
u de muralies qui y sont restés '. >» 



ir 



Le Livre de raison d'Olivier de Serres, que nous avons 
parcouru avec un indicible plaisir, contient, sur le Pradel, 
un article fort intéressant, qui a sa place marquée ici. 

Olivier de Serres avait à son service, depuis bien long- 
temps, un domestique, ouplutôtun intendant, appelé Jacques 
Barnier, dont nous ferons connaître le rôle actif. Le grand 
agronome, fatigue d'exploiter lui-même son domaine du Pra- 
del, — il était alors âgé de soixante-dix-neuf ans, — l'afferma 
à son fidèle Barnier, aux conditions suivantes, que nous avons 
copiées textuellement : 

« Le 15 novembre 1615, jay arranté à Jacques Barnier 
« tout mon domaine du Pradel, concistant en bois, prez 
« et terres labouriues, ensemble celles du moulin de Berc, 
« Lamotte et Vignes, pour deux années comencant à la Sainct- 
u Michel dernier passé. Aussy luy arrate la moytié du reuenu 
a de mes moulins pour une année comencant à la Sainct-Mi- 
a chel, et ce pour la somme de six cens liures, payables trois 
« cens Hures à la fin du moys de juin prochain et les aultres 
« 300 liures à Noël ensuyuant, et ne luy ayit arfaté la moytié 
« du reuenu de mes moulins que po' une année, po' le demou- 
« rant de mon bien et po' l'année prochaine 1617, m'en a 

• Mémoires manuscrits de Daniel de Serres, (Archives du Pradel.) 



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OLIVIER DE SEBBES. 2î 

u promis quatre cens cinquante liures, payables en deux 
i' termes, la moytié 225 lin. à la fin du moys de juin et le 
« demourant à Noël ensuyuant. 

« Aux conditions suynantes; je luy bailhe trois payres de 
« benfz po' le labourage, qu'il sera tenu me rendre à la fin de 
« son arratement, ou po' le prix dicculx et po' chascun payre 
t< soixante six Hures (Et qu'attendant m'en payera la moisson 
u et po' icelle quatre sest. fromt). Je luy bailhe les araires 
u droictz auec trois reilles, poizans 48 H, deux piches, un 
« tarayre, deux tarauelles, une grande l'autre petite, une 
M eyssette, un eschampre, trois coîgnetz fer po' fendre bois, 
« trois fessons grandz et un petit, une eyssade de jardin toute 
« neufue, quatre apies (haches) trois petites y comprinse une 
« coignasse, qu'il sera tenu me rendre en Testât que les luy 
u bailhe, et ce à la fin de son arratement. Je luy bailhe cin- 
« quante sest. froment beau et mundé po' semence, dix sest. 
« orge et huict sest. auoine qu'il me rendra en Testât. Les- 
tt quelles semences me seront rendues, assauoir la moytié A 
« la prochaine cueillette et l'autre à la fin de Tarrantement. 
w Je me réserue la moytié du vin des vignes qu'il sera tenu 
« de bien entretenir, bailhant deux foussayés à la vieille. Je me 
« réserue aussy tout le vin de la vigne muscade et tous les 
« fruits des arbres du jardin, lequel il sera tenu cultiuer et 
u je luy fournîray les semences, où auquel jardin je prendray 
a ma prouuîsion po' ma maison. Tiendra les canaux de Teau 
« ouuertz et curés, po' les arrousementz des prez et jardins, 
tt Rendra à la fin de son arrantement tous les foins et pailles 
« serrés dans la grange fenière à ses despens comme il les 



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tk OLIVIER DE SERRES. 

« treuue. Je tiendray une jument auec son poulain que led. 
« rentier nourira, et aussi les montures de mes amiz me venant 
M visiter. Quand ses seruiteurs ne pourront trauailler, à cause 
« de la séclieresse ou humidité importune, je les employray à 
« mes affayres, à planter vifjne ou aultres. Com. aussy sera 
« tenu aydcr à labourer les terres de Claux à Villen. Tiendra 
M de bois à brusier po' ma prouuission. Le quart de la soye 
u tirée prouuenant de la nourriture des maignanx m'appar- 
« tiendra. Je me réserue le devois de devesson. Quant au 
« bestail, je luy donne deux trentaines brebis, quarante cinq 
« aifjnaux et unze cheures, qu'il nourrira à demis-fruictz ou 
u mieges. Nourrira quinze poules et pour icelles me bailbera 
« quinze œufz chascune sepmaine. Plus vingt chappons. Je 
« Iny bailhe une vache qu'il nourrira à moytié profit. Payera 
« la rente de Berc et quatre sest. bled po^ les terres de 
« Lamothe. Je payeray les tailhes. Je luy bailhe une truye 
M nourrigière et po** le croist d'icelle me bailbera deux pour- 
tt ceaux que je cboisiray sur le troupeau lorsque la saison 
« sera venue po' les tuer. En oultre sera tenu m'engraisser 
« un pourceau chascune année. I^uy ayant passé contract 
tt dud. arrat aux conditions sus escriptes et aultres cotenues 
« au contract d*Iceluy, reçu par M* Jeune not'* le jo' susd. 
« 16 novembre 1615. »» 

Le 20 août 1789, — i' y ^ P^'ès d'un siècle, — le célèbre 
agronome anglais Arthur Young vint tout exprès en France 
pour faire le pèlerinage de l'antique demeure d'Olivier. En 



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OLIVIER DE SERRES. 25 

apercevant au loin l'ancienne tour du manoir du Pradel, il ne 
put maîtriser son émotion; Young descendit de cheval, et 
tombant à genonx, il sentit ses yeu\ se mouiller de larmes. Il 
faut citer la page consacrée à ce pèlerinage pour comprendre 
l'émotion pieuse que ressentit le voyageur anglais. 

a Arrivé à VilIeneuve-de-Berg, dit-il, le 20 ao:*it 1789, je 
« demandai où Ton pouvait trouver dans ce pays, Pradellcs, 
" dont était Seigneur Olivier de Serres, écrivain célèbre sur 
« l'agriculture pendant le règne d'Henry IV. On me montra 
u de la chambre où nous étions, la maison qui lui appartenait 
u dans Villeneuve, et l'on m'informa quePradelles était à une 
« lieue de la ville. M. de la Boissière, avocat général au par- 
« lement de Grenoble, qui a traduit Sterne en français , vint 
« me trouver, et comme je paraissais m'intéresser fort à OU- 
« vier de Serres, offrit d'aller avec moi à Pradelles. C4'était 
« une chose que je désirais avec trop d'ardeur pour la refuser, 
« et j'ai passé peu d'après-midi plus agréablement. Je con- 
« templai la résidence du père de l'agriculture française, qui 
« était sans contredit un des premiers écrivains sur ce sujet qui 
« eût encore paru dans le monde, avec cette espèce de véné- 
« ration qui ne peut être sentie que par ceux qui se sont 
« fortement adonnés à quelque recherche favorite, et qui se 
« trouvent, dans de pareils moments, satisfaits de la manière 
tt la plus délicieuse. 

« Qu'il me soit permis d'honorer sa mémoire, deux cents ans 
« après sa mort! C'était un excellent cultivateur et un vrai 
« patriote, et Henry IV ne l'aurait pas choisi comme son 
« principal agent dans le grand projet d'introduire la culture 



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26 OLIVIER DE SERRES. 

a de la soie en France, s'il n'avait pas joui d'une grande répu- 
u tation, bien méritée, sans doute, puisque la postérité Ta 
i< confirmée. Le temps où il pratiquait l'agriculture est trop 
u éloigné pour qu'on puisse donner autre chose qu\me 
« esquisse de ce que l'on supposait être sa ferme. Le fond du 
« sol est de pierre à chaux; il y a un grand bois de chênes 
w près du château, et plusieurs vignobles avec nombre de 
« mûriers, dont quelques-uns en apparence assez vieux pour 
« avoir été plantés de la main de ce vénérable génie, qui a 
« rendu ce sol classique. La terre de Pradelles, qui rapporte 
«« environ 5000 livres de rente, appartient à présent au mar- 
« quis de Mirabel, qui l'a héritée du côté de sa femme, comme 
u descendante des de Serres. Je souhaiterais qu'elle fût, pour 
« toujours, exempte d'impôts. Celui dont les écrits ont jeté 
« les fondements de Taniélioration d'un royaume devrait 
u laisser à la postérité quel(|ues marques de la reconnaissance 
tt de ses compatriotes. Quand on montra au présent évêque 
tt de Sisteron la ferme des de Serres, il dit que la Nation aurait 
u dû élever une statue à sa mémoire *. » 






Deux mois avant l'ouverture du Concours régional d'An- 
benas, en 1882, nous allâmes visiter le Pradel et nous expo- 
sâmes à M. de Watré, son sympathique propriétaire, le but 
de notre visite. On allait célébrer le centenaire d'Olivier de 



' Voyages en France pendant les années 1787, 179D, par Arthur Youwo, traduits 
par P. SouLès, t. I F, p. 41. 



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OLIVIER DE SERRES. «7 

Serres, et de grandes fêtes s*organisaient à cette occasion 
dans la ville d'Aubenas. Nous eûmes l'idée de reconstituer le 
cabinet de travail d'Olivier et d'y organiser une exposition 
faistoric{ue de tout ce qui avait appartenu ou qui se rapportait 
à l'illustre agronome. Avec une obligeance dont nous lui 
avons toujours témoigné la plus vive reconnaissance, M. de 
Watré mit à notre disposition ses archives et toutes les 
reliques du grand homme. Grâce à cette bonne fortune, nous 
pûmes réaliser noire patriotique projet; pendant dix jours, 
plus de trente mille personnes purent visiter le Cabinet de 
travail d Olivier de Serres^ transporté à la place de 
l'Airette, à Aubenas, en face de la statue d'Olivier, dite du 
centenaire, œuvre du statuaire lyonnais Charles Bailly. 

Le 27 octobre 1883, nous avons visité une seconde fois le 
Pradel et l'avons examiné dans tous ses détails. Le domaine 
est à peu près aujourd'hui ce qu'il était du temps d'Olivier; 
c'est la même contenance et le même aménagement : des 
bois, des prés, des jardins, de longues rangées de mûriers 
s' alignant dans les vastes champs. Le moulin, restauré plu- 
sieurs fois, existe toujours, il fonctionne, il moud le grain 
comme au temps d'Olivier. 

Quant à la maison, c'est un vaste rectangle, de 23 mètres 
sur 12, sans ornement, n'ayant conservé du vieux castel 
du seizième siècle qu'une écbauguette à l'angle nord. 
a HumiHée de son badigeon blanc, elle regarde mélancoli- 
quement par-dessus la plaine la tour ruinée de Mirabel qui 
se dresse, fière et sombre à l'horizon, songeant, dans son éter- 
nelle solitude, à sa splendeur passée. » Une cour sablée, 



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î« OLIVIER DE SERRES. 

ornée de massifs de verdure et de corbeilles de fleurs, la pré- 
cède. Dans le mur extérieur de cette cour est encastré un 
mûrier, planté par Olivier de Serres lui-même. Son tronc 
écorcé et crevassé, ses branches aux trois quarts desséchées 
sont des marques évidentes de sa caducité, mais quelques 
rameaux verdis attestent encore une vitalité durable. Une 
branche de cet arbre vénérable, de ce doyen des mûriers du 
Vivarais et peut-être du monde entier, a été exposée au 
Cabinet de travail d'Olivier de Serres, à Aubenas. 

De cette cour, au mur de laquelle est adossée une chapelle ", 
on pénètre dans un vaste jardin, qui n'est autre que Tancien 
ver{jer d'Olivier de Serres. 

Là encore sont des souvenirs matériels du grand homme : 
un second mûrier et deux cyprès, dont les troncs mesurent 
près de cinq mètres de circonférence. 

Un perron de quelques marches conduit au premier étage 

' Comment se fait-il c]u*à Tancienne demeure (]*une famille calviniste, il y aie 
une cba|)elle, qui parait être assez ancienne? Écoutons M. Léon Vedel, qui nous 
raconte la fondation de ce tout petit monument. 

« Le saint apôtre du Velay et du Vivarais, Jean-Fi ançois l>é{;is, dit-îl, poursuivi 
un jour par les calvinistes, fut obligé, trahi par ses forces, de chercher un refuge 
au Pradel et de se cacher, à Tinsu de ses habitants, calvinistes peu tolérants, comme 
on le sait, dans une meule de foin dressée dans la cour du château. Les soldais 
transpercèrent de leurs longues piques et de leurs immenses hallebardes le tas de 
foin, sans atteindre le saint, qui échappa ainsi miraculeusement à leur poursuite. 

« Le miracle ne fut pas oublie, et, dès qu*on le put, c*est-à-dirc aussitôt que le 
Pradel fut revenu à la religion catholique (ce qui dut arriver de 1690 à 1700), on 
éleva, sur le lieu même du « miracle », une chapelle a la gloire du saint vénéré dans 
tout le Vivaraisi 

m C'est pour les environs un lieu de pèlerinage, et souvent on y trouve l'humble 
obole déposée par les pèlerins : un ou plusieurs gros sous. Les pauvres prolkent 
de la modeste et méritante offrande, grossie par les maîtres du Pradel. « (^Olivier 
de Serres et le Pradii, in-8*, 1882, p. 28.) 

Mous avons compulsé la vie de saint Jeàn-François^Hégis, par le Père Daubenton, 
et nous n'y avons pas vu le fait miraculeux raconté par M. Léon Vcdcl. 



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OLIVIER DE SERRES. 29 

de la maison, qui n'a guère changé depuis sa réédification 
par Daniel de Serres, en 1628. Le logis principal repose sur 
l'ancienne forteresse, dont les épaisses murailles au puissant 
talus lui servent de base. Les caves sont absolument ce 
qu'elles étaient du temps d'Olivier. 

Dans un grand salon, que suit une vaste salle de billard, 
notre attention est attirée par une peinture, le portrait du 
marquis de Surville. A côté, placée entre deux verres, la 
lettre qu'il écrivit à sa femme, Pauline de Mirabel, de la 
prison du Puy, la veille de son exécution. Un peu plus loin, 
une bonne photographie de Chlilde de Surville^ superbe 
groupe en marbre, de Gautberin, qui fut très-remarque au 
Salon de 1877 '. Sur le marbre d'une console, une statuette 
d'Olivier de Serres. C'est une réduction en bronze d'une des 
plus belles œuvres d'Hébert. A côté, se trouve aussi une 
réduction du projet fait en 1858 par Breysse, le berger 
sculpteur. Sur une table, nous remarquons une merveille 
bibliographique, le Théâtre d'Agriculture^ splendide exem- 
plaire unique de l'édition de 1804, 4 vol. sur grand papier, 
reliure en maroquin rouge, dentelles et filets sur les plats, 
dorés sur tranche, doublés de tabis. Sur le premier feuillet 
du premier volume, on lit : « A la mémoire d'Olivier de 
Serres y offert par la Société d'Agriculture du département 
de la Seine à M. d'Arlempde de Mirabel, pour être déposé 
au Pradel, 1807. » 

Sur la garde de ce premier volume est collé un cartouche 

* L*original e»t k l'Elysée; il appartient au Président de la République. 



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30 OLIVIER DE SERRES. 

portant cette meatioa : w M. Victor Rendu, inspecteur 
général d'agriculture, et M. Heuzé, professeur d'agriculture à 
l'école impériale de Grignon, sont venus rendre hommage à 
la mémoire d'Olivier de Serres, le 28 août 1858. » 

La salle de billard est une sorte de musée de famille. On 
y voit les portraits des RJirabel, des Saint-xVndéol, des Watré; 
une mauvaise peinlure représente Daniel de Serres, âgé de 
trois ans à peine. EnBn, dans un secrétaire Louis XIII se 
trouvent les objets précieux, — les reliques, — du Pradel. 

C'est d'abord un petit cadre en bois fort laid, grand comme 
la main, — 162 millimètres de longueur sur 113 de largeur et 
12 millimètres d'épaisseur, — qui contient, sous verre, le por- 
trait d'Olivier, dessiné et peint sur vélin par son fils Daniel. 
C'est le seul portrait authentique du grand homme, qui a 
servi à faire tous ceux que l'on connaît depuis. Ensuite, le con- 
trat de mariage u passé entre sieur Olliuîer Desserres, 
« escuyer, et honneste filhe Marguerite Darcons, le 
« 11 juin 1559 » . Son Livre de raison, le diplôme de docteur 
en droit de Daniel de Serres, du 13 novembre 1589, et enfin 
le testament du grand agronome, tout entier écrit de sa main, 
le 20 août 1617. 

Nous ne terminerons pas ce chapitre sans mentionner un 
rapprochement historique, que nous avons fait en visitant le 
Pradel. 

11 y a trois siècles, Olivier de Serres avait à son service un 
homme dont le dévouement absolu ne se démentit jamais, 
pendant plus de quarante ans. Barnier, — tel était le nom de 
ce serviteur^ — faisait partie de la famille patriarcale du 



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OLIVIER DE SERUËS. 31 

Pradel. Il vit mourir sou illustre maître, et lui-même dut finir 
ses jours au vieux manoir, au service des fils du grand 
homme. Nous y avons constaté sa présence jusques en 1633. 

Aujourd'hui, on peut voir au Pradel, à deux siècles et demi 
d'intervalle, le digne pendant du fidèle Barnier. Sophie 
Silhol, âgée de soixante et onze ans, est entrée au service du 
Pradel en 1834. Elle a vu naître M. de Watré, qu'elle aime 
et chérit comme son enfant. Elle est tout heureuse lorsqu'on 
vient visiter la demeure du grand agronome, qu'elle garde 
depuis cinquante-deux ans. 

Nous avons demandé à la Société nationale d'JyricuUure 
une médaille d'honneur pour Sophie Silhol, la vénérable gar- 
dienne du Pradel. 



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CHAPiTKt: m 

NAISSANCE d'olivier DE SERRES. — SON ÉDUCATION. 
SON MARIAGE. — SA MISSION A GENEVE. 




Il y a une quinzaine d*années, on a agité la question de 
savoir si Villeneuve-de-Berg était bien la patrie d'Olivier de 
Serres, et Ton s'appuyait sur un passajje du Théâtre d* Agri- 
culture pour découronner cette ville de son grand homme. Il 
est absolument certain qu'Olivier naquit à Villeneuve. La 
tradition, les documents historiques, les mentions officielles 
s'accordent pour affirmer le fait. li'acte d'affranchissement de 



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OLIVIER DE SERRES. 33 

la juridiction du Pradel, en date du 15 mars 1571, que nous 

publions aux Pièces justificatives^ porte : « Entre et Oli- 

« vier des Serres, escuyer natif et habitant de Villeneufue de 
w berc dioceze de Viuiers, seneschaussée de Beaucaire et 
tt Nismes. « 

Jacques des Serres, père d'Olivier, possédait à Villeneuve, 
outre sa maison, plusieurs propriétés aux environs de cette 
ville. T.e clos de Serres, autrefois environné de murailles, les 
Dombys (quartier des vers à soie), le champ voisin de la cha- 
pelle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, de Tournon, etc., 
lui appartenaient. Dans ces deux dernières propriétés, on voit 
encore de vieux mûriers plantés, dit-on, des propres mains 
du grand agronome. Outre ses propriétés de Villeneuve, 
Jacques des Serres possédait le domaine du Pradel, des 
terres à Saint-Montan, Saint-Marcel, Consignât, Bourg-Saint- 
Andéol, Tiargentière et Loriol; mais c'est le Pradel suitout 
qui a été immortalisé par les savantes et laborieuses expé- 
riences agronomiques de son illustre fils. 

Olivier de Serres ' naquit donc à Villeneuve-de-Berg, en 
1539. 

Cette date nous est fournie par son fils Daniel, auteur du 
portrait qu'il a fait de son père, et sur lequel il a écrit de sa 
main : 

a Cest le portrait de noble Otiuier Desserres, sg' duJ^radel, 
« âgé de 80 ans, tiré par son fils, s' de Leyris 20 ans auant 
« son décès, mort le 2 juillet 1619. >» 

^ La véritable orthographe est des Serres : c'est ainsi qu*01ivier signait. 

3 



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3V OLIVIER DE SERRES. 

Venu au monde au lendemain de la Réforme, Olivier de 
Serres appartenait à une famille noble passée au protestan- 
tisme. Il n'avait que sept ans lorsqu'il perdit son père, qui 
venait de lui donner un bon précepteur pour commencer son 
éducation. Il est probable qu'il alla terminer ses études à 
ValencQ, où sa mère dut l'envoyer de bonne heure. Notre 
supposition s'appuie sur ce fait que^ plus tard, Olivier envoya 
lui-même deux de ses fils étudier à Valence. Le diplôme de 
docteur en droit, délivré par l'Université de cette ville à 
Daniel de Serres, est daté du 13 novembre 1589. 

Dans le Livre de raison d'Olivier de Serres, nous lisons 
cette mention : a Leiundy matin 9 may 1611 ay dépesché à 
a mon filz Pierre, estant à Vallence, par lequel luy ay envoyé 
« quarante escus et sa mère deux doublontz, le tout faisant 
" 134 liv. et ce pour employer à la déspence nécessaire à 
« passer ses degrez »» 

La nécessité de soutenir une controverse ardente sur les 
questions religieuses faisait pousser très-loin les études de la 
jeunesse protestante. A dix-neuf ans, Olivier avait reçu une 
éducation très-étendue. Ses ouvrages indiquent qu'il était 
versé dans les langues grecque et latine. Plus tard, il étudia à 
fond tout ce qui avait été écrit et tout ce qui se pratiquait sur 
l'agriculture. 

A l'âge de vingt ans, le 1 1 juin 1559, Olivier de Serres 
épousa Marguerite d' Arçons, fille d'un catholique, disent 
quelques biographes, ce qui est douteux, ou bien Jacques 
d'Arcons, le beau-père d'Olivier, aurait passé plus tard au 
protestantisme. La preuve nous en serait fournie par son tes- 



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OLIVIER DE SERBES. 35 

tament, du 20 mars 1567, dans lequel nous lisons : u hem a 
« légué aux pauures de N'* Seigneur Jésus Christ diid. Villeri 
« quy seront esleus par son héritier et exécuteur de son put 
« testament, estant toutesfois delà religion refformée, et non 
« autres, la somme de cinquante liurcs t. pour une fois tant 
« seulement '. » 

L'union d'Olivier avec Marguerite d'Arcons fut heureuse; 
il en naquit sept enfants : quatre garçons et trois filles; nous 
avons donne leurs noms à la généalogie des de Serres. 

Ce mariage précoce annonçait la maturité de son esprit 
qui, à parties moments consacrés à la défense de li religion 
réformée, dont il était un ardent soutien, s'appliquait à scruter 
les mystères de la nature et à en vouloir régler les écarts. 

Grâce à son titre d'aîné, devenu jeune encore seul maître 
de la seigneurie du Pradel, Olivier s'appliqua dès lors à faire 
germer Tapplication du système dont il avait jeté la semence 
dans son esprit. 






Douze ans avant la Saint-Barthélémy, — en février 1561, 
— Olivier de Serres, qui était diacre de l'église de Berg, fut 
député par les protestants pour aller à Genève chercher un 
ministre de l'Évangile. Il leur fut donné Jacques Béton. 

Voici la copie textuelle du mémoire des dépenses de cette 
mission, présenté au Consistoire de l'Église réformée de Vil- 
leneuve. Ce précieux document, qui est aux archives du 

» Archives du Pradel, Voir n® 4, Pièces jmtijtcatives. 



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36 OLIVIER DE SERRES. 

Pradel, est tout entier écrit de la main d'Olivier. Il se com- 
pose de 6 feuillets, pet. in-4', soit 8 pages. L'écriture de ce 
mémoire, hardie, très-ferme, dénote une grande énergie chez 
son auteur, qui n'avait alors que vingt-trois ans. 

Sensuyuent les fournitures Jaictes par moy Oliuier des 
Serres + pour les affayres de léglise Refforrnée de Ville- 
neufne de berc du mandemt des suruelhans et députés 
dycelle. 

4- diacre de leglise de Fi lien de berc * 

Prêt * Dieu par sa miséricorde toucha le cœurdepleusieurs 
de la put ville de semployer à son seruice. Et pour ce fayre 
feust deslibéré par eux en nos assemblées de fayre toute dilli- 
gence à recouurer un ministre po' lequel auoyr enuoyasmes à 
Nismes par troys foys, prétendans y en treuer là quelqun. 
Mays ne feust possible à cause de la rareté d'yceux au reguard 
des requerans, quoy voyant le dimanche 4 januier 1561 
après la prière faicte en playne assemblée d'homes, les femes 
retirées, feust arresté et deslibéré enuoyer à geneue po' fayre 
tous nos esfors d'estre prouisez, pourquoy fayre, je feus député 
et esleu, et pour ce me déliurarent lettres escriptes en leur 
nom et argent (duquel à mon retour leur en randis compte et 
preste le reliqua). Et estre arriué aud. geneue présentai les 
lettres à la compagnye de messieurs les ministres, assemblés 



1 Ce renvoi est de la main d*01ivier de Serres. Noua avons scrupuleusement 
respecté son orthographe, ses abréviations et ses chiffres. 
* Premièrement. 



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OLIVIER DE SERRES. 37 

dans le logis de Mons' Caluin^ et les suplyis au nom de nostre 
Eglise nous pouruoyr d*ua fidelle ministre pour nous ensei-^ 
goer en la parolle de Dieu. Et leur ayant remonstre la grand 
nesccssité que nous en auions nous bailharent maystre Jaque 
Béton po"* pasteur lequel estre esleu pria lad. companye luy 
donner ung mois de terme à partir po' s'en venir icy, ce que 
luy feust accordé. Et voyant que je ne pouuois là séjourner 
po' l'atlendre sans grands frais, m'en retournis (auec Jean 
Ticliet chaussetier lequel alloyt auec moy) attendant la fin du 
moys demandé po' l'aller quérir ce que nous arrestasmes auec 
luy fe*. Or le 26 feburier 1561, à la prière des susd' led. Jan 
Tichet partit de ceste ville pour aler quérir led. sieur Béton 
nostre Ministre auec sa familbe, et pour se fayre luy feust 
bailbé deux cbeuaux et seize liures douze solz pour fournir 
aux despans et frais qu'il conuenoyt fayre. Le 15 mars en 
suyuant led. Jan Tichet a esté de retour conduisant le susdit 
s' Béton auec sa familbe scavoir sa feme et sa filbe, Et des 
despanses faictes tant à sa conduyte qu'à Tacbept des liures 
à luy plus nécessayres et desquelz ne se pouuoiyt passer et 
d'aultres petites cboses quil auoyt besoin. Led. Ticbet m'a 
bailbé le rolle par le menu en iceluy expécifiés lequel jay 
à mon pouuoyr, Icelles montans la some de quarante-cinq 
liures dix buitsolz^etd'icelle somme rabatre seize liures douze 
solz que léglise luy auoit bailbé à sa montre corne est dict cy 
deuant, reste vingt neuf liures six solz que led. Béton et Ticbet 
ont fourny de leurs propres deniers scauoyr led. Béton qua- 
torze liures deux solz, cinq deniers et led. Ticbet quinze liures 
trois solz sept deniers, lesquelles somes je leur ay remboursées 



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38 OLIVIER DE SERBES. 

de mes propres deniers cy L. 29 G 

J'ay nourry ea ma mayson le siisd. s' Béton 
auec sad. familhe despuys le jour qu'il arriua 
en ceste ville qu'estoyt le 15 mars 1561, 
jusques au 15 aoust en suyuant que sont cinq 
moys entiers, la despcnsc desquelz m*a esté 
accordée en la some de neuf liures pour 
chascun moys, y comprins la despense de sa 
chambrière quay nourryc enuiron deux mois, 
la some de quarante-cinq liures, cy . . . . L. 45 

Oultre les choses susd. ay fourny pour 
Téglise dud. Villen* ce que s'ensuyt, de son 
mandement le 16 mars 1561, ay bailhé au s' 
Béton pour luy fayre une robbe longue et un 
saye 5 aulnes noir paris, à 3 liures 2 solz 
6 deniers Taulne monte L. 15 12 6 

8 pans bouracan po^ doubler led. saye à 
1 sol 8 den. le pan monte L. 13 4 

Pour la façon desd. robbes et saye payés à 
M* pierre Chantuzas et pour un sol de cro- 
chetz T.. 12 

2/3 Sarge paris noire à 4 liures pour luy fayre 
une payre de chausses, monte L. 2 13 4 

3 pans courdelhat blanc à 3 solz 6 de- 
niers L. 10 6 

Pour la façon L. 4 

Ung bonnet noir unze solz L. 11 

95 2~^ 



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OLIVIER DE SERRES. :39 

Po' une payre de souliers pour Iny et une 
payre pour sa feme et une pour sa fille, vingt 
quatre solz, lesquelz ay payes à M* Ganiac. li. 14 

Du 15 apuril 1561, une cane sarge dorléans 
noyre po' fayre un corps de robe à sa feme et 
quelques autres abilbement/ k quatre solz le 
pan, monte fi. 1 12 

Po' la façon dud. corps payé aud. Chan- 
fuzas L. 3 

2 cannes 1/2 petits passemens noirs à 4 den. 
le pan, monte li. 6 8 

Du premier may 1561 ay bailhé à sa feme 
en argent douze solz, cy Tj. 12 

Du 4 juin po' une payre souliers à sa filbe 
un sol troys den. cy li. 1 3 

Du 18 juin 1561 douze pans noyr bourges à 
13 solz le pan po^ luy fayre un manteau mote 
sept Hures, seize sol, cy L. 7 16 

14 pans sarge dorléans noyre du bontaint 
po' luy fayre une quasaque à 4 solz le pan 
mote deux liures seize solz, cy L. 2 16 

1/2 pan trelis dallemanhe po' luy mettre 
au collet, un sol, six deniers, cy L. 16 

Po' la façon desd. manteau et quasaque 
payes aud. Chantuzas, dix solz L. 10 

Du premier jullhet ay bailhé neuf liures 
huict solz à M. fran Sabatier secre'* de léglise 

15 2 5 



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40 OLIVIER DE SERRES. 

pour fournir aux despences qu'il a falu fayre 
au colloque tenu à Prîuas là ou feurent mons' 
Belon^ led. Sabatier et un homme à pied et 
deux chenaux appert desd. despenses par le 
compte randu par led. Sabatier, cy. . . . L. 9 8 

Du 4 juillet 1561 ay bailhé aud. s' Béton les 
comanteres de mons' Caluin, et toutes les 
Epistres desquelz en ay payé quatre liures, 
cy L. 4 

Plus Varmonye ou concordance li. 3 

Plus ay bailhé à mons' Roberty, sept liures 
dix solz quil auoyt fournis h la conduite de 
N'* Ministre, de quoy lay rembourse de mes 
propres deniers, cy li. 7 10 

Plus ay bailhé quarate solz po' le port d'un 
coffre dud. s' Béton, despuys geneue jusques 
icy, cy L. 2 

Du 6 jnilhet, ay bailhé à M. franc Sabatier 
sec'''' la some de unze liures quatorze solz qiiil 
aaoit fournis pour les atfayres de léglise mesme 
po' assister au sinode Genil, tenu aud. Nismes 
et aiissy à la poursuitte d'un ministre aud. 
Nismes, et en aultres choses contenues par le 
menu en un rolle quil ma bailhé signé de sa 
main, cy L. 11 14 

Du 14 juillet 1561, une aulne escot blanc 
pour fayre une robe à la filhe dud. s^ Béton, 

37 12 



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OLIVIER DE SERRES. 41 

niôte vingt solz, cy L. 1 

Po' la Fasson payée aiid. Cbantuzas, cy. L. 3 

Plus 8 pans toylle crue fine large à 3 s. 
6 d. le pan po'^ fayre quelques manches et 
colles à sa feme mote vingt huict solz, cy. li. 18 

Plus 16 pans toylle moyenne crue à deux 
solz le pan pour luy fayre un pourpoint et des 
chansons, mot L. 1 12 

Po' la fasson dud. pourpoint L. 2 

Du 15 juilhet 1561, ay bailhé a s' Xptofle 
Fumât, douze solz po' une corde à la cloche du 
prestre ', cy Ti. 12 

Plus à Anth de Guarde, deux solz six den. 
po' troys tialhes à mettre à la cloche, cy . Tj. 2 6 

Plus à Oliuier Darrier, un sol po^ une liure 
says * po' engraisser la cloche, cy L. 10 

A M' Mathieu Fabrejon, cinq solz pour un 
aix quil a employé à fayre les châssis des 
fenestres du logis de n'* ministre et pour 
doux qu'il y a mis, cy L. 5 

Aud. Fabrejon, huict solz pour deux jour- 
nées quil a travaihé à acoustrer led. logis. Ïj. 8 

Po*" les doux quil a employés au plancher 
dud. logis quatre solz, cy L. 4 

Po' la despense quil a faicte chez Pierre 

5 17 6 

• Presbytère. 
' Saindoux. 



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42 OLIVIER DE SERRES. 

Pigier, boste et aussi Jacques Gamel qui luy 

aydoyt neuf solz, cy h, 9 

Au serrurier po' le rabilhage de la sernre 
dud. logis deux solz, cy Ti. 2 

Plus du 16 juilliet bailbé à M. Franc bacbe- 
lier, appo'* troys liures pour médecines quil a 
foumy à N" dit Ministre et à sa feme, cy . li. 3 

Plus ay bailbé à la feîne dud. app'% dix sept 
solz six den. po' sept torcbes quont esté 
employées à fayre les prières du soyr au 
temple, cy L. 17 6 

Du 24 juilbet à M* Claude Audigier, quinze 
solz po'uue payre souliers pour nostre ministre, 
cy L. 15 

Plus à luy mesmes trois liures pour une 
payre de botes pour nostre ministre, cy. . L. 3 

Du 25 juilbet à M. Jacques Cbaussi mares- 
cbal, douze solz po' les ferementz des cbassis 
du logis dud. s' Béton, et po' Taccoustraige de 
certains fers pozés à la cbayre du temple, cy. Ti. 12 

Plus ay bailbé dix solz po' deux journées 
d'un mullet employées aux affayres du s' Ri- 
gaudi, du louage de sa mulle quil auoyt prestée 
à M. Franc Sabatier, quand il vaqua à la com- 
mission des arrantementz des bénéfices dycy 
alantour, cy Ti. 10 

Plus ay bailbé à M. Franc Sabatier, vingt 

9 5~6 



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OLIVIER DE SERRES. 43 

solz qiiil a foiirny po' ses despeases en Aubenas, 
la où il séjourna quelque temps, demandant 
secours pour nous uouloir ayder à cause dune 
peur que nous .husmes entendant que de 
Balazuc venoyt des gens, cy Fi. 1 

Plus ay bailhé au fils de Guarris, douze solz 
pour plusieurs uoyages quil a fait pour léylise, 
cy L. 12 

Plus ay bailhé à M. Simon, le menuisier 
daubenas, douze liures cinq solz po*" les meubles 
quil a faicts pour nostre minisire, scauoyr, deux 
grands cbalis, une couchete, une table, deux 
escabelles, deux bancs et une chayse le tout 
boisnoyr, cy L. 12 5 

Po' le port desd. meubles daubenas, ycy 
vingt solz, cy Fi. 1 

Les parties sus escriptes montent la some de cent sep- 
tante liures, dix-huict solz un denier. 

Item po' le reste des meubles nécessayres au susd. s' Béton, 
à plain désignés par le menu en un Rolle, sur ce fait sépa- 
rément escript le tout bien et deument calcule et aduise par 
ceux du consistoyre, ay bailhé et desliuré suyuant la conclusion 
et arreste faict aud. consistoyre la some de cent liures, tour- 
noys, cy F.. 100 

Some uniuerselle de toutes choses cy devant escriptes 
montent deux cens septante sept liures, dix huict solz un 
denier que demande mestre admise et satisfaicte. 

Des Serbes. 



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4* OLIVIER DE SERRES. 

«Veus par nous anciens et siiruelhans de lesglize refformee 
de Villeneufue de berc soub"" les comptes des fournitures cy 
dessus escriptz faitz par s' Olivier des Serres. Iceux bien et 
deunient gestes calcules auec les inipugnations neces"* ouy et 
entendu en serment parluy preste au concistoîre. Auons con- 
clud et areste les somes et partyes y couchées et escriples 
comme légitimement fournies et aduancées pour les affayres 
de lad. esglize par led. des Serres, montans uniuersellement 
deux cens septante sept liures dix-neuf solz ung den. et luy 
deuoirestreadmizes et allouées comme des aprtlesluy allouons 
et aduançons sur le prix et some prouenus des joyaux estimés 
en lesglize dud. Ville uendus et Icelluy prix h luy bailhé en 
garde par messieurs les Magistractz de lad. ville en conseil 
Genal d'icelle. Ce vîngtiesme jour du moys daoust Tan mil 
cinq cens soixante deux. 

Ci SUjné : F. Nicolas, Tailhand, 
Jehan Sevenïer et Saratier, secrétaire. » 

liCS dépenses de la mission d'Olivier de Serres, à Genève, 
sont une curieuse attestation du prix modique des choses et 
de la simplicité des mœurs en 1561. Il faut dire aussi que la 
valeur de l'argent était bien plus élevée que de nos jours. 






En 1562, des troubles religieux commençaient à agiter le 
Bas-Vivarais, les consuls de Villeneuve-de-Berg songèrent à 
mettre en sûreté les vases et ornements sacrés de réglisc 



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OLIVIER DE SERBES. 45 

catholique ; le 2 mai de cette année, ils les confièrent à Oli- 
vier de Serres lui-même. Cette marque de haute confiance est 
un témoignage de Testime générale dont jouissait le seigneur 
du Pradel, malgré son zèle pour les doctrines nouvelles. (Voir 
aux Pièces justificatives,) 

Cette même année, 1562, Olivier fut commis par les Ltats 
particuhers du Vivarais, pour percevoir les fruits et revenus 
des bénéfices, sous la charge du comte de Crussol ' . 

' Ordonnance Je Charles IX, parchemin. ^Archives du Pradtl.) 



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CHAPITRE IV 

SURPRISE DE VILLENEUVE-DE-BERG, LE 2 MARS 1573. 



Villeneuvc-de-Berg vit ses murs souvent assiégés, mais le 
sic'ge qui lui a laissé les plus cruels et les plus douloureux 
souvenirs est celui qu'elle soutint en 1573, au début même 
des guerres religieuses duVivarais. licSmars de cette année, 
une bande de calvinistes, sous la conduite d'un capitaine 
Baron, s'emparèrent par surprise de la ville, passèrent au fil 
de Tépée la garnison, livrèrent au pillage le plus afTreux les 
maisons des habitants et firent main basse sur une trentaine 
de prêtres, réunis en synode diocésain, disent quelques 
auteurs. Olivier de Serres fut-il l'instigateur de ces horribles 
massacres, ainsi que le dit une tradition mensongère? La vie 
tout entière de cet homme et son œuvre protestent contre 
cette infâme calomnie. 

Deux chroniqueurs, de Thon et Agrippa d'Aubigné, sont 
invoqués par ses ennemis pour soutenir cette terrible accusa- 
tion. Le premier parle, d'après Jean de Serres,d'un capitaine 
Pradel {Pradellà), Est-il certain que de Thon ait voulu dési- 
gner l'auCeur du Théâtre d* Agriculture? Il connaissait bien 
Olivier, qu'il appelle par son nom Serranus. Quant à d'Aubi- 



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OLIVIER DR SERRES. 47 

gné, ce n'est que dans la seconde édition de son Histoire 
universelle (1626) qu'on trouve une accusation contre Olivier 
de Serres. 

« Villeneuve en Vivarez coûta plus de peine à avoir, dit-il, 
i FjOgières l'avait saisie quelque temps auparavant : le capi- 
u taine Baron qui y conimandoit, s'était retiré à Mirabel, 
« entre les mains d'un gentilhomme nommé Pradelles, son 
« ami, autbeurdu Théâtre d'Agriculture, par le moyen duquel 
u il fut mis dans Saint-Privat. » 

Voilà le seul témoignage qui puisse être invoqué contre 
Olivier; et quel témoignage 1 celui d'un historien qui a été 
très-souvent convaincu d'erreur, qui, dans une édition, passe 
le nom d'Olivier sous silence, et qui, dans une autre, écrit à 
la légère, sans plus d'explication, un fait inconnu à tous ses 
contemporains. 

Dans ces temps de guerre civile, les écrivains étaient sou- 
vent dans l'ignorance la plus complète sur les hommes et sur 
les choses de leur époque; les passions étaient trop ardentes 
pour qu'ils pussent faire justice des accusations les moins fon- 
dées. Ils étaient condamnés à écrire sur les renseignements 
constamment altéréspar l'esprit de parti. FiCS goûts, Tinolina- 
tion, le caractère d'Olivier disent assez qu'il resta complète- 
ment étranger aux massacres de Villeneuve-de-Berg. l*>ou- 
tons-le plutôt lui-même : 

« Outi'c cette considération générale, une autre particulière 
u m'a fait entreprendre ce labeur. Mon inclination, et Testât 
« de mes affaires m'ont retenu aux champs, en ma maison, et 
u fait passer une bonne partie de mes meilleurs ans, durant 



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48 OLIVIER DE SERRES. 

« les guerres civiles Je ce royaume, cultivant ma terre par 
« mes serviteurs, comme le temps Ta peu porter. En quoy 
M Dieu m'a tellement beny par sa saincte grâce, que, m'ayant 
« conserve parmy tant de calamitez, dont j'ay senty ma 
« bonne part, je me suis tellement comporté parmi les diverses 
u humeurs de ma patrie, que ma maison ayant esté plus logis 
« de paix que de guerre, quand les occasions s'en sont pre- 
« sentées, j'ai rapporté ce tesmoignage de mes voisins, qu'en 
u me conservant avec eux, je me suis principalement addonné 
u chez moy, à faire mon niesnage. Durant ce misérable temps 
u là à quoy eusse-je peu mieux employer mon esprit qu'à 
u rechercher ce qui est de mon humeur? Soit donc que la 
i( paix nous donnast quelque relasche, soit que la guerre par 
u diverses recbeutes, m'imposast la nécessité de garder ma 
u maison; et les calamitez publicques me fissent chercher 
u quelque remède contre l'ennuy, trompant le temps, j'ay 
u trouvé un singulier contentement, après la doctrine salu- 
« taire de mon âme, en la lecture des livres de l'agriculture : 
tt à laquelle j'ay de surcroist adjousté le jugement de ma 
« propre expérience ' . » 

Sont-ce là les paroles d'un fanatique et d'un égorgeur? 

Un des premiers écrivains qui soient allés à l'encontre de la 
tradition qui accuse de meurtre notre grand agronome, c'est 
François de Neufchâteau. Dans un discours prononcé le 
18 septembre 180â, et inséré en tête du premier volume de 
la nouvelle édition du Théâtre, il s'exprime ainsi : « On a cru 

* Théâtre tV Agriculture ^ préfece. 



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OLIVIER DE SERRES. h9 

« reconnaître Olivier de Serres dans un passafje assez frappant 
« d'un autre livre de l'Histoire du président de Tliou, Il y 
« parle d'un capitaine Pradel, ou Lapradelle (en latin Pradelà)^ 
« lequel, en 1573, c'est-à-dire l'année d'après la Saint-Bar- 
« thélemy, exerça sur les prêtres d'un synode du Vivaraisics 
« représailles du massacre, dont les matines de Paris avoient 
« donné l'affreux exemple; car toujours les assassinats attirent 
" les assassinats. Mais le capitaine Pradel ne peut être notre 
« Olivier. Ce trait ne sauroit s'appliquer à la conduite paci- 
« fique qu'il tint toute sa vie, dont il se loue dans la préface 
M du Théâtre d'Agriculture^ et dont nous verrons ci-après 
« qu'on a fait un trait distinctif de son panégyrique, puisqu'on 
« le félicite d'avoir les mains pures de sang, dans une époque 
u où les François s'en étoient presque toujours souillés. Le 
« président de Thou connaissoit Olivier do Serres, il l'appelle 
w bien par son nom (en latin Servanus)^ et il ne Tauroit point 
«. appelé Pradela. Que ce soit son père ou un autre, j'y 
<i consens; mais j'insiste pour qu'on n'impute pas à Olivier 
i< de Serres, sur une équivoque de nom, un fait incompatible 
« avec tout ce qu'on sait de lui d'une manière plus précise. » 
Les historiographes ont rapporté un fait qui fait le plus 
grand honneur à Olivier. Au commencement des troubles reli- 
gieux qui agitaient le Bas-Vivarais, les consuls de Villeneuve- 
de-Berglui confièrent les vases et ornements sacrés de l'église 
catholique. « Cette marque d'estime et de haute confiance, 
dit M. Eugène Villard, suffirait pour faire justice des imputa- 
tions dirigées contre lui. » Il y a une quinzaine d'années, nous 

avons découvert, dans un monceau de vieux papiers qu'on 

4 



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50 OLIVIER DR SERRES. 

allait vendre au cbifFonnier, entre autres documents intéres- 
sants, Tinventaire de ces joyaux et ornements, que nous 
publions aux Pièces justificatives, sous le n' 2. 

Parmi les auteurs contemporains, accusateurs d'Olivier de 
Serres, nous citerons M. Tabbé MoUier, qui a publié, en 1866 : 
Recherches historiques sur Villeneuve-de^Berg, vol. in 8* de 
450 pages. L'auteur s'appuie sur les anciens accusateurs 
d'Olivier; il n'apporte aucun document nouveau au débat. 
Ancien vicaire à Villeneuve-de-Berg, il a eu pourtant à sa 
disposition les archives communales, celles du Pradel et enfin 
la bibliothèque de Tévéché. S'il avait découvert quelques 
témoins à charge, il n'eût pas manqué de les produire. 

A propos des vases et ornements sacrés, il a bien soin de 
nous apprendre qu'au bout d'un an, Olivier de Serres ne 
voulut plus les garder, déclarant que « ce seraient meux 
« troubles et guerres en présent pays telles qu'il ne scait 
« comment les vases (sacrés) garder en assurance et sans 
« danger évident de lui être volés et emportés, et à l'ombre 
i( d'iceux violence lui soit faicte en sa maison, personne et 
u biens... » En conséquence, il prie les consuls de vouloir 
reprendre le dépôt et de le confier à un autre. Pour les mêmes 
motifs que ceux allégués par Olivier, personne ne voulut s'en 
charger. Que fit-on alors? On pria le même Olivier de vendre 
les objets à Baratier, orfèvre de Montélimar, et d'en con- 
server le prix entre ses mains. Je ne sais par suite de quelles 
circonstances cette somme ne fut remboursée à l'église de 
Villeneuve que cent ans plus tard, par Constantin, arriëre- 
petit-fils de l'agronome, à la suite d'un long procès intenté 



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OLIVIER DE SERRES. 51 

contre la famille du Pradel, par le prieur de Villeneuve-dt- 
Be.s'. 

Nous prouverons tout à l'heure que le montant des objets 
vendus à Baratier fut versé par Olivier de Serres à la com- 
munauté de Villeneuve-dc-Berj. 

M. Tabbé Mollier cite encore parmi les accusateurs d'Oli- 
vier M. de La Boissière, « lequel par son long séjour à Ville- 
neuve, d'où il était originaire, par ses talents supérieurs et 
ses connaissances fort étendues, connaissait mieux que per- 
sonne les faits et gestes d'Olivior, auquel il touchait par ses 
anciens ». No(re auteur n'est pas heureux dans sa citation : 
de La Boissière ne connaissait même pas le prénom du père de 
l'agronome, qu'il appelle Jean*, tandis que son véritable pré- 
nom était Jacques. L'erreur de La Boissière a amené quelques 
biographes à attribuer au père d'Olivier des faits qui concer- 
naient son frère, l'historiographe. 



En 1872, parut une brochure intitulée : Olivier de Serres et 
son œuvre. liCS qualre premières pages sont consacrées à la 
réhabilitation de notre grand agronome. L'auteur, M. Eugène 
Villard, termine ainsi cet intéressant chapitre : 

u Maintenant, nous le déclarons en toute conscience, les 
taches de sang qu'un concours de circonstances fatales a fait 
rejaillir sur Olivier de Serres n'existent pas à nos yeux. En 



* Recherches historiques sur ViUeneuve^de-Benj , p. il9. 
^ Théâtre, édition de 1804, t. !•% p. LXXI. 



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5î OLIVIER DE SERRES. 

l'absence de preuves formelles, rimpossibilité morale sm- 
laquelle nous fondons notre jujjement ne laisse aucune place 
à Tincertitude dans notre esprit. Si nous nous trompons, 
Dieu nous pardonnera. L'erreur est toujours regrettable sans 
doute, mais combien plus lorsqu'elle condamne que lors- 
qu'elle absout! » 

lia brochure de M. Eugène Villard provoqua, delà part 
d'un auteur anonyme, que M. l'abbé MoUier doit connaître 
tout particulièrement, une critique inspirée par un sentiment 
hostile à la mémoire d'Olivier de Serres. Sous la rubrique 
FariétéSj les lecteurs de VEclio de l'Ardèche purent suivre 
pendant quelques jours une polémique qui devenait pénible 
pour le lecteur. Pas plus que M. l'abbé Mollier, le crilique 
anonyme n'apporta aucune preuve positive pour détiaiire la 
conclusion de son contradicteur. Nous avons toujours regretté 
de n'avoir pas eu, à cette époque, — en 1872, — connaissance 
des documents intéressants que nous avons pu compulser 
depuis. Aujourd'hui, nous croyons être en mesure de pou- 
voir défendre victorieusement la mémoire dOlivier de Serres 
contre les terribles imputations de notre critique anonyme. 

A propos des vases et ornements sacrés qui furent confiés 
à Olivier, son accusateur le traite presque de voleur : écou- 
lons-le plutôt : 

M Mais le 15 juin 1562, Olivier ne voulut plus garder le 
dépôt^ crainte d'être maltraité à son occasion. Il en Ht remise 
tiux consuls par-devant notaire. L'avait-il ou non prévu? pour 
les mêmes raisons, personne ne voulut s'en charger. Aloi^ on 
le pria de vendre les vases sacrés à un orfèvre, et d'en con- 



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OLIVIER DE SEHRES. 53 

server le prix. Il le conserva si bien qu'il ne le remboursa 
jamais. Après sa mort, il fallut intenter un procès à son petit- 
fils' Constantin, pour l'amener à rembourser enfin l'argent 
confié à son grand-père. Ce qui seul peut expliquer Tinfidé- 
lité vraie ou apparente d'Olivier comme dépositaire, c'est que 
Villenènve-de-Berg tomba au pouvoir des protestants dès le 
mois de décembre 1562*. ^ 

Par Texamen du document qui figure sous le n*" 3 aux 
Pièces justijicativesy le lecteur verra que les joyaux et orne- 
ments qu'Olivier fut autorisé à vendre produisirent une 
somme de 380 livres, qu'il reçut et dont il donna quittance A 
l'orfèvre Jean Baratier. Bientôt après, Olivier de Serres pro- 
duisit un compte à la communauté de Villeneuve, de sommes 
« employées po' les ajfayres communs d*icelle, scauoir la 
« some de cent vingt deux Hures treize solz deux deniers 
tt d'une part, et vingt huict Hures treize solz d'autres, comme 
u résulte du compte randu par iceluy du Pradel ausd, 
u magistratz et Consulz et quittance à luy concédée de lad. 
« somme par lesd. consuls presens^ lesd. magistratz et Con- 
« seillers tant de lune que de l'autre Religion, en date du 
u treiziesme juilhet aud. an, reçue par M* francois Sabatier 
u not. par lequel acte est déclaré icelle somme estre allouée et 
tt teneu en compte en déduction du prix des joyaux et argen- 
u terie bailhé en garde à iceluy du Pradel ». 

liC Mémoire sur son Voyage à Genève nous apprend 



1 Constantin était rarrièie-petit-fils de ragronome. On le voit, le critique anonyme 
n'est pas toujours bien exact. 

2 Echo de rArdèche du 22 août 1872. 



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54 OLIVIER DE SERRES. 

qu'Olivier de Serres avait dépensé, en 1561 , pour la commu- 
nauté, la somme de 277 livres 19 sols et un denier, qui lui fut 
allouée « sur le prix et some prouenus des joyaux estimés en 
ce lesglize dud. Fille vendus et Iceluy prix à luy baillié en 
ic garde par messieurs les Magistratz de lad. ville en Conseil 
u Génal d'icelle. Ce vingtiesme jour du moys daoust lan mil 
« cinq cens soixante deux^. n 

En lête du document n* 3, Pièces justificatives^ Olivier de 
Serres a écrit de sa main : w Quittance ma esté donnée par 
w les Consulz et prieur de ceste ville, Ensuitte de la deslibe- 
« raon prinze (le 20 aoAt 1562) reçue par W Saboul greffier 
« et la quittance a esté retire par M* Escharauil no"' de 
u Fillen, n 

Ainsi que nous venons de le prouver, Olivier de Serres 
avait dépensé pour les affaires de la communauté de Ville- 
neuve-de-Berg : 

V 122» 13- 2^ 

2^ 28 13 

3^ . 277 19 1 

TOTAL 429' 5- 3'. 

Le 19 juin 1562, Olivier reçut de Torfévre Baratier la 
somme de 380 livres. La communauté restait donc lui devoir 
49 livres 5 sols 3 deniers. 

Osera-t-on dire maintenant que notre agronome « con- 



* D*après ce ducutnent, le consistoire de Villeneuve s'était chaque de rembourser 
à la communauté de cette ville la somme provenant de la vente des vases et orne- 
ments sacrés* 



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OLIVIER DE SERltES. 55 

« serva si bien le prix des vases sacrés quUl ne te remboursa 
« jamais »? 

Ainsi se trouve détruite une des accusations du critique 
anonyme. 



a Donnez à Olivier, en 1573, dit le critique anonyme, les 
qualités si admirables que vous faites remarquer en lui en 
1600, et soyez sûr que la maison de ce patriarche vénérable^ 
de cette figure biblique, sera respectée par tous les partis 
indistinctement, et que ce respect rejaillira sur ses enfants 
jusqu*à la quatrième génération. Mais non, il est obligé de se 
défendre, de se fortifier chez lui. Apres sa mori, son fils, 
héritier des vertus d'un tel père, est contraint d'en faire 
autant. Et un siècle plus tard son petit-fils est traduit devant 
le bailliage pour avoir à rembourser la somme confiée à son 
aïeul ' . » 

Nous n'avons vu nulle part qu*Olivier de Serres ait élé 
l'objet de persécutions particulières. Son fils Daniel, comme 
tous les protestants, eut à subir les exactions des cathoHques. 
Lors de la prise de Villeneuve-de-Berg, en 1621, sa maison 
du Pradel fut saccagée. II fut obligé de se conformer à l'édit 
royal du 19 octobre 1622, qui portait, entre autres injonc- 
tions, celle-ci : « 5" Foulons aussi que toutes les fortifications 
i« nouuelles des villes, chasteaux forts et forteresses tenues 

» Echo de VArdèche du 24 août 1872. 



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56 OLIVIER DE SERRES. 

a par nosdicts sujets de la religion prétendue réformée 
« soient entièrement desmolies et rasées. » 

C'est probablement à cette époque que Daniel fut obligé 
de placer une statue de la Vierge à l'angle extérieur de sa 
maison, à Villeneuve, pour échapper aux persécutions de 
l'intolérance religieuse. Cette madone de pierre est encore 
debout, dans une nicbe aux ornements délicats et finement 
ciselés. 

Le 7 janvier 1623, Daniel de Serres fut remis en possession 
de sa maison forte du Pradel par Chabreilles et Lacroix, com- 
missaires exécuteurs de Tédit. Mais, huit jours après, sur 
l'ordonnance du duc de Ventadour, il dut démolir les fortifi- 
cations nouvelles de sa maison. Là encore il n'y eut rien de 
particulier pour le fils d'Olivier. Nous possédons l'ordonnance 
de Henry de Lévy de Ventadour, dans laquelle plus de deux 
cents fortifications sont frappées de démolition, entre autres : 
u les maisons suyuantes, assauoir les guérites de la maison du 
tt pradely de la maison de la borye, la maison de fonlbonne, 
« apartenant au sieur Roure aduocat; à Valz, les maisons de 
t S" Jean Picault dict le capporal barbier, de François 
« Malmazet et hoirs de lantouzet. Et maison de Justet. I^a 

u crousetle près Meyras « 

IjC 7 mai 1628, le Pradel fut |)illé et rasé par ordre du duc 
de Ventadour, qui était venu l'assiéger avec 4,000 hommes; 
mais en cela, celte maison forle subit le sort réservé à toutes 
les maisons, à tous les châteaux, à toutes les villes défendues 
parles huguenots contre les catholiques. Daniel de Serres et 
François son fils ne subirent rien de plus, rien de moins que 



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OLIVIER DE SERRES. 57 

leurs coreligionnaires. Quelques jours après, le J 2 juin, le 
château de Mirabel tombait sons le feu des canons de Mont- 
morency, et le village était entièrement brûlé. 

tt 11 faut se défier beaucoup, dit François de Neufchâteau, 
de ces fraudes pieuses, par lesquelles chaque paiii s'efforce 
d'altérer l'histoire, pour inculper ses ennemis. Les Jésuites 
nommément en vouloient aux frères de Serres. Jean de Serres 
avoit publié plusieurs livres contre cette Société; et la Com- 
pagnie de Jésus n'avait pas emprunté de son divin moJèle le 
pardon des injures'. » En effet, Jean de Serres publia succes- 
sivement, de 1582 à 158G, les Quatre Antijésuites contre 
les Jésuites de Touruon. 



Le critique anonyme se plaît à paraphraser le récit 
d' Agrippa d'Aubigné, qui n'a pas toujours été bien renseigné 
sur ce qui se passa dans le Vivarais pendant les guerres reli- 
gieuses du seizième siècle. 

« Baron, dit-il, étant indécis et refusant obstinément de 
marcher pour faire le siège (de Villeneuve-de-Berg), il ne 
dépendait que de lui (Olivier) d'épargner les malheurs de sa 
patrie. C'est lui qui, sans prendre les précautions nécessaires 
et efficaces pour prévenir ou arrêter l'effusion du sang, con- 
seille le siège, sans vouloir nccepter de retard, lui qui presse, 
qui pousse, qui contraint Baron à marcher et à le suivre, en 
usant envers lui de toute l'influence que lui donnent son nom, 

1 Théâtre, édition de 1804, t. !<''', page Liiviii. 



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58 OLIVIER DE SERRES. 

sa fortune, son talent, de toute rautorité dont l'investit la 
posirion qu*il occupe dans le consistoire '. » 

L'historien protestant, d'Aubigné, invoqué par notre cri- 
tique anonyme, ne connut pas ce qui se passa, en réalité, a 
Tattaque de Villeneuve-de-Berg. Ces surprises étaient fré- 
quentes à cette époque, et la plupart des villes étaient prises 
à Taide d*intelli}>ences qu'on avait dans la place. Le chef qui 
commandait dans quelque lieu du voisinage recevait les 
ouvertures; juiis, s'il jugeait la chose praticable, il récompen- 
sait ceux qui lui donnaient les moyens d'agir; fournissait les 
fonds nécessaires à Tentreprise; s'entendait avec d'autres 
capitaines, s'il jugeait ses forces insuffisantes, et leur promet- 
tait, pour leur concours, une somme déterminée ou une por- 
tion du butin que l'on ferait. C'est ce qui se passa pour la 
surprise de Villençuve-de-Berg. 

Noble liOys de Guy, dit capitaine Baron^ après avoir reçu 
les propositions du serrurier^ s'aboucha avec le capitaine 
Poucliot^ qui commandait à Saint-Étienne de Boulogne. Que 
les négociations avec celui-ci aient été laborieuses, c'est 
possible. Que le capitaine Baron, avant de tenter l'aventure, 
ait voulu prendre toutes les précautions pour en assurer le 
succès, on ne pourrait l'en blâmer; mais du moment qu'il 
mettait pour enjeu, dans cette partie, non-seulement sa vie, 
mais encore sa fortune, c'était bien le moins qu'on lui laissât 
tenir les cartes et la liberté de choisir son heure. 

Les tergiversations qu'on lui prête ne durent pas être bien 

» Écho de VArdèche du 24 août 1872 



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OLIVIER DE SERRES. 59 

lon{;ues, puisque Villeneiive-cle-Berg fut prise six mois après 
la Saint-Baribélemy. Quel prix mit le capitaine Pouchot à 
son concours? Nous n'avons pu le découvrir, mais nous avons 
des preuves certaines qu'il y eut entre eux convention 
passée. 

Dans l'assemblée générale tenue en 1573, le mercredi 
20 mai, à Privas, dans la maison de noble Pierre des Combes, 
par-devant « Messieurs leban de Mellrt, docteur en droit, 
« conseiller du Roi notre sire, juge magistral de la cour et siège 
u présidial de Nîmes. 

« Messieurs de Saint-Agrève, du Poyet, Claude de Cham- 
u baud, écuycr; Etienne Sanglier, docteur en droit de la ville 
« d'Aiibenas; Claude Fournier, consul de Privas; Etienne 
« Gobellin; Antoine La Pize, notaire royal du Cheylard, ét<mt 
u nommés par les députés du pays de Vivarais, pour le con- 
u seil politique dudit pays et avec eux. Messieurs François 
M de Barjac, seigneur de Pierregourde ; Charles, seigneur de 
tt Bocolle; Guillaume, seigneur de Chapdenac; François de 
u la Rochette, écuyer; I-oys du Prat, seigneur des Ollières, 
tt lehan de Vesc, écuyer, seigneur de Montjoux; Charles de 
« Bénéfice, seigneur de Cheylus; Olivier de Serre, seigneur 
u du Pradel; lehan du Ranc, écuyer; Guillaume Sabatier, 
u capitaine commandant au fort de Salavas; Valons, pour 
« l'église de la Bastide de Virac; Cellier le puîné, capitaine; 
« lehan Lamber, capitaine commandant à Privas; Puynol 
a Tavernol, consul de Privas, MM. Antoine de Mars, notaire 
u royal envoyé d'Aubenas; lehan du Chambon, notaire royal, 
« envoyé par l'église de Gourdon; MM. Guillaume Barrés, 



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60 OLIVIER DE SERRES. 

« notaire royal, envoyé du Pouzin; Gaspard FayoUe, envoyé 
« de Desani; Pierre Blachon, notaire royal, envoyé de Cbcy- 
« lard; Jacques de las Portes, écuyer, pour Mcyras; Barthé- 
tt lemî Faure, dit Sale, pour la ville de Fay ; M. Loys Guinel 
« pour 1rs églises de Fnin et du Gua, et autres principaux du 
« Vivarais convoqués et assemblés pour délibérer et traiter 
" des affaires dudit pays, par manière d'Assemblée générale, 
« mandés audit pays, lant à la noblesse que tiers état; les 
u susnommés comme envoyés susdits et principaux du pays 
«< de la religion réformée ont été reçus et chargés pour opiner 
u et délibérer dans cette assemblée; M. Rolland Chastagnier 
M faisoit les fonctions de syndic du Vivarais, et du Serre, 
« notaire d'Aubenas, celle de secrétaire de l'Assemblée. 

« Il fut ordonné que la somme que le capitaine Baron doit 
« au capitaine Pouchot^ sera arrêtée entre ses mains et les 
« bardes et armes dudit Pouchot vendues à Tencan public 
« par Messieurs du Conseil on officiers ordinaires de Saint- 
u Etienne de Boulogne, par devant lesquels tout créditeur ou 
« y prétendant droit se retireront pour ce ouïr et faire droit, 
w et les deniers qui en proviendront distribués à qui appar- 
ue tiendra, présent et appelé lout le syndic. » 

Dans la séance tenue le lendemain, jeudi 21 mai 1573, pré- 
sents les mêmes que dessus, sur une requête représentée par le 
capitaine Bessonet, créancier de feu capitaine Pouchot, il fiit 
statué : 

u Vu la lef tre missive du feu capitaine Pouchot au capitaine 
« Baron ci attachée et attestée par MM. du Poyetet Sanglier, 
u étant en conseil, que devant eux, ces jours passés h Aubenas, 



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OLIVIEK DE SERRES. 61 

u sur le différend dudit capitaine Bessonet suppliant, avec le 
u capitaine Ponchot, iceulx avaient accordé que par provision 
u et en déduction des états et droits que ledit Besssonet prê- 
te tendait lui être dus par ledit Pouchot, le capitaine Baron, 
« {jouverneurde Villeneuve-de-Berc, lui délivrerait la somme 
" de cent livres en déduction de ce qu'il a promis au-dit capi- 
« taine Pouchot, pour ravoir assisté à la prise de Villeneuve-' 
« de-Berc^ et qu'à cet effet ledit Pouchot lui dépécha ladite 
" lettre; le surplus desdits états et différend l'ont remis à cette 
« assemblée : Audit capitaine Bessonet pour ses dits états, 
« droits et bons services qu'il a faits au pays, l'Assemblée lui 
« a ordonné la somme de cent livres accordée avec ledit Poi:- 
« chot et outre icelle somme de cent livres qui font deux cents 
« àprendiesnr la même partie due par le capitaine Baron 
« audit Pouchot*. »> 

Le capitaine Baron était un des officiers les plus estimés du 
parti protestant; ce fut lui qui, avec le capitaine de Fontréal, 
s'empara de Lagorce : il ne put donc être accusé de lâcheté. 

MM. Albert du Boys et l'abbé Mollier répètent, d'après 
plusieurs historiens, que la rage des calvinistes fut si grande^ 
à la prise de Villeneuvc-de-Berg, qu'ils ne purent l'assouvir 
que par le massacre de quarante-deux prêtres qui se trou- 
vaient réunis en synode dans celte ville, et qu'après les avoir 
massacrés on les jeta dans des puits. 

* Cet intéressant Jucument a été publié par M. A. Costë, dans VArdèche repU' 
ùlicaine du 3 mai 1885. 



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6t OLIVIER DE SERRES. 

M. l'abbé Mollîer ' cite Giraud-Soulavie, qui s'exprime 
aiasi ^ : « Ces curés s'étaient cacliés clans Tégiise pendant la 
nuit du siège; mais leur découverte ranima la fureur des reli* 
gionnaires; les uns furent égorgés sur-le-cbamp , d'autres 
furent horriblement mutilés de diverses manières : par déri- 
sion, on en fit promener quelques-uns avec des ornements 
sacerdotaux qu'on trouva dans l'église; et après avoir été le 
jouet et l'objet des insultes des soldats, ces curés furent mas- 
sacrés sans qu'aucun d'eux pût s'échapper. Ces scélérats pré- 
cipitèrent ensuite dans des puits leurs cadavres. » 

Où a-t-il puisé ces détails, Giraud-Soulavie? Agrippa 
d'Aubigné, dont M. l'abbé Mollicr et le critique anonyme se 
[ilaiseut à invoquer le témoignage, ne précise pas le nombre 
des prêtres massacrés et ne parle pas des puits. 

Est-il bien certain qu'il y avait un synode à Villeneuve? et 
s'il y en a eu un, — ce dont nous doutons fort, — comment se 
fait-il que Jean de l'Hôtel, alors évéque de Viviers, ne l'ail 
pas présidé, dans les circonstances critiques où se trouvait 
l'Eglise? Comment aurait-oa pu accomplir un pareil massacre, 
si, comme l'affirme le même Giraud-Soulavie « il /i j avait 
« pas plus de vingt prêtres, en 1573, dans le diocèse de 
« VivierSy par suite de la cessation des ordinations depuis 
tt plusieurs années ^ » ? 

Une pareille exécution aurait eu parmi les auteurs de 
l'époque un retentissement aussi grand que le massacre de 



* Recherches historiques sur Vilieneuve-^e^Ber^, p. 1Î6. 

* Histoire du diocèse de Viviers^ p. 2HI. 

* Histoire du diocèse et des évéqucs de Viviers^ p. 476. 



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OLIVIER DE SERRES. 63 

Vassy. Puisque les auteurs n'en disent rien, il faut que ce 
soilnne fable inventée plus tard, peul-étre par les Jésuites, 
ennemis des frères de Serres^ ainsi que l'a dit François de 
Neufcbâteau. 



A l'apparition du Théâtre d* Agriculture^ Jacques de 
Romieu, chanoine et mailrc de chœur de Viviers, composa 
deux sonnets à la louange de Fauteur, son compatriote. Ces 
deux pièces dithyrambiques, qui parurent dans la seconde 
édition du Théâtre, u déposent en faveur d'Olivier, accusé de 
participation aux (prétendus) massacres commis à Villeneuve- 
de-Berg, le 2 mars 1573. L'auteur des sonnets manifeste de 
son mieux l'estime, l'admiration et la respectueuse sympathie 
que lui inspire son illustre compatriote : il le caresse, il le 
choie, il l'appelle mon Pradel ; ce catholique, ce prêtre 
semble ravi de toucher cette main hu{juenote ' » qui n'a 
jamais trempé, quoi qu'on en ait dit depuis, dans le sang de 
ses frères, par la raison que ces massacres n'ont jamais existé 
que dans l'imagination de quelques écrivains qui les racontent, 
probablement sans y croire, ou qui apportent au débat, ainsi 
que l'a fait le critique anonyme de 1872, un esprit d'hostilité 
à la mémoire du grand agronome. 

" Olivier de Serres et son œuvre, p. 12. 



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CHAPITRE V 

MAIllAGE DK DANIEL DE SERRES. — VOYAGES d'oLIVIER. 
SES OCCUPATIONS AU PRADEL. 



De 1573 à 1595, on ne peut constater que deux faits de la 
vie personnelle d'Olivier. Le 3 mai 1594, il marie Daniel de 
Serres, sieur de Leyris, son fils aîné, avec Anne de Frise de 
Mond visant. Le inariajje eut lieu par-devant M** C.artier et 
des Arnaud, notaires à Montéliniar. Parmi les témoins figu- 
rait messire Adrien de 3azamon, abbé d'Aiguebelle. Daniel 
de Serres donna à sa future « six vingtz escusd'or sol valleur 
de Tédict, pour jouyaulx numpciaulx ». 

Plusieurs passages du Tliéâire d' Agriculture semblent indi- 
quer qu'Olivier visita TAllemagne, Tltalie et TEspagne. 11 fit 
aussi plusieurs voyages à Paris. Il est probable que c'est à 
l'occasion d'un de ces voyages lointains que, le 25 août 1595, 
notre agronome fit son premier testament, par -devant 
M' Tailfaand notaire. On sait qu'avant l'invention des chemins 
de fer, presque toutes les personnes qui entreprenaient un 
voyage tant soit peu long ne manquaient pas de faire leur 
testament avant de se mettre en route. 

A part ces quelques voyages consacrés à Tétude de tout ce 



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OLIVIER DE SERRES. 65 

qui touchait à Fagriculture, Olivier vivait retiré dans sou 
domaine du Pradel. Possesseur intellig[ent d*un patrimoine 
considérable, il s'absorbait dans ses graves occupations 
d'agriculteur et d'écrivain. II étudiait à fond tout ce qui avait 
été écrit et tout ce qui se pratiquait sur l'agriculture. Vivant 
avec Pline, Columelle, Virgile, Varron, Caton^ il en prenait 
toutes les idées saiues et fécondes, en repoussait celles enta- 
chées de préjugés ou de croyances superstitieuses. 

Tout en se livrant à ces profondes études, Olivier faisait 
d'amères réflexions sur son pays, dont le sol, foulé sans 
cesse par des nuées guerroyantes, était presque partout en 
friche; les bras mancjuaient pour relever ces ruines, menaces 
de tous temps pour des populations qui ne s'occupaient de 
prévenir les désastres de la famine qu'en se déchirant entre 
elles. 

Les hommes avaient cependant autre chose à faire qu'à 
s'égorger. Leurs forces pouvaient être appliquées au profit de 
ces existences, qu'elles s'étaient trop longtemps acharnées à 
combatLi*e. 

De même qu'un fleuve sortant parfois du Ut que le temps 
lui a creusé pour inonder les campagnes riveraines, a besoin 
d'être contenu, de même aussi la nature doit être endiguée 
dans les règles que le ciel lui donna, et dont elle cherche par- 
fois à sortir, comme le fleuve du sillon tracé. 

Plein de ces idées philanthropiques, Olivier de Serres ras- 
sembla les anciens guerriers et en fit une nouvelle phalange 
de laboureurs. Il invita sans distinction le monarchiste et le 
ligueur, le catholique et le huguenot à chercher, dans le spec- 



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66 OLIVIER DE SERRES. 

tacle de la nature et dans l'étude de ses secrets, Foubli des 
maux que les uns et les autres avaient soufferts. 

Ces hommes qui, pendant longtemps, avaient manié Tar-^ 
quebuse ou le fer des instruments qui sèment la destruction, 
ne touchèrent plus que la bêche, la faux, la charrue, ces outils 
qui font la prospérité. 

lia seigneurie du Pradel était devenue une colonie agricole, 
une académie d'expérimentation de tous les moyens les plus 
propres à Tamélioration de la culture. 

Jusqu'alors, la terre avait produit ainsi qu'elle Tavait voulu, 
désormais elle avait des règles fixes connues. La main des 
hommes aidait son œuvre ou comprimait ses caprices. 

Olivier, par ses combinaisons, sa sagesse, son expérience, 
était devenu le père de l'agronomie française; son domaine 
du Pradel était l'école d'où l'agriculture sortait une industrie 
professionnelle, et non plus un produit hasardeux qui naissait 
au souffle du caprice des saisons. Il avait changé la disposition 
de son domaine par un système d'irrigation qui lui suscita de 
nombreuses critiques, mais qui fertilisa ses champs, u J'ai en 
a mon particulier, dit-il, suivi l'invention de Grappone ', en 
u la conduicte d'une petite eau perenne : laquelle passant à 
u l'entour de ceste mienne maison, arrouse ma terre, et fina- 
u lement se rend à mes moulins. Ayant Tentreprinse au côm- 
« mencement esté jugée autant vaine, que l'effect Ta despuis 
u approuvée utile et profitable. » 



I Craponncf, gentilhomme provençal, Fit conduire à Salon un bras de la Durance, 
pour arroser et ftTtiliser les plaines arides de ce pays. 
Th. (TAg. 



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OLIVIER DE SERRES. 67 

Les découvertes d'Olivier de Serres sont tout un avenir 
pour la France, nous en citerons quelques-unes : 

Il invente les prairies artificielles ; il introduit le mûrier en 
France et tire aussi « des entrailles de la terre le thrésor de 
a soye qui y est caché, par ce moyen mettans en évidence 
« des millions d'or y croupissans >', trésor qui vaut aujour- 
d'hui à la France un produit de 500 millions par an. 

Le soufrage de la vigne, regardé de nos jours comme une 
découverte récente, est conseillé par Olivier, bien que sous 
un emploi différent. 

(( Pour chasser les connins dépérissans la vigne, brouttans 
4c les premiers de ses rameaux : faut, dit-il^ les parfumer 
a avec du souffre, Todeur duquel ne pouvans aucunement 
« souffrir s*enfuientdès aussi tost qu'ils la sentent ^ » 

Il dote la Provence du maïs, qu'il apprend à cultiver 'j il 
devine l'avenir industriel de la betterave, « racine rcngée 
« entre les viandes délicate.^, dont le jus qu'elle rend en cui- 
tt sant, semblable à syrop au succre, est très beau à voir pour 
« sa vermeille couleur ^ » . 

11 pressent, on peut l'augurer fortement de ses livres, la 
pomme de terre j Haller fait remarquer qu'Olivier est le pre- 
mier agronome qui nous ait donné l'histoire de ce tubercule, 
alors assez récemment apporté d'Amérique. Il importe le hou- 
blon, dont la culture n'avait guère commencé en Angleterre 
que vers 1520, et dont les propriétés n'étaient connues que 



* jT/i. d'À(/. Lien troisième, cb. v. 
2 T'A, d*Àg, Lieu second, ch. iv, 
'^ Th» d*Ag, Lieu sixième, ch. vu. 



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68 OLIVIER DE SERHES. 

d'un pedt nombre de personnes. Le houblon, dit-il, « outre le 
« plaisir de la rameure pour ombrage, tire en ce profit que 
u d'en manger, en la primevère, les tendres cimes des jettons 
u en divers appareils. Sa fleur et sa semence sont aussi utiles 
« à la bière '. » 

Olivier dotait ainsi son pays, du nord au midi, de cultures 
nouvelles qu'il pouvait appliquer. 

Après avoir passé trente années de sa vie à labourer, semer, 
planter, il reproduisit sur le papier, après l'avoir édifié sur le 
terrain, ce fameux Théâtre (CÀgriculiure^ qui vient jeter 
dans l'oubli les Maisons rustiques^ les seuls manuels des 
laboureurs qui existassent jusqu'alors, livres pleins de faux 
préceptes, de raisons superstitieuses, et plutôt faits pour égarer 
que pour guider les artisans qui travaillent le sol. 

' Th, (TÀ^, Lieu sixième, c1i. z. 



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CHAPITRE VI 

MORT DE JEAN DE SERRES, HISTORIOGRAPHE DE FRANCE 

Au moment où Olivier de Serres allait livrer à Timpression 
son Théâtre cC Agriculture et mesnaye des champs^ un grand 
malheur vint le frapper; son frère Jean^ historiographe de 
France, qu'il affectionnait beaucoup, mourut le 19 mai 1598, 
et sa belle-sœur, le même jour, quelques heures après son 
mari. 

Olivier et son neveu, Jacques de Valleton, furent nommés 
tuteurs des enfants de Jean de Serres. I/historiographe lais- 
sait une situation très-embrouillée. Il fallut toute Tinfluence 
et tout le dévouement de son frère, pour que ses pauvres 
orphelins fussent tirés d*un état voisin de la misère. Donnons 
ici quelques détails rétrospectifs sur les dernières années de 
Jean de Serres. 

Au mois de juillet 1592, au moment où il négociait « cer- 
taines choses entre les églises du Dauphiné et celles de Pro- 
vence et de Languedoc >• , il fut arrêté près de Nyons ' et fait 
prisonnier par de Saint-Roman, chef des ligueurs. Une pro- 
curation officielle qu'il avait sur lui servit de prétexte à son 

' Revue historique, Cb. Dardier, Jean de Serres. 



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70 OLIVIER DE SERRES. 

arrestation. Il ne sortit de prison que vers la fin de Tannée 
1573, après avoir payé huit mille écus pour sa rançon. 

Pendant sa détention^ un ligueur, nommé Barillon, qui 
Tarréta, lui vola dix mille écus, dont il sollicita la restitution. 
Tiorsque la paix fut signée, Jean de Serres fit déclarer, par 
arrêt du Conseil du Roi, que son arrestation, qui avait eu lieu 
pendant la trêve accordée entre la principauté d'Orange, 
comtat Venaissin et Provence, était « mauvaise »>, et le sieur 
de Saint-Roman fut condamné à lui rendre la somme de 
8,000 écus qu'il avait exigée pour sa rançon. Par Tintermé- 
diaire de M. de Mayenne, de Saint-Roman obtint que le Roi 
payerait lui-même les 8,000 écus à Jean de Serres, à l'acquit 
de Saint-Roman. 

Nous avons découvert à ce sujet quelques documents inté- 
ressants, entre autres une ordonnance de Henri IV, du 4 juin 
1597, dont voici un extrait : 

«Henry, par la grâce de Dieu, Roy de France et de 
« Navarre, A nostre amé et féal conseiller en nostre Conseil 
« d'estat et trésorier de N" Espargne M'* Baltbasar Gobelin, 
(( salut. Nous voulons et nous mandons que des deniers tant 
« ordinaires quextraordinaires de vostre charge de la pnte 
« année vous païez, baillez et délivriez comptant ou assigniez 
« par vos rescripts à N'* cher et bien amé Jan de Serres, bis- 
« toriographe de France et professeur de langues et sciences 
« et histoire, la somme de quinze mil quatre cens trente 
« six escus, laquelle de l'avis de N'* Conseil lui avons ordonné 
« et ordonnons par ces présentes pour son paiement et rem- 
« boursement de pareille somme à lui deue. Assavoir la 



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OLIVIER DE SERRÉS. 71 

M somme de 6986 escus pour argent fourni ponr nos affaires, 
i( par attestation et ordonnance de N'' très cher cousin le duc 
a de Montmorency, pair et connestable de France. Ensemble 
« la somme de 8450 escus à luy par nous accordée pour le 
« remboursement de sa rançon, ayant esté faîct prisonnier en 
« voyageant pour nostre service suivant l'ordonnance de 
« nostre conseil ' » . 

Jean de Serres mourut sans avoir rien pu « toucher aucune 
chose, quelque diligence qu'il ail faite, ainsi qu'il appert par 
ses sommations et actes » . 

Son frère Olivier fit trois voyages à Paris, où il resta près 
de quatre années, pour la défense des intérêts de ses pupilles. 
Son compte de tutelle contient des détails excessivement 
intéressants sur ces voyages *. 

Nous allons en donner quelques extraits : 

« Compte que rend(\e 9 juin 1611) Olivier de Serres, sieur 
u du Pradely comme contu leur des enfans de feu M. Jean de 
« Serres, son frère, vivant ministre de la parolle de Dieu et 
« historiographe de France, de l'administration daucunes 
« personnes desd. enfans et partie de leurs biens, despuis le 
« décès dud. de Serres, advenu à Orange, lieu de son ordinaire 
M habitation, le dixneufviesme may mil cinq cens quatre 
u vingt! dix huict, jusques à présent, comme cy après sera 
« particullierement represanté, » 



• Archives du Pradel, 
^Id. 



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72 OLIVIER DE SERRES. 

u Suivant la resolution priuse du voyage du comptable 
« (Olivier de Serres) à la Cour, pour les affaires desd. euFans, 
a comme cy devant est represanté, Icclluy comptable seroit 
« desparty de sa maison du Pradel, le 16 novembre 1598, 
« faisant pourter le tableau de marbre blanc que led. feu s*" 
« de Serres avoit promis donner au feu Roy et la balle de 
« sauteur et parfums par luy préparcs pour en fère des 
u pnts à la Cour à plusieurs favorizans ses affaires. Ainsin 
« qu'il a apparu aud. s' Magistract par le dire des parens et 
w amis du défunt, telle avoir esté Tintention d'icelluy, et en 
« suitte ordonné que les choses susd. seroient pourtées à la 
tf Cour, et de là distribuées par le comptable, pour le port 
V desquelles, auroit prins un cheval poil gris, appartenant au 
« deffunt, conduict par Pierre Guigon, le comptable monté 
" d'un muliet d*amble, servi et accompaigné d'André Gamier 
u et de Jacques Tichet, cestuy-cy, pour le renvoyer de la 
u Cour au sieur de Valleton, contuteur. » 

u Arrivé à Paris, eust advis que le feu Roy estoit à Saint- 
u Germain en laye, où il auroict deslibéré d'aller treuver sa 
u magesté, pour luy presanter le tableau susmentionné et 
« commencer la poursuytte des affaires de ses pupilles, ce 
« quil eust faict, sans qu'on l'asseura que sa mageslé seraict 
u à Paris dans peu de jours, comme il advint le sixiesme 
u d'après, des aussi tost le s' de Langle, garde du cabinet 
ic du Roy, fict entendre à sa magesté que le tableau de feu s' 
« de Serres estoict arrivé en lad. ville, l'ayant faict conduire 
a le sieur du Pradel. En suytte, sa magesté depescha led. 



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OLIVIER DE SERRES. 73 

u sieur de Langle aiul. s' du Pradel comptable, pour luy 
« faire pourter led. tableau. Ce commandement entendu, le 
« comptable seroict allé treiiver sa magesié, et après luy 
tt avoir faict la révérance, luy présanta led. tableau quelle 
« receut favorablement, tant ponr le lieu d'où il venoict, que 
« pour le mérite de la pierre, de laquelle sa magesié fist 
« grand ca», et après l'avoir contemplé longuement, com- 
« manda aud. sieur de Langle de le faire pourter en son 
" cabinet du TiOuvre, et posé en lien le plus éminant d'icclluy. 
« Appert de la deslivrance dud. tableau par attestatoire dud, 
« sieur de T^angle du 30 aoust 1600. » 

« En présantant led. tableau à sa magesté, la supplia très 
« humblement, avoir souvenance des enfans de son fidelle 
u serviteur deffunt reduyt en extrême ruine sy par ses bien 
« faits ils n*en estoient garantis, estant chargés de grands 
u debtes, pour les deniers que leur père avoict empruntés 
« pour se rachepter de prison, dont les créanciers avoient 
« faict saisir tout leur bien et icelluy de ses pleiges et cau- 
tt tions, spéciallement ceux du comptable, principalle eau- 
c< tion du deffunt. » 

u De là en advant, le comptable n'a cessé de poursyvre 
« lesd. affaires de toute son affection, employant la faveur 
« de tous les seigneurs et dames et amis, dont il se pouvoict 
a advizer, leur distribuant les santeui^s, confections et aultrcs 
« gentillesses à cela préparées et destinées par le deffunt, 
« comme a esté veu. » 



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74 OLIVIER DE SERBES. 

« Le comptable auroict donné au sieur de Gandolle, pour 
u les peynes qu'il avoîct prinses à ce dessus, deux exemplaires 
M de son livre du Théâtre d' Agriculture, In folio de la prc- 
« mière impression, en blanc, sans estre reliés montans neuf 
« livres pièce. 

« Envoyé au seigneur du Plessis, qu'il a demandé pour ses 
« espices, un des livres du Théâtre d' agriculture, bien relié 
« et doré, estant de la première Impression In folio, montant 
« quatre écus. » 

« Le comptable deslibéra d'aller suy vre le Roy vers Lion, et 
« à telle fin partit de Paris le jeudy matin dernier aoust 1600, 
u prenant le chemin de la Bourgongne par le coche. Ayant 
u à telle poursuitte séjourné à Paris, à Fontainebleau et à 
« S* Germain, despuis le 20 novembre 1598, jusques au jour 
« dernier d* Aoust IGOOque sont, un an, neuf mois, dix jours, 
« durant lequel séjour auroict despendu, s'estant retiré en 
« chambre garnie à Paris, au quay de la mégisserie à limage 
« S' Claude, pour estre près du Louvre et de mon seigneur le 
« chancellier, où le pourtoict les affaires qu'il avoit en main, 
u de laquelle chambre il payoit tous les mois cinq escus et 
u deniy, avec le service, et faisant achepter ses vivres par 
u son homme despandoict chascun jour, Tun pourtant l'autre 
u comprins sond. homme, quarante solz pour le moins, y 
u comprenant lad. chambre et le blanchiment de son linge. » 

« Le retour du comptable a esté par le coche de Kour- 
« gongne jusques à Chalon, de là à Lion par la Saône, et de 



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OLIVIER DE SERRES. 75 

« fiion a sa maison, par le rosne. Auquel voyage comprins 
« son séjour à lAon de sept jours, attendant le Roy qui estoit 
« en Savoye y faisant la guerre, a despandu la somme de 
u soixante dix sept livres. » 

u Pour les gages <rAndré Garnier son serviteur qui Ta 
« servy durant le sudsd. temps, met, le comptable à dix ecus 
• par an, comprins ses babitz, la somme de cinquante six 
u livres cinq solz. » 

Bientôt après sa rentrée au Pradel, Olivier de Serres rece- 
vait, des mains de M. de Bordeaux, baron de Colonces, une 
lettre autographe que le roi Henri IV, voyageant en Savoie, 
lui expédiait de Grenoble, au sujet d'une mission dont nous 
aurons à parler. 

^ u Estant à Pans,le comptable receut de Monsieur de Laforce 
« Gouverneur pour le !!oi en Béarn, quatre escus, pour d'icelle 
tt somme recouvrer un homme entendu à la nourriture des 
« magniaux et tirage de la soye, qu'à telle fia désiroict Tavoir 
u à sa maison en Perigord. Ce qu'il fict par le moyen du s' de 
« Valleton quy luy adressa Jean Granger, auquel il ballia 
u pareille somme de quatre escus pour ses despens d*Orange 
« où il le print jusques en PerigorJ. » 

u Estant lors de nouveau imprimé en grand voulume le 
« livre du Théâtre d'Agriculture du comptable et ja en 
tt quelque réputation, Ainsin que communément choses non- 



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76 OLIVIER DE SERRES. 

« velles, anroict icelluy comptable estimé estre à propos, 
M pour le bien des aTnires des enfans du defîunt, et suivant 
« Tadvis quil en prins à Paris d'en faire des presans à cer- 
« taines personnes notables du Conseil et domestiques de la 
M maison du Roy et autres ayans authorité pour favorîzer ses 
M poursuyttes, à l'exemple mesme du deffunt quy n'espar- 
« gnoîct tels moyens pour facilliter et advancer ses affaires, 
« luy ayant ses livres, donné entrée et cognoissance au feu 
u Roy, à Monsei{jneur le Connclablc et à Monseigneur le 
« Chancellier, qui ne sont icy mis en compte, anroict donné 
« un desd. livres bien relié et doré à chascuu des seigneurs 
« cy après nommés à Paris et à Lion, où il les a peu ren- 
tt contrer. » 

« Tous lesquelz livres donnés sont en nombre de vingt 
« neuf montans à douze livres pièce, bien reliés et dorés, 
« comme dict est, les aulcuns en veau rouge autres en vert 
tt ou maroquin d'espaigne, la somme de trois cens quarante 
u buict livres. » 

Malgré toutes ses démarches, Olivier, n'ayant rien pu 
obtenir, prît la détermination de quitter Paris. Il descendit 
à Orange et engagea vivement son cousin de Valleton à 
s'occuper lui-même des affaires de leurs pupilles. 

Les parents et amis furent d'avis de prier « led. s' du 
« Pradel, comptable retourner en la Cour continuer les pour- 
« suyttes qu'il y avoict commencées sur telz affaires, Appert 



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OLIVIEH DE SERRES. 77 

u verbal du 28 mars 1603. A quoy le comptable s'accorda 
u pour ramitié qu'il porte à ses nepveux, nonobstant les 
« incommodités qu'il souffre en telz voyages, longue et diffi- 
« cile poursuytte. Tant en sa personne à cause de son âge, 
u que ses affaires domestiques qu'il est contraint d'aban- 
« donner. » 

tt Le comptable desparti de sa maison du Pradel le 
« 5 may 1603 avec deux cbevaulx, lung pour soy, l'autre 
^ qu'il prins de louage à Villen de berc pour pourter sa malle, 
- papiers et bardes, accompaigné d'André Garnier et de 
« Jacques Tichet, cesluy cy pour renvoyer les cbevaulx de 
u Rouanne, où le comptable se mit sur la rivière de Loire 
u pour la continuation de sou voyage. Estant à Orléans, 
« prins le coche jusques à Paris où il arriva le 19 dud. moys 
M (Olivier avait mis 14 jours pour faire ce voyage) et se logea 
u le mesmc jour à la fontaine rue de Butisy, au devant de 
u Ibostel de Monseigneur le chancellier. Despuis le despart 
« de sa maison jusques à son arrivée à Paris, a despandu la 
« somme de soixante treize livres treize solz... ^^ 

Pour la troisième fois Olivier fait le voyage de Paris (le 
23 novembre 1604) « soubz la garde de Dieu^» . 

tt Réitère par plusieurs fois ses requestes au feu Roy et par 
«c estript en son Conseil, mais le tout en vain, sans aucun 
« advancement. Si que le comptable ne sachant plus que 
« fere, par voir ses longues peynes et grandes despenses 



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78 OLIVIER DE SERRES. 

« perdues. Quand par bénéfice du Ciel, vist un jour le feu 
« Roy se proumener dans une allée de ses jardins des Thuil- 
« leries, ayant à ses costés feu monseigneur le cbansellier de 
« Belièvre et monseigneur de Silery, à présent cbansellier de 
« France, se jetta à genoux aux pieds de sa magesté, comme 
u pour donner effort, Ijaquelle après luy avoir commandé 
u par deux fois de se lever, disant n'avoir accoustumé de 
» parler ainsi à luy, luy demanda questoict ce qu'il vouloicf 
a dire, lequel respondant, suppUa très bumblement sa magesté 
a estre son bon plaisir d'auoir pitié de luy son très bumble 
« serviteur, pour le garder de totalle ruyne, où les affaires 
u de son feu frère Tavoict réduict, donc à son très grand 
« regret il avoict souvent importuné sa magesté, sans luy 
u faire aucune mention des enfans du deffunt. Alors le Roy 
u commanda aux seigneurs susnommés de pourvoir à tel 
u affaire sans qu'il n'en ouyt plus parler. Ce que Dieu bénit 
« tellement que buict jours après, le comptable fut employé 
t< en Testât des finances pour la somme de quatre mil livres 
« payables par cartiers. »... 

Olivier note qu'il ne u voullust demander au feu Roy 
« aucune cbose pour son Théâtre d'Agriculture qu il avoict 
tt dédié à sa magesté; encore qu'il seust que sa magesté eust 
« très-agréable tel livre, comme ay^nant affectionnément 
« l'agriculture et que sellon l'avis de plusieurs ses bons sei- 
cc gneurs et amis notables personnages ne luy eust refusé pour 
M le moins une bouneste pension. Gomme en ce temps-là, il 
u en donna une de douze cens livres, au s' de Gastel- franc, 



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OLIVIEU DE SERUES. 79 

« ministre en Albigeois, près de Castres, pour un sien livre 
« de navigation qu'il avoict faict de nouveau imprimer, crai- 
« gnant le comptable que ce que le feu Roy luy voullut 
u donner pour sond. livre, tint lieu du payement des sommes 
« que sa magesté devoicl à ses nepveux et nie|>ces, dont il 
« sastint de telle demande, | refferant le bien de sesd nepveux 
« et niepces à sa propre utillité. » 

« Aussy est à considérer pour le bien de ses nepveux et 
" niepces que le comptable fict imprimer sond. livre à Paris, 
M bien qu'il Teust peu fère à Lyon à sa plus grande commo- 
u dite, par ne s'ellogner beaucoup de sa maison, abandon- 
if nant pour sy longtemps ses propres affaires, mesmes la 
« poursuytte de son procès du Bourg, qu'à telle cause luy est 
« encores sur les bras, qu'aussy par estre limpression du livre 
u à meilleur marché de plus d'un tiers à liyon qu'à Paris, 
u pour le papier et pour l'impression, ainsin que gens 
« entendus en telle négoce certifBeront. « 

Olivier de Serres partit de Paiis pour rentrer au Pradel le 
19 mars 1605 n sans attendre l'ordonnance de Monseigneur 
« le duc de Suly, sellon l'ordre des finances, pour sur icellc 
« avoir le mandement dud. trésorier de l'espargne, laissant 
u charge à M* Gcdéon de Serres du Pradel son filz, advocat 
i« au Conseil privé du Roy de retirer led. mandement et le luy 
u envoyer à Lion, où il sadressoict à M* Pierre Chaumel 
»« lecepveur général pour le Hoy en lad. ville. » 

Olivier se félicite d'avoir pu mener à bonne fin les affaires 



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80 OLIVIER DE SERRES. 

de ses pupilles : « Beneffice venu du Ciel, aceonipli aveeque la 
« rediction du compte faicfe par le comptable devant le sei- 
u {jneur du Plessis, du maniment de vingt mille escus, faict 
u par le deffunt s' de Serres et feu M* Théophile Sarrasin 
« auquel maniment led. feu s^ de Serres se treuvoict à la fin 
« de ses jours chargé de dix-mil-six-cens escus, de laquelle 
a somme le comptable, par la rediction dud. compte, a faict 
« relaxer les enfans dud. deffunt, comme appert par la 
« closture dicelluy cy devant représanté. »> 

Grâce à son influence et à son dévouement, après bien des 
voyages pénibles, très-pénibles, Olivier de Serres eut le 
bonheur d'obtenir pour les enfants de son frère, ses pupilles, 
le remboursement de sommes importantes dues à leur père. 

Le compte d'Olivier se termine par quelques articles assez 
intéressants, tels que celui-ci : 

u Le comptable a nourri et enti*etenu dans sa maison du 
« Pradel, et faict instruire aux lettres aveeque ses enfans par 
« M* Lizay, à présent ministre de la parolle de Uieu, Jean de 
« Serres, son neveu, filz du deffunt S' de Serres, despuis le 
« 3 apvril 1598 que le deffunt luy envoya à telle fin, comme 
« appert par sa lettre, et ce jusques au 25 janvier 1605 qu'il 
« le renvoya à Orange, pour continuer ses estudes au collège 
w de lad. ville, que sont six ans, neuf mois, vingt-deux jours 
u de séjour aud. lieu du Pradel, montans la despense dud. 
u temps à huict livres le mois, cinq cens quatre- vingtz douze 
a livres. » 



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OLIVIER DE SERRES. 81 

u Pour le pourter du Pradel à Orange ses babitz et livres, 
u luy a baillié une beste avec un homme qui raccompaigna, 
« auquel voyage a despendu, tant allant que Tbomme et la 
« beste en retournant, sans y comprendre le louage de 
u rbomme et de la beste, quarante solz. » 

Pendant qu'Olivier s'occupait avec tant de zèle des intérêts 
de ses pupilles, il ne négligeait par ses affaires personnelles. 
Deux faits impoitants se passèrent la même année dans sa 
famille. Le 25 février 1604, il maria sa fille. Bonne des Serres, 
avec Daniel Sabatier, clavaire du Roi, à Villeneuve-de-Berg ". 
Le mariage fut passé au Pradel, par M* Mosnier, notaire de 
Villeneuve. On donna pour dot à la future, 2,400 livres (du 
chef de Marguerite d' Arçons, sa mère) et un domaine appelé 
le Cauxà Villeneuve-de-Berg (du chef de son père). Sabatier 
donna à sa future 200 livres pour joyaux *. 

Bientôt après, le 1 1 avril, eut lieu le mariage du fils cadet 
d'Olivier, « Gédéon des Serres du Pradel, escuyer, S' de Sainl- 
« Montan, avocat au Conseil privé du Roi » , avec Abigaïl Bau- 
douin. Le mariage fut passé à Paris, par-devant M"* Etienne 
Tolleron et Jean François, no"'. M. de Montargis et sa sœur, 
oncle et tante de la future, lui constituèrent une dot de 
6,600 livres, et Olivier promit de donner à son fils, en avance- 
ment d'hoirie, la somme de 3,000 livres^. 

I De ce mariage naquit Isabeau Sabatier, qui épousa Jean de Justet, seigneur de 
Sardige de Vais. 

* Archives du Pradel, 

* Id, Voir, au sujet de ces 3,000 livres, la pièce justificative n® 7. 

6 



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CHAPITRE Vil 

APPARITION DU THÉÂTRE d'aGRICULTURE 



Depuis plus de trente ans Olivier préparait son Théâtre 
cV Agriculture^ mais il en différa la publication jusqu'à ce que 
la tranquillité fût rétablie en France, et comme il le disait au 
roi Henri IV, dans sa dédicace : « Plustost n'eust esté conve- 
« uable, car à quel propos vouloir enseigner à cultiver la Terre 
« en temps si désordonné lorsque ses fruicts estoient en 
u charge, mcsmes à ceux qui les recueilloient pour crainte 
« d'en fomenter leur ruine, servans de nourriture à leurs 
« ennemis? » Cependant, pour répondre à Timpatience de 
Henri IV, Olivier détacha de son grand ouvrage, qu'on allait 
imprimer, un chapitre qu'il publia séparément, sous ce titre : 
La Cveillette de la soye par la nourriture des vers qui ta 
font. — Echantillon du Théâtre d'Agriculture ^'Olivier de 
Serres, seigneur du PradeL A Paris^ chez Iamet Mettayer, 
Imprimeur ordinaire du Roy, M. D. XCIX. Auec Priuilegede 
Sa Majesté. 

Petit in-8" de 6 feuillets non chiffrés et 117 pages de texte. 

L'épître dédicatoire était adressée à « Nobles et vertueux 
« Messieurs les Prévost des Marchans, Eschevins, Conseillers» 



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FRONTISPICE 

DE LA PREMIÈRE ÉDITION DU THÉÂTRE D'AGRICULTURE 



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OLIVIER DE SERRES. 83 

u et autres Qfficiers de THostel de ville de Paris, capitale de 
« ce florissant Roiaume » . 

Olivier annonce « qu'aiant ces jours passez mis sous la 
« presse une Générale agriculture^ il a estimé estre à propos 
" d'en extraire cette partie qui traitte de la nourriture des 
« vers à soye 

« Jusques ici Ton a jugé vostre pays, comme par conlu- 
« mace insuffisant à produire la soye, sans vouloir entendre 
« les causes de ce défaut , . 

« Tout ce qu'on peut dire est que la cueillette de la soye 
u sera tardive à cause de la disposition de vostre Ciel qui est 
« un peu plus froid que celuy du Languedoc. Voilà tout Tin- 
»« térest. Caton, oracle de son temps, disoit estre vergogne au 

« mesnager d'acheter ce que sa terre pouvoit produire 

« peu de lieux exceptez, par tout ce grand Roiaume la soye 
« peut croistre. » 

Olivier de Serres était à la Cour de Henri IV lorsqu'il 
écrivit ce Mémoire, il le dit par ces mots : « J'estimeray ce 
u temps bien emploie : et le voyage que je suis venu faire à la 
tt Cour. » Ce mémoire, remarquable par l'exactitude histo- 
rique et par les observations qu'il contient, où l'auteur pro- 
phétise, en même temps qu'il enseigne, dit M. Eugène 
Villard, suffirait pour immortaliser son nom. Notre agronome 
s'y pose, non point en créateur d'une industrie introduite en 
France deux siècles auparavant, et qui était dès lors en hon-> 
neur dans la Provence et le comtat d'Avignon. Son but — 
et c'est en ceci qu'il semble lire dans l'avenir — son but est 

de la propager et de la vulgariser, de telle sorte que la France^ 

6. 



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8f OLIVIER DE SERRES. 

jusque-là tributaire de l'étranger pour la consommation de la 
soie, déverse elle-même, Lors de ses frontières, un large excé- 
dant de production. Le résultat n'a point trompé son attente, 
et si cette magnifique branche de notre industrie nationale a 
atteint par la suite un développement inespéré, c'est à Olivier 
de Serres, le premier, qu'en revient l'honneur. 

Au recto du dernier feuillet de cet opuscule, on lit : Achevé 
d'imprimer le dix-huictiesmejour de Feurier M. C. XCIX. 

On a vu qu*01ivier, lors de son premier voyage à la Cour, 
pour les affaires de ses neveux, partit du Pradel le 16 novem- 
bre 1598; ce fut donc en arrivant à Paris, quatorze jours 
après, qu'il remit son manuscrit à l'imprimeur Jamet Met- 
tayer. A la fin de février 1599, la Cueillette de la Soye était 
livrée au public, pendant que les presses fonctionnaient pour 
le grand ouvrage. En effet, « le premier lour de Juillet M. D. C n , 
Mettayer achevait d'imprimer Le Théâtre d'Agriculture et 
Mesnagë des Champs, in-folio, de 1024 pages. Son succès fut 
immense et ne se ralentit point; les éditions, les traductions 
se succédèrent. De 1608 à 1617 on le réimprima huit fois, et 
le nom d'Olivier de Serres acquit en Europe une rapide et 
éclatante célébrité. 

Scaliger rapporte que le roi Henri IV, à qui le Théâtre est 
dédié, « se le faisait apporter après dîner et le lisait pendant 
une demi-heure » . 






Dans les premiers jours d'octobre 1600, un gentilhomme, 



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OLIVIER DK SERRES. 85 

accompagné d'une suite respectable, vint rendre visite à Oli- 
vier de Serres et lui donner une lettre ainsi conçue : 

a Monsieur du Pradei, 

« Fous entendrez par le sieur de Bordeaux, par les mains 
M duquel vous recevrez la présente, l'occasion de son voyage 
M dans vos quartiers et ce que je désire de vous, je vous prie 
« donc de l'assister en la charge que je lui ai donnée et vous 
fc me ferez un service tres-agréable. 

« Sur ce. Dieu vous ait. Monsieur du Pradei, en sa garde. 

« Henry. 

« Ce 27 septembre 1600, à Grenoble. »» 

Cette lettre de Henri le Béarnais, du roi de France, retenu 
en ce moment à Grenoble par sa guerre avec la Savoie, était 
apportée par M. de Bordeaux, baron de Colonces, surinten- 
dant général des Jardins de France. 

Un grand fonctionnaire se déplaçait pour venir, auprès d'un 
simple innovateur agricole, chercher des renseignements. 

Il était chargé de demander à Olivier de Serres l'envoi à 
Paris de plants de mûriers; Olivier apporta a telle diligence 
^ au recouvrement des dicts plants que, au commencement 
tt de l'an mil six cens un, il en fut conduict à Paris jusques au 
t( nombre de quinze à vingt mil. Lesquels furent plantés en 
« divers lieux des Tuilleries, où ils se sont heureusement 
« eslevés '. » 

TiC Roi fit construire, à l'extrémité du jardin des Tuileries, 

' Théâtre (V agriculture, lieu cinquième, ch. xv. 



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86 OLIVIER DE SERRES. 

une grande maison pour servir à Téducation des vers à soie. 
L'année d'après, d'autres mûriers furent plantés dans les 
généralités de Paris, Orléans, Tours et Lyon; Olivier, appelé 
à la Cour, Fut chargé de la direction des soins que réclamait 
cette industrie naissante. 

En 1603, deux ans après la plantation du mûrier aux Tui- 
leries, Olivier publia une brochure ayant pour titre : 

La seconde richesse dv mevrier-blanc. Qui se treuveen son 
Escorce, pour en faire des Toiles de toute sorte, non moins 
utiles que la soie, provenant de la feuille d^iceluy. Eschan- 
tillon de la seconde édition du Théâtre d'Agriculture c/'Ou- 
viER DE Serres, seigneur du PradeL A Messire Pompone de 
Belièvre, chancellier de France, — Paris, chez Abraham 
Savgrain, rue S. lacques. Aux deux vipères. — M.DC.IIL 
Avec privilège du Roy. 

Petit in-8" de 27 pages. 

Cette brochure, qui forme le chapitre XVI du cinquième 
Lieu du Théâtre d'Agriculture de l'édition de 1603, est 
dédiée à M. de Belièvre, chancelier de France. L'épître 
dédicatoire constate qu'Olivier de Serres fut encore appelé 
devant le Roi, au sujet des mûriers blancs, qui avaient excité 
la critique de plusieurs personnages importants, entre autres 
de Sully, et que le chancelier prit la défense d'Olivier et de 
son système agricole. « Dieu m'aiant fait la grâce, dit-il, 
« d'avoir treuvé un second trésor, en la plante du Meurier 
« blanc : j'ai jugé qu'il vous appartenoit de me commander, 
« que sans l'assurance de vostre nom et de vostre faveur, 
u j'eusse à le mettre en lumière : ce que je fai et vous supplie 



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OLIVIER DE SERRES. 87 

« très humblement^ Monseigneur, avoir pour agréable ceste 
« mienne délibération, voiant de bon œil, ce livret que je vous 
« présente, de Tutilité qui se tire de Tescorce de cet arbre, 
« qui est la matière du linge, beaucoup meilleure que ni le 
« lin ni le chanvre. » 






Lorsqu'on lit attentivement le Théâtre d*Agriculture, on 
peut se convaincre facilement du zèle qu'avait dû apporter 
Olivier de Serres à Texamen de tout ce qui se rattache à 
Tagriculture, à ce qu'elle pouvait être chez les anciens; on 
voit qu'il avait lu, approfondi et médité Caton, Columelle, 
Varron, Virgile et Pline. C'est qu*on retrouve en effet dans 
ces différents auteurs de très-bons préceptes, l'indication de 
certaines pratiques tombées depuis lors en désuétude. 

Les conseils aux pères de famille, cultivateurs, pour leur 
faire comprendre qu'il leur faut aimer leurs champs, s'y plaire 
et savourer le prix de son travail, sont d'une élévation et 
d'une pensée admirable. 

« C'est donc mon but, de persuader au bon père-de-famille 
« de se plaire en sa terre, se contenter de ses naturelles 
M facultés, et n'en abhorrer et rejetter les incommodités, avec 
u tant de mespris et desdain, qu'il laisse à leur occasion, de 
a s'efforcer à la rendre avec le temps, par son industrie et 
« continuelle diligence, ou plus fructueuse ou moins incom- 
« mode. Car à quel propos se fascheroit-il du lieu auquel il 
^ doit passer sa vie? Peut-il convertir les montaignes en 



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88 OLIVIER DE SERRES. 

« plaines, et les plaines en montaignes? Qu'il se console, 
« doncques, en la providence de Dieu, qui a distribué à 
a chacun ce qu'il cognoist lui estre nécessaire ; mesme pour 
« ce regard imposé à Thomme, à cause de son pesché, cette 
u juste peine, de cultiver la terre en la sueur de son visage, 
u lui faisant néantmoins, par sa bénédiction et suivant ses 
a promesses, savourer le fruict de son travail, en la jouissance 
« des biens terrestres. Et qui doit imaginer aux mesnages, 
a quelque Paradis sans peine et incommodité, puisque les 
a grands Estats du monde sont enveloppés de tant d'espi- 
tt neuses difficultés? Parla, nous, pauvres mortels, appren- 
M drons qu'il n'y a rien de parfaict, rien d'asseuré en ceste 
a vie mortelle, pour tendre à l'immortelle. Donques nostre 
tt mesnager se souviendra qu'il est en terre, et se résolvant de 
« cultiver la terre pour y vivre avec les siens, prendra ceste 
« belle science pour addresse de son travail. 

« Science plus utile que difficile, pourvu qu'elle soit 
u entendue par ses principes, appliquée avec raison, conduicte 
« par expérience, et pratiquée par diligence ' . » 

I/ouvrage est divisé en huit parties, auxquelles l'auteur a 
donné le nom de Lieux, remplaçant le nom de livres adopté 
dans les autres ouvrages. Dans le premier lieu^ le père de 
famille est instruit du devoir du « Mesnager » , c'est-à-dire 
« de bien cognoistre et choisir les terres pour les acquérir et 
« employer selon leur naturel, approprier l'habitation cham- 
« pestre et ordonner la conduite de son mesnage w. 

Olivier examine les conditions indispensables pour acquérir 

^ Théâtre d* agriculture y préface. 



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OLIVIER DE SERRES. 89 

la connaissance des terres; il entre dans les détails pratiques 
sur la classification des sols; il arrête le lecteur sur Tindication 
que peuvent fournir les plantes qui croissent spontanément; 
c'est, on le voit, un petit tiaité de chimie, de minéralogie et 
de botanique. 

Il démontre la manière de s'assurer de la contenance des 
terres, le moyen de les disposer selon leurs propriétés, en pre- 
nant en considération le climat; puis il donne de très-bons 
conseils sur les conditions de salubrité. C'est un chapitre que 
devraient méditer les architectes ruraux et les propriétaires 
peu soucieux de procurer à leurs fermiers la santés indispen- 
sable néanmoins pour Taccomplissement de leurs pénibles 
travaux. 

Enfin, Olivier de Serres aborde la question si délicate des 
devoirs du père de famille envers ses domestiques et voisins. 
L'auteur démontre clairement que les bons maîtres font les 
bons serviteurs. Il faut lire et relire ce chapitre VI du premier 
lieu. Notre agronome s'y montre chef de maison consommé. 
Ce chapitre devrait être le vade^rnecum de tout homme ayant 
charge d'ouvriers et de domestiques. 

Olivier s'adresse « au gentil-homme, et à autre vertueux 
« personnage capable de raison, qui, ayant deslibéré faire 
« valoir le bien que Dieu luy a donné ou par ses ante-cesseurs 
« ou par ses honnestes acquests, se resoud à prendre joien- 
« sèment la peine de le faire cultiver, par serviteurs domes- 
« tiques, ou par fermiers : pour, sur telle matière, luy donner 
" des avis du tout nécessaires, qu'il amplifiera luy-mesme, 
« par son bon sens et ses expériences. 



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90 OLIVIER DE SERRES. 

« Ce luy sera un g^raod support et aide, que d'estre bien 
« marié, et accompagné d'une sage et vertueuse femme, pour 
« faire leurs communes affaires avec parfaite amitié et bonne 
^ intelligence. Et si une telle luy est donnée de Dieu, que 
i< celle qnî est descrite par Salomon, se pourra dire heureux, 
« et se vanter d'avoir rencontré un bon thresor : estant la 
a femme l'un des plus importants ressorts du mesnage, de 
w laquelle la conduite est à préférer à toute autre science de 
u la culture des champs. Où Fhotnme aura beau se morfondre 
tt à les faire manier avec tout art et diligence, si les fruicts en 
i< provenans, serrez dans les greniers, ne sont par la femme 
« gouvernés avec raison. Mais au contraire, estans entre les 
u mains d'une prudente et bonne ménagère, avec honorable 
« libéralité et louable espargne seront convenablement dis- 
«< tribuez : si qu'avec toute abondance, les vieux se joindront 
« aux nouveaux,, avec vostre grand et commun profit, et 
« loiiange. Aussi, 

On dict bien vray, qu'en chacune saison 
La femme fait ou défait la maison, 

« Par telle correspondance la paix et la concorde se nour- 
« risans en la maison, vos enfans en seront de tant mieux in- 
i( struicts, et vous rendront tant plus humble obéissance, que 
« plus vertueusement vous verront vivre parensemble. 

« Cela mesme vous fera aussi aimer, honorer, craindre, 
« obeïr de vos amis, voisins, subjets, serviteurs. Et par telle 
« marque estant votre maison recogneuë pour celle de Dieu; 
a Dieu y habitera, y mettant sa crainte : et la comblant de 



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OLIVIER DE SERRES. 91 

tt toutes sortes de bénédictions, vous fera prospérer en ce 
a monde comme est promis en TEscriture. ^ 

Olivier est tellement convaincu des avantages résultant du 
concours d'une sage et vertueuse compagne qu'il y revient à 
plusieurs reprises : 

, « Plus-grande richesse ne peut souhaiter l'homme en ce 
u monde, après la santé, que d'avoir une femme de bien, 
»< de bon sens, bonne mesnagèrc. Telle conduira et instruira 
u bien la famille, tiendra la maison remplie de tous biens, 
« pour y vivre commodément et honorablement. Despuis la 
w plus grande dame, jusqu'à la plus petite femmelette, à 
« toutes, la vertu du Mesnager reluit par dessus toute autre, 
« comme instrument de nous conserver la vie. Uue femme 
« mesnagère entrant en une pauvre maison l'enrichit : une 
« despensière, ou fainéante, détruit la riche... » 

Cette complaisance de 1 auteur à énumérer et glorifier les 
quahtés distinctives d une femme comme il la faut donnerait 
à croire qu'il avait le modèle sous les yeux et qu'il traçait un 
portrait de famille, au bas duquel il ne manque que le nom 
de Marguerite d' Arçons. L'épouse d'Olivier devait être uue 
femme accomplie. Ce n'est pas le seul portrait tracé par notre 
agronome. En voici un autre : 

u Mais comme le capitaine a des Heutenans pour le secon- 
« der; pour son soulagement nostre père-de-famille se pour- 
a voira de quelque habile homme, homme-de-bien, de moien 
« aage, comme de trente à cinquante ans (un plus jeune ou 
u un plus vieil ne lui est propre; à l'un défaillant le sens, ù 
« l'autre la force) ; sur lequel il se reposera aucunement, non 



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9Î OLIVIER DE SERRES. 

u entièrement, de toutes ses afFaîres, desquelles retiendra 
c( pour soi la principale administration ; mais lui commettra 
« les choses qu'il ne pourroit exécuter lui-mesme saus trop 
" de travail : dont souvent se fera rendre compte, et avec 
^ lequel conférera tous les jours de ses besonçnes afin qu'au- 
« cune chose n'en demeure en arrière, par faute de pré- 
ce voiance ' . » 

Et plus loin : « Tel sera le Fermier de mesme le Métaier, 
« Homme de bien, loial de parole, et de bon compte ; sain, 
« aagé de ving^t-cinq ans à soixante ans; marié avec une sage 
« etbonnemesnagère; industrieux, laborieux, diligent; espar- 
ce gnant, sobre, non amateur de bonne chère ; non yvrongne; 
u ne babillard, ne plaideur, ne villotîer. Ainsy qualifié et ren- 
« contré, sera celuy qu'il vous faut, avec lequel n'entrercs en 
(i piques à peu d'occasion, mais supporterés doucement ses 
M petites imperfections ', » 

En compulsantles archives du Pradel,nous avons découvert 
le modèle de ce portrait du bon serviteur et d'excellent fer- 
mier. Olivier de Serres avait eu la bonne fortune de mettre la 
main sur Jacques Barnier ', dont nous avons déjà dit un mot; 
c'est bien ce fidèle serviteur qui a posé devant le peintre Oli- 
vier. Il faut parcourir le Livre de raison du grand agronome 
et les Mémoires de son fils Daniel, pour comprendre l'impor- 
tance de Barnier au Pradel. (1 met la main à tout; Olivier lui 
confie toutes ses affaires, il remplit les missions les pins déli- 



* Théâtre d'agriculture, premier lieu, cli. vi. 

* Id,^ ch. VIII. 

^ Barnier était originaire d*Annonay ; il alla s*y marier en 1608. 



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OLIVIER DE SERRES. 93 

cates. C'est Barnier qui va vendre la soie à Avignon^ qui 
accompagae les fils de Serres à Valence et à Paris. C'est lui 
qu'on envoie à la Cour de Castres pour porter les pièces des 
procès ou chercher les arrêts. Lorsque Olivier veut compter 
« son bestail lanu n , il s'adjoint Barnier. Un jour u ayant cal- 
« culé tous les deux le bestail, ont treuvé en avoir tiré 
M 14 bestes, aucunes tuées po' la provision de la maison et les 
« autres mortes despuis le 17 novbre » . 

C'est à Barnier que, en 1611, Olivier afferme tout son 
domaine du Pradel. Enfin, en 1623, quatre ans après la mort 
de son père, Daniel de Serres continue au vieux Barnier 
« Tarrantement du Pradel » . 

Dans les Mémoires de Daniel, nous relevons ceci : « Le 
M 8' may 1630, Barnier a commencé à habiter au Pradel. 
« Dieu soit loué. » Ces dernières paroles indiquent assez le 
cas que le capitaine faisait de son lieutenant. 



* 



Après avoir rappelé que « Hésiode, Caton, Varron, Colu- 
« nielle et autres anciens autheurs de rustication, quoi-que 
« payens, ne se peuvent soûler de nous recommander l'aide 
u de Dieu en toutes nos affaires » , de Serres exhorte le père de 
famille à profiter « de ces sainctes amonitions, conformes à la 
« piété et reUgion chrestienne 

« Et pareillement d'aimer les pauvres, pour exercer charité 
u envers eux, leur despartant de nos biens, selon nos moyens 
u et leurs nécessités, desquelles nous nous enquerrons surtout 



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94 OLlVlEll DE SEUKES. 

« en temps de famine et de cherté. Comme aussi en toute 
« saison des pauvres malades, nécessiteux et désolez^ pour 
« leur assister opportunément de vivres, d'habits, de deniers 
u et de consolations. » 

Il lui recommande d'aimer ses sujets s'il en a; de « s'em- 
« ployer à paciBer les differens et querelles d'entre eux, les 
« g^ardans d'entrer en procès, et les en sortir s'ils y sont; de 
i'. se monti'er exact justicier et honneste envers tous; mesme 
a envers ses parens, amis et voisins; les caressant de toutes 
u sortes d'amitié et bons offices; leur faisant bonne chère 
ti estant par eux visité, de visage, de courtoisie, de vivres, 
f avec toute libéralité « . 

Olivier donne des conseils sur la manière de faire valoir 
son argent; il veut que le père de famille mette «< ses affaires 
u en tel point, qu'il soit plustost en commodité de prester à 
»< ses voisins, qu'en nécessité d'emprunter ». 

Il veut que «i tout bon mesnager soit hasardeux à vendre, 
» hastif à planter, tardif à bastir » . Il lui recommande de ne 
u jamais entrer en querelle avec aucun s'il est possible... 
« Mais au contraire, envers un chacun sera humain et cour- 
te toîs, non cholère ou vindicatif, en tout raisonnable, de facile 
« convention ou loyal compte en ses négoces, exact payeur 
« de ses deptes, prompt à satisfaire le salaire de ses servi- 
«c teurs et manœuvres. Sera véritable, continent, sobre, 
« patient, provident, espargnant, libéral, industrieux et dili- 
« gent. Parties nécessaires à l'homme qui désire bien vivre en 
« ce monde ; estans leurs contraires, ennemies formelles de 
« nostre profit et bonheur. Dieu maudissant le labeur des 



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OLIVIER DE SERRES. ^S 

u vicieux et fainéans, et les hommes les ayans en execratioa. » 
Des maîtres, notre agronome passe aux serviteurs, au sujet 
desquels il ne se berce pas d'illusions, remarquant entre eun, 
une « générale brutalité qui les rend sots et negligens, san§ 
a conscience et sans vergogne >» . Mais il recommande de dis- 
cerner a les occasions de se gaudir et courroucer avec eux. 
.< Le mesnager meslera la rigueur avec la douceur, les 
a rudoyant à propos et non continuellement; tant de peur 
u d*estre estimé chagrin que de les accoustumer à ne craindre. 
a Comme par le contraire, ne sera trop facile à contenter en 
« son service, treuvant tout bon et bien fait; ains y remar- 
« quera quelque cas à redire, prenant par là occasion de les 
« exhorter à mieux faire afin quMls en soient plus obéissans; 
u et se défiaus de leur suffisance, moins glorieux, taschent à 
« se rendre meilleurs serviteurs. Ne se mettra en cholère 
«jusque là, que de renvoyer et donner congé à ses servi- 
u teurs, à toute désobéissance, ou autre légère occasion, 
u mesme à ceux qui sont les plus suffisans, et es temps les 
M plus nécessaires, esquels difficilement treuve-l'on gens pour 
" faire les besongnes Aussi se gardera tant qu'il pourra 
« de les injurier et menacer, et jamais d'en venir jusques aux 
« coups, sur-tout avec ses grands serviteurs : lesquels plus- 
u tost,nef[ûsanspour1ui, il congédiera après les avoir payés.» 
Olivier veut que le maître se lève de bonne heure, et il a 
raison. « Il est force, dit-il, que le pere-de-famille s'accons- 
u tume à se lever ordinairement de grand matin ; à telle heure 
« se faisant voir à ses domestiques : à ce questant exemple 
« de diligence, dès lors chascuu se range à sa besongne pour 



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96 OLIVIER DE SERRES. 

« jouir de l'effect de ces maximes que la matinée avance la 
<♦ journée : que le lever malin enrichit ; et le lever tard appau- 
« vrit. Pour ce faire se couchera-il de bonne heure. Sur ce 
« propos dit le sage mesnager : 

Si tu te couches tard, tard tu te lèveras : 
Tard te mettras en oeuvre, aussi tard disneras, 

» Ne se mesle donques de mesnage celui qui ne se résoudra à 
« ce poinct '. » 

Olivier de Serres subjugue le lecteur autant par le charme 
archaïque de son style que par la justesse et la profondeur 
de ses observations. Ses enseignements respirent le bon sens 
pratique; vrais il y a trois cents ans, ils le sont aujourd'hui, 
ils le seront encore demain. 

w Ordonnera le Mesnager, tous les soirs de ce qui appar- 
u tiendra pour les affaires du lendemain^ à ce que chacun 
« scache, où, et en quoi il doit s'emploier la prochaine jour- 
M née, et que dès le point du jour se renge à l'ouvrage qui lui 
« aura esté commandé. Conférera souvent avec ses serviteurs 
« de ce qui est requis à ses affaires, soit ou pour la culture 
« ordinaire du fonds; ou pour quelque nouvelle réparation; 
tt faisant semblant de suivre leurs avis en ce qu'ils se ren- 
« contrent conformes à son intention, car par telle ruse ils 
« travailleront de meilleure volonté, cuidans cela estre de leur 
« invention. » 

Voici un alinéa où Olivier enseigne Tordre et la prévoyance : 

* Théâtre d* agriculture, premier lieu, cb. vi. 



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OLIVIER DE SERRES. 97 

« Doncques tenant en besongne ses gens, es jours pluvieux, 
« neigeux, et autres imporluns, se soignera le père de 
« famille de leur faire faire grande provision de toutes sortes 
« d'outils et instrumens de labourage, pour s'en fournir lors 
« suffisance, voire de la moitié plus qu'il ne lui en faut. Et 
« soient socs, charrues, boyaux, besches, pelles, haches, et 
« autres meubles des champs, qu'il en aye à rechange; en- 
•« voyant au mareschal forger des outils de fer et apprestant 
« en la maison ceux de bois : à ce que le lout appareillé 
« comme il faut (et en temps presques perdu, pour ne pou- 
tt voir travailler à la terre, où il y a de l'espargne) se trouve 
tt prest au besoin sans estre contraint, ne de les refaire, s'en 
« rompant sur la besongne : ne d'en emprunter, en ayant 
« faute : par telle réserve s'évitant, outre la honte et danger 
« d'estre refusé, la perte du temps de les aller quérir et 
ic rendre. Tels meubles et outils seront curieusement serrés 
« et gardés en cabinet à ce destiné, pour là les aller prendre 
« au besoin, et remettre après le service. Mais ce sera dis- 
« tinctement, selon leurs espèces, matières et usages; sépa- 
« rant les grands, d'avec les petits, ceux de fer d'un costé, et 
« ceux de bois de l'autre : par tel ordre, s'épargne la perte et 
« l'esgarement, causant grand rompement de teste; la peine 
« de les cercher estimée demi-perte. Aussi en mauvais temps, 
« le mesnager fera curer ses estables et travailler à auti'es 
« telles oeuvres, qui ne doivent estre faites en bon, gardant 
« à dessein semblables besongnes pour lors employer ses 
« gens ; mesme après les pluies, à faire couper les buissons 
« des prairies sèches, les espierrer, charrier matières pour 

7 



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98 OLIVIER DE SERRES. 

« bastir, en attendant la vraie disposition de la terre pour la 
u continuation de son labourage. » 






Au troisième Lieu, Olivier traite de la culture de la vigne, 
parce qu'après le pain, dit-il, a vient le vin, second aliment 
« donné par le Créateur à Fentretenement de ceste vie, et le 
« premier célébré pour son excellence » . Il termine le cha- 
pitre premier de ce Lieu par cet apologue , qui est le sujet 
du trésor caché ou le laboureur et ses enfants, l'une des plus 
morales et des plus charmantes fables de Lafontaine : 

« A la recommandation de la vigne tend aussi le testament 
« de celui qui, partageant son bien entre ses deux fils, en 
li donna a Taisné, bon mesnager et diligeant, la partie la plus 
« facile à conduire, comme rentes, prairies, pasturages; et 
u à l'autre jeune homme desbauché et paresseux, celle où 
u estoit nécessaire le plus de labour, qui estoit une belle et 
« grande vigne. De quoi cestui-ci se plaignant, supplie son 
u père, réformant sa disposition, l'approprier à l'humeur de 
(c ses enfans. Mais aussi tost cessa-il sa poursuite , que le 
« père lui eust dict, que dans la vigne y avoit un thrésor 
« caché, lequel infailliblement, avec patient labeur, il trouve- 
« roit à son grand profit. Le père décédé, incontinent le 
»< jeune homme se mit à la queste de son thrésor, et tant 
u fouilla sa vigne par profonds et réitérés beschements et 
tt houemens, que dans quelques années, elle se rendit très-» 
« fertile, rapportant des vins en toute extrémité d'abondance. 



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OLIVIER DE SERRES. 99 

« qui estoît le thrésor entendu par le père. Dont le fils devenu 
tt riche, pour double bien se rendit diligent au travail, par 
tt habitude, oubliant sa précédente fainéantise et desbauche. » 

Olivier apprend au « mesnager » à greffer la vigne, opéra- 
tion devenue si importante, depuis que le phylloxéra a dé- 
truit presque tous les vignobles, que, sans le greffage, il n*y 
aurait peut-être pins de vin en France dans une dizaine 
d'années. 

Le soufrage de la vigne, que les viticulteurs contemporains 
croient avoir inventé, est conseillé par notre agronome pour 
la débarrasser « des connins qui la dépérissent, brouttans les 
« premiers de ses rameaux » . 

Au chapitre X, OU vier s'élève avec force contre « les trom- 
« peurs tavemiers et cabaretiers qui sophistiquent leurs vins, » 
il rejette, comme pernicieuses à la santé , les matières telles 
•t que l'alun, le soufre, Targille, la chaux, le piastre et sem- 
« blables drogueries » . 

Enfin, de Serres s'occupe de la classification et du choix 
des vins, a Prendre le vin au poinct requis, dit-il, pour la boisson 
« et pour la vente, est la fin de ce mesnage. A quoi d'autant 

« plus curieusement s'employera nostre père de famille 

u Mais n'estant nostre mesnager si avant instruit en l'art de 
« sommelerie, ne se trompera nullement si de deux en deux 
« mois, ou plus fréquemment, mesme passé que soit le 
« mois de mars, il perce généralement ses tonneaux, pour 
tt prendre avis des vins qu'il doit les premiers faire boire ou 
« vendre. Les vins logés dans tonneaux suspects sans autre 
« recerche et quelque bonne mine qu'ils facent seront les 

7i 



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iOO OLIVIER DE SERRES. 

"S 

« premiers employés selon leur ordre sans autre attente, de 
u peur qu'à la longue n'en avienne mal \ » 

Descendons à la cave du Pradel, nous y verrons comment 
notre grand agronome avait appris à son fils la manière de 
classer et d'organiser les tonneaux. Le soin que Daniel de 
Serres a mis à les noter, dans ses Mémoires, nous prouve une 
fois de plus qu'Olivier joignait toujours la pratique au 
précepte. 

1626. « Jusques icy, 2 Nbre, avons despensé 3 ch. vin à 
boyre et aullier (allonger). 

Ce XI Nbre 1626, nous avons achevé de remplir et fermé 
les tonneaux en nostre cave du Pradel. 

1. Le prem. tonneau en entrant à 

main gauche dans lad. cave est 
vin de griote, bon mais un peu 

faible 3 charg. 

2. Vin de griote. Bon, plus fort . ... 3 

3. Id,, mais un peu plus couvert . . . , 3 

4. Couleur de rubis, Bon 2 

5. Id.y fort bon 2 

6. Au-dessus des preced* plus couvert. 1 ch. 

7. Vin de griote B, et fort 3 

8. Vin de griote Bon 3 

9. Vin couvert sentant un peu le bois . 3 

10. Couvert un peu doux et bon .... 1 1/2. 

1 Théâtre (V agriculture, troisième li«u, cli. xiv. 



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OLIVIER DE SERRES. 101 

11. Au-dessus les preced' Vin couvert 

sanla.uQ peu le bois 1 1/2. 

12. Gros V. couvert p' lar. saison. ... 3 

13. Vin clair soum. qui tire de 3 

14. Vin cler. prem. soum. bon .... 3 

15. Au dessus des prèd rouge un peu 

doux 1 1/2. 

16. /rf., au dessus vin de paille 11/2. 

17. Pre. Muscat 1 

18. Second Muscat 1 ch. 

19. Cleret soum 2 

et 7 ch. Trempe (piquette) en trois tonneaux. 

u Ce feuilhet servira pour Memoyre des tonneaux de vin en 
la page précédente cotez par num' que seront cy après 
vuidez. 

Prest. ce XV nobre 1626, le tonneau 14® a esté vuidé par ce 
que par les costés le vin en decouloit, et n'auroit peu esire 
arresté. Et iceluy vin remué et eutounellé dans le 13* qui a 
esté fermé. Et led. 14* continue de tirer pour i'ordine. 

Le XVI dud. mois de Nobre le unsiesme a esté mis en 
perce, parce que le preced. 14* estoit au bas. 

Led. jour, mis en perce un tonneau de trempe d'une 
charge et demie. 

Les deux tonneaux de muscat scavoir les 17 et 18 ont esté 
vendus à un muletier du Puy, au pris de six livres dix solz la 
charge. Nous avons prins neuf quarterons febves et un sestier 
pois. Ce 11 Debre 1626, le surplus en argent. 



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lot OLIVIER DE SERRES. 

Ce X Debre mis en perce le quinziesme tonneau détrempe 
de 3 ch. 

1627. Ce VII janvier mis en perce le six*. 

Ce XXV janvier mis en perce le troisiesme. 

Ce XXIII febvr. 1627 mis en perce un tonneau trempe de 
3 charges. 

Le IX mars 1627, mis la guille au second. 

Le IIII avril 1627, jour de Pasques, percé le 5* '. 

Le XIX avril, percé le 16*. 

XX juin, mis en perce le 9*. 

XXVII juin, mis en perce le 7*. 

XV juillet, le premier mis en perce. 

Le XI aoust percé le 8*. 

Le V Sepbre mis en perce le 12*. n 



* C'ctnitsans doute pour célébrer la grande fête de Pâques que Daniel de Serres 
mit le robinet au meilleur tonneau de sa cave : le numéro 5 contenait, en effet, 
du vin « couleur de rubis, fort bon » . 



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CHAPITRE VIII 



OLIVIER DE SERRES ET LA SÉRICICULTURE. 



Entre les divers sujets traités dans le Théâtre d'Agriculture, 
il en est un qui intéresse particulièrement le Vivarais et que 
l'auteur a traité avec une prédilection marquée : la produc- 
tion de la soie : c Les expériences que j'ay fait en ce mesnage 
u chez moi, dit-il, depuis trente-cinq ans, et la soie que je 
tt cueil par chacun an me donnent matière de vous dire libre- 
« ment mon avis sur ce sujet. Que s'il vous plaist vous en 
•« servir, treuverez en mes discours de quoi vous satisfaire : 
u pour l'assemblage de la matière, plus grand et avec plus 
tt d'observations que jusques ici ait été escrit, tant ay-je esté 
u curieux de faire participant de mes labeurs les vertueuses 
tt personnes ' . » 

On voit que de Serres défend une œuvre qui lui est en 
quelque sorte personnelle, et c'est sous l'empire de ce senti- 
ment qu'il aborde la question : paternité oblige. Le cha- 
pitre XV du lieu cinquième, ayant pour titre : La cueillette 
de la soie par la nourriture des vers qui la font, est la plus 

I Épitre dédicatoire à Messieurs de FHdtel de ville de Paris. 



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104 OLIVIER DE SERRES. 

détaillée, la plus instructive et la plus attrayante des mono- 
graphies. Depuis la culture du mûrier jusqu'au tirage de la 
soie, en passant par l'incubation de la semence, Téclosion et 
les maladies du ver, la mise en bruyère, la montée, le décocon- 
nagc, le papillonnage et le graînage, tout y est minutieuse- 
ment décrit et magistralement enseigné. A la façon dont sont 
exposés ces trésors de science, fruits d'une merveilleuse intel- 
ligence et d'une expérience consommée, le lecteur, tombé 
sous le charme, ne peut plus en détacher son regard. Qu'on 
lise une fois par hasard, curiosité ou intérêt, les écrits des 
savants, même des demi-savants en sériciculture, nous le 
voulons bien, mais qu'on soit tenté de les relire pour le plaisir 
de l'esprit, nous ne le croyons pas. II en est tout autrement 
s'il s'agit d'Olivier de Serres : quand on le quitte, c'est avec 
le désir de le rejoindre au plus tôt, et le livre s'est refermé que 
la pensée du lecteur erre encore à travers ses pages. 

Notre auteur avance, comme receue de tous, que le ber- 
ceau de la soie est l'ancien pays de Seres, de son temps Catay 
et Cambaluj de nos jours le petit Tibet dans l'Asie orientale. 
A ce propos, on dirait que de Serres était prédestiné par son 
nom à la sériciculture ainsi qu'à l'agriculture. Ses panégyristes 
ne se sont pas fait faute d'abuser de cette concordance de 
vocables : on les voit à chaque instant jouer sur les mots 
après les avoir estropiés. Dans une épître en vers latins, 
Joannes Saignœus, l'un d'entre eux, fait l'application à notre 
agronome de ce passage de Pline : 

Serentem invenerunt dati honores Serranum. 

Lib. XVIII, cap. ut. 



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OLIVIER DE SERRES. 105 

Le Serranus dont il s'agit était, sans doute, un de ces bons 
pères cités par Olivier, lesquels passaient avec délices du com- 
mandement d'une armée à la conduite d'une paire de boeufs ; 
la couronne triomphale l'avait trouvé faisant ses semailles, 
Serentem Serranum^ un double jeu de mots ; quelle bonne 
fortune pour Saîgnœus, et comme il exploite sa trouvaille ! 

La méthode enseignée dans le Théâtre d'Agriculture est 
encore suivie par la masse des éducateurs, notamment par 
ceux de TArdèche. Entrée dans le domaine public depuis 
environ trois cents ans, elle s'y perpétue de père en fils, et, 
tant sous le rapport séricicole que sous le rapport sérigène, 
elle est la règle du paysan. Les modifications que le temps et 
le progrès de la science lui ont fait subir ne portent générale- 
ment que sur des points secondaires ; ainsi il est d'usage que 
la réunion des tables qui supportent les vers ait la figure d'un 
parallélipipède évidé, et non d'une pyramide, comme le 
voudrait notre auteur : 

« ...Ne seront les tables d'égale largeur, ains s'excéderont 
« l'une l'autre de quatre doigts, la plus basse près du pavé 
it estant la plus large : et la plus haute approchant le plan- 
« cher, la plus estroite. Dont l'estaudis qui sera composé de 
a toutes ensemble, se rendra de figure pyramidale : à l'utilité 
tt des vers, lesquels par telle disposition, seront préservés de 
tt ruine ; quand vagans par les bords des tables, d'un bout de 
« l'estaudis à l'autre, cerchans lieu agréable, pour vomir leur 
tt soye, tumbent du haut en bas sur le pavé, où ils se froissent. 
tt Perte qu'il ne faut craindre, estant en telle sorte les tables 
« accomodees ; par chacune recevoir les magniaux tumbans 



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106 OLIVIER DE SERRES. 

« de sa supérieure prochaine lesquels ne s'offencent point pour 
a le peu de distance d'une à l'autre table ' . . . n 

La méthode suivie aujourd'hui pour mettre la bruyère sur 
les tables est absolument celle enseignée par Olivier de Serres : 
« Ferés préparer les rameaux nécessaires à la montée des 
u vers, pour y vomir leur soye, s'y agrafans... Les plus pro- 
a près sont le rosmarin, le brusc(la bruyère)... et en somme 
a tout autre arbrisseau flexible, n'ayant mauvaise senteur... 
a Après avoir nettoyé le pied des rameaux, afin de tant moins 
w occuper de place, on les arrengera droîctement, comme 
« rengs de colonnes équidistans d'un pied et quart, peu plus 
« ou moins^ traversans les tables d'une largeur à l'autre. Le 
a pied du rameau joindra à la table en bas, et la cime, pour la 
u rencontre de la table supérieure, et sa longueur, se recour- 
« bera ès-côtés, dont se façonneront des arceaux. Par telle 
M disposition, Testaudis ressemblera à des galleries faictes à 
(c arcades, à plusieurs estages, les uns surpassans sur les 
« autres^ comme amphithéâtres ; chose plaisante à voir. » 

Si nous voulions suivre pas à pas de Serres dans les déve- 
loppements qu'il donne à son sujet dans tous ses chapitres, 
nous serions amené à composer un livre aussi volumineux que 
le sien. Notre intention n'est pas de donner une nouvelle édi- 

I Ce n'est point Je seul avantage qu'offre Vestaudis pyramidal. De Serres veut 
qu'on ne se serve que de chandelles de suif ou de cire pour lumière portative, 
attendu qu'une seule goutte d'huile, tombant des lampes, peut nuire beaucoup aux 
vers. Or, la largeur inégale des tables permet de placer au bord de chacune d'elles 
des flambeaux allumés, sans le danger d'incendie pour la coconnière. En outre, il 
est facile et moins périlleux pour le magnanier, ayant au flanc un encombrant 
sachet bourré de feuilles, de faire, du haut d'une échelle, le ménage des vers placés 
sur des tables de petite ou de médiocre largeur. D'où vient donc que Vestaudis 
pyramidal n'a point prévalu? Serait-ce parce qu'il nécessite Temploi de planches 
de dimension graduée? (E. Villard, Olivier de Serres et son œuvre,) 



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OLIVIER DE SERRES. lOr 

tiondu Théâtre d'Agriculture. Nous terminerons nos citations 
par un extrait de la Conclusion , qui en lie tous les chapitres 
d'une manière fort éloquente : « Lacognoissance des biens que 
u Dieu nous donne, est voirement le plus important article de 
« nostre mesnage, moyennant lequel nous mesnagerons gai- 
« ment, tant pour l'utilité que pour l'honneur ; guerdon de 
o ceux qui font bien leurs affaires. Et de là adviendra à nostre 
« père-de-famille ce contentement que de treuver sa maison 
u plus agréable, et sa femme plus belle et son vin meilleur 
« que ceux de Tautrui. » Sa femme plus belle, est-il possible 
d'allier plus de naïveté à plus de sagesse, ni de faire d'une 
façon plus aimable qu'en ce passage, le procès à l'absen- 
téisme, à la passion illégitime et au luxe des festins? 

Olivier termine son Épilogue par ces lignes admirables : 
« Ainsi le père et la mère-de-famille vivans et mesnageans, 
« non seulement ils entretiendront leur maison en Testât 
« qu'ils l'ont eiie de leurs ancêtres, ains l'augmenteront en 
w revenu : d'où sortiront les moiens de satisfaire à toutes des- 
u penses honnestes pour eux, pour leurs enfans et amis. Et 
« avec telles commodités, passans doucement ceste vie, 
a s*acquerront l'honneur d'avoir vertueusement vescu en ce 
u monde : laissans à leurs enfans, bien instruits et morigénés 
M leur terre en bon estât avec l'exemple de leur belle vie, 
« richesse à priser par sur toute autre. Auquel point les bons 
a mesnages parviendront par la bénédiction de Dieu. Et tou- 
« chant les causes secondes (en bien labourant et espargnant) 
« par la cognoissance des terroirs, qu'est le fondement de 
a r Agriculture. » 



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108 OLIVIER DE SERRES. 

Les conseils d'Olivier de Serres sont toujours d'une morale 
noble et tolérante, dans laquelle Dieu intervient comme un 
dénoûment à toutes choses. Il l'invoque, il le prie en paroles 
d'une véritable grandeur où respirent les élans d'une sincère 
croyance. 

C'est là, il nous semble, qu'Olivier apparaît comme une 
personnalité unique. On y reconnaît le vrai laboureur, 
l'homme qui a tenu les manches de la charrue, qui a senti le 
bon, le frais parfum de la terre humide, qui en a reconnu cette 
a graisse » , comme il la nomme, pour l'avoir pétrie lui-même et 
y avoir creusé des sillons. On devine tout ce qu'Olivier a été, 
homme pratique et homme théorique, aussi paysan que savant; 
aimant son sol de cette affection qui absorbe l'ouvrier des 
champs, songeant sans cesse à l'action immense que le secret 
des éléments exerce sur tout ce que la terre enfante de campa- 
gnard, n'attendant que du ciel, après ses bras, le succès de ses 
travaux. 

Olivier de Serres résume en ses écrits cette impression pro- 
fonde : le culte de la terre, l'espérance en la création. Son 
style a cette belle rudesse du vieux Caton, la franchise et 
l'honnêteté d'un patriarche de Ghanaam et la noble éloquence 
des Pères de l'Église. Souvent encore on lui voit le tour d'es- 
prit des conteurs les plus fins et les plus vifs de son siècle, c'est 
alors un frère de Montaigne et d'Amyot. Il n'est personne, dit 
M. de Falloux, qui ne soit frappé de la conformité du style 
d'Olivier de Serres avec celui de Montaigne. C'est la même 
bonhomie, non feinte et pourtant plus apparente que réelle; 
la même philosophie railleuse et le même coloris dans le pin« 



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OLIVIER DE SERRES. 109 

ceau j enfin la même langue, au même état de naïveté prise à 
la même distance du siècle des grands modèles et de sa 
fixation définitive. 

u Bien que la langue qu'il parle ne soit point encore formée, 
Olivier est un savant de style : c'est à cette qualité non moins 
qu'à son génie scientifique, qu'il devra la durée de son œuvre 
et l'immortalité de son nom. 

« Rares sont en France les savants de style. Il en est un 
plus moderne, à qui la célébrité n'a pas fait défaut. Ses 
ouvrages sur l'histoire naturelle sont encore cités comme des 
modèles de composition. On y trouve la force, l'éclat, la 
pureté, l'harmonie, la pompe des expressions s'ajustant à la 
majesté des idées, en un mot un style de grande cérémonie, 
l'antipode de celui de notre agronome ; mais on y trouve aussi 
des théories surannées, des systèmes tombés en discrédit, et, 
s'il n'était pas un savant de style, Buffon ne sauverait pas son 
nom du naufrage des hypothèses*. » 

Olivier de Serres restera comme un type précieux de 
l'homme qui aime la terre, comme l'oracle qui a su instruire 
l'agriculteur et élever son dur métier à l'égal des plus glo- 
rieux. Il est le premier classique de la science agricole et il en 
reste la plus puissante autorité. Il est impossible d'ouvrir un 
ouvrage important sur l'agriculture, sans l'y voir invoquer et 
citer comme un ai*bitre. 

' E. ViLLARD, Olivier de Serres et son œuvre, p. Al. 



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CHAPITRE IX 

LIVRE DE RAISON D'oLIVIER DE SERRES. 

Parcourons maintenant le Livre^journal du grand agro- 
nome ; ce sera une façon de pénétrer dans son foyer et de 
connaître une foule de détails intéressants sur sa vie de 
famille, au Pradel. 

Le livre que nous avons compulsé ne commence qu'en 1605 ; 
il est profondément regrettable, pourla postérité, que les pré- 
cédents soient perdus; on aurait, par leur témoignage, connu 
la vie intime d'Olivier! 

Nous avons cru ne devoir donner ici que les articles inté- 
ressants de ses Mémoires, non pas que quelques-uns ne pré- 
sentent pas d'intérêt — , car tout est intéressant dads l'exis* 
tence de ce génie agricole, — mais parce que le cadre de 
notre travail ne comporte pas la reproduction intégrale de 
livres relativement considérables. 

• 

Dans les premiers articles , il est question du fidèle servi- 
teur Barnier, dont nous avons déjà parlé. 

« Le 2 décembre 1605, Jacques Barnier a esté de reiour 
d'Avignon où je l'avay envoyé pour y vendre 4 1. ^ de soye 
et achepter un couple dorangers po' eiivoyer à Mons' des 



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OLIVIER DE SERRES. 111 

Barres à Paris / m'a rendu 34 1. 4 s. 6 d. po'lad. soye, vandue 
71. 14 s. la grande livre, trois en despence achepts qu'avions 
coté me restant débiteur en 8 livres 4 s. quil disoit avoir 
fourny en Avignon po' M. Abraam. Despuis a bailhé à ma 
fem 4 1. parquoy me reste débiteur en 4 1. 4 s. Luy ai bailhé 
dargent cotant en douzains 5 liv. sur ce que luy devay de ses 
gages. » 

« Je Tay despesché à Paris vers mon filz le 10 décem- 
bre 1605, est parti le lendemain matin, je luy ai bailhé po' 
son voyage 20 1. et po' achepter quelques chosetes à Paris 
40 s. '. » 

« L'an 1606, le 9 décembre ay derechef envoyé le susd. 
Barnier à mon filz à Paris, est parti le lendemain grand 
matin dimanche, ne l'ayant peu f le samedy. Pour les des- 
pens de son voyage lui ay bailhé vingt livres et pour achepter 
un tapis de table et autres chosetes 51. 12 s. » 

a Au mois de mars 1607, la lune estant vieille, ay fait 
eslager pluzieurs meuriers près de la vignasse po' en tirer 
lescorce des branches en lun desquelz arbres y a eu descorce 
verte 12 L|V 



» 11 s'agit de Gédcon de Serre?, fils cadet d'Olivier; il était avocat au Conseil 
privé du Rui. 

• Olivier de Serres avait • Ireuvé un second trésor en h plante du meuriët' 
blanc » , il avait découvert qu'on pouvait obtenir avec son ccorde un fil très-solide 
• beaucoup meilleur que ni lin, ni le chanvre ». Ici nous le voyons joindre la 
pratique à la théorie > il nous enseigne que l'ccorce verte diminue environ de la 
moitié. 



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112 OLIVIER DE SERBES. 

« Po' scavoir de combien lad. escorce se diminue despuis 
freschement escorchée jusques à estre sescbe preste à mettre 
rouir, ay expérimenté que 2 1. j descorce fresche et toute 
verte est revenue sescbe à 1 1. 7 onces, par ce moyen se 
diminuant un peu moins que de la moitié. » 

« Le lundi 22 sep'*'* 1608, j' de foyre à Villen , ay loué Es- 
tienne Fulgoux po' me servir de bouvier et à aultres affayres, 
un an commençant le lendemain de la S-Micbel procbain, 
auquel po' ses gage et salaire ay convenu et promis luy 
donner en argent vingt-sept livres et un cbaspeau , une cbe- 
mise et son usage de soûliez — prnt Jean Rieu et Antoine 
Sarrazin, cy 27 liv. 1 cbaspeau, 1 cbemise et soûliez ^ » 

tt Le 23 octobre 1608 ay envoyé par M. Cbambelle à 
M. Fabrejon à Castres soixante-six livres deux solz po' 
payer 15 escus de 3 1. 5 s. pièces valans 48 1. 15 s. pour ma 
moytié du rapport de l'arrest que mon filz de Leyris y a 
obtenu de nouveau, — 3 1. à M. Perret * po' se présenter po' 
moy contre M. de S'-Pons, et 4 L 3 s. po' employer à l'exé- 
cution dud. arrest, cy 66 liv. 2 s. » 

« Le 6 décembre 1608 ay despescbé Barnier à Castres 
vers M. Fal^rejon po' maller quérir Tarrest susd. et mon 
procès pour employer le tout à l'exécution dud. arrest que 



^ Aujourd'hui les domestiques ne se contentent pas d*un aussi faible gage. On 
leur donne en moyenne 500 h 600 francs par an. 

* Ce Ferret^ procureur au Parlement de Castres, était le gendre d*01ivier; il avait 
épousé sa fille Marie. 



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OLIVIER DE SERRES. 113 

devons faire à lamiable. Ains aiant esté convenu entre le s' 
de S -Ferriol et mon filz. Mond. filz au despart de Castres en 
septembre fit cédule à M. Fabrejon de 200 liv. qu'il avoit 
fournies, assavoir 75 liv. po' mond. filz dont il achepta un 
cheval et 125 liv. pour moy tant pour la nourriture de mond. 
filz durant son séjour à Castres qu'au payement de la moitié 
de 4 (illisible) po'mon arrest, montans lad. moytié 22 escus 
de 3 liv. 5 s. pièce. Laquelle som. de 125 liv. luy envoyé par 
led. Barnier, c'est assavoir en argent 74 l. 8 s. et en un rolle 
de fournitures faictes po' luy de 50 1. 12 s. Laquelle de mon 
mandement il alloit / prendre 20 liv. à Orange et 78 liv. à 
Nismes de M. Teyssier, faisant de plus 9 liv. 12 s. que je 
laisse aud. Barnier po' les frais de son voyage, en tout c'est 
cent quarante huict livres douze solz, de laquelle som. 
bailhera 14 liv. à M. Fabrejon po' poibvrequejeluy devay, aud. 
FiCyris restera po' moy, comprins le voyage. 134 liv. 12 solz. 
u En oultre jay envoyé en don par led. Barnier aud. s' 
Fabrejon un de mes livres de la quatriesme impression ^ » 

a Par vertu d'une lettre de M. Fabrejon* à moy escripte 
de Castres le 10 mars 1609, j'ay bailhé la somme de qua- 
rante-cinq livres à Nicolas Perbos d'Uzer mary de Louise 
Fabrejonne sœur dud. s' Fabrejon qu'il devoit à sad. sœur. 
Appert par quittance receue par M. Tailhand le 3 mai 1609. » 

u Estienne Bonnaud meusnier est venu le lundi 23 mars 1609 



1 Quatrième édition à Paris» M.DC.VIil, cbez Jean Uerjon, in-4° 

* Fabrejon était procureur au Parlement à Castres. 



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114 OLIVIER DE SERRES. 

pour me servir de meusnier, accordé avec luy en trois livres 
dix solz le moys. » 

« Le 2G mars 1609, jay envoyé mon filz Pierre à Vallcnce 
po'estudier en jurisprudence, auquel ay bailbé trente une liv. 

tt Sebastien Malosse Laussane près du Puy s'est loué à 
moy po' cbarrier en mes molins po' demain 7 julbet 1609, 
jusques à la S-Micbel prochain, — ay convenu luy donner 
dix livres-prnt M* Tinlan , cy 10 livres. » 

« liC 21 septembre 1609 j' de foyre à Villen jaî loué Daniel 
Vilar de la Gorce po' me servir de bouvier et en tous mes 
auitres affaires, un an comçant le lendemain de la S'-ISlichel 
prochain — po' son sallaire et gages ay convenu lui donner 
quinze liv. en argent, vingt pans drap, une chemise, un 
chaspeau et son usage de souliers — prnt Antoine Sarrazin. » 

it Le 5 febvrier 1610, espousailles de ma fille Izabeau et 
de M. Feutrier *. » 

« î/an 1610 au mois de febvrier, la lune estant vieille, 
ay fait tailler presque toute ma vigne du PradeP. » 

tt Le mercredy 3 mars 1610 est parti de céans Jacques 
mon filz po' aller à Paris chez son frère ^ demeurer, affin de 



' Uabeau mourut snns enfants. Elle fit son testament le là octobre 1623, et 
institua son frère Daniel pour son héritier. 

^ Olivier ne croit pas dux influences de la June; il ne fait que constater l'usage 
de son pays. E.<«t-ce que de nos jours une foule de cultivateurs ne consultent pas cet 
astre avant de faire telle ou telle chose ? 

' Gédéon. -=• Voir sa lettre n^ 8j Pièces jus'.ijicatives, où il est question dé 
Jacques. 



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OLIVIER DE SERRES. 115 

sy exercer en affayres po' gaigner honnestement sa vie. Je 
luy ay bailhé en argent environ 18 escus tirés de pluzicurs 
lieux et Barnier po' l'accompagner. Je lavay faict auparad- 
vant honnestement habiller à neuf. Dieu luy donne sa saincte 
bénédiction. » 

u Le jeudy 15 mars 1610, mon filz Pierre est allé à Val- 
lence cotinuer ses estudes. Je luy ay bailhé trente livres et 
six livres po' f" f' des chausses portant Testofe d'icy. '-Dieu 
luy donne sa bénédiction '. » 

(I Despuis, mon nepveu de Cercol a bailhé quatorze livres 
qu'il me devoit, cy 141iv. » 

« Le 15 de julhet je luy ay envoyé par Barnier douze livres, 
qu'il a baihé à mon nepveu de Cercol à Loriol po' luy faire 
tenir, cy 12 livres. » 

tt Le 9 septembre 1610 Barnier revenant de Paris passe à 
V^allen et bailhé cinq escus de mon argent et mandement à 
mond. filz Pierre, cy 15 liv. » 

« Le 25 dud. moys ay envoyé à mond. filz vingt Hvres par 
Barnier, po'cedespesché à Vallen led. jo'. Cy 20 livres. » 

u Le premier décembre ay renvoyé Barnier qui a esté 



' Quelle morale! quelle honnêteté! Ke dirait-on pan un patriarche biblique? Ne 
pouvant accompagner lui-même ses enfants, il leur donne Barnier et appelle sur 
eux les bénédictions du ciel. 

8. 



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116 OLIVIER DE SERRES. 

avec 17 livres *. Et mond. filz avoit receu peu avant de moa 
nepveu de Cercol sept livres. »> 

« Le 10 feb. 1611, jay envoyé aud. Pierre par Fontbonne 
allant à Vallence accompagner M. de Valz, onze livres, 
cy 11 liv. » 

ft Le 2 de may 1611, ay loué Antoine po' me servir de 
pastre un an, coinçant led. jour, auquel pour ses gages ay 
convenu donner dix-huict pans drap, un chaspeau, une che- 
mise, des souliers pour sa chaussure, et en argent six livres; 
cy 6 liv. » 

« Le lundy matin 9 may 1611 ay despesché Barnier au 
susd. Pierre, mon filz, estant à Vallence, par lequel lui ay 
envoyé quarante escus et sa mère deux doublontz, le tout 
faisant 134 liv., et ce po' employer à la despence nécessaire 
à passer ses degrez *. » 

a Le 21 septembre 1611, jay arranté mes molins à Jan 
Rouressol et à Jan Massot po' un an, commençant le lundy 
3 octobre dud. an. 

« Aussy le pré qui se fauche estant au debsouz le beal desd. 
molins. Le petit jardin estant au devant desd. molins et tout 



^ Décidément Barnier est admirable, il va à Castres pour les procès, monte 
bientôt après à Paris au|>rès de Gédéon et de Jacques; s*arrête à son retour à 
Valence pour voir Pierre. Ah! comme les enfants d'Olivier devaient aimer ce 
brave serviteur! Comme ils devaient le voir volontiers leur apporter des nouvelles 
du Pradel! 

* Degrés de docteur en droit. 

KoTA. — Sur le manuscrit d'Olivier de Serres, les V sont des U, dans le corps 
des mots, nous avons cru, pour faciliter la lecture de ces extraits, devoir les changer. 



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OLIVIER DE SERRES. 117 

le chêne vîer qui est à pnt en nature. Soubz telz pactes que 
po' chacune sep'* payeront et chascun jo' de samedy un sest. 
froment et six quarterons annone ^ des moutures desd. molins. 
La mouture des bleds de mes provisions tant d'icy que de 
V^illen sera franche. Je hiy fonrniray une jument po' le charoy, 
quilz seront tenuz me rendre ou le prix dicelle à l'estime, me 
bailheront six quartz orge mondé. Payeront à ma femme po' 
ses espingles six livres *. Je me réserve tous les fruictz des 
arbres chascuns mois et aullres estans dans le destroit, arresté 
ensemble la juridiction. Bailheront leurs bestes po' aller aux 
presches et po' aultres affayres, nourriront six chapons et 
six poules, po' lesquelles payeront chascune sep" six œufz, 
nourriront des canetes lesquelles seront amieges (à moitié) 
com. aussy le chêne vier, et com. est contenu au conti'act sur 
ce passé led. jo^ receu par M* Estienne des Serres not. Royal 
led. jour 3 octobre 1611. Suyvant la teneur dud. arrante- 
ment lesd. Jan Rouressol et Jan Massot sont entrez aud. 
arrantement, auxquelz jay bailhé une jument, po' le prix de 
treize escus, semblable somme en ayant payé à Guilliaume 
liîchière, mon précédent rentier. 

tt Aussy leur ay bailhé deux marteaux, un pointu, l'autre 
taillan, po' les molins; ledit Lichière en doibt un troisième 
qu'il a promis leur bailher, une manivelle, un chaleil, un 
brichet*, une ache, la clefz de la caisse. » 



1 L*annone était ud mélange de &eigle et (Turgc 

^ L*usa{>e de donner à la maîtresse de la maison une certaine somme pour ses 
épingles, lorsqu'on fait un marclic un peu important, s*est maintenu. 

3 Chaleil^ lampe portative; bric/tet, liriquet; les alluinettev pliosplioriques n'é- 
taient pas inventées; elles étaient bien loin de nous. 



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118 OLIVIER DE SERRES. 

« Le 25 apvril 1612 mon filz Gé:léon, advocat au Conseil 
privé, partit de céans pour s'en retourner à Paris, de lad. ville 
estant venu icy où il estoit arrivé le 22 nov""' 1611. 

c< Par luy j'ay envoyé à mon filz Jacques, estant à Paris, les 
livres de Yarch itecture de Léon Baptiste Albert et\di perspective 
de Jan Cousin '. »» 

« Le 20 juin j'ay marié ma fille Marie avec M. Isaac Ferret 
procureur en parlement et chambre de Fédict à Castres, à 
laquelle j'ay constitué en dot la som. de deux mil quatre cens 
livres, avec les pactes et constitutions contenues au contract 
de mariage, receu le jour susd. par M* Daniel Moynier not. 
royal à Villen. Espouzet à Myrabel le 30 octobre ensuyvant. 
Jay payé lad. somme de deux mil quatre cens livres aud. s' 
Ferret com. appert contract reçu par M* Aymar Boyssin not. 
royal du Bourg le 23 may 1614. » 

« Le 1 1 avril 1613, ma feme a mis couver huict onces graine 
de magniaux moins [ recouvrées, scavoir 1 on de la sienne, 
2 on recouvrées de Mont" (Montelimar) à 3 livres lonce font 
six livres, et 5 on recouvrées directement d'Espaigne par un 
marchand davignon nomé françois Belon qui les luy vendit au 
Bourg, au prix de 2 on de 30 solz payeez cotant 3 livres, 
et 3 on à 35 solz lonce payable quant la soye seroit faicte, à 
condition de se treuver bonne. Po' faire la nourriture desd. 
magniaux ïonie^ Blachère de Chassiers est venu céans le 
18 dud. moys. « 

1 Jacques de Serres étudiait Tarchitecture; il fut ingénieur au service du roi de 
Piémont. 
' Antoine. 



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OLIVIER DE SERRES. 119 

u Le 21 sej/"* 1613 jo'de foyre à Villenyay lonépo'pastr^ 
Jan Richard de Daupbiné po'nie servir un an, comencant le jo' 
de la St-Michel prochain auquel po' son salaire ay convenu 
donner en argent cinq livres, vingt quatre pans drap, des sou- 
liers po' son usage et un cabédan '. 

« Est venu le lendemain de la St-Michel dernier jo' de sep- 
tembre et luy ay bailhé en compte mon bestail, assavoir 
19 moutons, brebis ou aignaux, trois trentaines et trois bestes, 
11 chèvres; rcstoit à luy bailher deux chevraux qui sont aux 
granges. » 

M Tient en fief franc et noble du seigneur de Montlor au 
mandement de St-Laurens soubz la charge de servir au Ban 
et rière ban avec les nobles ou feudataires au Roy nostro 
sire. » 

« Le 19 mars 1013, j'ay faict homage de ce dessus à Mon- 
seigneur Dornane, marquis de Maubec, comte de Montlor, 
colionel des Corces et gouverneur de Chasteautrompete h 
Bordeaux, acte receu M* Laplanche. 

« Dans les livres des bornages dud. Sg' y est homage de ce 
dessus faict alors par feue ma mère (ou son procureur le s' 
Fran Valeton) ma tutrice en lan 1546, escript tout au long 
duquel faut avoir coppie et aussy du récent faict par moy *. » 

à Le dimanche 29 sep"*" 1613, ay bailhé à Barnier en une 
pistole sept livres sept solz. Le dimanche 8 décembre 1613 

1 Caban. 

* Ain:ti que nous l'avons dit, lo père d'Olivier mourut en 1543. 



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ItO OLIVIER DE SERRES. 

luy ay bailhé en argent quatre livres, plus vingt solz qu'il a 
receux en la vente d'un mien chien qu'il a faicte de mon 
mandement. » 

« Le mcrcredy 15 apvril 1614, jay despesché Jacques Bar- 
nier à Paris principalement po' le procèz que ma belle filhe 
de Paris m'a intenté en lad. ville au Chastelet '; po' le voyage 
luy ay bailhé 401iv. 6 solz dont mon fils de Leyris en afourny 
3 liv. 16 solz en un escu sol. Par led. Barnier, j'ay escript à 
mon filz des Serres et po' luy à Monsg' le prince et à Mon- 
sieur le coUonel Dornane. Aussy à M' de St-Andéol et à 
M. Fabre, à M' Baudouin et à ma belle-filhe. 

c< Led. Barnier a esté de retour dud. voyage le 14 may 
n'ayant Ireuvé à Paris mon filz Jacques qui estoit vers 
Monseig' le Prince à Mézièresj m'a rendu en argent quatre 
livres, le reste ayant despenclu tant à f* f les exécutions 
cotre ma belle filhe, eu un livre qu'il a achepté po' moy à 
Lyon que despense de bouche. » 

u Le 21 may 1G14, jay faict promesse à mon beau fils Feu- 
trier de luy este plege^ de la som. de trois cens livres qu'il a 
prestées à mon filz Jacques à Paris par obligation receu par 
Quatre ventz et Chappolain no' ", le 25 febvrier 1614, payables 
dans un an. » 

« Le 27 sep''' 1614, jay envoyé à mon filz de Leyris, en 
déduction du terrage des terres de la Motte po' lad. année 

> Ce procès était relatif aux affaires de Jean de Serres, dont Olivier s'était oc- 
cupé pendant si longtemps. 
• Caution. 



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OLIVIER DE SERRES. Itl 

quatre sest. frot et ce par Barnîer/ plus par Pierre Sarrazin 
deux sest. from* le mercredy 14 oct''' . En oultre led. jo' par 
led. Pierre et la chambrière de mond. filz, Chaterinette, quatre 
sest. fro', le 19, par Baruîer un sest. sont en tout unze sesliers 
{vo\ desquelz les Iiuict sont po' tcrrage susd. et les trois res- 
tans en déduction des dix sest. que je luy bailhe pour son 
frère des Serres'. »» 

« Le 21 sep"" 1615, jo' de foyrc à Vilienjay louépo' pastre 
et po' me servir eu tous mes autres affayres un an, comencant 
le jo' S -Michel prochain, David Chamaris de La Gorce, au- 
quel ay convenu po' son salayre donner vingt pans drap, une 
chemise, un chapeau, des souliers et arg* 10 liv. 

« Est venuicy po' me servir le premier octobre ensuyvant. 

u Le lendemain lui ay bailhé en compte mon bestail s'y es- 
tant treuvé, compté par Antoine Sarrazin, quatre trentaines 
vingt deux bestes bestail lanu * tant masies que femelles jeunes 
et vieux, duquel nombre y a un aigneau de mon filz de I^eyris 
et vingt cinq chèvres. » 

u Le 13 novebre, jay compté mon bestail de parc et treuvé 
y avoir neuf brebis d'engrais, cinquante neuf autres brebis, 
vingt trois moutons, quarante cinq aignaux, neuf chèvres 
grasses, autres chèvres unze, faisant en tout 136 bestes qui 
sont 4 trentaines et 16 bestes. En outre un aigneau trouvé an 
trouppeau de Chaussy. » 



' Pierre de Serres. 
> Bètes 2i laino. 



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122 OLIVIER DE SERRES. 

« Le 21 sep'"' 1615, jo de foyre à Villen, jay loué po' nie 
servir de bouvier et en tous mes antres afayres Daniel Boyron, 
de Tonrnon, un an començant le jo' S -Michel — po' son sa- 
la yre ay accordé luy donner vingt pans drap, une chemise, 
un chappeau, sa chaussure de soulliers et argent sept livres, 
cy 20 pans drap, 1 chemise, 1 chappeau, des souliers, 
arg* 7 liv. ». 

« Le 5 octobre 1615, M' Jacques Perrolin, procureur des 
pauvres de la Religion à Villen, m'a donné quittance de la 
som. de 200 liv. que luy ay bailhées en argent po' rentes et 
entier payement de 400 liv. dont jestay obligé envers lesd. 
pauvres, par acte receu Tannée 1592 par M' Bertrand des 
Arnaud not'% lequel acte a esté cancellé led. jo' moyennant 
led. payement acte receu au doz de lad. obligaon de 400 liv. 
par M° des Arnaud not' filz du snsd. not"'. 

« Je suis cottizé à latallhe de Myrabelpo' pnte année 1615 
corn s'ensuit. A la grande po' le vieux à 3 den. po' liv. en la 
tailhe royale selon mes privilèges po' lad. 

année 2 liv. 19 s. 2 d. 

pour les acquisitions 3 liv. 1 s. 10 d. 

auTailhon* 15 s. 

6 liv. 16 s. 

« Alexandrine (illisible) de Myrabel s'est louée po' cbam- 

1 Nous n*avons pu découvrir à quelle occasion Olivier avait été cbargé de ce 
legs de 400 livres. 

* Impôt établi par Henri 11, en 1549, pour augmenter la solde des gendarmes 
qui composaient les compagnies d'ordonnances, des chevau-lcgers et de l'infante- 
rie des légions provinciales. Le mot taitlon est un diminutif de taille. 



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OLIVIER DE SERRES. 1Î3 

brière h ma feine, le jeudy 30 may 1616 po" un an, començant 
led. jour, po' ses gages accordé avec elle luy donner une robe 
de cordilbac blanc, une cbausse etnnemancbe, une chemise, 
deux colietz deux fandaux ', trente solz d'argent et sa chaus- 
sure de souliers, n 

« Pour Tayde et ocfroi de Tannée 1617, les habitants de 
M yrabel, par les Estatz de Viverez tenus au Bourg sont cotizés 
213 liv. 5 solz I den. A laquelle tailhe suyvant l'ancienne trans- 
action, le Pradelest cottizé 3 d. po' livre faisant en lad. tailhe 
2 liv. 13 solz 6d. « 

a Le 20 décembre 1616, jay compté mon bestail lanu, pnt 
Bamier, s'y en est treuvé 73 bestes, moutons et brebis et 
41 aignaux, en tout 1 14 besles*. » 

« Le dimanche 19 mars 1617, est venu à mes molins Guilh"' 
Martin p' me servir de meusnier ayant prins mesd. molins à 
ma main, où plaise à Dieu me donner et continuer sa béné- 
diction. 

M Depuis le susd. jour jusqu'au mardi 10 apvril en suyvant, 
jay prins auxd. molins les moutures qui sy sont gaignées durant 
led. temps, du 19 mars au 27 may, assavoir : froment 9 sestiers 
2 quartes 3 cyvadiers, annone 13 sest. 1 cyvad. » 

tt Le samedy 3 juin 1617 la laine proveneue du susd. bes- 
tail a esté partagée entre nous par moytié et y ayant eu en 



1 Tabliers. 

' Olivier compte encore sou troupeau de bétes à laine^ en présence de Barnler. 



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iU OLIVIER DE SERRES. 

tout 193 '' (livres) layne et 35 * anis revient à cbascun de 
nous 96 liv. layne et 17 liv. -f anis / cela est sans avoir rabattu 
la pezanteur des sacs et liuceulx. » 

u Barnier a bailhé po' moy à mon filz Sabatier ' trente huict 
livres dix soIz,le 22 febvrier 1618, com il m'a faict apparoir 
par la lettre dud. Sabatier dattée dud. jo^ dont ay bailbé ac- 
quit aud. Barnier, cy 38 liv. 10 s. « 

« Margueritte Solery, de Tournon s'est louée à moy po' 
cbambrière une année començant le quiuziesme may 1618, 
ayant convenu avec elle, présente ma filbe de Sabatier, luy 
donner po' ses gages, en argent treize livres et l'usage des 
souliers ou bien une chemise et douze livres en argent*. » 

i< liC samedy 9 mars, ayant, Barnier et moy calculé le bes- 
tail, avons treuvé en avoir tiré 14 bestes, aucunes tuées po' la 
prou vision delà maison et les autres mortes despuis le 17novbrc 
sus escript. »» 

« Le jeudy 16 aoust 1618, jay vendu à s' Fumati boucher de 
Villen neuf moutons à 3 liv. 7 solz 6 den. pièce montant — 
30 liv. 7 s. 6d.n 

« Le 18 novbre jo' S'-Chaffre, foyre à Myrabel, Barnier a 
vendu deux chèvres miennes 5 liv. 10 solz et quatre brebis à 
25 solz pièce, montant 5 liv. et le tout 10 liv. 10 s. » 



> Sabatier, clavaire du Roi, à Villeneuve, avait épousé Bonne des Serres, la pre- 
mière Hlle d'Olivier. 

^ Marguerite d'Arcons venait de mourir; son pauvre mari se fit assister de sa 
fille Bonne, pour le choix d'une servante. 



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OLIVIER DE SERRES. 125 

u Led. Barnier a bailhé à mon filz de Leyris ' une brebis, 
lejo' 17novbre 1618. >» 

« Le 19 décembre 1618, jay bailhé à Barnier, mon rentier, 
acquit de la som de quatre vingt dix neuf livres huict solz six 
deniers qu'il avait fournie po' moy et de mon mandement, 
assavoir 80 liv. 6 s. en argent bailbées à mon filz de Leyris le 
3 décembre, po' employer au procez que jay à Orange* et le 
reste en petites parties contenues en un roole quay retiré, 
cy 991. 8 s. 6 d. » 






« Qui est-ce qui nous séparera de l'amour et charité de 
« Jésus-Christ? Sera ce la tribulation, Tangoîsse, la faim, la 
« nudité, le danger, la persécution ou le glaive? Mais en tout 
« cela nous sommes victorieux pour l'amour de celuy qui nous 
« ayme. S^-Pol Rom-S. » 

Ce sout les dernières lignes tracées par Olivier de Serres 
sur son Livrer-jour naL II mourut le 2 juillet 1619. 



1 Daniel de Serres, qui habiuiit Villeneuve-<]c Bcrg. 

' Ce procès était relatif au compte de tutelle des enfants de Jean de Serres, 
frère d'Olivier. 



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CHAPITRE X 



MORT D OLIVIER DE SERRES. 



FiOrsque Olivier de Serres eut publié son Théâtre d'agri- 
culture, il ne considéra pas sa tâche comme terminée; il sen- 
tait bien que son ouvrage était imparfait, et, dans plusieurs 
passages de son livre, il annonce le projet qu'il avait de le 
continuer. Il se proposait de donner un « Traité exprès sur 
les parcs » , pour chasser en grand ' ; un « Traité sur les mou- 
lins à moudre les btés^ », et enfin un « Traité sur l'archi- 
tecture rustique^ pour donner des avis au père de famille, à 
se bien bastir aux champs, selon le vrai art avec commodité 
et espargne ' « . 

Notre auteur continua ses expériences; sa propriété du 
Pradel était devenue une école d'application, une magna- 
nerie anticipée, où les possesseurs des environs et des pro- 
vinces voisines venaient s'instruire et puiser les moyens 
d'étendre et de propager la nouvelle industrie, la Cueillette 
de la soie. 



1 Th» d*Ag, Cinquième lieu^ cli. su 

* Id. Huitième lieu, cb. l'^ 

* Id.jcb. iiié 



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OLIVIER DE SERRES. 157 

Olivier dut certainement composer les ouvrages qu'il an- 
nonçait devoir un jour paraître ; ils sont malheureusement 
perdus pour la postérité. Nous eu avons vainement clierché 
des traces dans les manuscrits du grand homme. 

Nous sommes en 1617, Olivier de Serres, accablé de fa- 
tigue et d'années, se sent à la fin de sa carrière, et il fait ses 
préparatifs de départ pour un monde meilleur, vers lequel 
sa femme bien-aimée l'a précédé depuis quelques mois seule- 
ment. Un jour, dans le silence de son cabinet du Pradel, il 
écrit ses dernières volontés. Il avait déjà fait deux testaments 
par-devant le notaire Tailhand : un le 25 août 1595 et l'autre 
le 8 décembre 1612; mais son dernier, du 20 août 1617, il l'a 
écrit tout entier de sa main. C'est celui qui est pieusement 
conservé au Pradel et que nous publions aux Pièces justifia 
catives, sous le n'* 9. 

Le lendemain, 21 août, par-devant M* des Arnaud, no- 
taire, il fait une donation à son fils « noble Pierre des Serres, 
docteur en droit à Villeneuve de Berg, tant en considération 
des agréables services qu'il a reçus par cy devant et reçoit 
journellement que pour l'amitié particulière qu'ail a envers 
lui, d'une pièce de terre complantée en vigne fort vieille, 
située au mandement de Villeneuve, terroir de Montalivet 
contenant dix journées d'hommes à fessoycr ' «. 

Vers la fin de Tannée 1618, Olivier fit plusieurs règlements 
de comptes avec Barniei-, et il mourut bientôt après, le 2 juil- 
let 1619^, âgé de quatre-vingts ans. 

^ Archives du Pradel, 

• Voir Ja pièce justificative n" 10. 



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1Î8 OLIVIER DE SERRES. 

C'est dans celte colonie agricole du Pradel, au sein de cette 
académie d'expérimentation, que l'illustre patriarche de 
l'agriculture française s'endormit dans un tranquille repos, 
entouré de ses nombreux enfants et de sou fidèle Baruier. 

Il fut inhumé au cimetière de VilIeneuve-de-Berg, ainsi 
qu'il l'avait recommandé dans tous ses testaments. Les funé- 
railles de ce grand génie des champs furent simples comme 
l'avait été son existence ^ 



Que devient, après Olivier de Serres, son domaine du 
Pradel, le théâtre de ses combats agricoles, son champ de 
bataille pacifique? 

Sous le règne de Louis XIII, les querelles religieuses ayant 
repris un nouveau degré d'acharnement, la lutte contre le 
protestantisme devint plus vive ; on voulut le détruire dans 
ses principaux boulevards. 

En 1628, un détachement des troupes royales vint faire le 
siège de la seigneurie du Pradel, et, malgré la défense hé- 
roïque de Daniel de Serres, le vieux manoir fut pris et rasé, 
à Texception d'une seule tour qui survécut au désastre et sert 
encore de but aux pèlerins de la science. 



^ (Jn mémoire de Daniel de Serres porte que « les médicaments de la maladie 
dont le s*" du Pradel, son père, mourut reviennent à la somme de treize livres trois 
sotz, ainsy qu'appert du rolle et acquit du s** Reynet apothicaire, du 5 sep- 
tembre 1619. 

« Ces remcdes et médicaments ont esté employés de l'ordonnance de M. du 
Chauds, docteur et médecin fameux. 

« Dict aussi avoir fourny pour les frais funèbres de son père jusques à la somme 
de dix livres, » 

(Archives du Pradel.) 



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OLIVIER DE SERRES. 129 

La famille fut dispersée, les plantations détruites; ces jar- 
dins magnifiques, ce berceau de l'agriculture d'où la règle 
agronomique, d'où Tin lustrie de la soie s'étaient échappées 
pour se répandre sur le sol de la patrie, étaient livrés à la 
plus ingrate dévastation. 

En 1793, quand la fougue populaire était à son plus haut 
degré de représailles vengeresses, quand le marteau niveleur 
mettait au ras du sol les propriétés féodales, une seule sei- 
gneurie fut respectée, c'était le château d'Olivier de Serres, 
que son fils Daniel avait reconstruit sur les ruines laissées par 
les canons de Montmorency. 

Ainsi, sans respect pour le souvenir d'un homme qui venait 
de doter la France de deux sources de prospérité, les troupes 
royales saccageaient un sanctuaire que le peuple, dans la 
religion de sa reconnaissance, vouait au culte de l'admiration. 



Des fenêtres du Pradel, on aperçoit, un peu vers le nord, 
un bouquet de cyprès au noir feuillage plantés en carré, au 
milieu des champs. liCur isolement et surtout leur ancienneté 
ont fait croire qu'ils indiquaient le lieu où avait été enseveli 
Olivier de Serres ; ces cyprès indiquent bien l'ancien cime- 
tière du Pradel, mais Tillustre agronome n'y a pas été inhumé. 
Dans ses trois testaments, Olivier a ordonné que son corps 
fût enseveli au cimetière de Villeneuve-de Berg, tombeau de 
ses prédécesseurs; sa dernière volonté a été exécutée. Au- 
cun vestige de cette sépulture n'existe aujourd'hui à Ville- 
neuve; la tombe d'Olivier de Serres a disparu. Ses restes 

9 



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130 OLIVIER DE SERRES. 

mortels ont-ils eu la destinée de tant d'autres? ont-ils été 
profanés ou reposent-ils en paix sous la terre? Le testament ^ 
de Daniel de Serres, de 1624, que nous publions aux Pièces 
justificatives (n° 12), nous apprend que la « ri{;uenr de ce 
misérable siècle les a chassez comme vrais chrestiens et 
privez du ïumbeau de leurs prédécesseurs » . 

Le 6 mars 1621, le duc de Montmorency, qui fai&ait une 
guerre à mort aux huguenots, s'empara de Villeneuve-de- 
Berg et du Pradelj il fit raser le temple protestant, dont les 
ruines servirent aux réparations de la citadelle ^ 

Il est probable qu'il fit détruire également toutes les tombes 
des protestants. 

Après avoir fait saccager la demeure du célèbre agronome, 
Montmorency ne recula pas devant une profanation; il fit 
disparaître son tombeau. 

Le sépulcre d'un grand bienfaiteur devrait être un autel où 
les hommes viendraient honorer, dans le souvenir d'un mort 
illustre, ce qui fut pour eux la source du bien et du beau : à 
ce titre, dit le biographe Reisnes, le tombeau d'Olivier de 
Serres devrait être un lieu de pèlerinage et de recueillement. 
La destinée, sans doute, a laissé peser un mystère sur cet 
homme, afin d'accroître son prestige. Il eût été plus conso- 
lant de connaître l'intimité de son foyer et la fin terrestre de 
ce grand semeur, qui sut élever si haut le culte de la terre 
et l'honneur du travail; on aurait été heureux de toucher le 
tombeau de ce génie rustique. Mais on peut se dii*e que la 

' État des bieits du jadis Consistoire de Villeneuve, maDuscrit de 1688. 



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OLIVIER DE SERRES. 131 

vie d'Olivier de Serres n'a pas besoin de faits pour avoir choit 
au respect de la postérité. Elle est simple et forte comme la 
nature; son Théâtre des champs est un assez beau monument, 
et sa mémoire vivra à jamais dans le cœur des agriculteurs 
et de tous les hommes de bien. 



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CHAPITRE XI 

OLIVIER DE SERRES OUBLIÉ PENDANT CENT CINQUANTE ANS. — 
RÉSURRECTION DE SON GÉNIE. — HOMMAGES A SA MÉMOIRE. 

Le Théâtre d' Agriculture eut dix-neuf édilions; la deroière 
est datée de M.DC.LXXV, à Lyon, chez Antoine Beaujollin. 

Depuis cette époque, l*âme d'Olivier semble absente, si 
complet est Toubli qui survient, si profonde l'ingratitude, 
qu'aucun bistorien, aucune œuvre humaine ne vient même 
plus rappeler son nom. La Maison rustique de Charles 
Estienne avec les additions de Liébaut, son gendre,- plus 
ancienne que le Théâtre d' Agriculture, et bien inférieure à 
ce livre, resta cependant plus populaire. Si l'on prend soin de 
compulser les livres d'agriculture qui se publient, on peut se 
convaincre qu'Obvier a fait tous les frais intellectuels de ces 
publications, et qu'il est la source à laquelle tous les écrivains 
agronomes, même les plus modernes, reviennent puiser. 
On se demande comment les ouvrages d'Olivier de Serres, 
et notamment ce Théâtre des champs, qui, lors de son appa- 
rition, avait eu une vogue européenne, aient pu tomber, au 
bout de cent cinquante années, dans le plus complet oubli. 

Une explication se présente; Olivier étant calviniste, peut- 



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OLIVIER DE SERBES. 133 

être les imprimeurs catholiques n'osèrent-ils plus reproduire 
son œuvre après la révocation de l'édit de Nantes (1685), qui 
eut lieu dix années après la dix-neuvième édition du Théâtre, 

M. de Falioux, dans sa notice sur Olivier de Serres, cite 
deux opinions qui attribuent cette indifférence soudaine à 
deux causes : « D'abord, la sévérité des édits de fiOuis XIV 
contre les protestants, qui aurait traité Olivier en calviniste 
posthume; mais ce livre ne pouvait faire encourir aucune 
responsabilité dangereuse aux imprinieurs s'ils eussent jugé 
la réimpression lucrative, et ce motif nous parait dénué de 
toute espèce de fondement. On en allègue un second qui, 
sans paraître concluant, serait infiniment plus admissible : 
c'est qu*on était parvenu à une époque de réaction contre le 
vieux style gaulois. T^es poètes mêmes du seizième siècle 
étaient frappés d'une sorte de discrédit , et il faut pardonner 
ce purisme exagéré à un siècle qui se montrait assez fécond 
pour se suffire à lui-même; les grandes voix de ces temps 
méritaient bien que tout fît silence pour les entendre, et Tin- 
justice commise envers Olivier de Serres , prise à ce point de 
vue, serait peu surprenante; toutefois, il me semble qu'à des 
causes toutes littéraires on en peut joindre d'autres qui res- 
sortent directement de notre sujet. 

w Sous Louis XIV, tous les genres de culture, même celle 
de la terre, visaient à une forme de beau, classique, idéal, et 
Laquintinie ou Lenôtre devaient tout naturellement l'emporter 
sur Olivier. Louis XIV n'aurait assurément pas voulu déplan- 
ter les mûriers installés aux Tuileries par son aïeul Henri IV; 
mais il était plus préoccupé de vaincre le sol rebelle de Ver- 



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134 OLIVIER DE SERRES. 

sailles, d'en faire surgir par force l'eau à travers le bronze et 
le marbre, les arbres sous le ciseau et l'équerre. Laquintinie, 
directeur général des jardins royaux, et qui, lui-même aussi, a 
laissé des livres recommandables, excellait a tailler les arbres 
fruitiers et les arbres d'agrément en sévères lignes de pyra- 
mides, de quenouilles ou d^arcade. On lui dut une améliora- 
tion particulière dans la pépinière française : c'est celle du 
figuier, dont le fruit, luxe des tables somptueuses, était un 
objet de prédilection pour le Roi. Comparez maintenant les 
deux cadeaux que Laquintinie et Olivier firent à la France, 
et vous aurez un emblème tout agricole des deux bommes, 
des deux princes et des deux époques. On entrevoit, dans ce 
simple aperçu, que l'imagination se plairait aisément à déve- 
lopper l'habitude d'une certaine splendeur factice qui, passant 
des petites choses aux grandes, appartient à un autre tribu- 
nal que le nôtre en ce moment. » 

Olivier de Serres fut donc oubUé tout à fait sous Louis XIV 
et sous Louis XV. Ce ne fut que vers le milieu du dix-huitième 
siècle que son grand ouvrage redevint tout à coup l'objet de 
l'étude et de l'admiration des écrivains nationaux et étrangers. 

L'Écossais Patullo, dans son Essai sur C amélioration des 
ferre5( 1758), prétendait que l'agriculture française, du temps 
de Henri IV, avait été plus avancée que du temps de Louis XIV, 
et ses preuves étaient tirées du livre d'Olivier de Serres. 

Haller, dans sa Bibliothèque botanique (1771), caracté- 
risait ainsi le Théâtre d'agriculture : « C'est un grand et bel 
ouvrage d'un homme expérimenté , ami de la simplicité et 
ennemi dçs procédés dispendieux. » 



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OLIVIER DE SERRES 135 

Le Grand d* Aussi, auteur de V Histoire de ta vie privée des 
François (1782), avoue qu'il est redevable à Olivier de Serres 
d'une foule de traits qui peignent la vie intérieure et les 
usages d'autrefois. 

J. B. Secondât, fils de Montesquieu, s'occupait particu- 
lièrement d'agriculture, et afTectionnait si vivement le Théâtre 
d'Olivier qu'il en savait par cœur de très-longs passages, qu'il 
se plaisait à réciter h ses amis. 

Mais ce ne fut que vers 1784 qu'eut lieu la renaissance, la 
résurrection du génie d'Olivier de Serres. 

L'abbé Rozier, doté par Louis XVI de l'abbaye de Nan- 
teuil, se trouvait en possession d'une aisance et d'un loisir 
suffisants pour composer et publier son cours d'agriculture. 
Dans cet ouvrage, fort estimé dès son apparition, il rendit 
hommage à son devancier méconnu, le cita, le remit au jour 
et en valeur. fiC 8 mai 1788, il écrivait à M. de la Boissière : 
n Olivier de Serres est, dans son genre, aussi sublime que Ber- 
nard Palissy ; je l'ai chanté toute ma vie, et je le chanterai jus- 
qu'à ma mort. Ce vrai Columelle français, bien supérieur à ce- 
lui de la République romaine, traça d'une main savante les 
préceptes de l'agriculture : c*est le seul de nos écrivains qui ait 
été vraiment praticien, je dois cet hommage à mon maître. » 

En 1786, l'abbé Rozier annonçait qu'il donnerait une nou- 
velle édition du Théâtre d'agriculture. 

La même année, Parmentier, publiant un Mémoire sur les 
avantages que le Languedoc pouvait retirer de ses grains, 
profita de cette occasiou pour retracer un tableau fidèle du 
mérite et des travaux d'Olivier. 



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136 OLIVIER DE SERRES. 

Arthur Young, célèbre agronome anglais, quittait sa patrie 
en 1789 pour venir, en disciple pieux, contempler ce manoir 
du Pradel, et rechercher pas à pas les traces vénérées de son 
ancien maître, le plus illustre agronome français. 

En 1790, l'Académie de Montpellier offrit un prix consi- 
dérable à l'auteur du meilleur éloge d'Olivier de Serres. 
Ce prix fut remporté par Dorthès. 

Deux ans après, un député de la Convention, Échasse- 
riaiix, proposait de décréter que Bernard Palissy et Olivier 
de Serres avaient bien mérité de leur siècle et de la nation, 
et que leurs bustes devraient être placés dans la salle de la 
Convention. 

Grégoire réclama pour Olivier de Serres les honneurs du 
Panthéon, « Il serait sublime, dit-il , le moment où les repré- 
sentants du peuple français porteraient en triomphe la statue 
d'un laboureur au Panthéon. » 

Sous l'administration du préfet de la Seine Frochet, il fut 
arrêté que la rue de Charenton, bordée de maraîchers, por- 
terait le nom d'Olivier de Serres : cette rue existe tou- 
jours. 

Le 18 septembre 1803, François de Neufchâteau, ministre 
de Tintérieur, prononça l'éloge d'Olivier de Serres dans la 
séance publique de la Société d'agriculture de la Seine. 
Il proposa de faire élever un monument simple (un bosquet 
de mûriers et un marbre) aux Tuileries, sur remplacement de 
la magnanerie créée par Henri IV, à l'extrémité de la terrasse 
des Feuillants, là même où Olivier avait planté ses vingt 
mille mûriers, et d'y inscrire cette légende : 



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OLIVIER DE SERRES. 137 

Cesl ici 

quau commencement du dix^septième siècle, 

sous le règne de Henri IF, 

et de iordre exprès de ce prince, 

vingt mille mûriers blancs 

rassemblés et plantés 

par les soins d'Olivier de Serres, 

donnèrent le moyen de propager cet arbre utile 

et d'élever les vers à soie 

dans l'heureux climat de la France. 

En mémoire de quoi 
ce marbre a été érigé, 
sous le consulat de Bonaparte 
l'an de la République. 

François de Neufchâteau proposait d'ajouter ces mots 
énergiques de Pline : 

Deus est mortali iuvare mortalem, et hœc ad œternam 
gloriam via. 

« Mortel, c'est être un Dieu qu'être utile aux mortels; 
« C'est le chemin qui mène aux honneurs éternels. ^ 

Dès ce moment, l'hommage public de la France et même 
de l'Europe savante est acquis à OUyier de Serres. 

Charles Cafarelli, préfet de TArdèche, conçut le premier 
l'idée d'élever, par une souscription nationale, un monument 



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!38 OLIVIER DE SEIIRES. 

à la mémoire d'Olivier de Serres, à Villeneuve-de-Berg, sa 
patrie. Ce monument fut inauguré le 27 juillet 1804. C'est 
une pyramide de onze mètres de hauteur, en marbre gris du 
pays. 

Sur la fac e principale, au-dessous d'un médaillon où se 
voyait autrefois le buste d'Olivier, ou lit : 

A 

Olivier de Serres 

du Pradel, 

le premier et le plus utile 

des écrivains agronomiques 

françois, 

les amis de l'agriculture. 

DEUXIÈME FACE : 

Van premier 

du règne de Napoléon, 

empereur des François, 

triomphateur et pacificateur. 

TROISIÈME FACE : 

Sous le ministère 

et par la munificence 

de S, E. M, Antoine Cliaptal, 

ministre de l'intérieur. 



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OLIVIER DE SERRES. 139 



QUATRIEME FACE : 



Foué 

par M. Charles Cafarelli , 

préfet du département de l'Ardèclie. 

Achevé 

sous la préfecture 

de M Robert, 

par les soins 

de M. O, Pareil y ingénieur en chef 

du département j 

an XII, 1804. 

En 1804 et 1805, la Société d'agriculture de la Seine publia 
chez le libraire Huzard, à Paris, une nouvelle édition du 
Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, en 2 vol. in-4'*, 
illustrés du portrait d'Olivier de Serres et de la pyramide 
élevée à sa mémoire, à Villeneuve-de-Berg. 

La même Société fit frapper, en Tbonneur du grand agro- 
nome , une médaille de bronze dans quatre modules différents. 

Une autre médaille fut gravée en 1821 par Donadieu, et 
éditée par Bérard, dans la Galerie métallique des grands 
hommes français. 

Presque toutes les sociétés d'agriculture de France ont fait 
frapper des médailles à l'effigie d'Olivier de Serres. 

Le nom du grand agronome figure au frontispice du palais 
de l'Industrie , aux Champs-Elysées, parmi les bienfaiteurs de 



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140 OLIVIER DE SERRES. 

rhumanitc, à côté de Franklin, de Parnienlicr, de Fulton, etc. 
Le 29 août 1858, nne statue en bronze reproduisant les 
traits d'Olivier de Serres a été érigée à Villeneuve-de-Berg. 
Cette statue, une des plus belles œuvres du sculpteur Pierre 
Hébert, est supportée par un beau piédestal en marbre gris 
du Vivarais, sur lequel on lit : 

A 

OLIVIER DE SERRES 

PÈRE DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE. 

VILLENEUVE-DE-BERG, SA VILLE NATALE, 

A ÉLEVÉ CE MONUMENT, 

SOUS LE RÉGNE DE L'EMPEREUR NAPOLÉON III. 

1858. 

OLIVIER DE SERRES, 

SEIGNEUR DU PRADEL, 

AUTEUR DU THÉÂTRE 

D'AGRICULTURE, 

NÉ A VILLENEUVE-DE-BERG 

EN 1539, 

MORT DANS LA MÊME VILLE 

LE2.1UILLET1619. 

En 1873, on a pu voir à l'Expositiou universelle de Vienne 
un beau buste d'Olivier de Serres, commandé par le ministre 
de l'agriculture au statuaire Emile Hébert, fils de l'auteur du 
monument inaugurée à Villeneuve. 



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STATUE D OLIVIER DE SERRES 

A VILLENEUVE-DE-BERG 
D*après une photographie de M. F. Tstmicr. 

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OLIVIER DE SERRES. 141 

A Toccasion du concours régional agricole qui eut lieu à 
Aubenas, du 29 avril au 8 mai 1882 , le centenaire d'Olivier de 
Serres fut célébré avec éclat; une nouvelle statue, œuvre de 
M. Charles Bailly,fut érigée à la mémoire du grand homme, en 
présence de Tillustre M. Pasteur et d'une foule de notabilités 
françaises et étrangères. Cette statue, en matière plastique, a 
été transportée au château et placée au bas de Tescalier mouu- 
mental. Sur la face principale du piédestal, on lit cette inscrip- 
tion : 

PREMIÈRE FACE : 

LA VILLE D'AUBENAS, 

A SON COMPATRIOTE 

OLIVIER DE SERRES. 

1882. 

DEUXIÈME FACE : 

LA 

SCIENCE DE L'AGRICULTURE 

EST L'AME 

DE I/EXPÉRIENCE. 

OLIVIER DE SERRES. 

TROISIÈME face: 

CONCOURS RÉGIONAL 

D' AUBENAS. 

MAI 1882. 



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î«2 OLIVIER DE SEI^RES. 



QUATRIEME FACE : 



POUR FAIRE ^ 

DE LA BONNE AGRICULTURE, 

IL FAUT JOINDRE 

LA SCIENCE, 

L'EXPÉRIENCE ET L'ACTIVITÉ. 

OLIVIER DE SERRES. 

Enfin , le dernier hommage rendu à la mémoire d*Olivier 
de Serres a été le Cabinet de travail de l'immortel agronome, 
que nous avions reconstitué à Toccasion du Centenaire. C'est 
dans ce sanctuaire qu'était or^janisée aotrc exposition histo- 
rique qui eut un si grand sucrés. 



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STATUt: D'OLIVIER DE SERRES 

Inaugurée «i Aubena.s, le i*' mai 1882. 



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BIBLIOGRAPHIE 



OUVRAGES D'OLIVIER DE SERRES 

I 

V — La Cveillete de la Snye^ par la nourriture des vers 
qui la font. Échantillon du Théâtre d'Agriculture d'OuviER 
DE Serres, seigneur du Pradel. A Paris, chez lamet Meltayer, 
Imprimeur ordinaire du Roy. M.D.XCIX. Auec Priuilege de 
sa Majesté. 

Peut in-8<> de 6 feuillets non chiffrés et 117 pnges de texte. 

Cet opuscule forme le chnpitrc XV du cinquième Lieu du Théâtre tf agriculture. 

2* — Traduit en allemand, par Rathgerber. Tubinge^ 
1603, in-4». 

3' — Traduit en anglais par Nicolas Geffe. A Londres^ chez 
Félix Kingston, 1607, in-4% fig. 

II 

p — La seconde richesse dv Mevrier-blanc, Qui se treuue 

10 



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146 OLIVIER DE SEURES. 

en son Escorce, pour en faire des Toiles de toutes sortes, 
non-moins utiles que la Soie, prouenant de la Fueille d'iceluy . 
Eschantillon de la seconde Édition du Théâtre d'Âgricullure 
d'OuviER DE SEmESy Seigneur du PradeL A Paris, chez Abra- 
ham SavgraiUj rue S. lacques, aux deux Vipères. M.DC.lIf. 
Auec Priuile{je du Roy. 

Petit in-8<> de 28 pap^es. 

Cet opuscule forme le chapitre XVI du cinquième Lit u du Théâtre (Tagricuhure 
de 1603. 

2" — Traduit en anglais par Nicolas Geffe. A Londres^ chez 
Félix Kingston, 1607, in-4\ 

3"* — Opuscules de Pierre Riclier de Bellevaly premier pro- 
fesseur de Botanique et d'Anatomie en l'Université de Méde- 
cine de Montpellier; auxquels on a joint un Traité d'OLiviER 
DE Serres, sur la Manière de travailler l'Ecorce du Mûrier 
blanc. A Paris, M.DCC.LXXXV. 

Grand in-8<> de 76 pages. 



III 



1* — Le Théâtre d* Agriculture et Mesnage des Champs 
d'OLiviER DE Serres, Seigneur du PradeL A Paris^ M. D. C. 
Par lamet Métayer, Imprimeur ordinaire du Roy. Auec 
priuile{];e de sa Majesté et de l'Empereur. 

In-f<> de 19 feuilleU non cfaiffrés et 1004 pages de- texte, fig. 

2' — Seconde Edition, reueuë et augmentée par l'Auteur. 
Ici est représenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien 



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OLIVIER DE SERRES. 147 

Dresser, Gouverner, Enrichiret Embellir, La Maison Rvstiqiie. 
A Paris, M.DC.III. Chés Jbr. Savgrain. 

In-4® de 22 f<?iiillfU non chiffres et 007 pages de texte . 

3" — Troisiesme Edition... A PariSj M.DC.V. Chés Abr, 
Savgrain* . 

ln-4*> de 22 feuillets non chiffrés et 997 pages de teitr. 

4r — Quatriesme Edition... A Paris, M.DC.VIII. Chez 
lean Berjon rue Saint lean de Beauuais au cheual volant, et 
sa boutique au Palais, en la gallerie des prisonniers. 

ln-4<> de 33 feuillets non chiffrés et 908 pages de texte. 

5** — Le Théâtre d'Agricvltvre et Mesnage des champs 
d'Olivier de Serres^ 5^ dv PradeL Où est représenté tout ce 
qui est requis et nécessaire pour bien Dresser, Gouuerner, 
Enrichir et Embellir la Maison Rustique. Dernière édition, 



^ Au sujet de cette édition, nous avons relevé ce qui suit dans le Livre raison 
d'Olivier de Serres : 

« Le 7 nôLrc 1601, Gedeon des Serres du Pradel , escuyer, s' de S* Montan, 
« demourant à Paris , rue de Bethizy , paroisse de S* Germain de Lauxerois , règle 
« comme procureur fondé d*Olivier des Serres, son père, avec Abraham Saugrain, 
« marchand libraire, bourgeois de Paris, demourant rue S* leau de Latran, paroisse 
M de S' Benoit le Bientourné, les conditions pour l'impression de la seconde édi- 
« tion du livre le Théâtre dt agriculture dud. Olivier des Serres. — Acte reçu 
« Nicolas Cresse et Jean François, no''*' du Roy au Chastelet de Paris. » 

' Dans un compte que rend Abigaïl Raudoin, veuve de Gédéon de Serres, à son 
beau-père Olivier, le 7 août 1614, nous lisons cet article : « l lus pour les frais 

• faicts à la saisie /a icte sur M, Saugrain y marchant libraire, à la req^^ dudit 

• s' père (Olivier de Serres), d*une impression /aide en la ville de Lion du TuÉATnB 
« DE L*ACnicuLTURB. Ensemble pour les frais d'un homme quil auroit conuenu 
u envoyer rxpret aud. Lion pour J^ lad, saisie^ Et ce qui a esté fourny tant aud. 
K Lion^ povrsuiUes faictes au conseil du Boy au Chastellet de Paris que au parle~ 

• ment dud, lieu la somme de six cens Hures, » (Archives du PradeL) 

De ce document original, 8if;né par Abigaïl Baudouin , Olivier des Serrcâ et 
Daniel du Pradel, il résulterait qu*une édition du Théâtre aurait été imprimée 
clandestinement à Lyon. 

10 



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148 OLIVIER DE SERRES. 

Reueuë el Augmentée par TAulheur. A Genève, Par Matthiev 
^er/oii, M. VIC.XI (1611). 

In-S^' de 48 fouillcU non chiffrés et 1198 pages de tezte. 

G* — A Paris, M.DC.XV, Chés Abr. Savgrain. 

ln-4° de 26 feuillets non cliiffrcs et 907 pages de texte. 

7' — A Paris, M.DC.XVII. Chés Jbr. Savgrain. 

Cette prétendue édition de 1617 est la inème que la précédente; on s*est borne 
seulement à rrgrnver la date du titre. 

8^ — Pour Pierre et Jacques Cliouët, M.DC.XIX, in-4* 

sans lieu d'impression; mais on verra plus loin que les Chouël 
étaient libraires à Genève. 

2V feuillets non cliif.Vés et 878 pages de texte. 

9" — A Rouen, chez Lovys dv Mesnil, petite rue Sainct 
lean, à la Croix d'Or, M.DC.XXIII. 

In-4* de 21 feuillets non cbiffrés et 907 pagos de texte. 

10" — A Roven, chez Robert Valentin, dans la cour du 
Palais, M.DC.XXIII. 

In-4« de 20 feuillets non chiffrés et 908 pages de texte. 

W—kGeneve, Vouv Pierre et laques Cliouët,M.DG.XXlX, 

Cette édition eH une réimpression littérale de celle de 1619. 

12' — A Rouen, chez lean de la Mare^ au haut des degrez 
du Palais, M.DC.XXXV. 

1 diiion réimprimée textuellement sur celle de Robert Valenttn, de 1623. 

13' — Genève M.DC.XXXE. 

Edition annoncée sous le n" 424 d'un catalogue de livres choisis, vendus en 
février 1789 par le libraire Royez, à Paris. 



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OLIVIER DE SERRES. 



U9 



14" — A Gjneve, Pour Pierre et laques Cltouël, 
M.DC.XXXIX. 

Edition réimprimée sur celle de 1G29, des mêmes libraires. 

15° — A Rouen, Chez lean Bertlielin, dans la Court du 
Palais, M.DC.XXXXVI. 

Réim|iression pure et simple de Tédiiion de 1635. 

La vignette du titre, que nous reproduisons, représente un for{»eron au travail 
dans son atelier, avec cette épigraphe autour : Cvncta in tempore. 




16° — A Genève, Imprimé pour Samuel Cliouët, M.DC.ÏjI. 

Réimprimé sur Tédition de 1639, page pour page. 

17° — A Genève, Imprimé pour André Cliouët, M.DC.LXI. 

IS"" — A Roveny chez David Bertlielin, dans la Cour du 
Palais, D.MC.LXIII (1663). 

Edition semblable à celte de J. Bcrtbelin, de 1646. 

19* — Dernière Edition, Reueuë, Corrigée de nouueau, et 



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150 OLIVIER DE SERRES. 

Augmentée de la Chasse au Loup, et de la compositioa et 
vsage de la lauge. A Lyon, chez Antoine BeavjoUiny rue de 
la Belle-Cordière, M.DGJiXXV, Auec Permission. 

20" — Théâtre d'Agriculture et Ménage des champs d'Ou- 
viER DE Serres. Où Ton voit avec clarté et précision Tart de 
bien employer et cultiver la terre, en tout ce qui la concerne, 
suivant ses différentes qualités et climats divers, tant d'après 
la doctrine des anciens, que par l'expérience. Remis en Fran- 
çois, par A. M. Gisors. A Paris, chez Meurant, libraire pour 
l'Agriculture, rue des Grands-Augustins, n* 24, an. XI, 1802. 

4 vol. in-8**. — Cette cdiiion est faite sur celle in-folio de 1600. 

21" — Le TuÉATRE d'Agriculture et mesnage des champs, 
d'Olivier de Serres^ seigneur du Pradel; dans lequel est re- 
présenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dres- 
ser, gouverner, enrichir et embellir la maison rustique. Nou- 
velle édition conforme au texte, augmentée de notes et d'un 
vocabulaire; publiée par la Société d'agriculture du départe- 
ment de la Seine. Paris, Huzard, 1804-1805, 2 vol. in-4% 
portraits et figures'. 

Il a été tiré quelques exemplaires sur grand papier, formant V volumes. 

Notons ici un abrégé du Théâtre, publié sans nom d'au- 
teur et imprimé en 1695, à Grenoble, sous le titre : Agriculture 
et ménage des champs et de la ville, 1 vol. in-12, de 250 p. *. 



> C'est de cette édition que nous avons tiré ces notes bibliographiques. 

* L'abbé Mollier, Recherches historiques sur Villeneuve-de-Berg^ page 211 



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DU PORTRAIT D'OLIVIER DE SERRES 

PEINT PAS SON FILS DANIIL. 



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ICONOGRAPHIE 



PORTRAITS D'OLIVIER DE SERRES 

1* — Portrait original d'Olivier de Serres, dessiné par son 
fils Daniel et conservé au vieux manoir du Pradel. 

C'est un petit dessin <^ la plume, colorié en rouge, sur un 
papier vélin. La tète et le col de la chemise, seuls, sont des- 
sinés et circonscrits dans un ovale, ébauché à peine et d'une 
façon assez incertaine, au haut duquel on lit : « Cest le por- 
u trait de tr noble oliuier desserres, sgr du pradel, âgé de 
« 80 ans, tiré par son fils, 5'' de Leyris, 20 ans auant son 
tt deces, mort le 2 juillet 1619. » 

Ce portrait est placé sous verre, dans un cadre en bois doré, 
fort laid, grand comme la main, 162 millim. de hauteur, sur 
1 13 de largeur et 12 millim. d'épaisseur. 

Au dos de cette relique, à laquelle on n'a jamais nen changé, 
on lit ceci : « S'est l'original du portrait D'olivier de Serres, 
« lequel fut porté à paris par M. Faujas (de Saint-Fond) pour 
a en tirer des copies. » 

Ce portrait a été sorti de son cadre quelquefois, pour être 
confié à la poste, probablement à l'époque où on le fit repro- 
duire à Paris; il a été doublé d'une façon regrettable dans sa 



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15t OLIVIER DE SERRES. 

hauteur; en sorte que la ligne du pli partage la tête crOlivier; 
c'est fâcheux. 

2" — Fac-similé du portrait original, par Maurice Vas- 
chalde. 

(Collection H. V.) 

La cassure dont a été Tobjet l'original nous a donné l'idée 
de le faire reproduire en fac-similé. L'imitation est parfaite, 
c'est un pastiche tiès-réussi : papier enfumé, grossier, colorié 
en rouge comme le dessin de Daniel. Cadre laid, étroit, abso- 
lument de Fépoque d'Olivier, au dos duquel nous n'avons pas 
oublié l'inscription naïve de l'original. 

Ce fac-similé eut beaucoup de succès à l'Exposition histo- 
rique d'Olivier de Serres, en 1882. 

3' — Olivier de Serres, s»' du Pradel, Auteur du Théâtre 
d' agriculture, mort le 2 juillet 1619, âgé de 80 ans, peint 
par son fis en 1599. Tourné à droite, dans un ovale équarri. 
— Grav. par Miger. Haut. 147 mill. Larg. 102 mill. 

(Collection H. V.) 

4' — Olivier DE Serres, seigneur du Pradel, né en 1539, 
mort le 2 juillet 1619. — Tourné à droite, dans un ovale, E. 
Roger, se. — Haut. 97 mill. Larg. 77 mill. 

(Collection 11. V.) 

5* — Olivier de Serres. — Tourné à droite. — Claire-voie, 
Dequevauviller, se. — Haut. 74 mill. Larg. 64 mill. 

(Collection II. V.) 

6" — Lithog. de .T. F. Rousseau à Marseille, in-8'. — Tourné 



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OLIVIER DE SERRES. 153 

à droite dans ua ovale, autour duquel on lit : Messire Olivier 
DE Serres, seigneur du Pradel, Patriarche de l' Agriculture^ 
né en Fivarais, en 1539, mort te 2 juillet 1619. 

Au bas de Tovale sont les armoiries (incorrectes) des de 
Serres, et sous les armoiries cette inscription : Deusestmortali 
luvare mortalem et hœc ad œternam gloriam via. — C. Plinii : 
Hist. nat., liv. II, ch. vii. 

Illustre par ta naissance, 
Par tes vertus , par tes* bienfaits , 
Grand Serranus, de la France 
Tu sens mériter à jamais 
L*amour et la reconnaissance. 

Ce portrait, qu*aucun iconographe n'a cité, est excessive- 
ment rare. 

(GollecUon IL V.) 

T — N., in-8% gr. au trait. Dans un ovale à claire-voie. — 
Au bas, cette ligne : 0. de Serres. 

8» — De Serres, in-12, gr. au trait par Landon. — En 
haut : Hist. de France. 

(Collection H. V.) 

9* — Monsiau del. Devillers sculp , in-8". — Buste d'O//- 
vier de Serres posé sur un piédestal, entouré d'instruments 
aratoires, au milieu d'un paysage. 

(Frontispice du 3* volume du Théâtre ^ édition de 1802.) Le portrait n*est pas 
exact. 

En avril 1885, le dessin au bistre, de Mons'au, a été vendu à la vente de Gus- 
tave Chartener, de Metz. 

10* — J. F. Garnery del. Victor sculp., in-18. 



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154 OLIVIER DE SERRES. 

1 1" — Gautlierot, ciel. TJthog., in-4*. 

12* — N., in-fol. Lithog. de Langlumé. 

13* — Olivier de Serres, cultivateur, seigneur du Pradel, 
gr. sur bois à claîre-voîe. — Tourné à gauche. 

(Magasin pittoresque ^ année 1839, p. 64.) 
Collection H. V. 

14* — Olivier de Serres, lithog. în-8* à claire- voie. — 
Millet (lel. 

(Collection H. V.) 

15* — Olivier DE Serres, in-4% dans une couronne d'é- 
pines. — Tourné à gauche. — gr. sur bois. 

(Les Amis du peuple, année 1858.) 
Collection H. V. 

16* — Olivier de Serres, in-18, dans un ovale à claire- 
voie, gr. sur bois. 

(.y fusée national.) 
Collection H. V. 

17« — Portrait gr. à Teau-forte par le peintre Mallet. — 
Olivier de Serres, tourné à droite, écrit, tout en tenant de la 
main gauche un bouquet de cocons à la bruyère. 

Cette gravure a 170 mill. de haut sur 110 de large. 
(Collection H. V.) 

18' — Grand portrait au crayon, par Maurice Vaschalde. 
Au canton dextre sont peintes les armoiries d'Olivier de 
Serres. 

(Collection H V.) 

Le portrait placé en tète de notre livre e^i une pbototypie de ce crayon, qui fut 
très-reroarqué au Cabinet de travail d*Olivier de Serres. 



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ESTAMPES 



V — Le TnÉATUE d'Agricvltvre et Mesnage des champs, 
d'Olivier de Serres, seignevr dv Pradel. — A Paris, M.D.C., 
iii-folio. 

Saperbe fronlUpîce, grav. par Mallery. 

(Collcclion H. V.) 

Noas en donnons une rédaction pag. 8^. 

2' — Olivier de Serres montrant Cagriculture aux paysans 
des CévenneSy gr. sur bois. 

Olivier est représenté portant toute la barbe, ce n'est pas 
exact. 

[La France iflu^irre, par Malte-Bruk (Aidèche). — Éd. pibliée par Gustave 
Harba.) 

Collection H. V. 

3" — Une vue du Pradel, gravée à Teau-forte par le peintre 
Mallet. — Gr. in-8\ 

(Olivier de Serres el le Pradel, par Léon Vboei.. Largentîère, 1882.) 

4* — Olivier de Serres recevant au Pradel renvoyé 
d* Henri JF. — Gr. à Teau-forte par Mallet. 

Au premier plan, le surintendant général des jardins de 
France, M. de Bordeaux, baron de Colonces, avec sa suite : 

groupe de brillants seigneurs costumes de cour, riches et 

élégants. Près de lui, figure principale du tableau^ Olivier, 



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156 OLIVIER DE SERBES. 

lin rural de l'époque, qui fait planter un mûrier pai* deux de 
ses serviteurs, dont Tun est certainement Jacques Barnier. 

(Collection H. V.) 

5' — Statue d'Olivier de Serres à Aubenas, œuvre de 
INT. Charles Bailly, statuaire lyonnais, gr. sur bois. 

1." Illustration du 29 avril 1882. — },' Univers illustré du 6 mai 1882. — Le 
Monde illustré du 13 mai 1882. — Revue illustrée du 20 mai 1882. 



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PLASTIQUE 



STATUES ET BUSTES D'OLIVIEU DE SERRES 

J" — Statue, par Pierre Hébert; réduction en plâtre de son 
premier projet. Le soc de charrue est remplacé par des livres 
empilés. 

(Appaiiii'nt a M"* veuve Cliamjianlier, députe.) 

2" — Statue, par le même; réduction en bronze du monu- 
ment érigé, en 1858, à Villeneuve-de-Berg. C'est la plus belle 
statue qui existe de Tagronome. Olivier est dans une attitude 
méditative; il semble chercher la solution d'un problème. 

(A In mairie (1* A ubcnas.) 

3« — Projet de Régis Breysse (le berger du Béage) ; réduc- 
tion en plâtre de son ébauche faite en 185G. Olivier, debout, 
tient, de la main droite un peu relevée, un cocon; de la main 
gauche, tombant le long du corps, un petit rameau de mû- 
rier; derrière lui, des flottes de soie posées sur des livres. 
Les détails, le costume sont bien, mais la physionomie 
manque d'élévation et de noblesse. 

(Collection II. V.) 

4» — Projet de Martigny ; réduction en plâtre de l'ébauche 
faite en 1857. L'attitude est assez heureuse. 

(A la préfecture de l'Ardcclie.) 

5" — Buste en terre cuite, demi-nature, par Emile Hébert, 



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158 OLIVIER DE SERRES. 

commaadé par le Ministre de rAgriculture^pour TExpositioa 
universelle de Vienne, en 1873. OEuvre remarquable. 

(CoIlccUon H. V.) 

6" — Slatuette en bronze, surmontant une pendule. Rien 
n'est plus faux que la physionomie d*01ivier, qu'on représente 
avec toute la barbe et vêtu d'un long manteau. 

(Cabinet 01 lier de Marichard.) 

T — Statue du Centenaire. Réduction en plâtre du monu- 
ment érigé à Aubenas en 1882. Le statuaire Charles Bailly a 
représenté Olivier, debout, tenant de la main droite son livre 
sur la Cueillette de la soye; du doigt de la main gauche 
montrant un rameau de mûrier, sur lequel se promènent des 
vers à soie, l'agronome s'écrie : Votre fortune, la voilà! 
paroles reproduites sur le socle. 

La statue du Centenaire a bonne façon, de l'entrain dans le 
mouvement; mais cette exubérance, très-louable du reste, 
donne un caractère un peu exagéré et théâtral à l'impression 
de l'œuvre. 

(Collcclion H. V.) 

8' — Réduction, mais dans de plus grandes proportions, 
de la même statue. — Terre cuite exposée au Salon lyonnais, 
en 1883, sous le n"" 36, par l'auteur, Charles Bailly. 

Citons un beau buste en marbre du temps de Henri IV, 
et un médaillon en métal ciselé, représentant Olivier, 
qu'un M, de Serres, qui était dans l'administration des 
douanes à Marseille, en 1835, possédait '. 

1 Reisnes, Olivier Je Serres, Privas, 1858. Page 8. 



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NUMISMATIQUE. 



MÉDAILLES D'OLIVIKR DE SEÏ\Ï\ES 

1* — Médaille en argent, gravée, parait-il, du temps de 
Henri IV. Elle fait pendant avee une médaille, du même 
module, de ce roi. 

(Aa diàleau de Pradvl.) 

2* — Olivier de Serres, né en 1539, mort le 2 juillet 
1619. Buste à droite. — Revers : Société (V agriculture du 
département de la Seine, — 4 modules. 

3* — Olivier DE Serres. — Buste à droite. — Revers : Né 
EN M.D.xxxix, à Villeneuve de Berg. Mort en m.dc.xix. — 
Galerie métallique des grands hommes français. 1821. — Gr. 
par Donadieu. — Module 41 mill. 

C*est la plus belle médaille qui ait été frappée. 

(Collection H. V.) 

4' — Olivier de Serres, seigneur du Pradel. Buste à 
gauche. — Revers : Couronne allégorique. — Gr. par Oudiné. 
— Module 41 mill. 

(Collection H. V.) 



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160 OLIVIER DE SERRES. 

5** — Olivier de Serres, né à Fitteneuve-de-Berg (Ar- 
dèche). Buste à gauche. — Revers : Comice agricole de 
l'arrondissement de Schelestadt. Couronne allégorique. — 
Gr. par de TiOngueil. — Module 50 mill. 

6" — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — Revers : 
Couronne allégorique. — Gr. par Desaide. — Mod. 50 mill. 

(Colleclion H. V.) 

T — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — lîevers : 
Couronne de chêne et de laurier. — Gr. par Tasset. — Mod. 
61 mill. 

(Collection H. V.) 

8" — Olivier de Serres. — En légende : Travaillez, pre- 
nez de la peine: cest le fonds qui manque le moins. — Buste 
à gaucho; et dessous : La Fontaine. Fables, liv. V. — Re- 
vers : Couronne de laurier. — Module 55 mill. — Gr. par 
Tasset. 

(Colleclion H. V.) 

9* — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — Revers ; 
La France, debout, au milieu d'un autel chargé de couronnes 
et d'une ruche d'abeilles, tient, de la main gauche, un flam- 
beau poiu' sceptre, et de la main droite une couronne. — 
Légende : Prœmia magna quidem sed non indebita dono. — 
Gr. par Tasset et Blondelet. — Mod. 50 mill. 

(Colleclion H. V.) 

10* — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — En légende : 
L'agriculture est digne de tous les honneurs, — Revers : le 



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OLIVIER DE SEURES. 161 

même que la médaille précédente, mais sans la légende. — 
Mod. 68 mill. 

(Collection H. V.) 

IV — Olivier de Serres. — Buste à gauche. Concours 
départemental, 1875. — Revers : sur une banderole : Châ- 
tillon-surSeine, et au-dessous, les armes de cette ville sur un 
écusson couronné. — Gr. par Desaide. — Mod. 46 mill. 

12'» — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — Revers : 
Couronne de chêne et de laurier. — Gr. par Tasset. — 
5 modules. 

13« — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — Revers : 
Société (V agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Lettres du 
département de tArdèche. Couronne de laurier. — Gr. par 
Tasset. — Plusieurs modules. 

(Collection H. V.) 

14" — Médaille du Centenaire, à l'effigie de li. Pasteur. — 
Tète tournée adroite. — Louis Pasteur, membre de l'Aca- 
démie DES SCIENCES. — Revers : V industrie de la soie à Louis 
Pasteur, i illustre régénérateur de la sériciculture, — Cen-- 
tenaire d* Olivier de Serres. Mai 1882. — Légende : Union 
des filateurs et mouliniers. — Région d'Aubenas. — Gr. par 
Alphéc Duhois. — Mod. 50 mill. 

(Collection H. V.) 

Trois exemplaires (en or, argent et bronze) de cette belle 
médaille, placés dans un riche écrin, furent offerts, en séance 
solennelle., à Tillustre savant, le 6 mai 1882. 

11 



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CONCLUSION. 



En terminant ce travail, nous émettons une idée que 
partageront, nous aimons à le croire, tous les admirateurs 
d'Olivier de Serres, et ils sont nombreux. Ce serait de pro- 
poser à M. le Ministre de T Agriculture que le domaine du 
grand agronome fût acheté par TÉtat, pour y créer une 
ferme-école , qui porterait le nom du Pradel. 

Le moment serait, ce nous semble, bien choisi pour cela. 
Sous l'influence de causes diverses, il y a dans la population 
des campagnes, dans cette forte race qui cultive la terre et 
qui en possède la plus grande partie, un mouvement de 
découragement qui est un des périls de Fheure présente. 

Cette profession agricole, la plus noble parce qu'elle est 
la plus indépendante, la plus solide, la plus saine par l'esprit 
et par le corps, nous la voyons délaissée aujourd'hui pour le 
travail de l'usine, dont la servitude pesante ne ressemble 
guère à l'alternative de rudes travaux et de longs loisirs qui 
constitue la vie des champs, ou pour le séjour des villes si 
plein de faux attraits et de cruelles déceptions. 

Toutes les forces sociales s'unissent pour sauver l'agricul- 
ture, notre mère nourricière. La société met à sa disposition 
ses découvertes les plus fécondes; Topinion ne lui a jamais 
été si favorable, et les pouvoirs publics s'ingénient pour aider 



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OLIVIER DE SERRES. 16d 

à ses efforts, la relever et la soutenir. Le moment nous parait 
donc bien propice pour la réalisation de notre projet. 

I/antique domaine du Pradel deviendrait ce qu'il était du 
temps d'Olivier, une académie d'expérimentation ; il se prê- 
terait admirablement à la création d'un de ces champs d'ex- 
périences agricoles inaugurés dans les Vosges. 

S'il est accordé à l'ombre des grands hommes de hanter 
après leur mort, ainsi qu'on le dit, les lieux mêmes où ils ont 
vécu, souvent les élèves de laferme^écoledu Prac/e/ verraient 
passer Olivier de Serres, tel qu'il se représente : « avec un 
« livre au poing, se promenant par ses jardins, ses prairies, 
«< ses bois, tenant l'œil sur ses gens et affaires. » Parfois 
aussi, ils le verraient venir saisir les cornes de la charrue 
pour leur donner des leçons de labourage. 

Dans une des salles du château, on organi.serait le 
Musée Olivier de Serres, où seraient exposés les documents 
manuscrits, les livres, les portraits, gravures, bustes, mé- 
dailles, tableaux, photographies, etc.; en un mot tout ce 
qui rappellerait le patriarche de l'agriculture française. 

Le domaine du Pradel ne sortit jamais des siens; il se 
transmit de père en fils, de neveux en petits- neveux, d'héri- 
tiers en héritiers jusqu'à nos jours, sans qu'aucune révolution 
politique ou dépossession civile ait pu interrompre cette tra- 
dition touchante. L'honorable M. h, de Watré, qui l'occupe 
et qui est le digne héritier d'un culte que sa famille n'a cessé 
de rendre à la mémoire d'Olivier, céderait peut-être son pré- 
cieux héritage. Ce serait le plus éclatant hommage rendu à la 
mémoire du grand agronome. 

il. 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



N- 1 



CONTRAT DE MARIAGE D OLIVIER DE SERRES. 



Mariage passé entre sieur Ollivier Desserres, Escuyer, habitant 
de Villeneufue de berCy d'une part, et honnestefilhe Marguerite 
d' Arçons filhe à Mons" Af" Jacques Darcons Licentié ez droictz, 
juge de Mazan, habitant de Villeneufue de Berc, d'autre. 

Au nom de la Saintissime trinilé, père et filz et S' Esprit soict 
(aiet amen. Sachent tous présans et aduenir comme aujourd'huy 
que Ton comte lan à lincarnation nostre Seigneur Jésus Christ, 
mil cinq cens cinquante neuf et le unziesme jour du mois de juin, 
Souuerain prince et sei{jneur Henry, par la grâce de Dieu reignant, 
par deuant moy Jean Barbery no'* royal et tesmoings soubznommes 
establyes en personnes Les partyes soubsescriptes. Lesquelles ont 
accordé et conclut ainsy que i^era sy apprès escript sur le mariage 
entre elles tant à la louange de Dieu auec Tayde duquel sera 
accomply. En fiasse de saincte mère Esglize. Entre sieur Ollivier 
desserres, escuyer, filz h feu Jacques habitant de Villeneufue de 
berc, dioceze de Viviers, seneschaussée de Beaucaire et Nismes 
d'une part, Et honnesle (ilhe marg** Darcons, filhe à Monsieur 
M'* Jacques Darcons licentié ez droictz, Juge de Mazan, habitant 
dudit Villeneufue de berc, d'autre, 

premièrement Led. Ollivier Desserres, auec la Licence bon 



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166 OLIVIER DE SERRRS. 

plaizir et voulloir de honnesle femme damoiselle Louise de Leyris, 
sa mère, Messieurs M'** Olliuierde Leyris Licenlyé ez droiclz, Juge 
Tamporel des leuées du bieur Euesque de Viviers, et de Gabriel 
de Leyris, prieur du prieuré de S* Marcel les Ârdèche frères, ses 
oncles et certains parens et amis prësaus et assembles, a promis et 
promet sur les saints Esvan{;illesN*'* Seigneur Jésus Gbrist prandre 
pour sa femme et espouxe légitime, en fasse de Saincte mère Es- 
glize lad. Margueritte Darcons, auec la Licence, autborité et bon 
plaisir dud. sieur Juge Darcons et dum"* pierre de Maron ses père 
et mère et autres ses parens et amis présans assemblés, a pareille- 
ment promis et juré, promet et jure sur les saintz Esvangilles de 
N'* Seigneur prendre pour son mary et Expoux. En face de saincte 
mère E<%glize, led. s' Ollivier Desserres, présant et ace* ptantquand 
ce (aire sera requis et ne suruient légitime empeschement. Et led. 
mariage ainsy promis et juré, pour ce que de bonne et conuenable 
coustume de toutte ancienneté approuuée et obseruée que doct 
soit constitué aux fillics quand se marient affin que les charges du 
mariage puissent eslre supportées plus légèrement, constitue en 
personne led. M* Jacques Darcons, lequel ayant le présant mariage 
agréable et afBn que mieux sorte en plain et entier effect, de son 
gré et certain sçavoir, c*est h sçavoir pour luy, ses héritiers et ses 
successeurs quelconques, à Taduenir, donne, constitue et assigne 
en dot pour et au nom et à cauze du doct à sad. filhe Margueritte 
Darcons présante auec sond. Espoux et pour eux stipulant et accep- 
tant, et pour tous et chascuns des droictz de lad. Margueritte, 
biens, droicls et actions paternelles et maternelles h elle apparte- 
nant, à elle et aux siens et à Taduenir. G*est à sçavoir la somme de 
quatorze centz liures et outre ce Cent liures pour ses robbes nup- 
tiaux, Laquelle doct a promis led. M* Darcons payer espoux inter- 
uenant Tinstipulation que dessus, C^est mille liures et le jour de la 
solempnité du présant Mariage et les quatre centz liures restants 
en quatre années et quatre payes esgalles, commançant la première 
paye Tan révollu après la solempnization et consommation du pré- 
sent Mariage, et les autres payes année par année, jusques à fin 
d'entier payement, et les cent liures pour les robes lorsquelle sera 
en âge compettant, avec les pactes suivants. Premièrement, que 
si le présant mariage faisoit sepparaon par la mort dud. sieur 



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OLIVIER DE SERRES. 167 

OUivier Desserres Espoux, en ce cas led. espoux donne à sad. 
espouze présente, stipulant et acceptant en augmentaon de doct., 
auec ou sans enfans la somme de Deux Cents liures. Et sy cas 
adueneu que le présant mariage fist sepparaon parle decedzd'icelle 
Margueritte espouxe, En ce cas avec la Licence que dessus donne 
à son espoux prësant, stipulant et acceptant la somme de Cens li- 
vres. Ilem a esté de pacte que s'il y auoit lieu de restituon du doct 
parle decedz dud. Desserres, iceluy sera randu à lad. Margueritte 
Darcons en la fasson et termes qui se trouuera auoir esté receu par 
led. Desserres, et aduenant restituon par le decedz de lad. Darcons 
lad. doct sera randue à qui de droict appartiendra. — Scauoir, les 
mille liures de la première paye en deux payes esgalles, la première 
de cinq centz liures du jour de la dissolution dud. Mariage en un 
an ; la seconde dans Tan apprès en suiuant et les quatre centz liures 
par semblables termes et payemens qui se trouueront receus et les 
robes en Testât quy seront Ihors de la dissolution dud. mariage — 
Item a esté de pacte que led. Desserres donnera à sad. espouse 
présante et acceptant de joyaux jusques à la somme de Cens liures, 
et desquelz joyaux elle pourra dispozer à sa vollonté à la vie et à 
la mort — Item et en cas de viduité donnera à sadite espouse 
présante et acceptant sur tous et chascuns ses biens, sa vie, alli- 
mens et babilbemens sellon la faculté des biens dud. Desserres et 
personne de lad. Darcons, tant qu'elle tiendra viduité bonneste et 
ou elle ne pouroit ou ne voudroit commerser ou demeurer auec 
les enfans ou autres héritiers dud. Desserres, en ce cas led. Desserres 
donnera et assignera sur tous et chascuns ses biens à lad. Darcons, 
chascune année pour sa viduité et allimens durant lad. viduité la 
somme de quatre vingtz liures et une chambre meublée, et ce tant 
que la dot de lad. Darcons durera entre les mains des hoirs dud. 
Desserres, et au cas il la recouureroit, icelle receue seroit quittes 
et lesd. héritiers desd. allimens et pansion. — Item a esté de pacte 
que moyennant led. doct, icelle aud. espoux demeurera saulve 
lad. Margueritte Darcons quittera, cédera et remettra comme par 
ce contract quitte, cède et remet aud. M* Jacques Darcons et à ses 
héritiers institués ou à instituer chascuns ses autres biens paternels 
et maternels, sauf lad. doct et aux droictz d'institution, souscrip- 
tion, leguatz ou donnation à l'aduenir. Et tout ce que dessus est 



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168 OLIVIER DE SERRES. 

escrit, lesd. parties et clinscunes d^elles, auec la Licence et aulho- 
rite susdite ont ratiffié, esmologuë et confectionné, promis et pro- 
mettent respectiuement tenir sans jamais y contrenenir, et qu'elles 
n'ont dict, faict, ne passé, ne diront, feront, ne passeront aucune 
choze pour Taduenir, Moyennant laquelle ce dessus n'obtienne 
fermeté et perpétuelle robrue soubz leur bonne foy, obligation de 
tous et cbascuns leurs biens piésans et aduenir quelconques, les- 
quelz ont obligés et hypothéqués et souzmis aux forces et rigueurs 
des courz royalle et commune de Yilleneufue*de berc, présidial de 
Mons' le seneschal de Nismes, par chascunes des quelles courz ont 
vouleu et voulons pour Tobseruation de ce dessus estre respectifue- 
ment escritz et appellées, tout ainsy que les forces et rigueurs 
desd. et chascunes d'icelles requises. Et ainsy l'ont juré sur saintz 
Esvangilles N" Seigneur Jésus Christ auec les actes touchés, en 
verlu duquel jurement ont renoncé auec l'autre que dessus à toutes 
action et déception, subornation, force, crainte, impétraction, 
escriptz, cancellations, droictz et moyens par lesquelz pouroit 
contreuenir. A ce dessus chascunes parties a requis l'une et l'autre 
octroyé acte et instrument leur estre faict par moy no" soubssigné, 
qu'a esté faict, passé et récitté ce dessus aud. Yillen. de berc dans 
la maison dud. s' Juge de Mazan, M* Jacques Darcons, Licentié; 
présans en ce pour tesmoings y appelles Messieurs M' Aymar 
Dlisson, Liccnlié ez droiclz. Juge de Bagnolz, Guilhaume Beboul, 
doct. en médecine de la ville de pont S* Esprit, pierre Darcons, 
prieur claustrier de l'abbaye N'» Dame de Gruas, Ollivier de Leyris, 
Liccnlié ez droiclz, juge temporel des levées de Monseigneur 
Leuesque de Viviers, Gabriel de Leyris, prieur de Sainct Marcel 
les Ardèche, Aussy M" Vidal Cognot clauaire et procureur du Roy, 
de Villen. de berc et son ressort, Jean Desserres not" royal, gref- 
fier des Estatz particuliers du pays de Viuarès, Jean Comut, pierre 
Archebrian, Jacques Jullien marchand dud. Villen. de berc 
M^ Anthoine Saurin lieutenant de préuost en Viuarès, Anthoine 
Duchier, lient' en la baronnie d'Aps et moy no" soubssigné. — Ce 
faict led. jour par moy Jean Barbery, no" royal habitant dud. 
ViMen. de berc, sans mutation d'inueslir autres actes par deuant 
M' Louis Chalendar licentié ez droictz, commis de la cour royalle 
du siège de Villen. de berc , et Charles Ganhat viguier de la cour 



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OLIVIEIl DE SERRES. 169 

commune de lad. ville et sont prësants lesd. donnateurs illec requé- 
rant estre enregistrez, insignuez et publiez ez actes desd. cours 
nousd. sieurs auoir prins le serment desd. parties et illec inter- 
rogées sy esd. donnations estoit inleruenu dol, fraude, machination, 
subornation, ains faict de leur bon gré et les acceptoyent comme 
les ayant agréables, ce entendu lesd. sieurs comis et viguiers ont 
tenu lesd. donnations pour insignuées et authorisées et publiées, 
appointées, estre enregistrées aud. actes desd. cours royalle et 
commune, octroyant acte de ce dessus et parties requérant leur 
estre iaictetadjoinct aux précédans articles, par parties requérants 
leur estre faict au précédant article par moy dit no'* soubssigné. 

Barbery no'*. 

Extraict tiré sur la minutte estant dans ung libure des nottes de 
feu M* Barbery no'* par nous Louis Imbert et Antboine Croze, 
no'" royaulx soub** et retiré par S' Laurans barbier, deubment 
collationné ce 10 aoust 1668. 

Signé : Croze, no". 
Signé : Imbeht, no'*. 
Jey la minutte à mon pouuoir 
Signé ; Barbier, 

Nous Guilhaume Gascon, docteur en droict, lieutenant de juge 
en la cour commune et viguerie de Ville-de-berc, certifBons et 
alestons à tons qu'il appartiendra que M* Ânthoine Croze et Louis 
Imbert quy ont signé Textraict du mariage sur escript sont No'" 
royaulx, habitans aud. Ville; aux actes desquelz foy est adjoulée 
en jugement et dehors. En foy de ce nous sommes soubg"', faict 
signer no'* Grefiîer et apposer le scel de nr* cour aux pntes. 

Faict aud. Villeneufue en Yiuarès, ce treize aoust mil six cens 
soixante huict. 

Signé : Gascon, Lient. 
Signé : Daisac, Greffier. 



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170 OLIVIER DE SERRES. 

«• 2 

VASES SACRÉS CONFIÉS A OUVIER DE SERRES. 

(2 mai 1562) 



Inuentafre des Joyaux (for et d'argens rendus par M'* Michel d'Olbi, 
prcsire garde diceux et de la sacristie de C église 5* Louys de 
Villeneufiie de berc en Viueroys, 

Premièrement une Gioix argent surdoré pesant, comprins le 
bois qu*e;>t dedans, quatre liures et demie. 

Item autre plus grande croix d^argent et cuiure surdorës poi- 
santy comprins le bois qu'est dedans, neuf liures et demie. 

Item un grand Reliquaire quarré d'argent surdoré , à quatre 
paneaux de yerre, poisant le tout deux liures et demie, trois onces. 

Ilem un reliquaire rond d'argent, pesant une liure cinq onces. 

Item un calice d'argent et sa patène surdorés, pesant une liure 
deux onces. 

Ilem un petit calice avec sa patène d'argent, pesant demie liure 
trois onces. 

Item autre petit calice d'argent auec sa patène, le canon dud. 
calice fourré en plomb, le tout pesant une liure, un quarteron 
trois onces. 

Item autre calice auec sa patène d'argent, le canon dud. calice 
fourré en plomb, le tout pesant trois quarterons, trois onces. 

Item cinq calices rompus auec leurs patènes d'argent, pesant 
tous lesd. calices et patènes, comprins le plomb qu'est dedans 
trois canons desd. calices, trois liures et demie. 

Item un encensoir auec cinq chatnes, une rose aux deux an- 
neaux, le tout d'argent, poisant une liure deux onces. 

Item une salière couuerte d'argent, en partie surdorée, pesant 
trois quarterons. 

Ilem une croix d'argent surdorée en partie, dans laquelle a 
aussi autre petite croix d'argent garnie de quelques pierreries et 
une turquoise sur le pied et quelques autres choses incongneues 
estant encloses en lad. petite croix, et en icelle grand croix y a une 



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OLIVIER DE SERRES. 171 

pelile vitre, le toutpesnnt une liure, trois quarterons, trois onces et 
estant dans un estuy. 

Item une custode d'argent, pesant demie liurc. 

Item un petit reliquaire d'argent, pesant deux onces. 

Les ornements drap d'or. 

C'est la cliasuple, deux dalmatiques sans manipui et estoUes. 

Un drap d'or autour garni de velours violet semé de croix 
d'îirgent. 

Autres habitz en damas orangé, à scauoir la chnppe , chasuble , 
dalmatiques auec leurs estolles et manipui. 

Une chappe en damas rouge. 

Autres habillemens en dnmis blanc completz, excepté le 
minipul. 

Item autres habitz complelz en satin violet, c'est une chasuple, 
chnppes, deux dalmatiques estolles et manipules. 

Ite n autres habitz en damas blanc, vieux, complelz hormis In 
chappe. 

Item autres habitz vieux velours noir completz, excepté d'estolle 
et manipui. 

Item autres habitz en camelot noir completz, fors que d'estolle 
et manipui. 

Item autres habitz en cadis noir completz, fors que des chappes, 
manipui et estolle. 

Item autres habitz en camelot rouge sans chappes. 

Item une chappe en camelot verd. 

Item une chappe en camelot blan" usée. 

Item une chasuple en velours noir nuec estolle et manipnl. 

Item autre chasuple velours noir et satin blanc. 

Item autre chasuple camelot noir et drap rouge. 

Item autre chasuple borassin, parsemée de fleurs de Lys jaunes. 

Item autre chasuple tafetas violet. 

Item autre chasuple tafetas laine et bleu. 

Item autre chasuple toile damassée soyo. 

Item autres trois chasuples figurées. 

Item la chasuple tafetas verd. 



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172 OLIVIER DE SERRES. 

Item autres chasuples taffetas laine de peu de valeur. 

Item autre chasuple toile fiçurée comme sur le verd, a esté 
baillée pour vestir M. Saboli, pour ce la fault demander. 

Item deux diaps qu'on mettoitsur le>mortz, Tund^astain fourré 
de toile noire el Tautre de fustaine noir auec la croix en fustainc 
blanc. 

Item une bannière taffetas blanc auec Tirnage N'* Dame el 
armoiries du Roy. 

Item autre bannière taffetas rouge où est Timage S' Louys. 

Item deux misselz parchemin. 

Item une cliappe camelot changeant. 

Item autre chappe vieille taffetas damassé (ané. 

Item un drap rouge seruant de tapis. 

L*an mil cinq cens soixante deux et second j' de May, souuerain 
prince Charles par la grâce de Dieu , Boy de France régnant , par 
deuant moy not" Royal, présentz les tesmoings soubz nommés. 
Estably en personne par Perotin filz à feu André , Consul de la 
pnte ville Villeneufue de berc en Viueroys, lequel auec l'assistance 
de MM. Charles Gaignat viguier, Jacques Béchon docteur ez droitz 
juge de la Cour commune de lad. pnte villeneufue, Jacques 
Arçons licentié en droictz, hély Pastel et Jacques Julien aussy 
licentiés, Jehan Barbery, Jehan Desserres, Anthoine Tailhand 
not. Jehan Cournot marchand, françois d'Olby, Vidal prestre, 
Jehan Dupuy babitans et conseillers d'Icelle ville a confessé et 
confesse auoir vu et receu dud. M. Michel d'Olby habitant de lad. 
ville tous et chascuns les joyaux d'or et d'argent habitz et ome- 
mens d'Eglise et liures cy dessus au précédent inuentaire par le 
menu déclarés et spécifiés, et desquelz du vouloir et consentement 
desd. conseilliers assistans lesd. sieurs officiers a quitté et quitte 
comme consul et en son nom propre , comme le touche , lesd. 
M'* Michel d'OIbi et les sieurs autres parts de jamais ne luy en rien 
demander, consentant à la cancellation du contract et inuentaire 
par lesquelz led. M. d'OIbi se trouuoit chargé desd. joyaux, habitz 

ornemens et liures receus par feu M* Philip not sur l'an 

mil cinq cens quarante deux et par mesme moyen led. si' Jac** 
Perrotin consul, auec l'assistance et consentement que dessus a 



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OLIVIËU DE SEURES. 173 

baillé et baille réalement, en pnce de moy d' iiol* à Si' Oliuier 
Desserres, marchand de lad. ville , illec pnt et acceptant lesd. 
joyaux d*or et d*argent, babitz et ornemens d'église et Hures con- 
tenus aud. précédant inuentaire, lesquels led. Oliuier Desserres a 
confessé et confesse auoir veues etreceues des mains dud. consul , 
promettant iceux soigneusement garder, les rendre et restituer 
aud. consul ou autres ses successeurs aud. consulat, toulesfois et 
quantes qu'en sera requis. Et pour tout ce dessus attendre et ny 
contrevenir,led.Jacq. Perrotin consul, Oliuier Desserres et chascun 
d'iceux respectiuement comme touche ont obligé et soubmis leurs 
personnes et biens aux forces et rigueurs des Gourtz Royal et com- 
mune de Ville de berc, présidial de M. le Séneschal et communs 
Royaux de Nismes, et chascune d'icelles, et ainsi Font juré auec 
deue renonciation et chascune parties a requis acte par moy not. 
Royal soubz"'. Fait aud. Yilleneufue, dans la sale de la maison 
d'habitaon dud. Oliuier Desserres, présentz et po' tesmoings Jacq. 
hermet, Jacq. Sobol habitans en lad. ville, et moy Claude Barbery 

not. Royal receuant soubz'^ 

Barbery, nol*. 



N* 3 

RESTITUTION DES VASES SACRÉS. 



Actes pour 5' Olliuier Des serres et pour les consuls, manantz 
et habitans de Villeneufue de berc en Viuerés. 

L'an mil cinq cens soixante deux et le quatorziesme de Juin, 
Reign^nt Charles Roy de France , Et en ma pn* et des tesmoingz 
dans escriplz. En personne estably noble Olliuier des Serres, de 
Villeneufue de berc en Viueres, Lequel en la pn* de messieurs 
M" Charles Ganhat, viguier, Jacques Bechon, docteur ez droictz, 
Jacques Arçons licentié ez droictz, Jacques Perrotin, consul. An- 
thoine Vallenlin aut. consul. M" Jean Desserres nol*, pierre 
Archebran, helie jeune, Jean Dupuy, M* Claude Barbier no'*, 
Louis Tichet , Jacques Mercoyrol , Jacques Juilhen , Barthélémy 



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174 OLIVIER DE SERRES. 

darcons, cunseilbers et habilans de lad. ville, auroit expoze que 
naguières par lesd. consuls et certains aut. des babitans luy auroist 
este baillie en garde, les croix, calices et aut. joyaulx de lesglize 
S' Le lys de la pnt ville, Et pource que despuis ce seroint meux 
troubles et guerres au pnt pays telles quil ne scait comment les 
garder en assurance et sans danger cuidant de luy estre voiles, et 
emporles, et à lombre diceulx violance luy soict faîcle en sa mai- 
son, personne et biens, a requis lesd. consuls et aut. susnommés 
voulloir reprendre lesd. joyaulx quil a illec réallem' exibees pour 
estre liures et bailhes à aut. plus suffisant pour les garder, ou 
autrement en estre faict, comme par les susnommés sera aduize, 
au proffict et utillite de quy appar'*. Quoy ouy et entandu par les 
susnommés, Tous eiisambles et chascuns en par*' ont dict et de- 
claire ne ce voulloir cbarger desd. joyaulx par mesmes raions et 
occasion desduittes par ledict desserres, ains ont este dauis uni- 
formem' quil est meilheur les vendre, daultant que le prix et argent 
quen prouiendra sera plus facille à garder auec le sauf quil appart'*. 
Et comme le bon plaisir du Roy sei*a den ordonner. Consentant 
tous ensamble sans disuerjance que led. S' des serres les vende, 
ainsin que présentement du voulloir et consentement. Et en la 
pn** des susnommés, les a vandus et vant par ce contract a litlre de 
vendion irreuocable à sire Jean Baratier, dict Soucher, babitant 
du Montelimard, pnt stipulant et acceptant et apreciant lesd. 
joyaulx pesant trente un marq argent pur, auoir oste le bois, lai- 
ton, cuiure, plomb et aut. mettailz au Feu, et pour le prix de douze 
liures cinq solz cbascun marq, reuenant led. prix uniuersellement 
a la somme de Irois cens quatre vingtz liures t. laquelle somme 
led. Barattera promis et promest, bailher et réallement payer aud. 
des serres à la première et seulle requion d'icelly desserres, et ce 
dans le put Yilleneufue de berc, sur payne de tous despens, dom- 
mages et inthe. que à deffault de payement Ion pourroit soufiFrir et 
endurer, de laquelle somme de trois cens quatre vingtz liures t. 
led. Dessertes sen est cbargé, et charge par ce contract, au sauf 
et proffict de qui dessus, promettant le randre aud. consulz et con- 
seilhers à leur première seulle requion, aussy sur payne de tous 
despens dommages et inlbe. Et ce dessus, led. Barratier, 
des serres, cbescun regarde ^oy, ont promis atlandre sur lobM- 



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OLIVIER DE SEKRES. 175 

gaon de leurs biens et personnes quilz ont obliges aux court/, 
préal et communs de Nismes, Royal de Villeneufue de berc, com- 
mune dicelle, prévalle de Montélimard, Royalles et delphinalles 
de Ghabeuily Sainct Marcellin etaut. cours delphinalles , et ches- 
cune dicelles, auec jurement, renoncîaons et clauzulles nécessaires. 
Faict aud. Villen, dans la maion dud. Desserres, pntz pour tes- 
moingz requis M'*' Guilbaume Lagrange habitant de Lerris, Jean 
Baratier marchand, Bourgeoix du Pousin, pierr essol de 

S' AnduoI de berc, Et moy anthoine Tailband ^ ^oubz'*. 

A. Tailhand, no~. 



N« 4 

TESTAMENT DE JACQUES D'aRCONS , BEAU-PÈRE D'OLIVIER DE SERRfS. 



Testament de Monsieur M* Jacques darcons, licentié ez droîcts, de 
ViHen-de-berc, reçu le 28 mars 1567 par M* François Sabatier 
nof* royal, de Villeneufue de berc. 

Au nom de dieu soit, scachent tous pnts et aduenir soit notoire 
et manifeste que Tan de grâce mil cinq cens soixante sept et le 
vingthuictiesme jour du moys de mars. Charles, par la grâce de 
dieu roy de France régnant, en pnce de moy not" royal soubzné et 
des tesmoings soubz nommés, estably en personne Monsieur 
M* Jacques Arçons, liez* ez droictz de Ville de berc en Viuerès se** 
de beau" et Nysmes. Lequel sain de son corps et entendement, 
allant de ses piedz, considérant les jours de lliomme estre brefe et 
voulant disposer de ses biens. A faict et ordonné, faict et ordonne 
son testament nuncupatif et dernière volonté nuncupatrice en la 
forme que s'ensuit. — Premièrement a inuoqué dieu, le supp* lors 
que son ame sera séparée de son corps la recepuoir au nombre des 
bienheureux en son royaulme de paradis et sond. corps estre en- 



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176 OLIVIEU DE SERRES. 

scuely au simetiere ou sont sépulture les vrays prem et fidelles 
sans aucunes pompes funèbres — Item a légué aux panures de 
N'* Seigneur Jésus Christ dud. Villen quy seront esleus ar son 
héritier et exécuteurs de son pnt testament, estant toutesfois de la 
religion refFormée et non autres, la somme de cinquante liures t. 
pour une fois tant seulement — Item a légué et donné à droict 
d'instituon particulière , laisse à gabriel darcons son filz naturel et 
légitime et de dam"* pierre de Maron sa seconde femme, la somme 
de cinq cens liures t. — Item à françois darcons son autre filz naturel 
et légitime et de lad. de Maron la somme de mille hures t. pour 
une fois tant seulement et tousles meubles et ustencilles de maion 
que led. testateur a presantement en la ville de bagnolz et roque* 
maure, diocèze dusès, estans au pouuoir de lad. de Maron. Item à 
bonne darcons, sa Bile naturelle et légitime et de lad. de Maron 
la somme de quinze cens liures t. payables lorsquelle sera collo- 
quée en mariage — Item au posthume ou posthumes que led. tes- 
tateur pourroit auoir d*icy en aduant, scauoir ù chun deulx la 
somme de cinq cens liures t. et moyennant ce veulx que sesd. 
enfans soient contans, en sorte qu'ils ne puissent demander autre 
chose sur sesd. biens hors desd. sommes avec lesquelles les a fiaict 
et instituer ses héritiers particuliers — Item a donné, légué par 
mesme droict que dessus à Marg** Darcons, sa filhe naturelle et 
lé{;itime et de lad. de Maron, femme d'Oliuier Desserres dud. Villen. 
la somme de cinq cens liures t. outre le doct. à elle constitué en 
son contract de mariage, voulant que de ce soit contante, sans 
quelle puisse demander autre chose sur sesd. biens — Item veult 
et ordonne que lad. somme de mille liures t. et meubles laissés 
aud. françoys son filz, son hérer dessoubz nommé soit tenu le 
nourrir et entretenir aux escoles et esludes jusques à ce que sera 
de laage de vingt cinq ans ou bien que led. françoys par le conseil 
et volonté de lad. de Maron sa mère et ses autres parans prin*" 
aduant sond. vingtcinquiesme an (illisible) lad. somme de mille 
liures t. — Item estant mémoratif led. testateur de laconstituon de 
doct faicte à lad. Marguerite sa filhe en son mariage et dud. des- 
serres montant et reuenaut à quinze centz liures t. luy auroyent 
esté payées ou à son mary despuis en ça tant pour ses droicls pa- 
ternels que maternels, elle auroit quitté a déclaré et déclare que 



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OIJVIER DE SERRES. 177 

combien lad. somme de quinze cenls liures auroil esté payi'e par 
luy ft de SCS propres deniers entreuenu, dit que lad. constituon 
auroit esté faicte tant pour les biens paternels que maternels. 
Sçauoir douze cents liures t. pour les droicts paternels et troys 
cents liures pour les maternels comme leur interon de tout préuen- 
tion soubz ombre de prétexte de lad. quittance qu'il soit demandé 
aucune chose par son héritier ny autre à lad. de Maron, ny à son 
héritier, ains par la teneur de son presant testament donne et lègue 
lesd. troys cents liures à lad. de Maron en sa faueur et de leurs 
enFans, dit moyennant ce faict sad. femme son héritière part'* il 
soit qu'elle ne puisse pour ce regard autre chose demander sur 
sesd. biens. Item a légué à Thospital de la pnte ville de Villen. la 
somme de dix liures pour estre employées à Tachept de couuertes 
da quant {sic) pour le seruice des panures de dieu. Et pour ce que 
tout chef de testamentest Tinslituon d'héritier a faict, et de sa propre 
bouche nomme son héritier uniuersel en lous et chnscuns ses autres 
biens, droicts et actions près*' et aduenir M* Jacques Ârcons licentié 
en droicts, son filz naturel et légitime et de feue dam"' Claude 
labalme, sa première femme, par lequel veult et entend que sesd. 
légats et autres debtes soyent payées et satisfaicts, dict si led. 
M* Arcons son filz et héritier décédoit sans enfans naturels et légi- 
times et de légitime mariage procréés ou après luy sesd. enfans 
sans enfans naturels et légitimes, aud. cas a substitué et substitue 
led. françoys darcons son autre filz, moyennant ce que led. françoys 
(la subz"" ayant lieu en sa personne) sera tenu bailher et payer 
aud. Gabriel son frère la somme de quinze cents liures t. outre son 
légat cy dessus déclaré, ce où et quand led. fran***' viendroit à 
décéder en pupillarité ou sans enfans, ou bien ses enfans sans en- 
fans naturels et légitimes, en cas a subz* et substitue lesd. Mar- 
guerite et bonne, ses filhes par esgales parts et portions, si toutes 
sont viuantes, ou h celle qui se trouuera lors en vie, et où se 
treuueroyent toutes deux décédées a substitué après elles leurs 
enfans, scauoir de chascun par moytic et après tous sesd. enfans 
de leurs enfans a substitué les posthumes et après eux lad. de 
Maron sa femme leur mère, tuteurs à sesd. enfans pupilles, en- 
semble exécuteurs de son présent testament et volonté a faict et 
nommé lad. de Maron sa femme, led. M' Jacques Arcons son filz 

12 



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178 OLIVIER DE SERRES. 

et héritier et led. sire Oliuier desserres son beau filz, si a dit et 
déclaré que c'est son dernier testament ou bien par codicille don- 
naon à cause de mort ou autre meilheure manière que de droict 
pourroit valoir, cassant et réuoquant tous aulres testaments, dis- 
poson et volontés dernières préaduant par la teneur de cestuy cy , 
lequel il a voulu et déclaré sortir à plain effet, prians les tesmoings 
soubz nommés en auroit connaissance et moy not. Tayant rédigé 
en forme authentique et despêché à sond. héritier et autres qu'il 
appartiendra. — Faict et récité aud. Ville de berc en mnyon dud. 
testateur, en prnce de M. Jan Jacques Arçons, sire Oliuier des- 
serres. Bertrand Arnaud dud. Ville, Gilbert de langlade, notaire 
de Jaujac, Jan (aure de Rochemaure, soubs"*' auec led. testateur, 
dit moy Franc Sabatier noi*^' royal aussy soubs"* J. Arçons / Ay esté 
pre* desserres J. x^rcons / de langlade / faure / B. Arnaud / Ge- 
neston / Desserres / C. Arçons / Sabatier not'* noyai. 
Extrait à son original par moy pierre Sabatier. 



N« 5 

AFFRANCHISSEMENT DE LA JURIDICTION DV PRADEL 

(15 mars 1571). 



Au NOM DE Dieu soit faict amen, scaschent tous présentz et 
aduenir que lan de grâce mil cinq cens septante ung et le quin- 
ziesme jour du moys de mars, N" souuerain prince et seigneur 
Charles par la grâce de Dieu Roy de France Régnant, par deuant 
nous notaire Royal soubz signé et tesmoingtz dans escriptz, en 
personne ëtablyes les parties soubz escriptes. Assauoir francoys de 
Laudun, escuyer, seigneur de Myrabel, Diocèse de Viviers senes- 
chaussée de Beaucaire et Nismes, gentilhomme ordinaire de la 
chambre du Roy , tant en son nom propre et privé que pour et au 
nom et comme procureur de dame Jaumete de Graves, sa mère 



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OLIVIER DE SERRES. 179 

absente, pour laquelle a promis et promet faire ratiffier le présent 
contract et tout son contenu quant en sera requis, à peyne de tous 
despens dommages et intërétz et auec les obligaon, jurement, 
Renonciation dans escriptz et aultres clausulles nécessaires, d'une 
part. Et Olivier des Serres, escuyer, natif et habitant de Ville- 
neufue de berc, diocôze et sénéchaussée su"»d. daultre. Lcsquelz 
de leur gré pure franche et libre velouté pour eulx leurs hoirs et 
successeurs aduenir queizconques, tout dol, fraude, lezion, su- 
bornation et conslrainte cessant. Ont fait et passé les eschanges et 
permutations de droictz et aultres choses cy dessoubz déclarées. 

Premièrement y ledict seigneur de Mirabel, au nom que dessus, 
a eschangé, bailhé,cédé, quicté ettoutellement remys, eschange, 
bailhe, cède, quicte et loutellement remet par ce contract et tiltre 
de vraye pure et irréuocable eschange audict des Serres, présaut, 
stipulant et acceptant pour soy, les siens, hoirs et successeurs 
aduenir queizconques, C'est assauoir la juridiction que ledict sei- 
gneur Françoys de Laudun et sa dicte mère hont et ses prédéces- 
seurs ont heu haulte, moyenne et basse, civile et criminelle, mère 
et mixte, impéré, cohertion, compulsion, droict de ban et ban- 
niser, créer et instituer officier pour Texercisse de ladicte justice 
et par le moyen d'iceulx cognoistre de tout crime et procès quelz- 
ques grandz et énormes qu^ilz soyent qui se commettront, par 
quelques personnes que ce soyent, dans les maisons mesmes du 
Pradel, terres et terroirs cy dessoubz confrontés, appartenaniz en 
propriété et utilité audict des Serres , former procès civilz et cri- 
minelz et par sentence directe et de terminer, bien que méritassent 
peyne de mort, ou aultre corporelle ou pécunière, confiscation de 
biens et queizconques aultres droictz seigneuriaulx personnelz et 
réelz, directz et utiles, sauf et réserué par exprès audict seigneur 
Françoys de Laudun le fief et hommage noble, droictz de lodz, de 
commis , et par prélation retenir en cas d'aliénation et transport 
d'icelles maisons, molins, terres, terroirs et droictz vendus quand 
seroyent aliénés en tout ou en partie, nul aultre y retenent sur 
icelles terres, terroirs et maisons du Pradel fors ce dessus, et ce 
que par pacte sera cy après expécifié, lesquelles maisons, molins, 
terres, prelz, vignes et aultres terres et propriétés appartiennent 
de présant audict des Serres, confrontent du soleil leuant les pretz 

12. 



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IfcO OLIVIER DE SERRES. 

des Esbouscheulx et aultres, apparlenantz à plusieurs de Myrabel 
el aultreSy chemyn public allant de la présente Villeneufue audict 
Myrabel passant par le molin de Berc et lequel chemin n'est aul- 
cunement comprins en ce que ledict seigneur Françoys de Laudun 
bailhe audict des Serres, ains demeure entièrement audict seigneur 
Françoys, du couchant le ruys-eau de Gazai ou de la Valete, de 
bibC les ferres labourées des grangiers dudict Myrabel, du vent 
marin la rivière de Claduègne et les (erres du sieur de la Mothe, 
au nom de sa femme et hurs aultres confrons plus véritables se 
point y en a. Et en contre eschange et resconpance ledict des Serres 
abailhé, cédé, quicté et (outellemeni remys, bailhe, cède, quicte 
et loulellement remet par ce contract et tiltre que dessus auxdicts 
dame et seigneur Françoys de Laudun mère et filz, ladicte mère 
absente et icelluy seigneur Françoys présant, stipulant pour soy, 
sa dicte mère, leurs hoirs et successeurs aduenir quelzcoi ques, 
C'est assavoir cinq sestiers bled froment de rante annuelle, fon- 
cière, perpétuelle , 'pourtant directe, droict de lozer, inuestir et 
par prélation retenir, que ledict des Serres a acoustumé prendre 
et leuer sur certains habitans de Saint Jehan le Gentenier ses cm- 
phitéotes, par lesquelz a promys à la première réquisition dudict 
seigneur Françoys luy faire faire acte et response par lesdictz em- 
phitéotes sur ledict cens jusques à la monta nce desdicts cinq ces- 
tiers, me$ure dudict Saint-Jehan, Auec les pactes et réseruations 
que sensuyuent. 

Premièrement ledict seigneur Françoys a réserué et rdserue pur 
pacte exprès et par ledict des Serres accordé que si quelqu'un des 
subjeclz dudict seigneur François habitant dudict Myrabel , ou de 
son mandement, commeltoit à Taduenir aulcun crime ou forfait 
dans lesdictes maisons , molins, terres, pretz, vignes, terroirs et 
propriétés dessus limitées appaitenentes de présent comme dict 
cat, et possédées par ledict des Serres par lequel sensuyuist con- 
fiscation de biens, les immeubles confisqués appartiendront en- 
tièrement — audict de Laudun et aux siens de droiclz, les frais, 
mises et deppens de justice qui seront retenus et rccouuertz sur 
ledict confist par ledict des Serres ou aullre qui les aura faiclz. 
Et quant aux meubles confisqués et biens par soy mouuanlz en- 
semble encourir dans ladicte terre du Pradel dessus limitée, seront 



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OLIVIER DE SERRES. 181 

communs et «nppartiendront par m )ytié ausdicts dame et seigneur 
de Myrabel, et par aullre moytié audict des Serres et aux siens. 

/rem, lesdictes parties, par pacte, ont aussi expressément accordé 
et réserué que ledict seigneur Françoys de Laudun, par ce contract 
d'eschange, n'entend comprendre et icelluy des Serres Ta accordé, 
que la juridiction des terres appartenantz à aultres que à luy dict 
des Serres et les siens y pourroyent acquérir à Taduenir et sauf 
lesdicfs pactes et reseruations et iceulx Salves à qui et comme 
dessus appartient et touche, lesdictes parties ont donné et donnent 
une à Taultre et au contraire licence et plain pouuoir de ce dessus 
eschange, chascune en son endroit prendre possession réelle et 
actuelle et corporelle maintenent ou quand leur plairra , par eux 
ou aultres en leur lieu, sans aultre licence demander ny obtenir, 
et jusques ce fisiict cependant se sont constitués et constituent les 
tenir en garde au nom de constitut et de précaire Tung de Taultre, 
non ault rement les posséder, s'en faisant respectiuement et chas- 
cuns regard soy vrays seigneurs maistres légitimes et irréuocables 
procureur^, de sorte que doresnauant cfaascun de sa part en puysnc 
ester, agir et exposer en jugement et dehors et aultrement en faire 
comme dessus à toutes ses volontés, toiis ainsi que chascun vray 
seigneur et maistre peult faire a sa chose propre justement acquise 
et comme par auant le présent contract pouuoient faire les dictes 
parties. 

Ce a esté faict, passé et récité audict Villeneufue, dans la maison 
de mnistre Jaques Arçons, ez precences de Jehan Tichet potier, 
Jehan du Ranc, sieur Jehan Olivier, Jaques Hernet dudict Ville- 
neufue, sieur Ânthoine Marnas, de Berzemes soubzigné auec les 
parties susdictes et de moy Anthoine Talhand de ladil^te Ville- 
neufue, notaire royal aussi soubzigné 

Talhand. 

Original sur parchemin. 

Au dos est écrit : « Eschanges entre noble François de Laudun, 
escuyer, seigneur de Mirabel et noble Ollivier Desserres, pour- 
tant affranchissement de la Juridiction du Pradel. 15' mars 1571. » 



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182 OLIVIER DE SERBES. 



N« 6 



LETTRE DE JEAN DE SFRRES , HISTORIOGRAPHE DE FRANCE, 
A SON FRÈRE OLIVIER. 



Suscription : Cote — de la main tC Olivier de Serres : 

A Monsieur mon frcrc. De Ville d*Aui{;n(tn, le 21 juillel 15f4. 

Monsieur du Pradel. 70 liv. p*" GolIcod. 

Monsieur mon frère, j'ai receu de mon nepueu monsieur de 
Leyris voslre fils septante escus pour faire tenir à mon autre 
nepueu Gedeon vostre fils pour sa pension et fournitures, et trente 
pour retirer ma cedule de ces! e poure vufue que j'osterai de grande 
peine et vous moi. Vous priant que ceste lectre me soit bien gardée 
pour m'estre rendue quand vous aurés notes de la réception de la 
première somme par mond. nepueu, car ie suis chargé de ces 
trente escus comme verres par la quittance qu'a lad* vufue. Tes- 
crirai de bon encre à monsieur Lamouroux et à mond. nepueu , 
afin qu'il face son conte du, n'a vous charger plus, c'est une loy on 
arrest légal duquel (par mon aduis) il n'y a point d'appel. C'est 
assés que tous lui auez octroie ces commancomcns. l'enuoierai 
dimanche ou lundy la dicte partie, aydant Dieu. J'ui dit à mond. 
nepueu de Leyris vostre fils l'extrême nécessité de mes affaires. 
l'en suis à non plus, si Dieu ne me releue : n'ayant que parchemin, 
cire, paroles sans fruict auec beaucoup de biuict. Afin que ie re- 
garde la main de celui qui tient la verge et qui m'a retiré des 
hommes pour m'arresler h soy. Mon fardeau est plus grand que ie 
ne Tose dire mesmes à vous qui estes la moitié de mon ame. le ne 
trouue secours qu'en celui qui est ma soûle espérance et qui a 
reserué ceste espreuve à mes cheueux gris, qu'il fortifiera puisqu'il 
m'a renuoié au trauail. Lequel s'il lui plaft de bénir me doit donner 
plus d'utilité que la vanité de ces grandes montagnes. l'ai prié 
mondict nepueu de vous présenter une requeste de ma part que je 
vous fuy à joinctesmains. Vos affaires sont les miennes. Et ie ni'as- 
seure que vous continuerés d'auoir soin de moy, tendes moy la 
main au nom de Dieu et de nostre ancienne amitié. J ai enuoié 



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OLIVIER DE SERRES. 183 

mon Immortalité à Lyon; mais Timprimeur me demande d^argent: 
autrement il me menace de la rendre mortelle. I*ai parlé à mon-- 
sieur Faure comme vous dira mond. nepueu; et résolu avec lui 
qu'il prendra cour et lieu auec vous et nostre frère pour terminer 
ceste affaire, comme ie le désire plus que vous ne lui. Là donc le 
reste. Dieu vous bénie heureusement. Ayés pitié (ie vous en cou- 
lure de rechef, par les droicts les plus sacrés) de 

Voslre plus humble, fidèle, affectionné : frère, ami, serviteur. 

DE Serres. 

De VilleD* et d'Aiiie" le 21* de juillet 1594. 



N* 7 

DÉCLARATION DE GÉDÉON DE SERRES A SON PÈRE OLIVIER. 

(25 février 1005.) 



Comme, ainsy soit qu'au contract de mariage receu et passé 
pardeuant Tolleron et François notaires à Paris le XI jour d'Auril 
mil six cens quatre, entre moy Gédéon de Serres Dupradel ad'* au 
Conseil privé du Roy, et damoiselle Abigaïl Baudouin Bile de 
M' Pierre Baudouin s' de Montarcis ad'* au parlement de Paris et 
de damoiselle Catherine Le Jay, ses père et mère. M' Oliuier de 
Serres s»' du pradel mon père m'ayunt constitué la somme de trois 
mille liures, pour mes droiclz de légitime palernelz, payable dans 
un an et pour icelle, les interests h raison du denier seize, jusqnes 
au payement de lad. sommo, Neantmoins je déclare par ceste pnte 
escrite et signée de ma main , de n'entendre demander ni receuoir 
de mond. s' et père, sa vie durant, aucuns interests pour le retar* 
dément de payement susd. ains d'attendre icelluy sellon son bon 
plaisir et commodité, en considération de l'honneur que luy dois, 
comme son filz et recognoissance des grandes despenses quil a faites 



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184 OLIVIER DE SERRES. 

pour moy h mon auancement surpassans ses moyens, à cause de 
Tamilié paternelle qu'il m'a (ousjours portée. Aussy^c déclare et 
confesse anoir receu comptant cejourd'huy de mond. s' et père 
la somme de six cens Hures en déduction de la susd. somme de 
trois mil liures, dont je le quite et les siens, promettant ne leur 
en faire jamais aucune demande, faict A Paris le XX5 jour de feb- 
urier mil six cens cinq. 



DopnADEL. 



Cote — de la main (COUvier de Serres : 

Dcclaraiion 

El quitlancc de six ectis liiire.i 

du d5 feburter 1G05. 



N* 8 

LETTRE DE GÉDÉON Dî:S SERRES DU PRADEL, FILS d'oUVIER DE SERRES. 



Suscripthn : Cote — de la main d*OUvier de Serres : 

Moasic:ir Du 5 mars 1611, à Paris, receu le 

w • T\ n I I 16 par Baroier, rentré de ladite ville ou 

Monsieur Du Pradel, . ,• ., «« , . ,. 

je I avois envoyé le 23 du précèdent mois, 
mon père, Finances, 

au Pradel '. Jacqur*. 

Monsieur mon père, 

Jevous escriui ces jours passés de Fontainebleau par la poste, 
enuiron le temps que M' de S* Andéol parlit dicy pour le pais. Il 

fut tant proudé alors, qu'il amena M' Darcons mon oncle. 

Du Depuis estant de retour enceste ville, j'ay frouué la quaisse de 
fruits quM vous a pieu et h mademoiselle ma mère m'enuoyer dont 
je vous remercie bien humblement. Le tout s'y est trouué bien 
conserué, fors quelques unes dos pommes, à cause de la longueur 
du chemin et aussy de la saison, néantmoins toutes ont Todeur et 
bonlé naturelle, je n'en ay encore veu aucune dans ce pais qui 
leur ressemblent; celles qui leur ressemblent le plus sont le ca- 

1 Cette lettre p >rte plusieurs cachets aux armes des des Serres, 3 serres d^oiscau x . 



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OLIVIEB DE SEUllES. 185 

pendu et la reinette, mais de bien loin / Les deux pièces de Pierre- 
latte que m^luez enuoyé ont ëté trouuées suffisantes pour faire 

descharger M' Sallomon et moy enuers M' S auquel je les ay 

feict veoir et qui est demeuré d'accord de faire la descliarge requise 
au premier jour, ce qui ne sera obmis, aydant Dieu. Je vous ay 
enuoyë par Tliomme de M' Delarque autant de la saisie de deux 
mil francs faicte sur moy par Anthoine Faure et maintenant je 

vous enuoie autant de la quictancc des quatre mil 

pour laquelle auoir Barnier a séjourné un jour de plus en ceste 
ville. / Le désir que j'ay de vous aller voir, j'estime que vous Tap- 
prouuez. Je reçois aussy les raisons que m'escriuez pour y aller 
seul au pluslôt, du moins pour estre à la reddition de vostre compte 
et closture de mon estât. — Par ma dernière, je vous mandois n'y 
pouuoir aller qu'enuiron la S* Jean au plustôt, ce que je ne puis 
encore faire cejourd*hui par la mesme raison; de sorte que je ne 
puis estre à la dicte reddition du compte, ce qui me faict vous 
prier, comme autrefois, d'y faire tout ce que vous pourrez et pour 
vous et pour moi, comme je l'espère ainsi; Suiuant donc votre 
auis, je prendrai le temps de vous aller veoir seul la première fois 
enuiron le mois daoust prochain et pour ce faire prendr.iy la poste 
jusqu'à Lyon et au retour de mesme, pour demeurer moins de 
temps absent de Paris. Si je prends nouvel advis, je vous aduer- 
tiray, aidant Dieu; mais dès à présent je vous assure bien que je 
ne partiray d'icy plustost que le mois d'aoust et qu'alors je ne me- 
neray personne de ceux que m'escriuez pour les inconuénients y 
mentionnés. Si mon cousin le s' cappitaine Valleton vous dit quelque 
chose d'extrauagant, comme ce que a dict, je vous prie et ma mère 
aussy de n'y adjouster aucune créance, du moins de sauoir les 
jugemens sur ce, jusquesà tant que je sois ouy, s'il y eschoit, car 
il y a quelque inégalité en luy, que je n'auais encore si bien re- 
cogneues qu'en ce dernier voyage 

Je vous enuoie aussy parle s' Barnier les lunettes de longue vue 
pour M' de Brison, qui ont cousté demy cscu et autant Testuy de 
Madame de la Roche d'Astards garny de deux luneltes; aussy le 
petit traicté d'Agriculture; je ne scay si vous l'auiez veu, mais à 
toutes fins, je vous l'enuoye. / Le procès touchant les linres de 



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186 OLIVÎKU DE SERRES. 

Lyon, pendant en la chambre de rKdict, n'est encore jugé; partie 
aduerse s'est laissée aller par congé, lequel se faict maintenant 
juger, dont le sac ne fut porté qulner au rapporteur lequel il faut 
main'enant solliciter pour le temps au plus aisé. / Reste à vous 
parler de mon frère Jacques. J'ai considéré, au mieux qu'il m'a 
esté possible, les occupations bonnesles et utiles esquelles il se 
pourroit adonner. Vous auez veu Taage auquel il est sorti de chez 
vous; en icelluy il auoit ja perdu l'occasion et le temps de se pou- 
uoir adonner à Pentremise et sollicitation des affaires, lesquelles 
requièrent pour s'y pouuoir assujettir deuentant , et surtout pour 
solliciter aussy bien que pour aduocasser que l'on y commance de 
bonne heure, pour s'assujettir è close basse et commune, ce qui 
ne peut tomber en usage plus auancé, et quand bien son esprit et 
son inclination y eut esté porté plus qu'il n'est, toutesfois j'eusse 
estimé qu'il n'y eut acquis ni proffit ni honneur / Il y a douze ou 
quinze ans que de tout le Languedoc, il n'y auait bonnement que 
M. Dautheuillo, depuis M. Bauernier qui a faict sa fortune extraor- 
dinaîrement; après luy M. Meyssane qui est deuenu procureur du 

Roy, comme aussy M' Masclary, M. Pages maintenus en 

ayant fourny la finance. Après eux et de leur temps, par le bien- 
fait de la paix, ont paru en cour cinquante à soixante jeunes 
hommes de Languedoc, Dauphiné et Provence qui se mangent et 
ruinent les uns les autres, et c'est merueille quand quelques uns 
y profitent, et néanlmoins pour s'y adonner et y auoir de l'employ, 
il y fault auoir beaucoup d'inclination et d'expérience. Entre autres 
que vous cognoissez vous auez veu auec moy le s' Bobelin l'aisné, 
quoiqu'il soit bien versé en toutes affaires et soit home de seruir, 

il n'a peu trouuer que la maison où il a son et sa nourriture, 

M, de S* Aulaye de la maison de Jarnac en Poictou / Il fit venir 
deux de ses Irères, l'un d'eux ne trouuant aucune occupation, 
quoiqu'il fut auant bien instruit aux affaires, néantmoins il fut 
contraint de prendre les armes et s'en aller à la guerre de Julliers, 
depuis lequel temps il a demeuré au régiment de Hollande, et 
l'autre il fut clerc et homme de chambre de M. Januicr Rolet que 
j'es'ime que vous cognoissez. Et j'ay aujourd'huy deux jeunes 
hommes de vingt et cinq à trente ans chascun, Tun de Besier et 
l'autre de Normandie près de Caen, tous deux aussy bien instruits, 



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OLIVIER DE SERRES. 187 

doues de bon jugement , expérience, diligence et fidélité qu'il se 
pouiToit désirer, et toutesFois ils ne peuuent trouuer meilleure 
condition que d'estre clerc d'un nduocatdu conseil. Et quand bien 
j'aurais mis mon frère chez un M* des Requestes Conseiller d'Estat 
ou Intendant des Finances, les places y sont si recherchées, si 
pleines de naturels du paYs et des plus appuyés de la cour, qu'un 
d'un autre païs, de autre condition et de son humeur n'y poniToit 
subsister longuement/ Lesquelles considéniûons et difficultés m'ont 
faict incliner, après l'invocation du nom de Dieu, à luy fassions 
apprendre ce qui est des connaissances de Malhémaliques, h quoy 

est joinct la portraiture et de la main pour la carte et foutes 

autres opérations requises aux fortifications et ce qui en despens, 
auxquelles occupations il est tellement enclin que c'est merueille 
de luy veoir si promptement comprendre ces choses auxquelles il 
est porté naturellement. Je luy ay faict connaistre les plus beaux 
esprits de ce siècle qui tous sont de la Relligion, M" Du Cerceau, 
M. d'Estossac, M. Alleaume qui a la place de feu M. Girard ingé- 
nieur. Il estoit de la Relligion et en mourant sans enfans a laissé 
cinquante à soixante mil francs à ses héritiers. / L'honneur e>t 
aussy conjoint au proffit indubitable qui m reuient à ceux qui y 
sont bien entendus et expérimentés / Et y a encore assez de temps 
pour prendre sur le tout meilleur aduis, conseil et délibération, 
laquelle nous attendons de vous, après qu'il vous aura pieu consi- 
dérer et peser soigneusement les raisons susdites / Le dict S*^ Sal- 
lomon cy dessus mentionné n'est pas celuy de Borde.iux mentionné 
en la Vostre dernière, mais bien un aduocat que vous ay faict voir 
à Castres, précepteur des enfans de feu M* de Fremelauaye, auec 
lequel ayant faict le voyage d'Italie pendant son ambassade h Ve- 
nise, h son retour, il fut reçeu aduocat au Conseil quelques années 
après moy et faisons profession d'amitié pour quelque sympathie 
d'humeur qu'il y a entre nous. Il n'est pas de la Relligion, mais il 
n'y est pas contraire comme beaucoup d'autres. 

Je prie Dieu vous continuer tous en sa sainte garde, 

Vostre très humble fils et très affectionné serviteur. 

Du PBAOEL. 

Monsieur mon père 
A Paris le VI may MVI-XI. 



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188 OLIVIER DE SEllUES. 



N« 9 



TESTAMKNT DE NOBLE OLIVIER DES SERRES, SEIGNEUR DU PRADEL. 

(Sdëcembie 1612.) 



Au nom de Die:i soit fait, amen, sachent tous pntz et aduenir 
que Tan de grâce mil six cens douze, et le huitiesme jour du mois 
de décembre appres midy, nostre souverain prince Louis par la 
grâce de Dieu, Roy de France, et de nauare, Reignant, par deuani 
moy no" royal soubz" et témoins dans escripts, en personne estably 
noble olliuier des Serres seigneur du pradel, en Viuarez, lequel 
sain, grâces à Dieu, de son corps, mémoire et entendement, con- 
sidérant celte vie humaine estre brieue, sul)jete à beaucoup de 
mizères, et enfin h la mort, Theure de laquelle est certaine, voul- 
lant dispozer de ses biens et fncultées, afin qu'entre les siens, ny 
ayt appres son decodz aucun procez ny débat, a fait et ordonné, fait 
et ordonne son testament nuncupatif et dernière vollonlé nuncu- 
patrice comme s'ensuit. Et Premièrement a inuoqué le S* nom de 
Dieu, disant au nom du père, du filz et du S* esprit amen, a recom- 
mandé son àme au Rcdemleur du genre humain nostre Seigneur 
Jésus ChriU, le supliant par sa mort et passion, luy voulloir par- 
donner ses fautes et péchés, lorsque son ame, sepparée de son 
corps, retirer en son Royaume céleste, auec les autres âmes bien 
beureiizes, voullant et ordonnant, son corps apprez son decedz 
estre cnseuelly au simetière de Villeneuue deberc, tumbeau de 
ses prédécesseurs, en la forme de la religion reformée, de laquelle 
par la grâce de dieu il fait profession. Item a légué et lègue aux 
pauures de lad. religion reformée la somme de cinquante liures et 
pour une fois distribuables par les anciens du Consistoire de legtise 
reformée de lad. ville et aux pauures d'icelle et outre ce donne et 
lègue à rhospital de lad. ville la somme de vingt Hures et pour une 
fois tant sullement. Item et par droit d'instituon héréditaire parti- 
culière part et portion, a laissé et laisse à nobles Pierre et Jacques 
des Serres, ses filz naturelz et légitimes et à chacun d'eux, la 
somme de deux mil liures, pour une fois tant sullement , sans 



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OLIVIER DE SERRES. 189 

autre choze pouuoir demander ny auoîr sur ses biens, les faisant 
auec ce ses hers particuliers — Ilem, par mesme droit d*instituon 
héréditaire particulière part et portion, a laissé et laisse à dam"" 
Bonne des Serres femme de M* daniel Sabatier, clauaire du Roy 
aud. ville. Izabeau femme à M* Auias Feutrier, bourgeois du Mon- 
telimard, et Marie des Serres femme à M' Isaac Feret procureur 
en la Cour et parlement et chambre de Ledit, séant à Castres, ses 
filles bien aymées, naturelles et légitimes, et à chacune dicelles, 
la somme de vingt Hures t., et ce outi^e la dot, à chacune dicelles 
constituée en leurs contratz de mariages, et ce pour une fois tant 
sullement, Et moyennant ce, veut et entend, quelles soient comp- 
tantes (sic) sans autre choze pouuoir demander ny auoir sur sesd. 
biens, les faisant en ce ses hères particulières — Item, et par 
semblable droit dlnstituon héréditaire, particulière, pari et portion 
a laissé et laisse à Gédéon, Dauid et Marie des Serres, ses nep- 
ueux, enfans naturels et légitimes à feu noble Gédéon des Serres 
son filz, en son viuant ad' au priué Conseil du Koy, et à chacun 
deux la somme de cinq liures, et ce outre la somme par led. testa- 
teur cy devant donnée et constituée aud. feu Gédéon, leur père en 
son contrat de mariage, sauf et sans préjudice touttefois des quit- 
tances en suite de ce cancellées à icelly testateur, lequel moyen- 
nant ce veut et entend que lesd. David , Gédéon et Marie frères et 
sœur sesd. nepueux soient comptans {sic) et ne puissent demander 
autre choze sur sesd. biens et héritage — Item a donné et légué 
à nobles Florimon, Franc et Constant du Pradel, ses nepueux 
enfans naturelz et légitimes de noble Daniel du Pradel son filz, 
juge pour le roi en la viguerie de la pnte ville et fi chacun d'eux la 
somme de dix liures t. pour une fois tant sullement, les faisant en ce 
ses hers particuliers — Item par semblable droit, donne et lègue 
ce pareille somme de dix liures t. pour une fois tant sullement à 
Izabau, de Sabatier, fille naturelle et légitime dud. M* Sabaiier 
et de lad. dam"* Bonne des Serres sa fille, ensemble au posthume 
ou posthumes que sont ou pouroienl estre dans le ventre de lad. 
dam"° Bonne, les faisant en ce ses hères particulières, sans qu'ilz 
puissent autre choze demander — Item a donné et légué, donne 
et lègue à dam"* Marguerite darcons, sa femme bien aymée, la 
moitié de la maison du pradel , comprenant en icelle moitié le co- 



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190 OLIVIER DE SERRES. 

lombier et la moitié des meubles dicelle, tout le vergier comprins, 
le débvesson, la moitié de la vigne avec la terre y joignant, con- 
front. du leuant le chemin allanl de Mirabel h Ville., el de S* Ger- 
main à S* Jean, aussy la moitié du grand pré depuis les sauzes 
plantés au fond d'iceiluy jusques aux autres plantés au bord du 
fossé, allant le bout haut jusques à Tesclauze , le bout bas jusques 
au bois, la terre delhière et de la vignasse, comprenant les mû- 
riers complantés ensembles, les plantés en ranc au bort de la grand 
terre joignant celle de la blacbe , desquelles propriétés Lad. dam"* 
sa femme pour jouir sa vie durant et après icelle appartiendront 
en propriété et uzufruict à son her cy apprès nommé, Et outre ce 
luy a donné et légué ses moulins, appelles de briolas et tout ce quy 
est dessoubz le beal dud. moulin jusques à la riutère de Claque- 
duègne, pour d'iceux moulins et susd. appartenances jouir pareil- 
lement sa vie durant et en dispozer en la vie et en la mort, comme 
bon luy semblera, au profit de Tun de leurs enfants, ou enfants 
de leurs enfants malles ou femelles, tel que luy plaira nommer et 
eslire et luy sera le plus agréable, et en ce cas qu'elle ne fit aucune 
nominaon ny élection, led. testateur, dès à présant a nommé et 
esleu, nomme et eslit ausd. biens sond. héritier cy apprès nommé, 
prohibant néantmoins à sad. femme toutte déttration de quarte en 
tout ce dessus. Item luy a donné et donne les pansions de vin qu'il 
a au mand* de S' Marcel, terroir appelé Souchaîr et le reste de 
rhermas, quy est encore à apantionner, pour en dispozer à ses 
vollontés , et en la vie et en la mort. Veut aussy et entend led. tes- 
tateur que sond. her ny autre ayant de lui cauze ne poura destourner 
Peau de liid. riuière de Claqueduègne en aucune façon ny pour 
quelle cauze que ce soit au préjudice des susd. Moulins, ce qu'il 
defFend expressément, Item luy a légué la jouissance de deux 
chambres dans sa maison dud. Ville pour y habiter quand bon luy 
semblera sa vie durant et la faculté de mettre repozerdans lestable 
de lad. maison ses bettes du charroy dud. moulin et autres mon- 
tures laportant en lad. ville. Item et par led. droit a laissé et laisse 
à chacun de ceux et de celles à quy de droit il serait tenu de léguer, 
la somme de sept solz six deniers t. pour une fois tant sullement 
sans rien plus pouuoir demander sur sesd. biens, les faisant quand 
h ce ses hers particuliers. Et parce quinstituon d'héritier est le 



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OLIVIER DE SERRES. 191 

chef fondemenl d'un chacun dernier testament, à cette cauze led. 
testateur en tous et chascuns ses autres biens mubles et inimuhles, 
noms, droits et actions pnts et futeurs quelconques ou que soient 
assis, et par quelque nom et valah. droits et appelés, a fait, institué 
et nommé do sa bouche propre son héritier uniuersel led. noble 
Daniel des Serres, docteur en droits et juge pour le roy en lad. 
ville et vigucrie, son filz ayné naturel et légitime bien aymé, par 
lequel a voulleu et ordonné tous et chacuns ses légats susd. et 
debtes si aucuns apprès son decebs, sont trouués estre payés et 
satisfaits et au cas que led. noble Daniel du pradel son filz vii.t a 
décédecsans enfans naturels et légitimes, ou ses enfan^sans enfans, 
en ce cas luy a substitué et substitue par son pnt testament, en 
sesd. biens et héritage, le susd. noble Pierre des Serres docteur 
ez droiclz son autre fils, sil est en vie, et icelluy mourant sans eu- 
fans, ou ses enfans sans enfans, luy a substitué et substitue led. 
noble Jacques des Serres son autre filz, sil e^t en vie. Et icelluy 
venant à décéder sans enfans, ou ses enfans sans enfans naturels 
et légitimes, luy a substitué lad. dam"* Bonne desserres sa fille, 
femme aud. M* Sabatier, clauairc du roy, et icelle venant h mourir 
sans enfans, ou ses enfans sans enfans, luy a substitué et substitue 
lad. dam'"* Izabau son autre fille, femme au s' Feutrier et venant 
aussy à décéder sans enfans naturels et légitimes, ou ses enfans 
sans enfans, luy a substitué et substitue lad. dam"* Marie Desserres, 
femme audit M* Ferret, et les siens lesquelz pareillement venant 
à décéder sans enfans naturelz et légitimes a substitué et substitue 
lesd. Dauid, Gédéon et Marie des Serres, ses nepueux, enfans 
dud. feu Gédéon, son filz et apprès eux Jean et autre Jean des 
Serres enfans naturelz et légitimes, Tun de M' Jean des Serres, en 
son viuant historiographe de France et l'autre de s"^ Reymond des 
Serres, ses frères et les leurs par égalles parts et portions. Cestuy 
est son dernier testament nuncupatif , que led. testateur a voulleu 
valloir par droit de dernier testamentnuncupatif et,si parce droit, 
ne pouuoit valloir a voulleu qu'il soit bon et vallable par droit de 
codicille ou par droit de donnaon à cauze de mort ou par droit de 
distribuon des biens faite entre enfans et par tout autre droit de 
dernière vollonté que mieux pourra valloir et tenir, cassans et 
réuoquant tous autres testamens, codicilles, donnations à cauze 



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192 OLIVIER DE SERRES. 

de mort dislribuon des biens faite entre enfans, et tous autres der- 
nières vollontës si par cy deuant, point en auroit fait le sien pré- 
sent dernier testament demeurant bon et vallable à perpétuité , 
duquel et tout son contenu il a pris et requis tous et chacuns les 
témoins cy pnts par luy bien recognus en esire recors et mémo- 
ratifs pour en temps et lieux, sy requis en sont en porter bon et 
loyal tesmoniage de vérité, et moy no'* royal soubz"* homme tel le 
mettre et rédiger par escript en forme d'acte publique en relenir 
registre d'icelluy, apprès en faire un ou plusieurs instrumans en 
tout ou en partie 5 sesd. hers légataires et autres qu'il app*" 
Faict et rccitté aud. \ille dans la maion dud. sieur testateur y pnts 
pour tesmoins requis et pris M. M. Franc darcons, docteur ez 
droicta Dauid Foiitbonne, Jacques Uol pracien, M* Pierre Faucbier 
Giouogien, M. M. Jacques Nicolas proeur du Hoy, M* Louis Rim- 
baud no'*, Jean Guilbon praen, demeurant aud. Ville soubz"* auec 
led. siei:r testateur et moy Antoine Tailbaiid no'' lloyal béréditaiie 
dud. Ville soubz'*. Dessenes, Darcons pnt, Nicolas put. Font- 
bonne pnt. Rimbaud pu*. Roi pnt, Nicolas pnt. Faucbier, Guilbon 
pnt. 

Tailhand no". 

Extrait de Toriginal quy e^t dans un liurc des notles de feu 
M* Tailhand à moy no" royal de la Reltenne de Ville-de-berc, 
exhibé et retiré par dem"* M'g" (magdeleine) de Moynier garde 
desd. notes, ce 19 8**" 1668 — Raoulx no". En ma pnce lad. 
dem"* Mag" «le Moynier a retiré l'original. — Raoulx M. Moynier. 



Olivier de Serres avait fait un premier testament, devant le no- 
taire Tailhand, le 25 août 1595. C'est celui de 1612, que nous 
publions, qui fut exécuté. 

Le testament olographe d'Olivier, que l'on va lire, ne fut 
ouvert que bien des années après sa mort. 

Lors de l'inventaire des effets mobiliers de Constantin de Serres, 
ce précieux document fut trouvé ouvert parmi les papiers de son 
arrière-grand-.pèi e. 



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OLIVIER DE SERRES. 103 

Le testament de 1612 contient un paragraphe intéressant; Oli- 
vier donne à sa femme presque la moitié du Pradel. Cette donation 
prouve une fois de plus que ce domaine ne lui avait pas été apporté 
en dot par Marguerite d'Ârcons, ainsi que Font écrit plusieurs 
biographes. 



N*» 10 

TESTAMENT OLOGRAPHE d'oLIVIER DE SERRES, DONT l'oRIGINAL EST 
CONSERVÉ AD PRADEL. 



Au nom de dieu soit tout fait cy Amen, saschent tous présents et 
aduenir, que Moy Olivier des Serres, escuyer, seig' du Pradel 
conseigneur de Gonsignac , S* Marcel et S* Montan , Voulant entre 
mes enfans et de f* damoyselle Marguerite d'Arcons, ma bien 
aymé-femme , decedée despuis naguieres , disposer des biens qu'il 
a pieu à dieu me donner, afin qu'après mon décès, n'arrive entre 
eux aucun estrif ni discord , ains que la fraternelle amitié que je 
leur ay fousjours estroitement recommandée , soit inuiolablement 
conseruée et entretenue, Ay fait par escript mon dernier testament 
come s'en suit. Premièrement, sain par la grâce du tout-puissant 
et d'esprit et de corps, j'ay ardamment inuoqué le saint nom de 
dieu , le suppliant très humblement qu'il luy playse vouloir effacer 
mes peschez par le sang précieux de mon sauueur et Rédempteur 
n'* Seigneur Jésus Christ, et par ce moyen me recueillir au sain 
d'Abraham, en lEglise triomphante, lorsque mon ame sera separrée 
de mon corps, lequel après je veux et ordonne estre enseuely au 
simetière de Villeneufve-de-Berc, appelé de St Louys, tumbeau 
de mes prédécesseurs, et ce h la forme de la Religion Reformée, 
de laquelle, par la grâce de dieu, je fay profession. Premièrement, 
je lègue avx pauvres de lad. Religion, la somme de Cinquante 
liures po' une fois tant seulement, distribuable par les anciens du 

13 



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104 OLIVIER DE SERBES. 

Goncistoyre de TEglise Reformëe de lad. ville, Et à l'hospùal 
d'icelle , la somme de vingt-cinq liures et aussi po' une fois. Item 
et par droit d'institution héréditaire particulière, part et portion» 
je donne et laisse à noble Pierre des Serres, docteur en droits, et 
à Jacques des Serres, estant à pnt en Piedmont, au seruice du 
Prince dud. pays, luy semant de fortificateur, mes fils naturels et 
lëgitimes et à chascun d*iceux, la somme de deux mille liures, et 
po' une fois tant seulement, sans qu'ilz puissent demander ni auoir 
autre chose sur mes biens, en ce comprins ce qu'ils peuuent ja 
auoir receu en déduction de leurs droits paternels dont apparoistra 
par quitance. Item, par mesme droit d'institution héréditaire par» 
ticuliere part et portion , je donne et laisse à Damles Bonne , feme 
à M* Daniel Sabatier, clauaire du roy à Yillen, Ysabeau, feme au 
s' Âvias Feutrier, au Montélimar, et Marie des Serres feme à 
M* Isaac Ferret, procureur au parlement à Castres, mes filles bien 
aymées naturelles et légitimes, et à chascune d'icelles, la somme 
de Vingt cinq liures, et ce outre la dot à chascune d'icelles consti- 
tuée en leurs contratz de leurs mariages, pour une fois tant seule- 
ment, et moyennant ce veux et entends qu'elles soyent contantes 
et ne puissent demander autre chose sur mes biens, les Biisant icy 
mesme mes héritières particulières. Item et par semblable droit 
d'institution héréditaire particulière part et portion, donne et Lègue 
à Gedeon, David et Marie des Serres, mes nepueux, come enfans 
naturels et légitimes de feu noble Gedeon des Serres, mon fils, en 
sonviuant aduocat au Conseil priue du Boy, et à chascun d'eux 
la some de cinq liures , et ce outre la somme par moy constituée 
aud. feu Gedeon leur père, en son contract de mariage, sauf et 
sans préjudice des quitances en suite de ce, à moy concédées, et 
moyennant ce, veux et entends que les dits David, Gedeon et 
Marie, frères et sœur, mes nepueux, soyent contents et ne puis- 
sent demander autre chose sur mes biens et héritage. Item donne 
et lègue à nobles Franc et Constant du pradel, mes nepveux, en« 
fans naturels et légitimes de Noble Daniel des Serres du pradel , 
ses fils y et à chascun d'eux la some de dix liures, p' une fois tant 
seulement, les faisant en ce, mes héritiers particuliers. Item donne 
et lègue aux enbns nais et à naistre, pendant ma vie, desd« dam'** 
Bonne, Tsabeau et Marie des Serres mes filles, et à chascun d'eux^ 



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OLIVIER DE SERBES. 105 

la some de cinq Hures po' une fois, les faisant en ce, mes héritières 
particulières 9 sans qu^autre chose puissent demander , auoir et 
prétendre sur mes biens. Item, et par led. droit ay laissé et laisse à 
cbascun de ceux à qui de droit pourroit estre tenu de léguer , la 
some de sept sols six deniers, p' une fois tant seulement, sans pou- 
uoir autre chose demander sur mes biens , les faisant en ce mes 
héritiers particuliers. Et pour ce qu'institution d^heritier est le chef 
et fondement d'un cbascun dernier testament. A ceste cause, Jed* 
Olivier des Serres S' du Pradel testateur, en tous mes autres biens, 
meubles, immeubles par soy mouuans, noms, droits et actions pre- 
sens et aduenir quelconques ou que soyent assis et situés, ay fait 
et institué, fay et institue par ce mien escript, mon héritier Uni- 
versel, noble Daniel des Serres du Pradel, docteur en droit et juge 
p^ le Roy en la Ville et Viguerie de Yilleneufue de Berc, mon fils 
ayne naturel et légitime bien aymé, par lequel veux et ordonne 
tous et chascuns mes leguats et deptes si aucune après mon décès 
sont treuués , estre payés et satisfaits. Et en cas que led. Daniel 
mon fils et héritier, vienne à mourir sans enfans naturels et légi- 
times, luy ay substitué Tun de ses frères ou sœurs ou Tun de leurs 
enfians naturels et légitimes, tel qu'il voudra nommer et eslire. 
Laquelle charge pouuoir et faculté, je donne aussy aux enfons dud. 
Daniel mon fils, venant à décéder sans enfans naturels et légitimes. 
Et aduenant le cas quîls ne fissent aucune nomination ni élection, 
aud. cas, non autrement, je nomme, dès à présent et esly, led. 
Pierre mon autre fils, et après luy mourat sans enfans ou ses enfans 
sans enfans, je luy substitue led. Jaques mon autre fils, et à iceluy 
Jaques, mourant sans enfans ou ses enfans sans enfans, lesd. 
Gedeon et David frères, enfans dud. feu Gedeon mon autre fils, 
l'un après l'autre suyuaut Tordre de primogéniture. Et à iceux 
mourant sans enfans, je substitue lad. Bonne ma fille et les siens, 
et, à icePe aud. cas lad. Ysabeau mon autre fille et les siens. Et 
pareillement à icelle aud. cas lad. Marie et les siens. Gecy est mon 
dernier et vallable testament, que je veux et entends estre entre* 
tenu, gardé et obserué, inuiolablement, suyuant forme de droit et 
par les meilleurs moyens que faire se pourra. Cassant et anullant 
tous autres testaments, codiciles, donations à cause de mort, et 
autres dispositions dernières que cy devant je pourroy auoir fait de 

13. 



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196 OLIVIER DE SERRES. 

mes biens, sans qu^ls puissent auoir aucun effet, force ne vigueur. 
Gecy est ma dernière et Inviollable volonté, libre et franche que 
j'ay escripte de ma propre main et signëe de mon signe et saing 
accoustumé au bas de chascune feuille. Et après moy mesme ay 
plié ce papier contenant ma dernière disposition et icelluy cacheté 
tout au tour de mon cachet en cire rouge d'Espaigne sur lacs de 
soye rouge et verte. Fait en ma maison du Pradel dans mon cabinet 
Ce vingtiesme Aoust mil six cens dix sept. 

Des Serres. 

L'original de ce testament , précieuse relique , est conservé au 
Pradel. Il se compose de cinq pages et demie, toutes signées Des 
Serres. Il était fermé de soies rouge et verte qui existent encore, 
avec de nombreux cachets portant trois serres d'oiseau ^ Au dernier 
verso se trouve la déclaration suivante : 

Lan mil six cens dix sept et le trantiesme jour du moys d'auril 
— après midy, pardeuant moy not. royal et tesmoings soubs 
nommés estably en personne nob. Oliuier desserres escuyer sieur 
du pradel, lequel de son gré pure et franche volonté a dict et dé- 
claré dict et déclare par moy d. not. et susd. tesmoings 
que le contenu en ses deux entiers fulhetz papier est son testa- 
ment et dernière volonté qu'il a luy mesme escript et signé de sa 
main propre et après cacheté de ses armoyries sur soye rouge et 

verte autour des présens voulant 

son décès ouuerte et publiée en la forme requise sorte son plain 
et entier effect et soit obseruee sellon ses forme et teneur sy a 
requis et requiers sa présente déclaraon estre escripte sur le Repli 
dud. testament et m'en a demandé acte à moy d. not. — faict et 
récité à Villen de berc, maion dud. testateur — signé des Serres; 
Nicolas pro' du Roy, Justet, Portai, Fombonne et quatre autres 
illisibles* 



1 Ce 8ont les véritables armoiries — armes parlantes — d*Olivier de Serres, que 
nous avons reproduites à la page 32. Le mot Serres vient de montagne, dont il est 
simplement le patois. 



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OLIVIER DE SERRES. 19T 

N<» 11 
DÉCLARATION DU DÉCÈS d'oLIVIER DE SERRES. 



Just Seig' et baron de Tournon, comte de Roussillon, cheval' de 
Tordre du Roy n*'* Sire, Cap* de Cinq** hommes d'armes de ses 
ord'" et Jfice. Claude Maurin docteur en droicts, Cons' de sa ma- 
jesté, son ballif et juge de Viveroys et Vall", Au sergent requis Salut. 
Scavoir &isons que le mardy dix septiesme des mois et an bas 
escrits; Se seroit présenté devant nous en nostre Cour Royalle de 
Yilleu. de Berc noble daniel des Serres du pradel et de Leyris, 
Cons*' du Roy et son juge en la viguerie de Yillen. de berc, qui 
auroit protesté ne voulloir accepter Theritage de feu noble Olivier 
des Serres son père, decede le deuxiesme du présent mois de Julhet 
quavec beneffice dinvantaire. Sur quoy aurions ordonné que lad. 
protestation demeureroit escripte et que seroit procédé à la Con- 
fession dud. Invantaire. Les Créanciers et prethendans droict aux 
biens dud. feu noble Olivier des Serres appelles. Comme appert 
acte — Pour ce est-il que nous vous mandons à linstance dud. 
sieur du Pradel et de Leyris assigner tous et chascuns les créan- 
ciers et prethendans droict aux biens de sond. feu père , Comparoir 
par devant nous en nostre Cour Royalle au jour que nous certif- 
fierons par les exploictz pour voir procéder aud. Invant'*. • . 

Donné à Yillen le vingtneuviesme jour de Julhet, Lan mil six 
cents dix neuf. 

Laselve Lient**. 



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10$ OLITIER DE SERRES. 



N* 12 



TESTAMENT OLOGRAPHE DE DANIEL DES SERRES DU PRADEL 
(15 décembre 1G23.) 



C'est le Testament et dernière Volonté Inler liheros de noble 
Daniel des Serres Seig' du Pradel, docteur ezdroictz, conseiller 
du Roy et Juge pour sa Ma*' en la Ville et Viguerie de Ville de 
berc. 

L'an mil six cens vingt trois et le quinsie' jour du mois de Dé- 
cembre, dans le cbasteau et maison du Pradel, moy soub"* Daniel 
du Pradel, entreprenant un voyage ay fait mon testament en la 
forme et manière que sensuit. Première* ay inuoqué le S* nom de 
Dieu Père filz et S* Esprit. Aprez ay donné et donne aux pouures 
de N* Seîg' Jésus Christ de leglise reformée de Ville de berc, la 
somme de trente liures et distribuable par Messieurs du Concis* 
toyre de lad. Eglise — Item je donne à lad. Eglise septante liures. 
Les fruicts et reuenus de laquelle somme veux et entends quils 
soyent appliqués pour ayder à entretenir les prières ordinaires 
qu'on foit matin et soir en lad. Eglise — Je donne et lègue à Thos- 
pital de lad. Ville vingt cinq liures et le tout pour une fois tant 
seule* — Item donne et lègue par droict d'instituon particulière à 
noble Constans du Pradel, mon filz bien aymé et de feue Damoy* 
selle Anne de Frise de Mondnysan, ma femme très obère et bien 
aymée, outre les droictz qu'il a sur lliœrie de sad. mère, de laquelle 
il est cohéritier auec son fre soubs nommé par esgales parts et 
portions, comme résulte de son testament receu par M* Saussines 
not. dud. Ville soubs Tan et jour y contenus — Je luy donne, di-je 
et lègue la somme de quatre mille liures et pour une fois tant seule*. 
Voulant qu'auec cela il soit contant et salisfaict de ses droitzs de 
nature quil pouroit prétendre sur mes biens et hœrie. Et pour cbef 
principal de ce mien testament et fonde* diceluy, je nomme et crée 
mon héritier uniuersel en touts et chascuns mes autres biens, Noble 
franc du Pradel doct. ez droictz, mon autre filz et de lad. damle. 
Le chargeant sur sa foy et conscience et suyuant forme de droict 



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OLIVIER DE SERRES. £09 

de payer et satisf^ (satisfaire) réal' touts les susd. légats aux sus- 
nommez sans figure de procez. Ensemble touts et chascuns mes 
debtes à mes vrais et légitimes créanciers. Le chargeant aussy en 
la forme que dessus de fè (fiEiire) porter et enterrer mon corps en 
n** Cimetière et Tumbeau de mad. maison du Pradel ou j'ay de 
noiiueau (aict enterrer noble Pierre des Serres doct. ezdroiclz, mon 
P* et noble Jacques d* Arçons aussi doct' ez droictz mon cousin 
germain du coste de ma mère. Et de Eaire clore à chaux et sable 
led. Cimetière et iceluy agencer le plus tost et le mieux qu'il pourra. 
Et ce d'autant que la rigueur de ce misérable siècle nous a chassez 
comme vrais Ghrestiens et privez du Tumbeau de nos prédéces- 
seurs. — Outre ce dessus je veux et entends que si led. franc mon 
fils bien aymé et héritier universel, vient à décéder sans enfans 
naturels et légitimes et de légitime mariage procrées, tout mond. 
héritage vienne et parvienne sans distraction de quart, à mond. filz 
Constans son f*. — C'est ma dernière Volonté, que je désire de 
tout mon cœur estre obseruée fort exact' Et ores qu'elle ne soit 
receue par main publicque à la manière accoustumée je la soustiens 
pour bonne et valable, suiuantla disposionde droict notoyre à tout 
jurisconsulte. Et en foy de tout ce dessus et de ceste miene dispo- 
sition fort véritable, je me suis soubsigné. 

DUPRADEL. 

L'original de ce testament est conservé au Pradel. Il se compose 
de trois pages in-8* signées : Du pradel. L'auteur l'a coté lui-même 
ainsi : Cest mon Testament^ signé Du pradel XY* Debre 1623 — 
Inter liheros. 



N* 13 
MÉMOIRES DE DANIEL DE SERRES. 



- Les Mémoires de Daniel de Serres , formant un petit cahier de 
papier, in-18, sont des notes écrites au jour le jour. C'est un livre 



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tOO OLIVIER DE SERRES. 

de raison^ comme celui de son père et comme on en tenait un dans 
toute maison noble ou bourgeoise de cette époque. 

Rien n^explique mieux cette vie étrange de la province au sei- 
zième siècle que ce manuscrit, La même page contient le « rôle 
des meubles ruinez et pillés dans la maison du Pradel, en 1623 
et Tarrentement du domaine à Bamier » . Sur une autre page est 
consigné Tachât de trois « mosquets et quatre livres de poudre» , 
et plus bas cette mention : « Compté le linge ce YIII novembre 
1624 — Linseuls 50. » 

Le 4 août 1624, Daniel achète une arquebuse au sergent Mazel; 
le lendemain, il paye des arrérages de rentes « encourus durant la 
guerre » . Immédiatement après le combat, avec la même encre 
quelquefois, c^est la constatation d'un payement aux « serviteurs, 
domestiques du domaine » . 

Ailleurs, Daniel de Serres note d^une façon très-sommaire la 
capitulation du Pradel, en 1628. 

a Le calme de ces notes, leur air de tranquille résolution ne 
laisse pas que d'étonner un peu. Pas un cri de colère, de haine, 
de révolte contre les hommes ou les choses du parti victorieux; 
pas un espoir de vengeance. C'est presque du fatalisme. Dans la 
pensée de l'auteur ce sont là jeux de guerre ; dé&ite aujourd'hui, 
victoire demain. Au lendemain de sa mine, le Pradel perdu, Daniel 
va, presque insouciant, rejoindre en simple soldat l'armée de ses 
coreligionnaires. Vaincu derechef, il se retire, désarmé cette fois 
et soumis, à Villeneuve, attendant tranquillement l'heure où son 
parti vainqueur lui rendra l'occasion de reprendre ses biens et son 
rang, et très*impatiemment le départ des locataires qui occupent 
la maison qu'il doit habiter. Mais au milieu de cette indifférence, 
de cette froideur, chez ce soldat qui compte sa vie d'homme de 
guerre par doit et avoir, une phrase apparaît, pleine de douceur, 
de charme intime, « mon petit Constantin » • C'est la note humaine, 
simple, naïve, et par cela même touchante. 

Et quel tableau de l'époque que ce court récit!... Ce gentil- 
homme, maître la veille d'une seigneurie et d'une forteresse qu'une 
armée de quatre mille hommes a peine à réduire, allant, le lende- 
main, demander à un ennemi un abri pour son enfant au ber- 
ceau!... 



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OLIYIEB DE SERRES. 201 

Quelques mois auparavant, un feit s'était produit qui avait attiré 
lattention du Pradel, et il s'était hâté de le transcrire dans ses 
Mémoires. C'est un phénomène naturel, dont il ne connaît ni la 
cause ni le nom *, qu'il se contente de décrire tel qu'il l'a vu, sans 
réflexions, simplement et froidement comme tout ce qu'il écrit. 
Il prend soin cependant, la chose lui paraissant extraordinaire, 
d'appeler ses serviteurs, pour qu'ils puissent, au besoin, appuyer 
son témoignage. 

C'est décidément un impassible que ce Daniel de Serres, qui ne 
s'émeut, ne s'indigne, ne s'étonne de rien, pas même des choses 
surnaturelles qu'il ne comprend pas*. » 

Comme pour le Livre^ournal d'Olivier, nous avons extrait 
des Mémoires de son fils les articles les plus intéressants. 



D, 0. M. 
MEMOIRES 



leiS J^ay esté mis en possession du Pradel par messieurs de Cbabrilles 

et de la Croix, Com'** exécuteurs de l'Edict de paix, le samedy sep- 
tiesme janvier 1623. 

Huict jours aprez, suivat l'injonction à moy Ciiicte par lesd. 
s'* C'** jay fait abatre les fortifications nouvelles de ma maison dud. 
Pradel, conformément aud. Edict et ord** desd. commisseres. Jay 
treuvé mad, maison desbiffée et fort ruinée par le dedans, scavoir / 
les planchers du corps de logis bas presque tous ruinez, comme 
aussy les couvertz grand' faissez et gastez. 

Item le beau lavemain de la saleté que mon père avoit fait tailler 
en belle pierre blanche cruellement brisé et ruiné. 

Plusieurs portes perdues et celles qui y sont toutes sans serrures 
et peu avec des barres. 

1 G*e«t fans doute un halo. 

'Léon YéoEL. -^ Olivier de Serres et le Pradel^ page 25. 



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202 OLIVIER DE SERRES. 

Rolc des meubles ruinez dans lad. maison — Reste de pillage. 

Deux cuves ou tines, une grande et une petite. 

Douze tonneaux, la plus part imparfaits de cercles et fonds. 

Deux (ablesy trois bancs, trois chères. 
. Un grand buÉfet. 

Deux armoyres, sans serrures et sans tiro'rs. 

Deux caisses sapin, aussy sans serrure et une autre bois noyer 
aussy sans serrure. 

Une grande chère à dossier marquetée et vieille. 

Deux châlits et une litoche bois noyer. 

Quatre montans de lits tournillez aussi noyer. 

Une met à pestrir. 

Une vieille chère pour servir de siège à une tuble. 

J'ai continué à Barnier mon arrenl* du Pradel à miege le do- 
maine — Me suis réservé la vigne vieille et la muscade, 

Luy ay baillé deux grands socs ou reilles. 

Ite un autre soc, une grand' hache ou couignasse et une petite. 

Une piche. 

Une pale bois, un pal fer. 

Item. J'ay mis un cremal à la cuisine accompaigné de ses cré- 
maillères. 

Ile une pale et une broche fer, plus une grande poêle à frire. 

Ce jourd'huy XVI* janvier 1623, jay fait preser icy au Pradel 
deux charges vin de la Villedieu, que j'y avoy en la cave de M. de 
Larque, et une autre charge qui y est encore, quil faudra aussi 
mander quérir au premier jour. Et ce outre huict livres que 
M. Pierre Maurin, fdctdud. s' de Larque m'a fait tenir àMirabel. 
Lad. somme est pro venue de deux charges vin vendues par led. 
Pierre Maurin. Le tout recueilli en ma vigne de Montjlori, outre 
le surplus employé pour la récolte du vin. 

Ce XII febvrier 1623, mis dans lecofFre des linseuls à Mirabel 
au chasteau, douze plas, dix huict assiettes, quatre escuelles, deux 
bassins et deux ayguières. 



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OLIVIER DE SERBES. S03 

Demeure au Pradel deux assiettes et deux escuelles estain. 

VIII mars 1623 baillé à Barnier un escu d'or sol. " valant 3 liv. 
12 s. pour acbepter avoine pour semer. 

Plus luy ay baillé un autre escu d'or sol. valant 3 liv. 17 s. pour 
acbepter avoine. 

Item baillé 3 sest. et demy orge. 

Plus 3 sest. orge que M. de Mirabel m'a prestes aux mesmes fins. 

Ce X* mars jay loué Jan Delière, jeune garçon de seize ou dix 
sept ans pour valet au pris de douze livres , vingt pans de drap , 
une chemise, un cbapeau et sa cbaussure, pour un an. 

1623 Ce XV* mars, mandé quérir à Myrabel deux cbarges vin que 

mad^* de Guy m'a vendu, luy ayant baillé d'advance une pistole 
d'Hespaigne valant 7 liv. 7 s. 

En déduction d'une pistole d'Italie que Catberinete m'a preste, 
je luy ay rendu un escu d'or au sol. et vingt s. d'argent. 

XXI mars fait planter au ribeyras du pré du moulin, quatre 
vingts saules ou pibons. 

1623 Mars — Deux onces gi*. maigneaux de Villen. 30 solz, que mis 

couver le 24 avril au Pr. et sont esclos dans trois jours. 

Autres deux onces acbetées en Aubenas 40 solz l'once, mis 
couver le vingt cinq dud. mois — Commencé à esclore le samedy 
suivat 29* et sont esclos dans cinq jours, au comencement de la 
lune nouvelle. 

1628 En mars — Rôle de la chaux employée au Pradel. Mandé quérir 

à Mercuer ou au pont d'Aubenas une cbarge cbaux. . 7 sols. 

Item une autre cbarge 9 — 

Plus une autre 9 — 

Le V avril 1623 — Loué pour un an le susd. Arnaud pour servir 
de domestique. Ses gages quatre escus et demy, vingt quatre pans 
drap, deux cbemises, un cbapeau et sa cbaussure. 

VIII* may 1623 ayant prins mon domaine du Pradel à ma main, 

' Écu d'or au soleil. La livre tournois équivalait à 4 fr. 50 sous Cliarles IX; à 
8 fr. 83 sous Henri III; à 3fr. 66 sous Henri IV; à 3 fr. 7 sous Louis XIII. 



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Î04 OLIVIER DE SERRES. 

BarDÎer mon rentier m'a baillé François qu'il avoit loué pour bou- 
vier, jusques à la S* Michel, Et luy donne despuis ce jourd'huy 
âud. temps, huict livres dix solz. 

16«8 Réparaon du Moulin. 

Meule brune du g[rand moulin — Achept sur le lieu à Ussel, 
seize livres et un ses!, mescle. 

Port attendu suiv. du marché feit avec Deydier charretier des 
Mazes d'Aub. neuf escus outre autres petites despenses extraord'" 
revenats à uij escu ou environ. 

Cals pour le dessoubs de lad. meule prins à mon moulin ruiné 
de Sichemaille. Pour le port à raison de sept journées mulet, un 
quart d'escu — pour mulet ou le maist^e, qui estoit Jonget, 5 liv. 
12 solz. 

Le tout charrié en avril 1623. 

M* Jacques le fustier de Myrabel est venu le lundi 24 avril 1623 
pour travailler aud. moulin, Et son compaignon est venu le 26 dud. 
mois. 

Une charge chaux 9 solz. 

XXIII juin 1623, acheté en Aubenas une grande assiette et une 
tasse estain, un tesson et un rasteau. 

XXV — acheté une payre bœufs 25 escus 15 solz à la foyre de 
S* Jan, 

Item une autre payre, Bamier et moi en commun. 23 escus. 

1638 Cejourd'huy, dernier sepbre, jay arresté compte avec Barnier 

et luy dois en tout, comprins la chèvre qu'il m'a vendu aujourd'huy 
pour le prix de 3 liv. 10 solz, la some de 75 liv. 19 solz. 

Payé en déduction aud. Barnier un escu dix sept solz en un escu 
d'or au so'eil, ce X* octobre aud. an. 

J'ay baillé aud. Barnier, mon rentier du Glaux une reille pesant 
85 livres, le XV* dud. mois. 

Sur la fin du mois d'octobre ay baillé aud. Barnier quarante soU 
pour une eymine fro' pour semer. 

XII* Debre 1623 — baillé à Claude Amichan, mon rentier deux 



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leu 



OLIVIER DE SERRES. 205 

quadruples d'Italie pour acheter du bestail à la foyre de S** Lusche, 
de ViUen. 

Ce jourd'huy XV* febvrier 1624, jay vendu une paire bœufe au 
boucher duBourg pour le pris de 22 escus { 

Ce XX dud. mois de febvrier, compté avec M. Barthélémy 
Ârnichan, mon rentier du Pradel. Et en attendant de nous aparier 
du bestail gros et menu, luy ay baillé en deux diverses fois la 
somme de 35 escus. En ce comprins une jument poil rouge que 
luy ay vendu avec son hast, pour le pris de huict escus 

Et par ce cy 105 liv. 

Accordé aussy luy avoir baillé deux reilles 

Ite un gros tarayre sive taravelle. 

4 mars 1624 — Commencé à semer l'orge et les avoynes. 

Orge fourni par moy XI sest. 

Avoine fournie par moy XII sest. 

Et par le Oranger II sest. 

Ite le granger a fourny un quart 

Pesillons 1 quart. 

Erses 1 q* comble» 

Pois 1 bois. '- 

Chiches 1 <!*• 

En mon particulier, jay fait semer au verger 

Orge Il sest. 1 q* 1 civ. 

et quelques pois et febves. 

Ce IIII* may 1624, j'ay loué Marguerite Solery de Tournon 
pour chambrière, aux gages pour un an, de une robe, chausses et 
manches, une chemise, 2 fandaux, 2 cols, sa chaussure et 3 livres 
d'argent. 

Aud. mois de May, j*ay tenu neuf jours deux sieurs qui m'ont 
fait deux douz. chevrons de pibou de neuf pans de long. Et qua- 
rante pos * de verne de dix pans de long. Ausquels j'ay donné de 

^ Planches. 



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Î06 OLIVIER DE SERRES. 

d^ges 5 liv. 5 solz et leur nourriture. Geignent sept 80U8 par jour 
ckascun. 

Recueilli ceste année 1624 au mob de Juin à ma part, laine ou 
anisses pour 7 liv. et quelques solz — la laine vendue 6 solz la livre 
au sieur la Garde, 

Vendu feuille de meurier pour XIIII liv. 9 solz — Soye sept 
livres provenue d'une once graine — Vendue à no" P* Feutrier 
6 liv. la livre — 42 liv. 

Faut detraire le tirage, 8 solz pour livre, reviennet les sept livres 
à 56 solz. 

En tout recueilli au Pradel en 1624 — from* 120 sest. — Orge 
69. — Avoine 61. — Leg. 7 s. 2 civ. 

1624 A refaire le plancher de la chambre obscure. Grosse pos de 

^'prâdel. sapin quatre charges reviennent à quatorze liv. 

cy 14 liv. 

Chevrons de pibou, deux douz'* la façon cy. 2 liv. 

Fiches 1 1 douzaines 12 solz. 

Cloux sept cens 3 liv. 10 solz. 

A refaire le plancher de la chambre sur 
lad. chambre obscure pour servir de grenier, 
cinq fîistes, la façon 1 liv. 

Aix de verne, la façon ayant tenu des sieurs 
qui m'en ont fait trente-neuf, cy • • . • . 4 liv. 

doux sont cy-dessus. 

Chaux 1 liv. 

Sable, néant. 

Doële deux charges, montent trois livres, la 
charge 6 liv. 

Payemenu. A la veille de la foire de la Mdg'* mandé par Margot, ma cham- 

brière au s' Reynet deux escus d'or au soleil — 1624. 

XXIIII juillet 1624. Commencé à recueillir au Pradel à Mièges, 
à ma part et moytié : 



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OLIVIER DE SEURES. 207 

Herses S quarts. 

Orge 8sest. 2quarts. 

Pois chiches rous. 2 q'* 

Pois chiches blancs 2 q** 

Poîs blancs cornu ns 2 q** 

Febves 1 q» 2 civ. 

Pesillons 2 q*' 

Au sergent Mazel, en déduction du pris d'une arquebeuse qu'il 
nous a vendue pour le pris de sept livres. Payé ce 4 aoust 1624 : 

Orge. ., 1 sest. 2 quarts. 

Ay encor payé aud. Mazel un escu d'or au soleil valant 3 livres 
17 solz. 

5 aoust 1624 — Au s' Joachin Aymar, rentier de berc, pour 
arrérages rente de no'* moulin de berc, encourus durant la guerre 
— firom' 5 sest. orge 6 sest. 

A M* Leyriou et à deux siens valets pour neuf journées les trois 
que font XXVII à huict solz par jour 10 liv. 16 solz. Ce XXY aousl 
1624. 

A M* Claude Durand dict Bagel autre charpentier, qui a travaillé 
aud. réparations neuf journées avec les susd. payé à raison de 
huict solz par jour, trois livres douze solz cy. • 3 liv. 12 solz. 

En vivres auxd. charpentiers pour lesd. neuf 
jours à raison de vingt solz par jour les quatre 
revient à 9 liv. 

Deux journées de masson gages ou despens. 1 liv. 

Le XXI aoust 1624 payé à Jan Massot 

XXX solz cy. • • • 30 solz. 

A Mon. de Serres, mon cousin 117 liv. 12 — 

A M* Esperit une double pistole 14 liv. 4 — 



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208 OLIVIER DE SERRES. 

Au 8' de Serres marchand, mande par Gathe- 
rinette deux escus d'or sol. cy 7 liv. 8 solz. 

A M* Jan le Balonier, baillé sept livres huict 
solz cy • 7 liv. 8 — 

II m'a fourni cinq paires souliers et une paire pantouffles. 

Plus payé à mond. cousin Mons. des Serres en trois cédules que 
luy ay acquittées et rendues la somme de 91 liv. 5 solz. 

A Daniel Arnichan pour une charge grosse 
pos 3 liv. 

Au Consul de Mirabel ce XXVII aoust 1624 
pour taille • 1 liv. 16 solz. 

Façon de toyic. Ce XVII octobrc 1624, baillé à la femme, tisseran trois quarts 
mcscle, en pay* de la façon de huict canes et demy toyle demy 
grosse, à raison de 3 solz 6 den. la cane. 

XX octobre 1624 M* Leyriou 

J'ay acheté de luy une Impériale cy. . . . V liv. 

Un autre chalit non tournillé V — 

Une litoche IIII — 

Une porte V — 

Trois escabeaux dorsiers 111 — 

XXVII — 

Un mosquet 6 liv. 

4 livres poudre 2 liv. 

Deux mosquets encor. 

Plus un grand chalit 7 liv. 

Vaisselle Vieille ou nouvele' fondue, plats XIII 

^Têu' Assiettes XVII 

XXII oct. Une escuelle. 

Deux salières. 

Deux bassins. 

Deux eyguières. 

Pour le service ordine* laissé à la cuisinière lèd.jour. 
Plats VI 



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OLIVIER DE SERRES. 



209 



Assiettes XII 

Une escuelle. 
Une salière. 
Un bassin. 
Une eyguière. 

Le reste ay serré quest 7 plats, 6 assiettes, une salière, un 
bassin, une eyguière. 



linge. 



Compté le linge ce VIII no**'* 1624 — Linseuls 50. 



Mandé à Myrabel le YIII Debre 1624 X plats et buict assietes 
et trois cueillers argent. 

V Avril — Deydier, le charretier des Mases d'Aubenas, m'a 
charrié à mon moulin une meule brune de 14 tours, au pris de 
XY liv. pour led. charroy. Laquelle meule Guill. Gaude meusnier 
charpentier et masson dud. Mases ma faite et vendue au pris de 
7 liv. 14 solz et pour la poser a employé luy et son f * trois journées, 
à rayson de huict solz par jour pour homme, monte 18 solz. 

Geste année 1625, au com"* d'icelle, jay tenu deux sieurs d'Au- 
vergne qui m'ont fait des chevrons et ais de pibou et verne ayant 
(ravaillé environ deux mois aux gages de quatre solz et demy par 
jour chascun, le tout ayant monté vingt cinq Hures que leur ay 
payé. Ces ais et chevrons ont été employés à faire le plancher de 
la cbbre haute du Pradel où est la belle cuisine regardant sur la 
cour. 

XVI Avril 1625 — bailhé à prisfiaiit à Vidal et pierre Chaussi 
père et filz à couper les buissons et autre bois du pré du moulin, 
despuis la planche jusques au milieu de Thermas dud. pré soubs 
les grands chesnes et à iceux baillé deux sest. mescle pour led. 
pris&it. 

Ce dernier jour dud. mois d'avril mon rentier et moy avons 
vendu aux Mongrans de Ville sept moutons au prix de vingt-trois 
livres sept solz, revenant à trois livres huict solz pièce» Luy ayant 

14 



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210 



OLIVIER DE SERRES. 



laissé tout led. pris entre ses mains pour estre employé à acbepter 
de brebis à la foire du premier de May et estayent lesd. moutons 
tondus. 



Mar6««Solery Continué le louage de Marg** Soleri pour un an, commencé le 

Luy ay payé //// du prit moi's de maf, aux gages accoustumés scavoir une robe, 

•on argent et sa chausses et mancbes. une chemise, 2 fandaux et 2 colets. un couvre 

robe de la p»* ' ' 

année. chef, sa chaussure — Cecy est escrit le XXIII May 1623. 



Vin. 



Led. M* Barthy m'a vendu deux charges vin clairet au pris de 
cinq livres la charge. — Ce IIII dud. mois. 



Gaspar Faure. L^ j j^^^ ^ jg j^j^ jggs^ gst arrivé céans Gaspar Faure * filz de 
feu Dam'* Susanne de Serres ma cousine. 



Disme. 



Ce VI Juillet 1625 accordé avec les dismiers de Myrabel de u'* 
disme de la pnle année de touts grains et fruicts de la terre du 
Pradel, à neuf sestiers (rot. Deux sestiers orge. Et deux sestiers 
nvoyne Et le tiers du tout a esté donné à ma fille par Mons' de 
Myrabel son père à qui le tiers du disme dud. Myrabel apartient. 



Des Serres. 
Venic de soye. 



Ce XlIIIJuillet 1623. Vendu au sire des Serres, marchand de 
Ville six livres soye à six livres quinze solz la livre et par ce moyen 
est payé de tout ce que luy devey pour marchandises fournies 
jusques au jour put. 



Le mesme jour, le Compère Barnier, en déduction de ce qu'il 
me doibt ma bailbé 3 livres soye pour six livres quinze solz la livre. 
Les trois revenant à 20 liv. 5 solz. Lesquelles 3 liv. soye ay aussi 
vendues aud. des Serres au mesme pris que dessus. 

Le lendemain jay aussi vendu six livres soye à M* Esperit mar- 
chand de Ville au pris susd. Et par ce moyen ne luy doy plus rien -^ 
fors 3 liv. et quelques solz. 

1 Petit-fils de Jean d6 Serrai. 



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OLIVIER DE SERRES. 



iu 



Arrcnt 
à Mcrcoyrol. 



1625. 



nichartl. 



Suisse. 



Gorris. 



Lustie . 



Au commence* du moys d'Aoust 1625, jai arrenté ma boutique 
soubs la chambre de ma maison respondant sur la grand rue, à 
Jacob Mercoyrol pour un an, au pris de X liv. Et en a payé quatre 
contant et du reste s'est obligé. 

Cesle boutique a été arrentée à M* Courti pour X liv. y est entré 
sur la fin d'aoust 1726 — A baillé V livres. 

Le XV dud. moys d*Aoust, jay aussi arrenté ma chambre de mad. 
maison qui est au bout de la sale, à M* Arnaud Apothiquère, au 
pris de neuf livres pour un an. 

Le XVII dud. mois. Jay pareillement arrenté à Jan Richard 
M* cordonnier, la boutique de ma maison joignant la porte, pour 
un an, au pris de dix livres. 

Le XXV dud. mois, j'ay aussi arrenté h la Suisse, ma sale, saleté 
et cuisine de mad. maison, au pris de 30 liv. pour un an — A payé 
un quadruple d'Italie valant XIIII liv. 6 solz plus XI III solz. 

Mandé acheter à la foire de Privas ce XXV Aoust 1625 deux 
gorris * au pris de XVIII livres, par Claude, et ay tout fourni. 

X.vVI dud. mois d'Aoust, Lussie a compté avec moy du pain et 
du vin qu'elle m'a fournis jusque s à pnt. Et m'a rendu deux tailles 
Tune tirant 29 pains qui montent 44 solz 6 d. Et l'autre huict pots 
do vin qui montent douze solz. En tout luy doy 56 solz 6 d. Et luy 
ay baillé cinq quarts froment au pris que sera ad visé entre nous. 



itcnaël Poriicr. q^ jourd'huy XIIII* Octobrc 1625, j'ay loué Ismaêl Gautier de 
Myrabel pour me servir de portier en ceste maison du pradel, 
attendu les menaces de nos ennemis. Et le trouble du temps. Et 
pour ses gages, je luy donne un sestier froment par mois. 



Beau plancher 

de la chambre 

baate. 



Ce XVI* Octobre 1625, arreslé compte avec Sf* Jacques du Clap 



* Porca.. 



14. 



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212 



OLIVIER DE SERRES. 



I6S5 
20 octobre. 



Mareschal de 
Myrabel. 



Venic 
de beslail. 



fusiier de Myrabel à XV journées qu'il a céans depuis le premier 
janvier de cesle année tant à fe le plancher qu'autres choses. Et 
luy ayant baillé un sestier avoyne pour XXVIil solz. Je luy doy 
encor 6 liv. 12 s. Et luy ay promis deux sest. froment en paye- 
ment et par ce moyen ne luy doy plus rien jnsques au jour présent. 

M* Leyriou 

JeluydoyparcomptearrestéduXIfebr. 1625. '30 liv. 

Despuis a baillé deux mosquets 12 — 

Plus une arquebeuse A — 

Plus trois charges vin 15 — 

Plus un milié doux 5 — 

Cloux encor 3 — 6 solz 

Plus un manteau de cheminée 5 — 

Plus en journées à fe le plancher luy et son 

homme 8 — 16 solz 

Plus un autre mosquet 6 — 

Plus un ferrement pour un chalis. ... 9 solz 

Ce XX Nobre 1625 — J'ay fait compte avec M* Pierre, mares- 
chal de Mirabel de la marchandise qu'il m'a fournie à cinquante 
huict solz. Et luy ay payé en déduction vingt solz. Reste que je luy 
doy trente huict solz. M'a accomodé un pal de moulin et une 
grenouille. 

Plus m'a aussi cccomodé le prasset du moulin à huyle, monte 
le tout XX solz. 

Plus deux boulions pour un tombereau monte. . . 6 solz 

Plus a accomcdé deux fessous 8 solz 

Environ les festcs de Noël 1625 avons vendu un bœuf à Pousson 

pour le pris de 33 liv. 15 solz 

Plus à luy-mesme au mois de febvrler, 
avons vendu un autre bœuf au pris de. . . 38 liv. 
Plus une vache au pris de, avec son veau. . 36 liv. 

107 liv. 15 solz ■ 

Plus deux gorris 24 liv. 

Plus j'ay fait tuer un bœuf du commun . . 33 liv. 

164 liv. 15 solz 



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OLIVIER DE SERRES. 



213 



A nette. 



1626. 



XXV* May 1626 M* Barihy, mon rentier a vendu une paire de 
bœufe la somme de 28 escus Irente solz valant 85 liv. 10 s. — Il a 
acheté led. jour une paire beufs au pris de 22 escus valant la 
somme de 66 liv. 

item un autre beuf — 38 liv. 

Luy avons baillé onze francs et lesd. beufs mentionnés cy dessus, 
doibt neuf livres quinze solz. 

Ce beuf en dernier lieu acheté a esté surpayé par nous de trente 
cinq solz des quels M* Barthy est chargé cy. . 1 liv. 15 solz 

Ayant acheté une anesse de Biaise bechon et de Barnier au pris 
de Xi liv. qu'est 5 liv. 10 solz pour led. bechon, je luy ay payé 
lesd. 5 liv. 10 solz ce jourd'huy pénultième juin 1626. 

Reste les autres 5 liv. 10 solz dud Barnier qu'il luy faudra tenir 
en compte sur ce qu'il me doibt. 

Ce XV d'Aoust 1626, vendu au S^ Loys des Serres la queu du 
grand pré despuis le cabinet en bas au pris de XIII liv. laquelle 
somme il a retenue en déduction du pris d'une paire beufs qu'il 
nous a vendu XXIIII liv. Luy en ayant payé la moitié. 

Fourni à M. d^s Serres, mon cousin, un habit — Plus luy ay 
payé une paire souliers en Aubenas 30 solz. Plus à luy fourny en 
mon nom et crédit par led. s" des Serres un pourpoint trelis et une 
paire tricouses aussi trelis XX juin 1626. Plus une paire souliers 
par le Cordon" de Ville. 

Ay aussi fourni à mon nepveu le s' de S* Montan deux paires 
soliers et un habit — Ite un baudrier Appert dud. habit au rôle du 
s' Loys des Serres march. 

Je luy ay baillé 40 escus au partir du Pradel, s'en alant en Pied- 
mont — Icelle somme provenue de la vente de mon jardin joignant 
la porte de Nre dame par moy faite à Claude Soboul, pour lad. 
somme environ le mois de may 1627 — Acte receu par M* Jan 
Veyrenc Not. royal. 

Le XX Sepbre vendu de ma pension de vin au s' pol Gaillard 



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ÎU 



OLIVIER DE SERRES. 



la quantité de nonante un barrai. Contrat receu par Mcaucuer Not. 
du Bourg. Et ce pour la cueillele de Tan 1627. Payé contant. Et ce 
pris a esté employé en achapt de beufs. 



Semences . 

1626 

octobre. 



16il 

XVIU«fcb. 

Commence à 

semer. 



Ajant prins la culture de mes terres du Pradel à ma main par 
valets, j'ay cômmancé mes semences et conserves le V* Octobre 
1626 et continué à mettre en serre les grains aux espèces et quan- 
tités suivantes : 

Pre*-Espeaute III sest. III q. 

Febves I q. 

Vaucoules 

Froment .... XXX sest. 

Avoyne XII — 

Orge XIII — 

Chanvre I — III q. 

Chiches blancs 2 q. 



Dismc du 
Pradel 



Ce XX* Juillet 1626. Jay accordé pour le disme du Pradel avec 
le s' Loys desserres, marchand de Ville associé à Moni»' de la Roche 
rentier principal du disme de Myrabel, appart* à M' du Chapitre 
de Viviers à la quantité de six sest. blé, from*, trois sest. orge et 
un sest. avoyne, chascun an et ce pour tout le temps de sa tenue, 
qu*cst de quatre années, tant pour les grains que vins et chair qui 
proviendront de la terre du Pradel. Et telle pache avons promis 
respectivement Tun à l'autre tenir, garder et observer pendant led. 
temps, 6Eiit led. an et jour. 

DUPRADEL. 



1C26. 



Ce jourd'huy 2 Nbre, vendu au gerlier de Ville Cinq vemes ou 
saules, monte au pris de 40 solz et me doibt bailler un quarteron 
pour 13 solz, un bac pour 16 solz et un civadier. 



Ustensiles de 
cuisine. 



Ce VIII Nobre 1626, Avons acheté du peyrolier du Montelimar, 
son principal valet passant par icy au Pradel, un ferrât moyen, une 
congue cuivre assez grande. Une cosse à puiser Teau et une Cossetc 
assez grande. Le ferrât et la Congue pesant douze livres, à 14 solz 



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OLIVIER DE SERRES. 



!215 



la livre monte YIII liv. \III solz. La Gosse apreciée à seize solz, 
et la Gossete trente cinq solz. 

Le ferrât pèse 8 liv. 5. 

La Gongue pèse 3 liv. ;. 

Pour le payement de quoy luy avons baillé unse livres et demie 
cuivre vieux à 7 solz la livre. Et tout compté, pour plus value lui 
avons rendu en argent six livres un sol. 

Et partant led. ferrât, conçue, cosse et cossete reviennent à dix 
liv. dix-neuf solz 10 liv. 19 solz 

Luy devons par Cédulc 5 liv. 5 solz payables à la première pro- 
chaine foyre de may 1627. 

Luy ay rendu à lad. foyre led. ferrât d'autant quil estoit rompu 
au fond. 

feule blanche. J'ay tenu deux massons quatre jours pour battre à pointe de mnr- 
teau ma grand meule du moulin blanc, qui estoit importune pour 
son excessifue espesseur. Et à eux donné pour leurs gages, à raison 
(le 9 solz par jour le chascun la somme de 45 solz. Ge dernier de 
Tan 1626, lesd. deux massons sont Sauvadon et le filliat de Rat de 
Ville de berc. 

Poorceaax gras. Au mois de Debre de ccate année 1626, avons tué cinq pour- 
ceaux dont les trois estoyent de nostre creu. Et les autres deux 
achetés à la foyre de S** Lussie de Ville, au pris de neuf livres pièce. 

Toile. Filetde cœur de chanvre 40 livres — mandéà Ville pour fe toyie, 

dont le Tisseran en auroit ourdy quinze canes et à luy payé trois 
solz 6 den. pour cane — Revient le tout à la somme de 52 solz 
6 den. Gc dernier jour dud. an 1626. 



Pcyrolier da 
Mon*'. 



Le Peyrolier du Mon*' m'avoit vendu un ferrât et autres usten- 
siles. Lequel ferrât feut trouvé rompu et non recevable. Parlant 
le luy est rendu comme est escrlt au feuillet précédent. Â Toccasion 
de quoy il faut retirer la cédule de 5 liv. 5 solz y mentionnée qu^il 
y a de moy, et de plus 14 solz dont il est surpayé de la marchandise 
que j'ay de luy. 



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tt6 



OLIVIER DE SERRES. 



ieS7 

Louage de 

maison à 

Gaspar Joffre. 



Le S' Reynet. 



Ce jourd'huy pre janvier 1627, j'ay loué la sale de ma maison de 
Ville à M* Gaspar Jo£Fre de Tournon, au pris de onze livres par an. 
Pacte accordé par en ce cas que je veuille aller demeurer à Ville 
led. Joflre sera tenu sortir de lad. salle et prendre la chambre au 
bout d'icelle sale, au pris de neuf livres par an. Et payera la moitié 
du pris dud. Louage au comm* dud. terme. Et au milieu d'iceluy 
Tautre moytié. 

Led. jour premier janvier ay fait mes comptes avec le s' Reynet 
marchand Âpot'* de Ville de Berc et touts payements allouez, je 
luy doy pour toutes les fournitures médicaments et marcliadises 
qu'il m'a baillé jusques au jour présent la somme de trente six 
livres. Dont je luy ay fait cédule payable le premier jour de May 
année présente 1627, Et par ce moyen demeurent toutes mes pré- 
cédentes cédules, arrêts de comptes rendus ou non rendus tât con- 
cernant mon particulier et mes domestiques que feus mon père et 
fre Rayez, biffez et cancelez. En déduction de la somme de cesie 
cédule, luy ay mandé par Catherine, ma chambrière, la somme de 
XXI livres le 11* jour de May 1627. 



Le Xll* janvier 1627 arreUé compte avec le s' du Saut. Pour 
six livres chandelles à 5 solz la livre. Un assier 2 solz et 40 sols 
d'argent preste. 

Revenant le tout à 3 liv. 12 solz. En déduction de quoy luy 
avons baillé cinq quarterons orge led. jour pour 3 liv. quest à 
raison de 12 s. le q*. 

X Nôbre 1627, ma fille luy a baillé une pistole d'hesp. (Espagne) 
pour acheter poudre et pion, ce qu'il n'a fait, et nous a baillé une 
barille de sardes. 



Mon office. 



Le XV* jour dud. mois de janvier 1627 assignation m'a esté 
donnée pour comparoytre à Mounpellier en la maison de M* Es- 
tienne d'Aubri procureur en la cour des Aydes greffe de Messieurs 
les Com'*' du Roy. lllec seans aux fins de remettre devant eux 
les îres de provision de mon office de judicalure royale en U 



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OLIVIER DE SERRES. 



2ir 



nobioc. 



Coiicons. 



Moissons . 



Viçuerie de Villen. de Berc. Et d'autant que pareille assignaon 
auroit esté donnée à mon greffe et à Mons. Sabatier à Toccasion de 
son office de Glayaire, y aurions envoyé toutes trois ensemble par 
la voye de Baignolz. Le X* febvrier aud. an. Et a Iressé mon affère 
à Mons. Roux procureur en la Cour des Aydes auquel aussi pour 
le s>u8tien de mon droit auroyt mandé un playde pour remettre 
par devant lesd. com'*' Et deux quarts d'escu pour sa présentation. 
Ayant retenu copie tant dud. plaide que de l'ordonnance desd. 
comm'** Et de Texploict d'assignation h moy donné come dict est 
en suite d'icele. 

Cinq hommes ont travaillé trois jours à réparer la grand Roubine 
du pré du Moulin, sur la fin de febvrier 1627. 

y mars aud. an, mon cousin M. Valleton a délivré à un mien 
valet en Aubenas deux sestiers chastaignes blanches portées icy au 
Pradel. Luy ayant promis par cédule (qu'il faudra retirer) de luy 
rendre à la cueillette prochaine deux sesl. from* pour lesd. chas- 
taignes. 

Ce XX juin 1627, j'ay foit fë une grenouille de fonte et deux 
bouillons de métail à M* du Puy, fondeur de chassiers pour mon 
grand moulin blanc. Le tout pèse XXVII livres. Le pris quatorze 
sols la livre. Luy ay baillé dix livres vieux métail prins pour sept 
sols la livre. De sorte que ces dix livres en payent cinq de lud. 
besoigne. Restent vingt deux livres pour lesquelles je luy ay payé 
quinze fjancs. 

1627, VI juillet, baillé mes coucons à M* Esperit Nevière, au pris 
de 16 solz la livre, y en ayant eu soixante livres, que reviennent à 
quarante neuf livres quatre solz. Ayant 1res mal dit. D'autant qu'il 
y avait cinq onces de graine. Mais elle esloit de très- mauvaise race, 
n'y ayant pas eu un seul couc^n bien qualifié. Nous avions Anne 
d'Aubenas, n'.e ancienne Maignaudeyre, à sept francs de gages. Et 
la graine lavions mandée quérir à Baignols à quarante solz Fonce. 

Le XIX* Juillet jour de lundi 1627, avons comencé nos moissons 
au Pradel. Et iceles achevées le dernier jour dud. mois. Et le tout 
charrié à l'aze. Y a trois grands gerbiers de from*, un d'espeaute, 
un d'avoyne et un grand monceau d'orge — Ayant vendu 



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218 



OLIVIER DE SERKES. 



1627. 



Froment 160 sest. 

Espeaute 25 — 2 q. 

Orge 50 — 

Avoyne ' . 47 — 

Pois chiches , . . . 3 — 

Pois comuns — 2 q. 

Febves 1 — 

Herses 2 — 

Millet 22 — 

Lentilles 1 civadier 

Chanvre 2 sest. 

Au ClauXy recueilli à ma part 

Orge 7 — 

Avoyne 4 — 1 q. 

Froment 15 — 

M" les rentiers de berc en ayant receu 8 sest. et M* Loys le 
tailleur 7 sest. 



Louage de 
Meusnier. 



Ce premier jour d'Aoûst 1627, nous avons loué pour meusnier 
Pons Bonnaud de la Villedieu. . 

Les gages promis pour un an quatorze escus et une paire sou- 
liers. Et entrera en service à la prochaine feste S* Michel — Prêt 
M* Leyriou. 



Semences Avons commeucé à semer aprez la S* Michel : 

Espeaute 6 sest. 

Froment 37 — 

Febves 3 quarts 

Orge 9 — 

Pesés 1 quart 

Chiches blancs 1 — 

Chiches roux 1 — 

Plus orge. 

Louage de Ce XXIX Octobre 1627, j'ay fait compte avec Margot, femme 

outique. j^ j^^ jgg Courts pour le louage de la boutique qu'il tient de moy 



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OLIVIER DE SERRES. 



219 



en ma maison de Ville, Et arrestë qu'il me c'o'bt touts payements 
et cuir vendu & mes domestiques, allouez la somme de quatre livres 
qu'il payera au soldat qu'on m^a baillé aud. Ville dont rapportera 
argent du s' Loys des Serres. Le tout sans préjudice du louage de 
lad. boutique pour le temps qu'il y demeurera cy aprez. 



M* Lcyrîoa 
Grand 
Roudet. 



Sur la fin d'Octobre 1627, j'ay fait fe à M' Leyriou un Poudet 
tout à neuf à mon grand moulin brun. En quoy il a travaillé avrc 
deux siens valefs, ou bien à foncer (onnenux, à fe une porte à 
Testable foubs la chambre obscure, et refe le poulailler soubs la 
sale, ensemble pour un cent de clous prins par luy du bourdal 
pour moy, qu'il s'est chargé de payer. Et ont employé à tout ce 
dessus trenfe une journées, que reviennent à raison de hiiict solz 
par jour, par home, quinze livres dix solz, que luy ay payé en 
deux sesliers orge 5 liv. solz et deux quarts pois chiches blancs 
3 liv. Le tout revenant à la somme de 15 liv. 10 solz et partant de 
toute la besoigne qu'il m'a fait jusqurs au jour pnt — ^ne luy doy 
plus rien. 



Mon neveu le Notez qu'en ccslc année 1627, environ le mois de May, j'ai vendu 
Monuni. ^^ mien jardin à Claude Saboul de Ville de berc, au pris de ] 20 liv. 
Laquelle somme j'ay baillée à mon nepveu de S* Montan s'en alant 
à Turin. Le contrat receu par M* Veyrenc. 



Bœufs vendus 
1628. 



De quatre beufs que nous avions au mois d'Octobre 1627, un 
est mort à l'estable. Il est vray que nous l'avons salé et employé 
en la despense ordinaire. Son parier vendu aux bouchers de Ville 
douze escus et demy. Les deux restants ont été vendus à M. le 
Viguier la Garde la somme de XXVI liv. La Pascale vedele de 
Constantin, ensemble son mouton pascal et deux autres moutons 
et une bêle brebis appelée rossete ont été prinses par les soldats de 
Mons' de Montréal, icy au Pradel le X febvrier 1628. 



[.e Pradel . 



Myrabel. 



Le dimanche Vil May 1628, le Pradel rendu à Mons' de Ven- 
tadour par composion vie et bague sauve après avoir s. 68 c. d. c. 
(souffert 68 coups de canon) tout pillé et rasé, mon fils atné y 
commandoit, ayant été inyesti le vendredi précédent, Myrabel, le 



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220 



OLIVIER DE SERRES. 



village prins par force, le chasteau par composion vie sauve, armes 
et bagages. Âprezia baterie de trois jours par quatre canons, Mon- 
seigneur de Montmorency comandoit en personne à Tarmée, lad. 
redition le XV juin, aud. an lf>28, le village ayant esté prins le 
jour auparadvant. 



La Baume. 



Le mesme jour, je me retirai en chemise à la Baume, ayant esté 
mis dans ce piteux estât à la porte dud. Myrabel, dans les bastions 
dud. Chasteau par les gens du Roy et de Mons' de Peraut qui y 
estoit en quartier. 

Led. seign' de la Baume et de Rochevive m'y receut fort hu- 
mainemt el m'y a entretenu avec mon petit Constantin, sa nourrice 
et une chambrière jusques au 30 dud. juin que, par la permission 
de M. de Montréal je me suis retiré à Villen en la maison de 
M. Veyrenc, atendant dealer demeurer en la mienne occupée par 
locataires. 



221iT. lOsolz 
argent mandé 
à mon filz. 



Mandé à mes fils et belle-fille à Privas une pistole d'Italie et 
3 escusd'or sol prins à la caisse de Catherine. Ce 4 juillet 1628, et 
outre ce 4 sezains prins ce XII juillet 1628 à lad, Catherine — Ay 
acheté XXVIII pans toyie grosse pour fe une paillasse de lict à 
2 solz le pan monte 56 solz. payé. 



Plus argent Le XVI dud. mols de juillet 1628, mandé aussy à mond. filz 

gl^ ^°^ malade[à Privas avec sa femme et son frère deux pistoles hespaigne 
et une pièce de vingt solz, faisant le tout seize livres» 



Ghanabière . 



Ce jourd'huy XXV juillet 1628, passé vente de ma chanabière 
des fombonnes à M* Esperit de Ville, au pris de cent cinq** pour 
payer XX escus de reste d'une obligaon de mon Père. Et le reste 
receu contant. Acte receu par M* Veyrenc no*". 



Argent mande Ce XXVIII* mandé à mon filz à Privas par la voye du rentier de 
Madle La Garde de Berzème une piàtole d'Italie et trois escus or 
au soleiL 



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OLIVIER DE SERRES. 221 

Loué ma chambre haute à Prieur dit Chantusat mois par mois 
et payé dix solz le mois qui est commencé le 22 juillet 1628, feste 
de la Mag"*. 

Le Mardy vingt et un Debre 1627, environ les neuf heures de 
nuict, en nte maison du Pradel a paru un arc de couleur blanche, 
ayant la forme et figure de Parc de Taliance. Et ce du costé du 
Couchant, la lune estât en son plain. Tenant iceluy arc un de ses 
pieds au pied et racine de la tour de lad. maison et Tautre dans la 
basse court envelopant la première porte et touchât Tantrée d'une 
cabane de berger qui est dans icele court servant aux chiens, et 
rehaussoit iceluy arc sur la rondeur du milieu environ la hauteur 
d'un homme sur terre. Ayant demeuré en son entier environ une 
grosse heure. Veu et reveu par touts ceux de lad. maison pendant 
le dit temps avec plaisir et contentet. 

Ma maison du Pradel ayant esté rasée par ordre de Mons' de 
Yantadour qui my avoit assigé avec quatre mille hommes, battu 
de deux canons, ayant souffert soixante volées, estant sorti par 
composition moy et Sarrasin de La Gorce mon enseigne et Jacques 
perrotin mon sergent, Tespée au coslé et vingt de mes compagnons 
«ans armes, nayant perdu qu'un soldat en estant sorti le 

suit un espace en blanc 

Mouyennant Tayde de Dieu lequel je prie mestre favorable je 
<:ommense à faire rebastir ma maison sur le pen de muralies qui y 
sont restées. 

Premièrement, ce lundi vintesinquième novembre jay tenu trois 
"hommes pour oster les masures qui y estoient, aussi pour mestre le 
sable à part, leur donne quatre sols le jour à chascun et ont em- 
ployé à curer la voûte de la saleté qui estoit tout affaict ruinée, 
ont employé huict jours à curer la voûte qui estoit au milieu, 
-censont aies ne layant achevée de tout à faict de netoyer et le sep- 
tiesme décembre les ay payés h quatre sols le jour, les huict jours, 
:^ont 4 livres sese sols cy. ....... 4 liv. 16 s. 



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222 OLIVIER DE SERRES. 

Décembre 1629. 

Ce vintesinquiesme, jay balié à faire des creux h planter d'arbres 
h Pierre Chaussi au vergier, des fruicts à noyaux à trois liars pour 
creux et m'en a fait quatre vints. 

Ce sinquiesme février 1639 m*" Pierre Ârnicliand de Myrabel, 
et David Tendil de celle ville, sont venus dans ma meyson y ont 
demeuré 4 jours, ils m'ont fnict une barentaliere, un châlit et faict 
un pied à un autre, leurs Luict journées à huit sols chasqun sont 
trois livres quatre sols, que sont deux carts d'escus le chascun 
cy 3 liv. 4 s. 

Ce 20* février, jay vandu à Grasiliou hoste, de ceste ville, un 
tonneau de vin clairet tant qu'il pourra tirer h la chanelle, et ce 
pour le pris de huict livres moins sine sols, presant Anlhoynne 
Moulin, marchand de la presante ville. Ce 7* mars, j'ay faict crier 
le vin quavois vandu led. Grasiliou, ne layant trouvé bon. 

Barnier a commencé à habiter au Pradel ce 8* may. Dieu soit 
loué. 

Ce 28 novembre, j ly faict planter huict meuriers à la degete du 
moulin et me coustent, portés en cette ville, deux sols pièce et les 
petits vingt sols le cent, ainsin acordé avec m'* jardinier au bourg 
et m'an doit aporter sinquante des gros et deux cents petits. 

Achepté une grosse corde de molin, me couste quatre sols et 
demy la livre, sont neuf livres que j'ay payées, ce 17* jan- 
vier 1633, 

Vandu Barnier et moy unse moutons à la foire de ceste ville 
le 25* may 1634, à quatre livres douze sols, sont sinquante livres 
ilouze sols, quest à ma part vint sine livres et six sols. 

M'"* de Mirabel a balié à M* Claude Colomb m'* orfèvre six 
onces d'argent pour faire sine culieres d'argent, ce 22* janvier 
1633, poids de table. 



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OLIVIER DE SERRES. 2i3 



N" 14 



CATALOGUE 

DES PRINCIPAUX OBJETS EXPOSÉS DANS LE CABINET DE TRAVAIL 
d'olivier de serres, a l'occasion DU CENTENAIRE 

N" 1 — Portrait original d'Olivier de Serres, peint par son fils 
Daniel, et conservé au Pradel. 

2 — Fac-similé de ce po rirait, par Maurice Vaschalde. 

3 — Contrat de mariage « passé entre sieur Olivier Des- 

serres, escuyer, habitant de Villeneufve-de-Berc et 
lionneste fillie Margueritte Darcons » le 11 juin 1559. 

4 — Trois lettres autographes d'Olivier de Serres [Archives 

de rArdêche). 

5 — Son testament olographe original, 1617 {Archives du 

Pradel). 

6 — Une grande et belle lettre de 7 pagps in-folio, écrite en 

1611 par Gédéon Desserres, à son père, Monsieur 
du Pradel. 

7 — Portrait original de Daniel de Serres. 

8 — Diplôme de Docteur en droit de Daniel de Serres, déli- 

vré par l'Université de Valence, le 13 novembre 1589 
{Archives du Pradel), 

9 — Son contrat de mariage avec Anne de Frise de Mond- 

visant, le 3 mai 1594 {Archives du Pradel), 

10 — Inventaire des vases sacrés et ornements de l'église de 

Villeneuve-de-Berg, confiés à la garde d'Olivier de 
Serres, en 1562 {Bibliothèque de H. V,), 

11 — Livre de raison, Journal d'exploitation du Pradel, ori- 

ginal {Archives du Pradel), 

12 — La Cveillete de la Soye, par la nourriture des vers qui 

la font. Échantillon du Théâtre d'agriculture y d'Oli- 
vier de Serres, seigneur du Pradel, à Paris, chez 
Jamet Mettayer, 1599^ . . 



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224 OLIVIER DE SERRES. 

13 — Le Théâtre d'Agriculture et mesnage des champs d'O- 

livier de Serres, seigneur du Pradel, à Paris» chez 
Jamet Métayer, 1600, in-folio. Exemplaire de la 
1" édition, avec reliure de Tépoque {Bibliothèque 
de H. F.). 

14 — Le rA^a/red'-43rrecM//wr6,spIendide exemplaire, unique, 

de la dernière édition, 1804, 4 vol. gr. in-4% rel. en 
mar. rouge, dentelles et filets sur les plats, dorés sur 
tranche, doublés de tabis. Sur le premier feuillet du 
premier volume, on lit : A la mémoire et Olivier de 
Serres, offert par la Société d'Agriculture du dépar- 
tement de la Seine à M. d'Arlempde de Mirabel, 
pour être déposé au Pradel, 1807. 

15 — Branche de Tunique mûrier qui existe encore au Pradel, 

de ceux plantés par Olivier de Serres. 

16 — Pyramide élevée à la mémoire d'Olivier de Serres, en 

1804, à VilIeneuve-de-Berg. 

{fac-similé au 15% construit par H. V.). 

17 — Statue d'Olivier de Serres, projet de Régis Breysse, en 

plâtre {à la Préfecture de tArdèche). 

18 — Statue, par Pierre Hébert, érigée à Villeneuve-de- 

Berg, réduction en bronze {à la mairie d'Aubenas), 

19 — Statue, premier projet de Pierre Hébert, en plâtre {à 

madame Auguste Champanhet). 

20 — Statue, projet de Martigny, en plâtre {à la Préfecture). 

21 — Buste en terre cuite, demi-nature, par Emile Hébert, 

commandé par le Ministère de rAgriculture, pour 
l'Exposition universelle de Vienne, en 1873 {Cabinet 
de H. F.). 

22 — Statuette en bronze {à M. Ollier de Marichard). 

23 — Statue du centenaire, par Charles Bailly. 

24 — 28 médailles frappées en l'honneur d'Olivier de Serres, 

25 — 12 portraits d'Olivier de Serres {collection H. F.). 

26 — 10 photographies diverses (éro/fecrion /T. F.). 

27 — Tous les ouvrages publiés sur Olivier de Serres {Biblio* 

thèque de H. V.). 



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OLIVIER DE SERRES. Î25 

28 — Grand périrait d'Olivier de Serres, dessiné par Maurice 

Vaschalde. 

29 — Portrait du marquis d'Alempde de Mirabel. 

30 — Portrait de Benoîte de Mailhet, sa femme. 

31 — Portrait de Benoîte d'Arlempe de Mirabel, femme de 

M. Mésange de Saint-André. 

32 — Portrait du comte d'Arlempde de Mirabel. 

33 — Portrait de Yphigénie de Geys, sa femme. 

(Ces cinq portraits de descendants d'Olivier de 
Serres, par les femmes, appartiennent à M. L, 
Watré, au Pradel.) 
Sur le fronton de ta porte d'entrée, cinq grands 
écussons représentant les armoiries : 
d'Olivier de Serres, seigneur du Pradel ; 
de la Viguerie de VilIeneuve-de-Berc; 
de la bonne Ville d'Albenas; 
du pays de Vivarais; 
de la Province de Languedoc. 



N» 15 

DISCOURS DE M. PASTEUR, PRONONCÉ A LA CÉRÉMONIE DU CENTENAIRE 
d'olivier de serres, a AUBENAS, le 6 MAI 1882. 

M. Ueuzé, inspecteur général de Tagriculture, prend le premier la parole et 
esquisse à grands traits la vie champêtre d'Olivier de Serres. 

M. Barrai, secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture de France, dans un 
discours substantiel et fort intéressant, fait rhisloriquc et expose les travaux de 
M. Pasteur. 

M. Aurencho, maire, au nom de la ville, offre à Tillustre savant un superlie 
objet d'art. 

M. Léopold Gucbct, président du Tribunal de commerce, lui offre, dans un 
riche écrin, trois médailles d'or, d'argent et de bronze. 

M. Pasteur, revêtu du grand cordon de la Légion d'honneur, se lève alors et 
prononce le discours suivant : 

« Messieurs, 
ce La réception qui m'est faite par la ville d'Âubenas mettrait 
à une rude épreuve toutes les modesties du monde. 

« Il y a quelques jours, je remerciais TAcadémie française de 

15 



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226 OLIVIEIl DE SERRES. 

m'avoir admis au nombre de ses membres. J'ai le devoir^ disaîs-je, 
de reporter à la science elle-même l'honneur en quelque sorte 
impersonnel dont j'ai été comblé. Permettez-moi d'exprimer ici 
la même pensée. Je serais confus des témoignages de votre recon- 
naissance, si je ne voyais dans ces démonstrations, que vous élevez 
presque jusqu'à l'enthousiasme, l'occasion d'un éclatant hommage 
rendu à la science et à la patrie française. ("Applaudissements. J 

a Ce sont elles que vous fêtez. Je ne suis pas l'objet, je suis le 
prétexte; je vous comprends, et mon cœur est avec vous. (Applau- 
dissements J 

n La science a été la passion maîtresse de ma vie, je n'ai vécu 
que pour elle, et dans les heures difficiles, inséparables des longs 
efforts, la pensée de la patrie relevait mon courage, et j'associais 
sa grandeur à la grandeur de la science. (Applaudissements.) 

« En élevant une statue à Olivier de Serres, Tillustre enfant du 
Vivarais, vous donnez à la France un noble exemple; vou-» mon- 
trez à tous que vous avez le culte des gi^nds hommes et des 
grandes choses qu'ils ont accomplies. Cela, c'est la semence 
féconde; vous l'avez recueillie. Puissent vos fils la voir grandir et 
fructifier! 

« Je me reporte au temps déjà éloigné où, désirant répondre 
aux suggestions d'une illustre et bienveillante amitié, je quittais 
Paris pour aller étudier dans un département voisin le fléau qui 
décimait vos magnaneries. Pendant cinq années, j'ai lutté ponr la 
connaissance du mal et le moyen de le prévenir, et après l'avoir 
trouvé, j'ai lutté encore, afin de porter dans les esprits la convic- 
tion que j'avais acquise. Tout cela est bien loin maintenant, et je 
puis en parler avec modération ; je me sers d'un mot qu'on m'ap- 
plique rarement. 

(c Cependant, je suis le plus hésitant des hommes, le plus crain- 
tif devant les moindres responsabilités, quand la preuve me fait 
défaut. Nulle considération, au contraire, ne m'empêche de dé- 
fendre ce que je tiens pour vrai, quand j'ai pour garant de mes 
convictions de solides preuves scientifiques. 

« Un homme qui eut pour moi une bonté toute paternelle avait 
pour devise : « Per vias rectas yy , par le droit chemin. Je me félicite 
de la lui avoir empruntée ; si j'avais eu plus de timidité ou d'esprit 



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OLIVIER DE SERRES. 227 

de cloute en face des principes que j'avais établis, bien des points 
de science et d'application seraient demeurés obscurs et soumis à 
des discussions sans fin; l'hypothèse de la génération spontanée 
jetterait encore son voile sur mille questions; vos éducations de 
vers à soie seraient livrées à l'empirisme, sans guide et sans con- 
trôle, pour la fabrication de la bonne graine; la vaccination char- 
bonneuse, destinée à affranchir l'agriculture de pertes immenses, 
serait méconnue et rejetée comme une pratique dangereuse. Où 
sont aujourd'hui les contradictions? Elles passent, et la vérité 
reste. (Applaudissements.) 

A Après quinze années, vous en donnez une preuve éclatante; 
aussi j'éprouve une joie profonde à voir mes efforts compris et 
célébrés avec un élan de sympathie qui restera dans la mémoire 
de ma famille comme un glorieux souvenir. » 

De chaleureux applaudissements accueillent la fin de ce discours 
si remarquable. 



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N» 16. 

AFFICHE DU CENTENAmE d'OLIVIER DE SERRES. 



VILLE D'AUBENAS 



c? " \ 

CEHTERAIRE D'OLIVIER DE SERRES 

Du 29 avril au 8 mai 1882. 



LE DIMANCHE 30 AVRIL 1882 

INAUGURATION 
DE LA STATUE D'OLIVIER DE SERRES 

I LA PLACE DE L'AIRETTE 



FÊTE DE CHARITÉ 



LE MERCREDI 3 MAI 1882 



fîRANDE CAVALCADE 

AU BEMËFIGE DES PAUVRES 



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PROGRAMME DE LA CAVALCADE 

Officier de gendarmerie et gendarmes à cheval ouvrant 
la marche du cortège. 

PABTIB HI«TO»iatJB 

ENTRÉE DE LOUIS XIII A AUBENAS 



TROMPETTES A CHEVAL 

HÉRAUTS D^ARMES, PORTE-ÉTENDARD 

PELOTON DE HALLEBARDIERS 

MUSIQUE DES GARDES 

(Lyre Baiv^lalse) 



OFFICIERS DE MOUSQUETAIRES 

MOUSQUETAIRES DE LA REINE 
HÉRAUTS d'armes AVEC MASSES 

LA COUR 

PAGES ET BOUFFON 



LOUIS XIII 

GRANDS OFFICIERS DE LA COURONNE 

GRAND MAITRE D'aRTILLERIE 

SEIGNEURS DE LA SUITE 

OFFICIERS DE MOUSQUETAIRES 

MOUSQUETAIRES DU ROI 

PELOTON DE HALLEBARDIERS 

BOMBARDIERS , ARQUEBUSIERS 

HOMMES DU PEUPLE. 



Les costumes sont fournis par la maison GUSTAVE MORIN y fournisseur 
du grand Opéra^ rue Béranger, 7, Paris, 



PARTIE FAMTAIftlMTE 



CHARS ET GROUPES 



CHAR DE L'AGRICULTURE 

HOMMAGE A OLIVIER DE SEHHES 

CHAR DE L'HORTICULTURE 
CHAR DE 6AMBRINUS 

CROUPE d'incroyables 

CHARDELA RUCHE TIVARAISE 

SOCIÉTÉ DE SECOURS MUTUELS 

CHAR DE L'ÉLÉPHMT 

GROUPE SYMBOLISANT LES CINQ 
PARTIES DU MONDE 



GROUPE DE CARTHAGINOIS 
L.A CHARITÉ 

CHAR DE l'oeuvre 

CHAR DE L'INNOCENCE 

BOUQUETIÈRES 

CHAR DE L'INDUSTRIE 

MUSICIENS 



QUl^TEURS 

GROUPES DIVERS- — Cavaliers, Montreurs d'ours, Joueurs 

de coruemuse, Dompteurs, Arabes, Chinois, Sauvages, etc. 

Gendarmes à cheval fermant le cortège. 

La cavalcade partirait une heure précise de la cour des usines 

de MM. P. Deydier et fils, au pont d'Ucel, et suivra un itinéraire 

dont les programmes feront connaître ultérieurement le détail. 



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Le soir à neuf heures 

GRAND BAL 

La veille de la fête, brillante Retraite aux flambeaux 
par toutes les Musiques. 



AVIS. — Il sera vendu à cette occasion des Programmes-- 
Souvenirs illustrés, portant indication de Titinéraire et détail 
du cortège, ainsi qu'un numéro unique du journal Aubenas- 
Cavalcade, rédigé et publié pour la circonstance. 

N. B, — Le produit intégral de la quête sera réparti par les 
membres du Comité d'organisation entre les diverses œuvres de 
bienfaisance de la ville. 

En cas de pluie, la fête serait ajournée au vendredi 5 mai. 



LE JEUDI 4 Mil 



Réception de M. Louis PASTEUR 



Membre de rAcadémie française. 



LE SAMEDI 6 MAI 

SÉANCE DU CENTENAIRE 

A LA PLACE DU CHATFAU 

Visite h I^ExposItlon lilstorlqae 

D'OLIVIER DE SERRES 

Dans le cabinet de travail du grand agronome. 



LE OIMANCHE 7 MAI 

DISTRIBUTION SOLENNELLE DES RÉCOMPENSES 



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TABLE DES MATIÈRES 



Atart-propos 1 

CHAPITRE PREMIER. — De Serres (seigneurs du Pradel), généalogie. . 5 

CHAPITRE il. — La seigneurie du Pradel 15 

CHAPITRE Ilf. — Naissance d*01ivier de Serres. — Son éducation. — 

Son mariage. — Sa mission à Genève 32 

CHAPITRE IV. — SurprUe de Villeneuve-de-Bei^ (le 2 mars 1573) 46 

CHAPITRE V. — Maringe de Daniel de Serres. — Voyages d'Olivier. — 

Ses occupations au Pnidel 64 

CHAPITRE Vf. — Mort de Jean de Serres, historiographe de France 69 

CHAPITRE VII. — Apparition du Théâtre d'at/rlculture 82 

CHAPITRE VIII. — Olivier de Serres et la sériciculture 103 

CHAPITRE IX. — Livre de raison d'Olivier de Serres 110 

CHAPITRE X. — Mort d'Olivier de Serres lîO 

CHAPITRE XI. — Olivier de Serres oublié pendant cent cinquante ans. — 

Résurrection de son génie. — Hommages i\ sa mémoire 132 

BIBLIOGRAPHIE. — Ouvrages d'Olivier de Serres 145 

ICONOGRAPHIE. — Portraits et esUmpes 151 

STATUES ET BUSTES d'Olivier de Serres 157 

NUMISMATIQUE. — Médailles d'Olivier de Serres 159 

CONCLUSION 162 

PIÈCKS JUSTIFICATIVES 

N*» 1. — Contrai de mariage d'Olivier de Serres 165 

N" 2. — Vases sacrés confiés à Olivier de Serres 170 

K» 3. — Restitution des vases sacrés 173 

K® 4. — Testament de Jacques d' Arçons, beau-père d'Olivier de Serres.. 175 

N» 5. — Affranchissement de la juridiction du Pradel (15 mars 1571). . . 178 
^o 5, — Lettre de Jean de Serres, historiographe de France, h son frère 

Olivier 182 

Hjo 7, — Déclaration de Gédéon de Serres à son père Olivier (25 février 1605). 183 
N"* 8. — Lettre de Gédéon de Serres du Pradel, fils cadet d'Olivier de 

Serres 184 

N° 9. — Testament de noble Olivier de Serres, seigneur du Pradel (8 dé- 
cembre 1612) 188 



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232 TABLE DES MATIÈRES. 

Page» 
N° iO. — Testament oIo(rmpY)C crOlivicr Je Srrips, dont roriginal rst con- 
servé au Pradfl 103 

N° II. — Déclaration du décès d'Olivier do Serres 197 

N" 12. — Testament olographe de Daniel de Serres du Pradel (15 dé- 
cembre 1623) 1C8 

K" 13. — Mémoires de Daniel de Serres 190 

K^ 14. — Catalogue des principaux objets exposés dans le cabinet de travail 

d'Olivier de Serres, à l'occasion du centenaire 223 

N" 15. — Discours de M. Pasteur, prononcé h la cérémonie du centenaire 

d'Olivier de Serres, à Aubenas, le 6 mai 1882 ?25 

N'* 16. — Affiche du centenaire d'Olivier de Serres 228 



GRAVURES 

Paîje. 

Olivier de Serres, d'après un dessin de Maurice Vaschalde frontispice. 

Armoiries de la famille de Serres^ dessinées par Maurice Vaschaldi; 5 

Vue du Pradel 15 

Armoiries d'Olivier de Serres, dessinées par Maurice Vaschalde 32 

Frontispice de la première édition du Théâtre <V agriculture 82 

Statue d'Olivier de Serres, à Villeneuvc-de-Berj» 140 

Statue du centenaire, à Aubenas 143 

Frontispice de la quinzième édition du Théâtre (T agriculture 149 

Fac-similé du portrait original d'Olivier de Serres 151 

FaC'simile du testament olographe d'Olivier d 2 Serres 196 



ERRATA. 

Pag. Cl, ligne 17, au lieu de : le capitaine de Fontréal, lisez : le capitaine de 
Montréal. 

Pag. 67, ligne 4, au lieu de : et tire aussi « des entrailles de la terre, lisez : 
et tire ainsi « des entrailles de la terre. 






PARIS. TYPOGRAPUIE E. PL0.'<, SOURRIT ET c'«, RUE GARA.XCIÈRE, 8. 



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